On s’attendait à un finale en apothéose pour clore un étrange tournoi argentine. Avec d’un côté la meilleure formation de la phase régulière et de l’autre l’une des plus attrayantes, le Monumental s’apprêtait à vibrer football. Mais entre Lanús et San Lorenzo, il aura surtout assisté à une démonstration.

Au lendemain de la qualification d’Estudiantes pour la Libertadores grâce à sa victoire face à Godoy Cruz, et après avoir écrasé une Zona B annoncée bien plus faible que sa consœur, Lanús semblait décidé à mettre les points sur les i face au séduisant San Lorenzo de Pablo Guede et ainsi démontrer aux derniers sceptiques (qui n’avaient pas pris le temps de voir jouer le Granate) que son titre honorifique de meilleure équipe de la phase régulière n’était pas usurpé. La leçon devrait avoir été bien comprise.

Privé de l’essentiel Nestor Ortigoza dans l’entrejeu, San Lorenzo avait opté pour un duo Mercier – Mussis et un trio Blanco – Belluschi – Cerutti pour appuyer Nico Blandi pointe préférée de Guede. Face au 4-2-3-1 cuervo, Jorge Almirón alignait son classique 4-3-3, mélange de solidité défensive symbolisée par le duo axial Gómez – Braghieri, de vitesse symbolisée par Acosta ou Benitez et de technique comme le duo Almirón – Martínez, quatuor chargé d’offrir à l’ancien Pepe Sand l’occasion de briller une fois encore dans un Monumental qui allait forcément lui rappeler sa jeunesse passée avec le maillot à la banda (Sand fut longtemps le meilleur buteur de l’histoire des catégories de jeunes de River). Un stade magnifique, deux hinchadas luttant à coups de décibels et les deux meilleures formations de la saison, on s’attendait alors à une rencontre disputée et enlevée. On aura eu une démonstration.

D’entrée de partie, le Granate prenait les choses en main. Ce fabuleux mélange d’intensité, de vitesse, de justesse technique et de verticalité acculait San Lorenzo dès les premiers instants. Débordés sur les côtés, incapables de tenir Almirón et Martínez, génés par un Sand magnifique dans son rôle de pivot, les Cuervos ne parvenaient à sortir proprement, à poser le pied sur le ballon, bref, à respirer. Au sortir de cette demi-heure d’apnée, San Lorenzo pouvait presque s’estimer heureux de n’avoir encaissé qu’un but tant les offensives du Granate avaient été nombreuses, les occasions réelles (avec notamment trois énormes occasions de but supplémentaires). Il fallait attendre une baisse de rythme des hommes d’Almirón pour voir enfin une situation en faveur de San Lorenzo, une volée de Cerutti. La pause intervenait sur un flatteur 0-1 en défaveur des hommes de Guede, la démonstration allait se poursuivre en seconde période.

Car terminé la pause, Lanús reprenait sur le même rythme que lors de la première demi-heure et n’allait, cette fois-ci, plus jamais desserrer son étreinte. Le pibe Almirón s’offrait le but du break, conclusion d’un mouvement à sept passes qui avait totalement fait voler en éclat l’arrière garde adverse, Pepe Sand y allait de son but (même si hors-jeu), Acosta concluait ainsi la merveilleuse partition jouée par un Granate au niveau qui fut le siens tout au long du tournoi. Pablo Guede avait connu une première finale en 2016 avec un 4-0 en sa faveur face à Boca (lire Argentine - Supercopa Argentina : Inside Boca Juniors – San Lorenzo de Almagro), il termine son premier semestre par un 0-4 qui a montré les limites de son système qui repose sur la possession et la justesse technique. Ayant pris 38 points en seize journées, soit plus de points par exemple que San Lorenzo et River lors de la saison 2013/2014 alors que ceux-ci avaient disputés 19 matchs, meilleure attaque et meilleure défense du tournoi, n’ayant connu que deux défaites, dont une lors d’une dernière journée jouée pour du beurre face à Huracán, Lanús était la meilleure équipe de la saison sur le plan comptable. Le fait qu’elle l’était aussi dans le jeu lui aura permis d’aller chercher un titre mérité au bout d’une finale de rêve.

Photos : ALEJANDRO PAGNI/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.