L’heure des choses sérieuses a sonné en Amérique Latine avec l’ouverture de la phase de groupe de la 57ème édition de la plus belle des compétitions de club. Radioscopie, groupe par groupe. Deuxième partie, les groupes 5 à 8.

 

Ce guide est en deux parties.

1ère partie : Groupes 1 à 4

Comment empêcher l’Atlético Mineiro de survoler son groupe. C’est toute la problématique qui va se poser pour les autres membres du groupe 5. Vice-champion du Brésil en 2015, le Galo se retrouve dans une position qu’il affectionne particulièrement : celle de ne pas être favori de l’épreuve tout en ayant une entrée en matière largement à sa portée. Attention tout de même. Car si Mineiro n’a pas encore l’âme d’un favori, son groupe reste l’un des plus solides du continent. Sa défense a probablement perdu son meilleur membre avec le départ de Jemerson pour Monaco mais l’arrivée de l’excellent Frickson Erazo a tout pour compenser ce départ. Le plus gros du recrutement se situe devant. La pépite Juanito Cazares, le pari Robinho viennent ainsi s’ajouter aux Dátolo, Pratto et autres Luan. De quoi largement déstabiliser bien des défenses.

Pour éviter la domination brésilienne, on pourra compter sur l’ambitieux Colo-Colo et l’élégant Melgar. Côté chilien, même si le début d’année est quelque peu poussif, le groupe n’a été que peu modifié même si le départ du maître à jouer Emiliano Vecchio se fait sentir. Mais si Javier Reina prend ses marques, la bande à Valdés et autre Paredes a toutes les qualités requise pour se hisser en huitièmes, à condition de ne pas gâcher ses chances comme l’an passé : l’Albo avait été éliminé à la dernière journée après une défaite face à…l’Atlético Mineiro. Le danger pourrait finalement venir du Pérou avec le champion sortant Melgar. Sous la conduite de Juan Reynoso, le Dominó s’est mis à produire un football offensif et collectif de grande qualité qui en fait l’une des formations les plus agréables à suivre au pays. On attend ainsi avec impatience de voir les chevauchées d’Omar Fernández et les filets trembler sous les coups des Bernardo Cuesta et autres Ysrael Zúñiga. Reste ainsi à trouver une place pour la cantera équatorienne d’Independiente del Valle. Pour sa troisième participation à une Libertadores, la troisième consécutive, les Negriazules de Sangolquí retrouvent une phase de groupe où ils sont loin d’être donnés favoris. Restent que les hommes de Pablo Repetto se souviendront sans doute qu’en 2014, dans la même situation, ils avaient été éliminés de la course au huitièmes de finale lors de l’ultime journée par le futur vainqueur San Lorenzo (lire Groupe 2 : Botafog'out !). Pour les néophytes, cette Libertadores sera l’occasion de découvrir la pépite Bryan Cabezas, 18 ans.

On évoquait le vainqueur 2014, on le retrouve dans le groupe 6. Cette saison, pas de groupe de la mort comme l’an passé (lire Libertadores 2015 : présentation du groupe 2) mais quelques adversaires dangereux pour la bande à Pablo Guede. Le nouveau Ciclón séduit déjà les suiveurs en Argentine, le peuple cuervo se prend à raison à espérer une deuxième Libertadores dont son San Lorenzo sera à n’en pas douter l’un des prétendants. Attention cependant parce que face aux argentins se dressent quelques jolis pièges. A commencer par le Grêmio de Roger Machado. Troisième du dernier championnat sans vraiment faire de bruit, le Tricolor semble apprécier rester dans l’ombre pour travailler sereinement et finir toujours placé. L’époque des Barcos et autres Marcelo Martins révolue, le club de Porto Alegre pourra s’appuyer sur le merveilleux Miller Bolaños, meilleur buteur des deux dernières Sudamericana, pour faire trembler les filets adverses.

Derrière ces deux favoris logiques sur le papier, deux outsiders qu’il sera difficile de vaincre. A commencer par la Liga de Quito qui fait son retour en Libertadores après trois saisons de disette. Sous la conduite de Luis Zubeldia, les Albos de Quito ont fait de la Casa Blanca une forteresse imprenable (ou presque 5 défaites en 48 matchs avec notamment une série de 19 matchs sans défaite entre février et octobre dernier (16 victoires, 3 nuls)), passant à un penalty de faire tomber River Plate en huitième de finale de la dernière Sudamericana (lire Sudamericana 2015 : favoris bousculés mais vivants). Avec l’arrivée de Claudio Borghi sur le banc, les choses ne devraient pas changer même si les départs des atouts offensifs Michael Jackson Quiñónez, Narciso Mina et Jonathan Álvez devraient tout de même peser. À Carlos Tenorio, Daniel Angulo et les deux milieux offensifs Edson Puch – Brahian Alemán de les faire oublier). S’il est un autre stade où il est compliqué d’aller s’imposer, c’est aussi la Bombonera de Toluca. Sans être spectaculaire (loin de là), les Diablos Rojos de José Cardozo restent une valeur sûre de la Liga MX et l’une des équipes les plus difficiles à bouger (au cours des 35 derniers matchs, seuls León et Tigres ont réussi à s’imposer par deux buts d’écart face à Toluca). Si la grande question concernant les équipes mexicaines reste toujours de connaître leur degré d’implication dans l’épreuve, la dernière finale disputée par Tigres ne manque pas de donner quelques envies auprès des engagés mexicains cette année. Lors de sa dernière participation, Toluca avait réussi à s’imposer à deux reprises face au Boca d’un certain Riquelme (lire Boca Juniors 1 - 2 Deportivo Toluca et Groupe 1 : sans la manière).

