Le football est enfin de retour en Argentine. Après près de 3 mois d’attente, la Primera División est enfin de retour. Et dès la reprise, Boca et San Lorenzo en profitent.

80. S’il fallait résumer le retour du football en Argentine par un nombre, 80 serait celui-ci. Après 80 jours d’une crise qui est encore loin d’être totalement terminée, les ballons ont de nouveau roulés sur les terrains de Primera División l’inespérée 15e journée du tournoi 2016/2017 a enfin eu lieu. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre le mois de mars d’une saison prévue pour se terminer en juin pour enfin commencer à aborder sa seconde moitié (vous avez bien calculé, il reste désormais 15 matchs à placer en trois mois, trêves internationales comprises). Histoire d’ajouter une pincée d’incertitude supplémentaire, cette deuxième partie de saison argentine voit la plupart des équipes repartir de zéro (ou presque), celles-ci ayant subi les effets d’un mercato animé. Pourtant, les compteurs sont loin d’être remis à zéro et à mi-course, Boca mène la danse avec dans sa roue San Lorenzo et Newell’s qui pointent à trois longueurs.

Les changements ont impacté tous les clubs. Certains ont changé d’entraîneur, Aldosivi rappelle l’un de ses héros, Dario Franco, Arsenal en appelle à la famille en signant Humberto Grondona (fils de), Eduardo Domínguez arrive à Colón, Lucas Bernardi à Godoy Cruz, Juan Manuel Azconzábal à Huracán, Tété Quiroz à Sarmiento, Néstor Gorosito à San Martin, Paulo Montero à Central, Diego Cocca au Racing, Mario Sciacqua à Olimpo, Ariel Holan à Independiente, Pablo Lavallén à Tucumán, Hector Álvarez à Temperley, Juan Pablo Pumpido à Unión… Une liste longue comme le bras qui symbolise parfaitement le fait que cette deuxième partie de saison n’a que peu de raisons de ressembler à la première. Car si on note autant de mouvements sur les bancs, dans les effectifs, leur nombre est d’autant plus important, les groupes sont, pour certains totalement chamboulés. Loin des médiatiques départs d’un Carlos Tevez et autres Oscar Romero, il n’est pas un club qui n’a pas subi de profonds remaniements. Ajouté à l’abstinence durant trois mois et donc le manque de rythme déjà fortement visible pour les représentants locaux en Libertadores (lire notre bilan de la première semaine), l’incertitude dominait à l’heure de faire rouler les premiers ballons argentins en 2017.

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Boca et San Lorenzo en profitent

A l’heure de la reprise donc, il ne fallait pas se manquer pour ne pas se retrouver à regretter des points perdus à cause d’une mauvaise mise en route. Ces points perdus devraient ainsi hanter les rangs des supporters de Newell’s. Dans le sud bonaerense, la Lepra a lutté pour résister à l’intensité et au pressing haut du Defensa y Justicia de Beccacece. Malgré la belle occasion pour Maxi en première période, l’une des rares en faveur des visiteurs, la victoire a été décrochée par les coéquipiers de Jonás Gutiérrez, qui a formé une jolie paire de cinco avec Leonel Miranda. Et voilà comment dès la reprise, Newell’s décroche.

Car devant, le duo Boca – San Lorenzo ne s’est pas raté. En danger à l’heure de se déplacer au Florencio Solá, Boca savait qu’il pouvait compter sur un renfort de poids : 7500 supporters autorisés par La Agencia de Prevención de la Violencia en el Deporte (Aprevide) à remplir le parcage visiteur (et bien plus), une première depuis 2009. Porté par sa foule, se retrouvant ainsi à domicile, les hommes de Barros Schelotto ont fait preuve de caractère, contrôlés dans leurs moindres faits et gestes par Fernando Gago. L’affaire n’a pas été aussi simple pour Boca qui a d’abord quelque peu souffert face au Banfield de Falcioni et aurait dû se retrouver mené au score sur un but de Cvitanich avant le quart d’heure. Refusé pour un hors-jeu inexistant, ce moment était un tournant, les Xeneizes profitant du contre pour voir l’excellent Fabra déborder et offrir le but du 1-0 à Benedetto. Banfield a beau être réellement orphelin de Walter Erviti, son collectif reste tout de même dangereux et lui a permis ensuite de se créer quelques belles opportunités, la plus incroyable pour Sperduti qui, seul au second poteau, trouvait moyen de mettre son ballon sur Rossi. Alors Boca a maitrisé, à l’image du second but de Benedetto, conclusion d’une merveille de mouvement collectif initié par un six mètres joué au sol par Rossi. Ce but a libéré définitivement un Boca auteur d’une solide prestation et qui aurait bien pu accroître son avance durant la dernière demi-heure. Une chose était sûre, les Xeneizes sont prêts.

