Fakhreddine Ben Youssef libère la Tunisie

Décidés à bonifier leur victoire pénible face au Botswana samedi, les Aigles de Carthage de Georges Leekens ont livré une prestation aboutie et s’imposent face à leur ennemi favori grâce à un but du golden boy Fakhreddine Ben Youssef. Avec zéro point en deux matchs, les Pharaons sont  au bord du gouffre.

Un classique déjà décisif. L’Egypte n’avait plus le droit à l’erreur en accueillant la Tunisie. L’autre gros morceau du groupe, le Sénégal, totalise déjà 6 points en 2 rencontres. Alors une nouvelle contre-performance, qui plus est face à un adversaire qui n’a pas franchement réussi aux septuples champions d’Afrique au cours des dernières années, et les coéquipiers de Mohamed Salah seraient tout proches de vivre la CAN devant la télé pour la troisième fois d’affilée.

Le principal danger pour les tunisiens aurait été de se tromper d’attitude après le succès arraché au Botswana dans les ultimes minutes. Que faire en Egypte ? Se recroqueviller et viser le 0-0, comme lors de la guerre des tranchées de 1997 qui les a propulsés en Coupe du Monde ? Ou envoyer crânement du jeu et agresser une équipe encore sous le coup des retraites internationales d’Aboutrika et Gomaa ?

Msakni, faux numéro 9 à la tunisienne

Leekens choisit la deuxième option, avec un quatuor offensif imprévisible. Quatre têtes brûlées constamment en mouvement, qui chacun son tour sort son petit numéro perso et déstabilise l’arrière garde par une fulgurance. L’Egypte ne sait plus ou donner de la tête en début de match, tant Chikhaoui, Msakni, Khazri et Fakhreddine Ben Youssef semblent partout et nulle part à la fois.

La sanction finit par tomber après plusieurs corners concédés et une occasion de Msakni sur une tête mal ajustée. Ben Youssef part de la gauche sur un de ces déboulés dont il a le secret et perfore l’axe défensif sur une remise en talonnade subtile du même Msakni, avant de gagner son duel face au gardien Ekramy d’un joli plat du pied (0-1, 14’).

Alors qu’elle pourrait enfoncer l’équipe locale totalement groggy, la Tunisie décide quelques minutes plus tard de descendre d’un cran et de laisser le ballon aux égyptiens. Avec un axe verrouillé à triple tour et les 4 flèches pour lancer des contres meurtriers, le choix n’est guère surprenant.

Sauf que le milieu de terrain des Pharaons sous l’impulsion d’Ahmed Fathy comprend vite qu’il peut s’y prendre autrement. Sur les ailes, les latéraux tunisiens Bédoui et Ali Maaloul se font martyriser sur chaque action par Abdelshafi et Hazem Emam. Les centres se mettent à pleuvoir sur les buts de Mathlouthi, et le duo Gamal-Salah finit par être trouvé sur quelques décrochages en dehors de la surface.

Gamal gâche trois opportunités de la tête, et l’égalisation était toute proche sur la seule défaillance de l’axe central tunisien, mais Khaled Amr lancé seul face au but rate totalement sa frappe. Incorporé dés la 37ème minute pour épauler les attaquants, l’ex milieu de Strasbourg Hosny Abd Rabo rate lui aussi deux belles chances juste avant la mi-temps.

L’embellie  ne se confirme pas au retour des vestiaires. Les visiteurs, disciplinés, arrivent facilement à écarter le danger et à ressortir la balle proprement, notamment grâce à la qualité de relance du «  samouraï » Bilel Mohsni dans l’axe de la défense. Mais il faut souligner les automatismes qui se créent entre le milieu relayeur du CS Sfaxien Ferjani Sassi et Chikhaoui, qui se sont trouvés très souvent et permis au bloc tunisien de ne jamais être trop bas.

Et alors que côté égyptien seuls Abd Rabbo et Abdelshafi se montrent à la hauteur –guère aidés par l’entrée en jeu improductive de Shikabala- les Aigles de Carthage sont passés tout près  de faire le break, à trois reprises.

Sur une quasi-copie conforme de son  but Ben Youssef voit son plat du pied s’écraser sur le poteau droit d’Ekramy ; Le rouquin pisté par le FC Metz bute ensuite sur le gardien après avoir été lancé par une merveille d’extérieur de Chikhaoui ; Et enfin Saber Khalifa, entré en jeu dans les dix dernières minutes, conclut une chevauchée en contre par une frappe dévissée.

Une victoire de référence pour Leekens, qui hormis le casse-tête des latéraux a quasiment trouvé son onze-type. Le Sénégal et la Tunisie abordent leur double confrontation avec sérénité et 6 points en poche. Pour espérer venir au Maroc jouer la CAN 2015, l’Egypte devra faire le plein face au Botswana et montrer un tout autre visage lors des matchs retour.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee