Il aura fallu attendre 25 ans et 90 minutes de haute tension pour que le WAC retrouve un succès continental. Le club marocain décroche la Ligue des Champions 2017 et portera les couleurs de l’Afrique à la prochaine Coupe du Monde des Clubs.

Une finale entre le Wydad et le Al Ahly était la garantie d’un grand spectacle dans les tribunes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’a pas été déçu. Après un match aller très animé dans les tribunes du Borg al Arab, les Wydadis ont relevé le challenge avec brio ! Jugez plutôt de l’ambiance à plus de deux heures du coup d’envoi dans les tribunes d’un Stade Mohammed V qui affiche déjà complet....

 

 

En même temps, les 47000 chanceux qui ont réussi à obtenir leur sésame savent pourquoi ils sont là. Et ce n’est pas pour être spectateur, mais plutôt des partie-prenantes de ce match au sommet. Le fameux douzième homme. À la hauteur dans les tribunes, les Marocains se devaient de l’être aussi sur le terrain. Privé de Ounajem, blessé, Houcine Ammouta a renouvelé sa confiance à Khadrouf qui avait déjà remplacé le virevoltant marocain à Alexandrie. Le jeune coach marocain a fait deux autres retouches dans son onze avec la titularisation d’Amine Atouchi en défense centrale et de Gddarine à sa gauche. Côté Égyptien, El Badry a aussi eu droit à son forfait d’envergure avec la blessure de Ali Maaloul dans la semaine. L’entraîneur égyptien a remplacé le latéral gauche tunisien par Al Sayed, qui sera sur le flanc gauche de la défense avec Soleya à ses côtés qui prend la place de Naguib dans l’axe.

D’entrée de jeu, le National du Caire se jette à l’attaque. Tout de bleu vêtus, les Diables Rouges affichent clairement leurs ambitions et reste ancrés à leur philosophie en gardant et partageant le ballon malgré une pelouse plus que limite pour un tel événement. Le WAC est en apnée, le public siffle, mais le ballon continue de circuler beaucoup trop vite pour les marocains. Le ton est donné. Zakaria met en difficulté Laaroubi une première fois, sur un tir qui paraissait pourtant anodin. Après un premier ¼ d’heure très difficile, le Wydad parvient enfin à sortir de son camp avec le ballon. Et c’est Bencharki, tout fraichement appelé par Hervé Renard pour le prochain rassemblement des Lions de l’Atlas, qui plante la première accélération, mais son centre ne trouve pas preneur (16ème). L’arbitre gambien Papa Gassama, référence du sifflet en Afrique, maîtrise très bien son match et sévit une première fois à l’encontre d’un Junior Ajayi qui a tendance à trop jouer avec ses coudes. Frustré, l’attaquant nigérian est impressionnant de puissance, mais il joue trop bas pour pouvoir être dangereux. Tout le monde n’est pas Messi pour pouvoir être à la création et à la conclusion des actions.

Après 10 autres minutes d’inactivités, le WAC se projette de nouveau vers l’avant. El Haddad déborde et centre pour Khadrouf qui trouve la barre. De quoi réveiller un M5 qui passe son temps à sifflets les possessions de balle adverse. Un nouvel avertissement sans frais pour les Égyptiens. Momen Zakaria, déjà très bon au match aller, est hyperactif depuis le début du match. Il trouve enfin un peu d’espace à la 33ème, mais il ne parvient toujours pas à tromper Laaroubi qui est très vite sorti. Dans la foulée, le match s’enflamme et Bencharky fait suer Ekramy qui ne sait pas quoi faire devant son centre tir à ras de terre. Le rythme reste élevé jusqu’à la pause, avec des Casaouis qui ont enfin lancé leur finale.

 

 

Au retour des vestiaires, gros craquage de fumigène ! Le WAC tente de surprendre d’entrée Al Ahly, mais Bencherki voit sa frappe flirter avec le petit filet pendant que le brouillard s’installe ! Papa Gassama est obligé de suspendre le jeu quelques minutes le temps que la fumée se dissipe. Le WAC est clairement mieux, même si Al Ahly reste plus à l’aise avec la balle. El Badry commence son coaching à l’heure de jeu et fait rentrer Ahmed Hamoudi à la place d’Azaro. Ajayi retrouve l’axe à la place du jeune attaquant marocain, lui aussi appelé par Hervé Renard, qui est déjà sur place pour préparer le match décisif à Abidjan. Le nouvel entrant s’essaie rapidement à une frappe de loin, c’est cadré mais une formalité pour le gardien marocain. Fini la rigolade pour les Marocains. Les milieux de terrain verrouillent le jeu, et les Égyptiens ont toutes les peines du monde à faire circuler le ballon comme ils le faisaient si bien en première période. À la 69ème, Bencharki (encore lui) se présente cette fois côté droit, déborde, élimine Soleya et voit son centre dévié atterrir sur la tête d’El Karti. Le stade explose et respire, il pourra suivre plus sereinement la fin du match. Pour les Égyptiens, la problématique reste le même : marquer pour cette fois-ci accrocher la séance de tir au but.

 

 

Dans la foulée, El Badry jette ses dernières cartes avec les entrées de Emad Moteab à la place de Fathy, et de Soliman à la place de El Sayed. Ils leur restent 15 minutes pour trouver la faille et ne pas encaisser un deuxième but qui les condamnerai définitivement.  Ce qui n’est pas passé loin à la 79ème et à la 88ème. Les Wydadis commencent à trouver le temps long, ils font tout pour casser le rythme et gratter la moindre seconde. Mais la mascarade ne plaît pas à l’arbitre gambien qui réprimande un à un les divers protagonistes tentés de rester au sol. Et même un jeune ramasseur de balle qui jette un deuxième ballon sur le terrain pour ralentir le jeu. Les Marocains vont même jouer un corner à 5... Mais la stratégie fonctionne bien, car au final, les Diables Rouges ne parviennent pas à se créer de véritables occasions, si ce n’est sur un débordement de Zakaria qui préfère tirer dans un angle impossible que centrer (87ème). Pire, ils commencent à perdre leurs nerfs et voient le temps additionnel s’écouler sans qu’ils ne puissent y faire quoi que ce soit.

L’arbitre siffle enfin la fin du match et le Wydad Athletic Club remporte sa deuxième ligue des champions, 25 ans après le premier titre continental conquis contre les Soudanais d’Al Hillal. Plus qu’un et ils rejoignent leur ennemi héréditaire du Raja...

Ce titre acquis dans la douleur est à l’image du parcours difficile des Marocains dans cette ligue des champions, où ils étaient sortis de leur poule grâce à un match similaire contre les Zambiens du Zanaco. Mais grâce à une défense solide, un groupe soudé et un public de feu, les Wydadis seront les représentants africains au mondial des clubs à Abou Dabi, où ils affronteront Pachuca. Probablement pas dans la même ambiance, mais avec Bencharki, El Haddad et Ounajen pour faire le show, c’est déjà pas mal !

BONUS : le match en intégralité

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.