Suite de premier tour retour de la Sudamericana et déjà quelques gros bras tombent. Cruzeiro et São Paulo tombent alors qu’ils avaient leur destin en main.

Ç’aurait dû n’être qu’une confirmation, ç’aura finalement été un désastre. Après avoir ramené le nul de son déplacement en Argentine, le géant São Paulo devait normalement écarter à l’expérience un Defensa y Justicia qui revit depuis l’arrivée de Sebastián Beccacece sur son banc mais dont les habitudes continentales sont loin d’être celles du Tricolor (le déplacement au Brésil était le premier de son histoire). D’autant qu’en 29 matchs disputés par les équipes argentines au Morumbí, aucune n’était repartie avec la victoire, São Paulo présentant un bilan de 21 victoires et huit nuls. Un nul suffisait à l’Halcón, il « suffisait » de marquer. Alors quand Thiago Mendes ouvrait le score pour les locaux dès la cinquième minute, l’équipe de Florencio Varela ne cédait pas à la panique et savait que sa mission restait la même. La réaction ne tardait pas, Jonás Gutiérrez, qui allait être l’un des hommes du match, partait côté gauche et servait Castellani pour le 1-1 synonyme de qualification. Restait alors à tenir. Defensa y Justicia s’installait tranquillement, rassuré par le fait d’avoir accompli sa mission et passait même proche de retourner le match, notamment sur deux occasions offertes à Agustín Bouzat. Au retour des vestiaires, rien ne changeait. Defensa y Justicia gardait la même intensité et volonté, repoussait São Paulo loin de ses cages afin d’éviter tout danger. Le Morumbí assistait à un renversement des rôles, l’inexpérimenté visiteur donnant une leçon de gestion au géant continental local. Certes el Halcón allait souffrir en fin de match sous la pression adverse. Mais même après l’exclusion de Barboza dans les derniers instants, il tenait son exploit historique et élimine ainsi São Paulo dès le premier tour, créant la première sensation de cette Sudamericana.

Autre Brésilien au tapis, Cruzeiro. Après s’être imposé chez elle à l’aller, La Raposa se rendait au Defensores del Chaco avec la volonté de se mettre rapidement à l’abri face à un Nacional mal embarqué en championnat (huitième sur 12, quatre victoires en 15 matchs). Alors Cruzeiro portait le premier coup lorsque Thiago Neves, totalement seul au second poteau, ajustait Santiago Rojas pour le 1-0. Les hommes de Mano Menezes, qui s’étaient déjà procuré une énorme situation par Wanchope semblaient alors à l’abri. Mais le Nacional s’est réveillé et a su profiter des largesses de la défense adverse. Une boulette de Mayke permettait à Villagra d’égaliser au quart d’heure et relancer le suspense. En seconde période, alors que Cruzeiro était revenu avec l’idée de plier l’affaire, Roberto el Tiburón Torres modifiait ses plans et lançait Ariel Núñez. La Academia trouvait alors un meilleur équilibre au milieu et prenait même les devants grâce à sa pépite Adam Bareiro, 20 ans, qui signait ainsi son troisième but en trois matchs. La rencontre avait basculé. Cruzeiro terminait en infériorité numérique mais résistait, tout allait se jouer aux tirs au but, moment choisi par Santiago Rojas pour revêtir le costume de héros. Le gardien du Nacional stoppait deux tentatives, inscrivait le sien, la Academia sort Cruzeiro.

Deux Brésiliens au tapis, deux autres ont eu très chaud. Tous deux se déplaçaient en Uruguay. Fort de ses deux buts d’avance, Fluminense se rendait au Centenario pour maîtriser un Liverpool qui n’avait finalement pas grand-chose à perdre. Sans pression, les Negriazules ont réalisé un grand match, dominant de la tête et des épaules la première période, ouvrant le score par Juan Ignacio Ramírez avant la fin du premier quart d’heure et multipliant ensuite les occasions sur les cages de Diego Cavalieri. Au point que le petit but d’écart qui séparait les deux formations au moment de rentrer aux vestiaires n’était pas juste récompense tant Fluminense n’avait pas existé. En seconde période, après une bonne entame, les locaux allaient finir par baisser de pied, se retrouvant alors à subir les offensives des cariocas qui n’allaient pourtant pas égaliser malgré plusieurs belles situations sur les cages de Guillermo De Amores. Liverpool s’impose 1-0 et peut nourrir bien des regrets tant il aurait mérité mieux face à ce Fluminense.

