Après un Apertura totalement dominé par l’América, le premier tournoi de l’année, voit les prétendants s’offrir de nouvelles munitions afin d’éviter qu’une hégémonie s’installe.

S’il est un mot qui résume l’Apertura de l’América, c’est bien imbattable. Surpris en ouverture par Juárez, les Águilas n’avaient suite plus connu la défaite avant une demi-finale retour sans en jeu et de décrocher leur quatorzième étoile face à Tigres dans ce qui est désormais le grand clásico de cette partie de XXIe siècle. Pour défendre sa couronne, André Jardine mise sur la continuité avec peu de départs marquants, si ce n’est la retraite de la légende Miguel Layún, et quelques retouches comme les arrivées de Cristian Calderón et Illian Hernández. Le reste ne bouge pas, le onze-type non plus, et l’América s’annonce de nouveau comme l’ogre à abattre dans ce tournoi.

Reste que derrière, Tigres a de nouveau sorti les griffes en s’offrant l’un des meilleurs joueurs du dernier tournoi, la machine à passe décisive de Santos, Juan Brunetta, dont l’association avec André-Pierre Gignac et autre Sebastián Córdova, couplé aux qualités offertes par les Diego Lainez et Ozziel Herrera notamment, donne au potentiel offensif des Felinos quelques niveaux de plus. Ce recrutement montre aussi que chez les prétendants, l’heure n’est clairement pas venue de renverser la table. À Monterrey, les Rayados disent adieu à leur buteur argentino-mexicain Rogelio Funes Mori et le remplacent par l’excellent Brandon Vázquez, auteur d’une magnifique saison avec Cincinnati et procèdent également à quelques minimes ajustements. Il en est ainsi de même chez les Pumas, échangeant Juan Dinenno, parti à Cruz Azul, par Funes Mori, et s’offrant cependant un joueur frisson, le Péruvien Piero Quispe.

Reste qu’un club a fait beaucoup parler de lui durant le mercato : Chivas. Le club de Guadalajara avait endossé le costume de club réservé aux Mexicains depuis que la Liga MX est devenue un show télé, même si nombreux était les binationaux à avoir déjà mis à mal cette règle. En accueillant un nouveau « gringo », Cade Cowell, devenu inscriptible avec les Chivas grâce à sa grand-mère et une naturalisation obtenue quelques jours avant l’annonce du transfert, le Rebaño sagrado a relancé la polémique traditionnelle entourant chaque recrutement de « non-mexicain » dans ses rangs. Rappelons que cette arrivée est permise par un changement de règle au sein de l’intuition rojiblanca après l’arrivée de Leslie Ramírez, joueuse possédant la triple nationalité et défendant les couleurs de la sélection guatémaltèque. Un changement de règle qui bouscule la tradition entretenue notamment par Jorge Vergara et voulant qu’un joueur ne pouvant pas porter le maillot de la sélection mexicaine ne peut défendre les couleurs du Rebaño. Reste que dans l’histoire, Cowell est le seizième américain à venir revêtir les couleurs tricolores. Mais si Chivas a aussi beaucoup fait parler de lui, ce n'est pas seulement pour Cowell, ni pour l’arrivée plutôt excitante de Fernando Gago, mais surtout car le club a fait revenir une idole nationale, Javier Chicharito Hernández.

Quatorze années ont passé, l’enfant du club était parti parcourir le monde, devenir le meilleur buteur de l’histoire de la sélection, démontrer qu’un joueur mexicain peut réussir dans les plus grands clubs du monde, décrocher quelques titres prestigieux. L’heure de son retour est donc venue, il sera l’une des immenses attractions d’un championnat qui accueille aussi d’autres immenses idoles nationales, en particulier du côté de León avec le retour au pays d’Andrés Guardado, l’autre démonstration absolue qu’un joueur aztèque peut briller en Europe. El Principito avait quitté le pays en 2007, a disputé cinq phases finales de Coupe du Monde avec le Tri dont il est le recordman des sélections. Son retour au pays est un réel évènement.

Photo : Leopoldo Smith/Getty Images

Au milieu de toute cette agitation, le Clausura voit arriver et naviguer quelques joueurs à suivre : on pense à Ramiro Sordo qui débarque à Santos Laguna, à Salomón Rondón, qui vient encadrer la jeunesse brillante de Pachuca, l’excellent Stiven Plaza qui devrait dynamiter l’attaque de Mazatlán. Mais on suivra aussi l’énième nouveau cycle de Cruz Azul, qui s’offre un nouvel entraîneur, l’hyper-titré avec Independiente del Valle, Martín Anselmi, un nouveau gardien, Kevin Mier, deux nouveau latéraux dont Gonzalo Piovi venu de Racing, l’un des cerveaux d’Independiente del Valle Lorenzo Faravelli et un nouveau buteur, Gabriel Fernández. Seizième sur dix-huit lors de l’Apertura, la Máquina a beaucoup de temps à rattraper.

Premières journées, les géants déjà devant

Début de championnat quelque peu morcelé avec pour certains déjà trois matchs de disputés quand d’autres n’en ont joué qu’un. Alors qu’il dispute ses derniers matchs à l’Azteca avant de devoir migrer au C.U. lorsque les travaux en vue de 2026 débuteront, le champion sortant se promène déjà avec trois succès en trois sorties et un tarif unique appliqué à ses adversaires : 2-0. Il est suivi comme son ombre par Tigres, qui a non seulement célébré avec les honneurs qu’il mérite, le deux-centième but de sa légende française André-Pierre Gignac, et qui réussi également le trois sur trois, Brunetta ayant déjà un but et deux passes décisives à son compteur. Juste derrière, les Rayados ont laissé filer leurs premiers points, accrochés la nuit dernière part Querétaro alors que Brandon Vázquez venait d’ouvrir son compteur but. Signalons le bon départ de Necaxa, deux victoires en deux sorties, celle de Pachuca, qui fait tomber Cruz Azul en entrée grâce à Rondón. Un Cruz Azul accroché ensuite à Juárez et qui accompagne Chivas, un petit point en deux matchs, en milieu de tableau à l’heure d’affronter un Tijuana tout aussi mal parti.

Les buts de la J2

 

Photo une : Azael Rodriguez/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.