Formé à Nantes, Olivier Bonnes a choisi de sortir des chemins habituels pour migrer vers l’Est. Après l’Europe, il a posé ses valises en Asie et plus précisément en Corée du Sud. Entretien avec l’un des rares francophones de la K-League.

Tu as terminé ta formation à Nantes et était capitaine du FCN quand ils vont en finale de Gambardella 2009. Quel(s) souvenir(s) gardes-tu de cette époque ?

J’en garde évidemment de bons souvenirs. On peut dire que cette finale a été le couronnement de très belles années de formation. Nous avons malheureusement perdu contre une très bonne équipe de Montpellier où l’on a d'ailleurs retrouvé pas mal de joueurs champions de France quelques années après.olivierbonnesfcn

Avec le recul, comment analyses-tu ton passage à Nantes puis à Lille. Qu’est ce qui a manqué, pourquoi tu n’as pas percé en France ?

Concernant le FC Nantes, je ne garde que de bons souvenirs et la situation du club à l’époque était très compliquée. J’ai rencontré un petit souci avec l’un des coachs, mais malgré ça, je ne regrette rien. Pour ce qui est de Lille, je dirais que ça a été un mauvais choix de ma part, ce qui peut faire basculer une carrière à cet âge-là.

La Ligue 1, ça reste un regret ?

Non, ce n’est pas un regret.

Tu la suis encore ?

Oui je suis encore la ligue 1, c’est un peu plus difficile de voir les matchs en live depuis que je suis en Asie. C’est d'ailleurs la plus grande difficulté que je rencontre depuis que je suis en Corée.

Tu décides alors de quitter les championnats médiatisés. Quand tu pars en D2 belge puis en Bulgarie, tu es conscient que tu t’exposes à l’oubli de la part des clubs français ?

Oui, j'étais conscient de ça, mais cela n’a jamais était une fin en soi de forcément réussir en France. Il est vrai qu’en France, on a une certaine vision de la Ligue 1, mais en voyageant, on s'aperçoit qu’il y a d'autres championnats intéressants.

En juillet 2016, alors que tu jouais pour le PFC Montana, tu t’engages avec Gwangju. Comment ce sont effectués les premiers contacts avec le club sud-coréen ? Qu’est-ce qui t’a convaincu d’y signer ?

Un agent m’a proposé un test en Corée. Je ne connaissais pas le championnat mais j’ai tout de même voulu voir ce qu’il en était, ne serait-ce que pour mon développement personnel. Arrivé sur place, j’ai été tout de suite séduit par les infrastructures, le centre d'entraînement, le stade ainsi que la gentillesse et la rigueur des coréens. Avant même de faire le test, j’ai été très bien accueilli. De ce fait, lorsqu'ils m'ont annoncé que mon test était concluant, et au vu de la belle proposition de contrat, j’ai signé tout de suite. Aujourd’hui, je remercie encore le coach et le président pour tout ce qu’ils ont fait pour moi

Un de tes coéquipiers, le portugais Ricardo Barros, a fait part de ses difficultés d’acclimatation et a déjà quitté le club. De ton côté, comment se passe ta vie à Gwangju ? Comment s’est passé ton adaptation dans ce nouveau pays que l’on connaît strict ?

Mieux, ça n’aurait pas été possible, vraiment tout s’est super bien passé.  Les joueurs et le staff ont été fantastiques avec moi. La vie en Corée est agréable, les coréens sont fort respectueux donc tout se passe pour le mieux

Tu parles le coréen ?

Je ne parle pas le coréen mais je connais quelques mots. Mais malgré ça, on arrive à se comprendre.

Un autre francophone joue en K League, Frederic Mendy. Es-tu es en contact avec lui ?

Oui, je suis en contact avec lui

Après une bonne saison 2016, Gwangju est en difficulté dans ce début de saison 2017. Les départs de Jung Jo-gook, Lee Chan-dong, Yeo Reum ont semble-t-il fait mal à l’équipe. Qu’est-ce qu’il manque actuellement pour faire revenir les bons résultats ?

Nous avons connu un début délicat sur le plan comptable. On a une équipe très jeune mais je pense que l’on peut faire une bonne deuxième partie de saison.

Sur un plan plus personnel, tu as marqué ton premier but en K League. Un grand moment pour toi ?

Ça m’a fait plaisir, j'étais content. Comme mes parents regardent tous mes matchs, j'étais d’autant plus heureux.

 

 

Suite à la coupe du monde 2002, la Corée du Sud s’est dotée de très grand stade. Mais le week-end on remarque qu’ils sont en grande partie vide. Quel est ton ressenti face à ça ? Pas trop difficile de jouer dans une enceinte vide ?

Tous les joueurs préfèrent évidemment évoluer dans un stade plein. Les stades sont très grands, donc même quand il y a plus de 15.000 spectateurs, on a l’impression qu’il n’y a personne.

Tu as eu l’occasion d’affronter la meilleure équipe sud-coréenne de ces 3 dernières années, Jeonbuk. Quel est ton point de vue sur son niveau ?

J'ai beaucoup aimé le Jeonbuk de la saison dernière, ils ont joué à un super niveau. C’était de loin la meilleure équipe asiatique. Cette saison, ils ont eu des blessés importants mais quand ils vont revenir, je pense qu’ils vont à nouveau faire très mal.

La K-League va adopter l’arbitrage vidéo en juillet pour lutter contre les erreurs et contre la corruption. As-tu déjà douté d’un match ? Trouves-tu cet argument pertinent ? Quel est ton avis sur l’arbitrage vidéo ?

Je suis contre l’arbitrage vidéo. On a pu voir cette saison que ça ne réglait pas tous les problèmes notamment sur l'interprétation qui est au final quand même une décision prise par un arbitre. Je peux comprendre que ça pourrait être utile sur certaines phases de jeu mais ça enlève la dimension d’injustice qui fait le charme du football.

Tu as déjà conquis de nombreux observateurs. Quelles sont tes ambitions pour la suite ? Continuer en K-League dans une plus grosse équipe ou explorer d’autres championnats ?

Ça fait moins d’un an que je suis en K-League et il me reste encore un an et demi de contrat avec Gwangju. J’ai reçu quelques offres, mais je me sens bien ici en Corée et à ce jour la Corée du Sud et la Chine sont les deux championnats qui me font vraiment envie. Je suis concentré et heureux d'être à Gwangju.

 

Propos recueillis par Baptiste Mourigal pour Lucarne Opposée

Baptiste Mourigal
Baptiste Mourigal
Rédacteur Asie, spécialisé Corée du Sud (K League, KFA) à suivre sur @KleagueFR