Les regrets, Danubio en aura aussi. Balayé au Brésil, les hommes de Gastón Machado ont fait le match parfait au retour, faisant preuve de cœur mais surtout de football. Avec trois buts à remonter, Danubio n’a pas perdu de temps pour se ruer à l’assaut des cages de Sport. Jonathan Dos Santos ouvrait le score au quart d’heure, redoublant l’envie des locaux d’accélérer. Pressant de manière incessante, Danubio privait Sport de ballon et dominait outrageusement. Une faute sur Dos Santos offrait le penalty du 2-0 aux Uruguayens, Lucas Olaza transformait, au retour des vestiaires, les deux tiers du chemin étaient faits (la moitié si on voulait se dispenser de tirs au but). Alors Danubio revenait avec les mêmes intentions, Olaza marquait le troisième but sur penalty, le miracle était à portée de main tant les locaux dominaient. Malheureusement pour eux, les hommes de Machado ont trop gâché devant le but, Malrechauffe était bêtement exclu, à dix contre onze, la mission devenait plus compliquée. La séance de tirs au but devenait inévitable, elle offrait une qualification inespérée aux Brésiliens, laissant Danubio à ses regrets.

De retournement de situation, on en aura vu deux, tous deux au Venezuela. Tombé chez lui au moment où la situation n’était pas bonne, Palestino se rendait à Caracas pour aller chercher la qualification face à l’Atlético Venezuela. Bien plus solide qu’il y a un mois, le Tino est parvenu à remplir son objectif, non sans mal. Car si dans le jeu les Chiliens ont globalement contrôlé la partie, se créant quelques belles situations, ils ont souvent manqué de profondeur pour se montrer véritablement dangereux. Mais avec leur cœur, ils sont allés chercher une qualification quasi miraculeuse. Premièrement car le seul but du match est intervenu dans les tous derniers instants de la partie, offrant une séance de tirs au but quasi inespérée. Deuxièmement car cette séance fut interminable, 9 tireurs de chaque côté, et a finalement basculé en faveur du Tino au tour dernier moment. Après le 1-1 de l’aller, le Cerro Porteño était en danger à l’heure de retrouver le Caracas de Noel Sanvicente. Les hommes de Matosas se sont ainsi retrouvés en danger après un premier acte plutôt médiocre conclu sans but mais dominé par les locaux, même si pauvre en bon football (l’état du terrain n’aidant pas). La seule occasion du Ciclón était pour Nelson Valdez dont la frappe s’envolait au-dessus de la barre alors que côté Caracas, juste avant la pause, Robert Hernández et Freddy Arrieta menaçaient un peu Antony Silva. Tout allait changer dès le retour des vestiaires. Les locaux sortaient avec d’autres intentions et étaient immédiatement récompensés par une tête de Rubert Quijada. Le Cerro était alors éliminé. Il allait réagir grâce à l’arbitre, Ricardo Marques qui lui offrait un penalty pour une faute supposée mais inexistante sur Jorge Rojas. Nelson Valdez ne se posait pas de question et remettait les deux formations à égalité parfaite. Ce but réveillait le Cerro Porteño qui dominait alors et posait bien des soucis aux locaux avant d’être récompensé lorsque sur un centre d’Omar Alderete, Julio Villalba surgissait et marquait le deuxième but des visiteurs. Il restait alors moins de 10 minutes, Caracas était assommé et le Cerro Porteño venait d’arracher sa qualification.

Après les surprises, les coups de chaud et les revirements de situations, deux équipes ont finalement tranquillement assuré leur qualification. C’est le cas du Corinthians qui s’en allait défendre deux buts d’avance au Nacional face à l’Universidad de Chile. Après avoir menacé à quelques reprises les cages de la U en début de match, Jádson allant jusqu’à faire trembler le poteau, le Timão a un temps souffert sous les assauts des locaux avant de frapper au meilleur des moments, juste avant la pause sur un exploit individuel de Rodriguinho et dès le retour des vestiaires sur un des nombreux contres que la U lui a offert conclu par Jádson. Pourtant la U s’est créée une multitude d’occasions mais butant sur un énorme Cássio quand elle ne pêchait pas par maladresse, elle devait ainsi s’avouer vaincue par un Corinthians trop intelligent et efficace pour elle. Qu’important le but de Felipe Mora pour sauver un semblant d’honneur, les hommes d’Hoyos n’ont jamais été en position pour inquiéter les Brésiliens, la fin de match et les deux rouges montrant une fois encore le chemin qu’il reste à parcourir à l’Universidad de Chile pour espérer briller de nouveau sur le continent. Autre qualification facile, celle d’Arsenal. Pourtant lanterne rouge et victime expiatoire de toute l’Argentine (deux victoires en 22 matchs), el Arse a réussi à trouver pire que lui en la personne de Juan Aurich. Déjà vainqueur à l’aller au Pérou, les hommes de Grondona ont atomisé les visiteurs, s’imposant sur un score de tennis (6-1) et se redonnent ainsi un peu de confiance avant d’aborder le sprint final du championnat.

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.