Fondé par de jeunes riches Brésiliens en 1902, Fluminense est devenu, au fil des titres et des idoles, l’un des clubs les plus mythiques du Brésil.

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Les débuts du Fluminense Football Club se confondent avec ceux du début du football à Rio de Janeiro puisque l’un des fondateurs du club est Oscar Cox, un riche Brésilien qui importe le football à Rio de Janeiro en 1897 après avoir découvert ce sport lors de ses études en Suisse. Oscar Cox monte une équipe de cariocas pour affronter une sélection de São Paulo en 1901, rencontre qui se répète en 1902. Un conflit éclate entre Oscar Cox et un autre joueur, Mackintosh, qui fonde de son côté le Rio Foot-Ball Club. Le 21 juillet 1902, Cox et vingt autres jeunes fondent le Fluminense Football Club. Le nom Fluminense vient de « flumen », qui veut dire fleuve en latin et qui désigne les habitants de l’État de Rio de Janeiro. Les couleurs adoptées sont le blanc et le gris.

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Le club des riches

En 1904, les maillots sont usés et Oscar Cox ne trouve pas de maillots blancs et gris lorsqu’il se rend en Angleterre. Il trouve seulement un jeu aux couleurs qui ont fait depuis la légende de Fluminense, le vert, le blanc et le grenat. Fluminense remporte le premier championnat carioca de l’histoire en 1906, avec des joueurs comme Oscar Cox, son frère Edwin ou encore Oswaldo Gomes, encore aujourd’hui recordman de titres du championnat carioca avec huit trophées entre 1906 et 1919. Fluminense est le club majeur de Rio de Janeiro et est adopté par la bourgeoisie locale, où les matchs sont suivis de rencontres au siège du club à Laranjeiras, l’un des quartiers les plus riches de la ville.

En 1911, à la suite d’un conflit entre les joueurs Oswaldo Gomes et Alberto Borgeth, Fluminense remporte le championnat carioca, mais neuf de ses titulaires quittent le club pour fonder une section de football au Flamengo, alors simple club d’aviron, ce qui marque le début de la rivalité et de la légende du Fla-Flu. Fluminense retrouve une équipe compétitive en 1913, profitant du départ de nombreux joueur de l’America s, notamment le gardien Marcos Mendonça, symbole du côté élitiste de Fluminense, et le riche métisse Carlos Alberto. Lors d’un match entre l’America et Fluminense, les supporters de l’America lancent de la poudre de riz afin de chambrer Carlos Alberto, qui avait l’habitude de se passer de la poudre de riz pour, selon la légende, blanchir son visage. Fluminense adopte le « pó de arroz » comme symbole.

Fluminense représente l’élite de Rio de Janeiro, à l’image d’Arnaldo Guinle, qui vient de l’une des familles les plus riches du Brésil et est élu président du club en 1916. Arnaldo Guinle devient également président de la Confédération Brésilienne des Sports la même année et fait construire le somptueux stade Laranjeiras, qui accueille le premier championnat sud-américain organisé au Brésil, en 1919. Cette année-là, Fluminense bat Flamengo 4-0 pour remporter le tricampeonato carioca 1917-1918-1919. Le football gagne de nouveaux adeptes, notamment des femmes, qui se rendent au stade pour assister aux matchs puis au salon de Laranjeiras pour des buffets d’après-matchs, ainsi que des pauvres, encore exclus du football de l’élite, mais qui jouent entre eux.

Titres et idoles

En 1932, Fluminense adopte comme principe le professionnalisme, mettant fin à l’amadorismo marrom, quand les joueurs recevaient des rémunérations malgré l’interdiction du professionnalisme. Le football reste élitiste et les joueurs de Fluminense, désormais simples employés et non plus sócios, ne sont plus autorisés à entrer au siège par la porte principale, mais doivent utiliser la porte de service. Dans les années 1930, Fluminense recrute des joueurs blancs en provenance de São Paulo, comme Tim et Romeu Pelliciari alors que Flamengo recrute des joueurs de Rio de Janeiro, en majorité noirs et pauvres. Flamengo devient un club du peuple alors que Fluminense garde son côté élitiste, remportant un nouveau tricampeonato carioca entre 1936 et 1938 puis le bicampeonato 1940-1941. Lors du dernier match du championnat carioca 1941, Fluminense parvient à conserver le match nul face à Flamengo qui lui assure le titre en envoyant, selon les écrits du journaliste Mário Filho, le ballon à de nombreuses reprises dans le lagon de Gávea afin de gagner du temps. Fluminense remporte un cinquième championnat en six ans et marque au cours de l’édition de 1941 cent-six buts, record du club.

Fluminense retrouve le titre en 1946, l’entraîneur Gentil Cardoso accomplissant la promesse faite aux dirigeants à qui il avait dit : « Donnez-moi Ademir et je vous donnerai le titre ». Quelques années plus tard, Fluminense, surnommé à l’époque « timinho », la petite équipe, avec des jeunes joueurs comme Telê Santana ou le « Prince éthiopien » Didi, remporte le championnat carioca 1951 puis la Copa Rio 1952, considéré par Flu comme un Mondial des clubs. Fluminense s’appuie sur la Santíssima Trinidade composée du gardien Castilho et des défenseurs Pinheiro et Píndaro, et remporte le tournoi Rio – São Paulo en 1957 et 1960. En attaque Waldo enfile les buts, il est encore aujourd’hui meilleur buteur du club avec trois-cent-dix-neuf buts entre 1954 et 1961.