La question était encore sans réponse pour San Lorenzo. Balayé en Libertadores par Flamengo quelques jours plus tôt, le Ciclón n’a certes pas apporté une réponse définitive mais s’est en tout cas assuré de rester dans le coup. A Bajo Flores, San Lorenzo accueillait Belgrano et prenait le contrôle de la partie d’entrée de match, laissant les visiteurs à leur stratégie de jouer les contres. Le match était cependant serré, personne ne parvenant à se montrer véritablement dangereux jusqu’à un corner de Bautista Merlini que Paulo Díaz propulsait dans les buts des Piratas. Le spectre des 10 matchs sans victoire venait alors de nouveau hanter Belgrano qui souffrait alors suite au but et semblait craquer à quelques minutes de la pause lors que Néstor Ortigoza transformait un penalty obtenu par Paulo Díaz. 2-0, l’affaire paraissait pliée, San Lorenzo pouvait alors se libérer. Enfin pensait-on. Car au retour des vestiaires, Belgrano revenait avec d’autres intentions et d’entrée de second acte, Cristian Lema propulsait un corner de Matías Suárez dans les buts de Torrico. 2-1, l’affaire était alors loin d’être réglée. Aguirre lançait Fernando Belluschi mais les conséquences sur le jeu tardaient à se faire sentir. Belgrano cherchait le nul, Torrico veillait, Nicolás Blandi butait sur le jeune Lucas Acosta, le score n’allait plus évoluer. Faute de s’être rassuré donc, San Lorenzo pouvait s’appuyer sur le fait de ne pas avoir cédé.

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River, Lanús, Central et Estudiantes calent

 Ils sont quatre favoris et outsiders à craquer dès la reprise. Central se fait piéger chez lui par Godoy Cruz, le champion sortant Lanús explose au Cilindro, Estudiantes et River cèdent aussi. Les Millonarios ont sorti une prestation des plus inquiétantes face à un Unión Santa Fe parfaitement organisé, agressif comme il le fallait et avec bien plus d’idées offensives que la bande à Gallardo. A quelques jours de son entrée en Libertadores, River, qui cherchait encore sa défense centrale, a exposé bien des carences, à l’image d’un Luciano Lollo méconnaissable dans l’axe. Pire, la Banda a surtout montré qu’elle manque d’un véritable organisateur du jeu, quelqu’un capable de dicter le tempo à ses partenaires (les supporters de Boca diront, non sans malice, qu’il manque un Gago à River). Tout n’est pas noir côté River, qui n’a finalement pas perdu son match de reprise mais avec un cinquième match nul en championnat, les hommes de Gallardo ne parviennent pas à accrocher le wagon de tête, le tout avant un déplacement à la Fortaleza. De leur côté, les Pinchas ouvraient la journée en se rendant au José Amalfitani pour y défier un Fortín qui n’avait connu que quatre victoires en championnat, toutes à domicile. Si la première occasion du match fut en faveur des visiteurs, c’est Vélez qui ouvrait le score dès la sixième minute le pibe Nicolás Domínguez, 18 ans et qui faisait ses grands débuts en Primera, offrant un caviar à Mariano Pavone qui pouvait s’amuser et ouvrir le score. Profitant de la fébrilité défensive de Vélez, Estudiantes revenait dans la partie peu avant la demi-heure et semblait ensuite prendre le dessus, dominant les couloirs et se procurant quelques situations comme une bonne tête de Viatri contrôlée par Assmann. Au moment où on s’y attendait le moins, alors que le premier acte vivait ses derniers instants, un long centre ce Caire était repris par Zabala et permettait aux locaux de virer en tête à la pause. Le coup était rude pour Estudiantes mais les hommes de Vivas montraient leurs ressources. Le technicien pincha sortait Viatri à la pause et lançait Toledo. Choix gagnant sur la première situation, un centre quelque peu désespéré de Sánchez que Nasuti et Assmann ne savaient comment jouer, Toledo égalisait. Alors le match s’équilibrait jusqu’à une fin de match des plus rythmée. Les hinchas de Vélez s’enthousiasmaient du retour du Burrito Juan Manuel Martínez avant d’exploser lorsqu’Ivan Gómez, entré quelques instants auparavant, offrait le but du 3-2 à Mariano Pavone en ratant totalement sa passe en retrait pour Andújar. 

Les buts 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.