Francis Blanche disait « fini la fête, reste la vie. La vie est bête. Tant pis ». La fin de la phase régulière du Clausura 2018 a sonné, on connait désormais les quatre qualifiés pour le cuadrangular final avec comme d’habitude, les tauliers Herediano, Saprissa et Alajuelense mais aussi la surprise qui n’en est finalement plus une, Santos de Guápiles.
La grande sauterelle : Herediano
Si dans le film de 1967 la grande sauterelle est jouée par Mireille Darc, ici elle est interprétée par les hommes de Jafet Soto : une équipe qui a réussi à ne pas être ridicule lors de son élimination en Ligue des Champions contre Tigres (nul 2-2 et défaite 3-1). En championnat en revanche, le bilan est excellent (13V-6N-3D) mais au-delà des bons résultats, le jeu proposé, l’attitude sur le terrain, l’atmosphère dans le groupe ont été parfaits. Tous les voyants sont au vert, alors que les questions se multipliaient suite à la démission de Medford après la fin du Clausura 2017, finalement la légende, Jafet Soto a très bien su gérer l’après. Coté individualité plusieurs noms sont à sortir du lot, tout d’abord le goleador des Rojimarillos Yendrick Ruiz : quatrième meilleur buteur du Clausura (neuf buts), il joue gros puisque visiblement le sélectionneur national Óscar Ramírez compte sur lui pour partir en Russie, l’ayant ainsi appelé lors des derniers matchs amicaux avec les Ticos. Un deuxième nom à citer Randall Azofeifa, milieu expérimenté, un élément clé de l’effectif des Rojimarillos (41 matchs sur les deux dernières saisons et déjà 38 cette saison uniquement en championnat) mais aussi des Ticos (28 sélections depuis la Coupe du monde 2006), le milieu relayeur est énorme dans l’entre jeu et son expérience fait la différence dans les gros matchs.
Un joueur à suivre Jimmy Marin jeune ailier (20 ans) qui ne devrait pas être dans la liste d’Óscar Ramírez en juin mais qui a un très bel avenir, technique, rapide pour l’instant utilisé comme remplaçant il acquiert du temps de jeu, il sera à coup sûr titulaire l’année prochaine à moins qu’un club étranger n’ait déjà vu son potentiel.
La sentinelle endormie : Deportivo Saprissa
La sentinelle endormie conte l’histoire d’un opposant à l’empereur Napoléon 1er, ce qui est donc ce qu’on attendait des Morados, opposés au géant América en CONCAChampions. Qui aurait imaginé une telle volée ? Défaite 1-5 et nul 1-1, en comparaison avec Herediano et son esprit combatif, les hommes de Quesada ont abdiqué dès le début face aux Mexicains. Même si Saprissa commençait avec un gros déficit que ce soit en termes d’effectif, de budget, d’infrastructures, l’excuse de la différence d’argent peut expliquer l’élimination mais pas l’attitude des Morados en particulier sur le match aller à domicile. Et comme le disait Francis Blanche « ne parlons pas d’argent : ça n’énerve que ceux qui n’en ont pas ». En championnat c’est toujours la même histoire, aucune victoire face aux équipes qualifiées pour le cuadrangular, nul face à Alajuelense 3-3, nul 1-1 face à Herediano et défaite face aux Santos de Guápiles 1-0. Vladimir Quesada va jouer son avenir lors du cuadrangular, n’obtenir aucun titre sur la saison 2017/2018 pourrait être fatal à l’ex adjoint de Carlos Watson.
Concernant les individualités, les retours sont loin d’être une réussite. Johan Venegas semble ne s’être jamais remis de son passage au Nord, comme si l’échec qu’il avait subi en MLS le paralysait. La plus grosse déception est à mettre au crédit de l’homme au bandeau, Christian Bolaños, qui n’a jamais retrouvé la forme physique. Absent de l’aller-retour face à l’America, décevant en championnat, la plupart du temps utilisé en fin de match, son retour est un peu gâché.
Seule grosse satisfaction, Daniel Colindres attaquant central doit partager le poste avec le Hondurien Bengtson. Pourtant le vétéran costaricien (33 ans) marche tellement fort (8 buts, cinquième meilleur buteur du Clausura) qu’il a retrouvé la sélection nationale, un bon signe à moins de trois mois de la Coupe du Monde.
Poussez pas grand-père dans les cactus : Alajuelense
Le club le plus ancien revient fort : onze victoires (dont un 5-0 face à Carmelita, un 3-0 face à Zeledón et un 3-0 face à Guadalupe), quatre matchs nuls (dont un 1-1 face à Herediano et 3-3 face à Saprissa) et 5 défaites, 46 buts inscrits et 25 encaissés. La puissance offensive du groupe de Dos Santos est bien là, en grande partie grâce au paria de l’équipe nationale Jonathan McDonald, seize buts mais inexplicablement ignoré par Óscar Ramírez. Roger Rojas l’attaquant Hondurien arrivé à noël s’est avéré être une excellente recrue puisqu’avec 18 buts, il est le meilleur buteur du Clausura. Un seul gros problème : la gestion du retour Patrick Pemberton le légendaire gardien costaricien (éternel numéro 2 de Keylor Navas en sélection) blessé début janvier mais très bien remplacé par le fabuleux Andonis Pineda, la révélation des Ticos au mondial U20 en Corée du Sud. Un problème de taille pour Dos Santos qui a malgré tout fait respecter la hiérarchie puisque Pemberton a repris sa place dans la cage, même si ce tournoi devrait être son dernier.
Les pique-assiettes : Santos de Guápiles
Pique-assiette ou pique-miette, ce terme n’est pas toujours péjoratif. En effet, derrière les trois grosses écuries qui ne laissent que des miettes aux neuf autres clubs, un seul s’en sort mieux que les autres : les Santos de Guápiles. Le groupe construit par Johnny Chaves est solide, il arrive à se surpasser pour faire face aux équipes supposées plus fortes, les victoires face à Saprissa (1-0) et face à Alajuelense (2-0) le démontrent. Santos est aussi la deuxième meilleure défense avec seize buts encaissés (seul Herediano fait mieux). Ce qui a coûté aux Santistas, c’est un clair manque de concentration ou de motivation face aux équipes bien moins armées qu’eux avec par exemple des matchs nuls concédés face à Cartaginés ou à Liberia qui jouent tous les deux le maintien. Malgré ses petits problèmes de constance dans les performances, Santos marque un gros coup après avoir fait finale de la Ligue de la CONCACAF et le cuadrangular de l’Apertura 2017, et en enchaînant désormais un nouveau cuadrangular.
Des pissenlits par la racine : Liberia et Cartaginés
Cartaginés est l’un des clubs le plus populaires au Costa Rica et est en crise. Il n’est pas passé loin de manger les pissenlits par la racine, depuis le départ de Jeaustin Campos du côté de la Bolivie où il vit des histoires assez rocambolesques. Dans leur malheur, les Brumosos ont eu la chance d’avoir bien plus faible qu’eux. Sportivement bien plus faible, le club de Liberia (29 pts en 44 journées sur le cumul des deux tournois) est très inquiétant. Au niveau gestion, la direction a changé, un appel aux dons a été lancé sur les réseaux sociaux. Depuis que Liberia est officiellement relégué, la nouvelle direction essaye de sauver le club ou du moins ce qu’il en reste.