Apogée et déclin

Fluminense écrit de nouvelles pages à son histoire en 1969 en remportant le championnat carioca au terme d’un Fla-Flu qui est considéré comme l’un des plus grands de l’histoire et est immortalisé par l’écrivain Nelson Rodrigues, supporter du Tricolor. Fluminense l’emporte 3-2, même score que le premier Fla-Flu de l’histoire en 1912, et enchaîne en 1970 en remportant la Taça Roberto Gomes Pedrosa, championnat national de l’époque et parfois considéré comme le plus relevé de l’histoire en raison de la présence des vingt-deux champions du monde, sacrés quelques mois plus tôt au Mexique. En 1971, Fluminense décroche un nouveau championnat carioca, remporté à la surprise générale face à Botafogo. La Selefogo, surnom du Botafogo en raison de la présence de nombreux internationaux, est remplacée par la Máquina tricolor de Fluminense, qui recrute en 1975 Rivelino, poussé vers la sortie par le Corinthians et qui devient l’une des plus grandes idoles de l’histoire du Flu. Au sein d’un championnat carioca extrêmement compétitif, Fluminense est sacré en 1975 et 1976 avec dans l’équipe uniquement des joueurs passés par la Seleção, à l’exception de Doval, ailier argentin et idole des supporters.

Le Tricolor décroche un nouveau tricampeonato carioca, entre 1983 et 1985, où les stars sont désormais le Paraguayen Romerito et le duo d’attaque Casal 20, composé d’Assis et Washington. Fluminense remporte entre-temps le Brasileirão 1984 sous la direction d’un jeune entraîneur, Carlos Alberto Parreira. Les années suivantes sont plus compliquées et Fluminense doit attendre 1995 pour remporter à nouveau le championnat carioca, en écrivant un nouveau chapitre de la légende du Fla-Flu en remportant le match décisif, une nouvelle fois 3-2, avec le but du titre marqué du ventre par Renato Gaúcho. Un bonheur de courte durée, Fluminense est relégué à l’issue du Brasileirão 1996, avant d’être sauvé de la relégation grâce à l’affaire Ivens Mendes, un scandale d’arbitrage. Fluminense est finalement relégué sportivement en 1997 après un nouveau championnat catastrophique, et tombe même en troisième division en 1998, retrouvant directement la première division en 2000 après une autre polémique, l’affaire Sandro Hiroshi. Fluminense atteint la demi-finale du Brasileirão en 2001 et 2002, et remporte le championnat carioca en 2002 et 2005

Photo : ANTONIO SCORZA/AFP via Getty Images

Retour au premier plan

Vainqueur de la Coupe du Brésil pour la première fois de son histoire en 2007, Fluminense atteint la finale de la Copa Libertadores l’année suivante avec notamment Thiago Silva en défense, mais s’incline aux tirs au but contre la LDU. Un an plus tard, les deux équipes se retrouvent en finale de la Copa Sudamericana, mais Fluminense doit à nouveau se contenter de la médaille d’argent. Le Tricolor se console sur la scène nationale et remporte le Brasileirão en 2010 et 2012, porté notamment par Darío Conca, Deco et Fred, qui prend sa retraite à Fluminense en 2022 en véritable idole et deuxième meilleur buteur de l’histoire du club avec cent-quatre-vingt-dix-neuf réalisations.

2008, la première finale de Fluminense

Malgré les buts de Fred, meilleur buteur du Brasileirão avec Fluminense en 2012 et 2014, le club ne gagne aucun titre entre 2012 et 2022, à l’exception de la première édition de la Primeira Liga en 2016, compétition abandonnée dès l’année suivante. Fluminense retrouve les joies d’un titre avec le championnat carioca 2022, remporté face à Flamengo, avec des buts de Germán Cano aussi bien à l’aller qu’au retour. Un mois plus tard, Fluminense engage Fernando Diniz, entraîneur connu pour la beauté du jeu qu’il met en place, mais aussi pour son habitude à perdre son groupe et à enchaîner les résultats négatifs après des débuts enthousiasmants. Cette fois, Fernando Diniz parvient à combiner jeu et résultats, obtenant une très belle troisième place lors du Brasileirão 2022. Fernando Diniz fait notamment revivre Ganso et réussit un savant mélange entre jeunesse (André, Martinelli) et expérience (Fábio, Felipe Melo, Cano). Le Tricolor signe un gros coup en 2023 avec l’arrivée de Marcelo, qui avait quitté le club seize ans plus tôt. Fluminense remporte de manière renversante le championnat carioca face à Flamengo et se qualifie pour la finale de la Copa Libertadores, pouvant devenir le premier club carioca à remporter la Copa Libertadores au Maracanã, seul Botafogo ayant remporté un titre continental dans ce stade, la Copa CONMEBOL en 1993. Quinze ans après avoir perdu sa première finale de Libertadores, déjà au Maracanã, Fluminense a rendez-vous avec son histoire.

 

 

Photo une : Buda Mendes/Getty Images

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.