La 18e journée n’aura rien changé, le Racing devra patienter pour décrocher un titre qui le fuit depuis maintenant 13 ans. Dans deux semaines, le Cilindro se préparera à vivre 90 minutes d’une rare intensité.

A un paso de la gloria

Il ne fallait pas se manquer et le Racing a parfaitement répondu présent. Dernier déplacement du tournoi pour La Academia avec au programme un match face à un Central encore abattu par sa défaite en finale de la Copa Argentina, son seul objectif de fin de saison et unique chance de retrouver la Libertadores (Rosario Central s’est incliné aux tirs au but face à Huracán). Autant dire que le climat était tendu au Gigante et le scénario du match n’aura rien fait pour apaiser des hinchas en pleine crise de nerfs. Car l’équipe mixte alignée par Galloni, intérimaire après le départ de Russo,(une grande majorité de jeunes) aura d’abord mis à mal la défense de Racing (Cervi, Barrientos  et Montoya menaçant à plusieurs reprises l’arrière garde du Racing). Crispé, le Racing a ensuite commencé à prendre le match en main. Comme souvent lors d’un match décisif, la différence vient d’un grand joueur et La Academia de Cocca a la chance d’en posséder un en la personne de Diego Milito. El Principe allait faire basculer le match. Dos au but, il décalait Videla dont la frappe s’écrasait sur le poteau et revenait sur Diaz (hors-jeu) qui ouvrait le score. On jouait alors la 42e minute, le Racing passait en tête. Scénario quasi identique en seconde période. D’abord une phase d’espoir pour les Canallas, Cervi et Montoya brillant encore, Gómez manquant une occasion unique d’égaliser, puis un Racing qui frappait quand il le fallait. Et encore son Principe au centre du jeu. Alors que la tension montait en tribunes (affrontements en tribune de presse, bouteille lancée sur Saja), Bou lançait Milito qui s’en allait éliminer Caranta pour doubler la mise. Les projectiles lancés sur les joueurs du Racing n’y changeaient rien. 10 minutes plus tard, le capitaine de La Academia récidivait, parfaitement lancé par Hauche. 3-0, le Racing ajoute la manière et se retrouve à 90 minutes du titre.

River s’accroche, Lanús craque

Son seul adversaire se nomme désormais River. Car chez lui, face à un Boca qui aurait pu apparaître démobilisé (nous verrons plus loin pourquoi il ne peut l’être), Lanús a réussi l’exploit de laisser échapper un match qu’il contrôlait après avoir ouvert le score dès la première minute et doublé la mise juste avant la pause. Rejoint par Boca en fin de match, le Granate se retrouve à quatre points du leader et donc hors course. Toute la question sera donc désormais de savoir si River pourra empêcher le Racing d’être titré. Au Monumental, les pibes de Gallardo ont d’abord quelque peu souffert face au Banfield d’Almeyda avant d’être sauvés par l’inévitable goleador millonario Fernando Cavenaghi. Entré à la pause, el Torito ramenait River 10 minutes plus tard d’une frappe puissante des 20m, synonyme pour lui d’un 100e but avec la Banda. L’infatigable Carlos Sánchez (également entré à la pause) donnait l’avantage aux siens qui, réduits à dix, allaient ensuite se faire reprendre sur un penalty concédé par Augusto Solari. Ce dernier se faisait alors justice sur un déboulé côté droit qui aboutissait au dernier penalty du match, 101e but de Cavenaghi avec River.

Le tournoi se jouera donc à distance entre Racing et River lors d’une dernière journée morcelée par la Sudamericana. Alors que celle-ci se joue le week-end prochain, Racing et River ont droit à une semaine supplémentaire pour leur finale à distance afin de permettre aux millonarios d’avoir l’esprit libre pour leur finale face à l’Atlético Nacional. Reste qu’outre le titre, ce match ne sera pas dénué d’enjeu grâce à une fédération toujours aussi exceptionnelle quand il s’agit de s’amuser avec le règlement.

Comme un parfum d’entourloupe

Car c’est la petite subtilité de la semaine, du résultat du duel entre Racing et River dépendra le casting des qualifiés argentins pour la prochaine Libertadores. Sortez vos carnets et stylos, l’explication qui suit est un pur produit du génie argentin.

L’Argentine dispose de 6 places en Libertadores. Six car le vainqueur de la précédente édition est San Lorenzo (voir Enfin parmi les grands) qui se retrouve donc qualifié d’office. Il reste donc 5 places à distribuer. La première est pour River, vainqueur du dernier tournoi (voir Argentine : Et River redevint River), la seconde pour Huracán (vainqueur de la Copa Argentina). Jusqu’ici tout est simple. Il suffit alors de pimenter le tout.

Il reste 3 places à distribuer : l’une pour le vainqueur du tournoi, l’autre pour la meilleure équipe argentine en Sudamericana, la dernière pour la meilleure équipe argentine au classement combiné de la saison 2013/2014. Ce dernier ne tient pas compte de l’actuel tournoi et les positions sont donc figées. C’est d’ailleurs lui qui pose problème. Car à la table cumulée 2013/2014, deux équipes sont ex-aequo, Vélez et Boca. En Argentine, lorsqu’il s’agit d’attribuer un titre, une place en compétition continentale ou une relégation, la différence de but ne compte pas et il faudra absolument les départager. Pourquoi ? Tout simplement parce que le vainqueur de la table cumulée se qualifie directement pour la phase de groupe de la Libertadores alors que la meilleure équipe argentine en Sudamericana doit passer par un tour préliminaire. Regardons alors ce qu’il s’est passé en Sudamericana. River en finale mais déjà qualifié pour la Libertadores par son dernier titre, il suffit alors de regarder la deuxième meilleure équipe argentine. Et on tombe alors sur Boca. Ouf, on est sauvés, Vélez et Boca iront en Libertadores. Point final.

C’est mal connaître l’AFA. Car tout le génie de la fédération s’est exprimé : si River n’est pas titré dans 15 jours, le desempate VélezBoca prendra une autre dimension. Une victoire de Vélez qualifiera directement le Fortin pour la phase de poule, Boca ira alors en repêchage via sa place de meilleure équipe argentine en Sudamericana. Une victoire de Boca en revanche aura pour conséquence de qualifier directement les Xeneizes pour la phase de groupe alors que Vélez se retrouvera… éliminé ! Oui, l’équipe qui a terminé en tête de la table cumulée 2013/2014 se retrouverait alors chassée de la Libertadores, le billet restant allant à la troisième meilleure équipe argentine en Sudamericana (derrière River et Boca donc – vous suivez toujours ?) : Estudiantes. Le génie argentin veut en revanche que si River est champion, Vélez, Boca et Estudiantes seront qualifiés pour la prochaine Libertadores. On serait supporter de Vélez (club qui fut longtemps celui de l’opposition à Grondona – voir Le football argentin vu de l'intérieur), on sentirait comme une arnaque… 

Les 31 buts inscrits lors de la 18e journée

 

 

Résultats

Classement

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.