Finale aller de la Ligue des Champions africaine, après son carton en demie, Al Alhy voulait se mettre à l’abri avant un retour annoncé bouillant au Maroc. L’objectif n’est pas atteint.

Encore en conflit avec les supporteurs, le gouvernement égyptien n’a pas autorisé le Al Alhy à jouer sa onzième finale de Ligue des Champions dans son antre du Caire. Direction le stade de Borg-Al-Arab qui vibre encore de la qualification des Pharaons au mondial et de la victoire 6-2 en demi-finale contre l’Etoile du Sahel. Les 220 kilomètres qui séparent la capitale d’Alexandrie n’ont pas dissuadé les supporters du National, qui se sont encore déplacés en masse pour occuper chacun des 60000 sièges que les autorités ont accepté de leur laisser. Face à eux, une centaine d’ultras du WAC ont tout le virage. Les Marocains qui disputent leur troisième finale ne partent pas favoris, mais auront l’avantage de recevoir le match retour.

Les supporteurs égyptiens ont commencé à chanter longtemps avant le coup d’envoi pour être sûr que les joueurs seraient à la hauteur de l’événement. Cela n’a pas loupé, d’entrée de jeu, sur la première action du match, Momen Zakaria lève le ballon sur un contrôle à l’entrée de la surface et enchaîne avec une reprise du gauche imparable pour le gardien marocain. Le stade fusionne embaumé par la fumée des fumigènes, après seulement deux minutes de jeu.

 

 

Les Diables Rouges continuent de pousser, mais ne cadrent pas leurs tirs. Les Casaouis qui ont tout intérêt à marquer rapidement le « fameux » but à l’extérieur peuvent compter sur le jeune Onajem pour accélérer balle au pied.  Sur son premier rush côté droit au quart d’heure de jeu, il centre pour Bencherki qui reprend de la tête au premier poteau devant une défense centrale trop passive. Une égalisation du Wydad qui ne refroidit le stade que 50 secondes, le temps que la chorale redémarre, avant même que les joueurs ne puissent remettre la balle en jeu. Le scénario du match est maintenant connu. Le WAC va pouvoir resserrer ses lignes et faire bloc devant le but. Un bon vieux bus à l’ancienne quoi...

 

 

Surtout que les événements ne vont pas favoriser les velléités offensives du coach marocain Houssine Ammouta. À la 22ème minute,  Onajem se blesse tout seul et s’allonge sur la pelouse. Il devient une cible de choix pour les traditionnels lasers d’Afrique du Nord qui se baladent sur les joueurs adverses et l’arbitre pendant TOUT le match. Il doit laisser sa place à Khadrouf. Le siège du but marocain peut commencer. Mais les Égyptiens ont du mal à être dangereux. Au final, le Nigérian Junior Ajayi manque la plus « grosse occasion » en toute fin de première mi-temps, en ratant complètement une tête, seul aux 6 mètres. Preuve qu’après l’égalisation, les Marocains ont su contenir les actions égyptiennes et refroidir leurs ardeurs après une très bonne entame.

L’arbitre éthiopien, Mr. Tessema renvoie tout le monde au vestiaire. Mais après 15 minutes de pause, rien ne change, Al Alhy reprend avec les mêmes intentions et fait passer plusieurs frissons dans le dos des supporters marocains. D’abord suite à la remise de leur compatriote Oualid Azaro pour Zakaria qui tergiverse trop pour frapper. Puis, lorsque Ajayi talonne pour Azaro qui ne trompe pas Laaroubi. Le WAC est étouffé par le trio offensif du National du Caire mais ne craque pas. El Badry fait rentrer du sang neuf avec Soliman à la place de Ajayi. Le WAC fait le dos rond, et tente de sortir à quelques reprises. Ils finiront le match avec seulement 2 tirs... ce « quelques », n’était pas usurpé.

Le Tunisien des Diable Rouges, Ali Maaloul, adresse quelques centres dangereux, mais ils traversent la surface sans trouver preneur. Touché au genou, Soliman est forcé de sortir et laisse sa place à Emad Moteab. L’historique du club rentre pour faire passer un dernier frisson dans le stade.  C’est réussi avec une frappe qui ne passe pas loin du poteau à la 92ème. Mais ce n’est pas assez pour faire exploser le stade une dernière fois. Le 12ème homme a sauté et chanté durant tout la rencontre, Il a joué sa partition à merveille et aurait mérité de rentrer au Caire avec un avantage plus conséquent.

Rendez-vous samedi prochain à Casablanca pour retrouver une nouvelle fois une ambiance phénoménale. Al Alhy aura besoin de marquer s’il veut gagner un 9ème titre. Pensez à arriver à l’heure, les tifos du WAC valent aussi un but !

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.