Autre représentant mexicain en Libertadores, le dernier finaliste du championnat et accessoirement meilleure équipe de la phase régulière, les Pumas. Autant le dire, un prétendant naturel au titre. Emmenés par une formidable armada offensive Ismael Sosa – Matías Britos – Fidel Martínez – Eduardu Herrera, le groupe de Memo Vázquez a largement de quoi perturber les défenses adverses dans un groupe extrêmement ouvert. Car face aux Felinos, Emelec et Olimpia sont autant d’outsiders à leur portée. Les Electricos équatorien ont perdu leur diamant Miller Bolaños mais conserve un groupe qui reste sur trois titres de champion d’Equateur consécutifs. Reste à savoir si les hommes d’Omar de Felipe parviendront à éviter le syndrome de la fin de cycle. Si tel est le cas, il y a fort à parier qu’ils seront l’une des menaces principales des Pumas dans leur rêve de huitième de finale. Rappelons que l’an passé, le Bombillo était tombé pour un tout petit but en quart de finale face au futur finaliste Tigres (lire Tigres 2 - 0 Emelec).

Côté paraguayen, la 40e étoile décrochée au terme d’un finale en apnée (lire Paraguay – Clausura 2015 : Olimpia, la quarantième rugissante) semble désormais bien loin. Avec un groupe renforcé par les arrivées de Julián Benítez, demi-finaliste 2015 avec Guaraní et José Leguizamón, en demi-finale de la Sudamericana avec Luqueño, le Decano a pourtant de quoi faire régner une certaine terreur sur son groupe, ne serait-ce que de par l’habitude prise par les paraguayens à désormais se hisser dans les derniers carrés des Libertadores (4 équipes paraguayennes différentes dans les derniers carrés des 5 dernières éditions dont deux finalistes). Quelle place restera-t-il alors pour le Deportivo Táchira ? Si le football vénézuélien connait quelques moments troubles, l’objectif principal pour les Aurinegros emmenés par César el Maestrico González et le diamant Wilker Ángel sera d’éviter de reproduire le parcours catastrophique de la saison passée qui avait vu Táchira terminer à la dernière place du groupe 8 après avoir notamment encaissé 15 buts en 6 matchs.

Deuxième et dernier représentant chilien en Libertadores cette saison, le « petit » Cobresal va devoir se frotter à un outsider habituel et deux favoris. 30 ans après son unique participation à cette épreuve, le club d’El Salvador retrouve Dalcio Giovagnoli, l’homme qui l’a conduit à l’historique titre décroché lors du Clausura 2015 (lire Chili – Clausura 2015 : Cobresal dans l’histoire) et va devoir s’accrocher pour résister. Car face à lui se dresse notamment un Cerro Porteño qui a certes vu partir Diego Lugano mais qui reste l’une des valeurs sûres du continent. Après le titre perdu en finale en décembre dernier, le Ciclón décide de reconstruire tout en se renforçant. L’excellent César Farías se pose sur le banc et renforce l’effectif par quelques joueurs expérimentés comme Silvio Torales, l’un des éléments clés de la belle campagne du Nacional en 2014 (finale perdue face à San Lorenzo – lire Enfin parmi les grands) ou encore l’ancien manceaux Marcelo Estigarribia.

Mais ce n’est rien en comparaison avec les deux autres membres du groupe. Premier d’entre eux, l’un des favoris de l’épreuve, Independiente Santa Fe. Eliminés pour un but par le futur finaliste Tigres en quarts l’an passé (lire Tigres 2 - 0 Independiente Santa Fe), les Cardenales s’étaient « vengés » en allant décrocher la première Sudamericana de l’histoire de la Colombie (lire Copa Sudamericana 2015 : Santa Fe, el primer campeón). Ils vont désormais s’attacher à aller chercher une Libertadores dont ils seront clairement l’un des favoris. Avec un groupe alliant solidité défensive, impact physique et dynamisme offensif, les hommes de Gerardo Pelusso seront en effet bien difficiles à bouger. Reste enfin le Corinthians. Totalement dépouillé cet hiver (Jádson, Renato Augusto, Ralf, Vágner Love, Gil et Malcom sont partis), le Timão est passé en quelques semaines de grand favori de l’épreuve à outsider. Champion du Brésil sans jamais avoir véritablement tremblé, le Corinthians doit désormais reconstruire mais avec sur son banc Tite, l’homme qui en avait fait la meilleure équipe du Monde en 2012 (lire Coupe du Monde des clubs : Timão do Mundo !), il n’en restera pas moins l’une des équipes les plus redoutables.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.