Le 22 mai dernier, le président du Pérou, Martín Vizcarra a déclaré à la nation la prolongation de l’état d’urgence et de l’isolement social jusqu’au 30 juin mais en réactivant certains secteurs, dont le sport sous certaines conditions.

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Approbation des protocoles sanitaires

Les Péruviens avaient les yeux rivés sur leur poste de télévision ce vendredi 22 mai à l’écoute du message à la nation de leur président, Martín Vizcarra, afin de savoir si le confinement allait enfin se lever. Malheureusement, suite à l’augmentation des cas de covid-19 dans le pays andin et à la saturation des services de soins intensifs, le président péruvien a décidé de prolonger l’état d’urgence. Mais les amateurs de football ont été agréablement surpris par une petite phrase lâchée en fin de discours concernant un possible retour de leur sport préféré : « À partir de cette prolongation de l'état d'urgence, les activités sportives professionnelles qui n'impliquent pas de contact physique direct sont autorisées, ainsi que le football professionnel. Nous avons reçu la demande d'autorisation de la FPF pour pouvoir redémarrer les entraînements et, plus tard, relancer la compétition de football professionnel ».

Cependant, il est évident que le football ne reviendra pas par magie et une série de protocoles sanitaires devront être respectés. Le président a également ajouté : « Il est important de le faire en respectant les protocoles de distance et de sécurité. Les matches qui se déroulent professionnellement, au moins dans les mois qui suivent, devront se dérouler dans des stades sans public. Ils devront regarder de chez eux cette compétition serrée qui caractérise notre football professionnel ». Le gouvernement a approuvé la liste de protocoles sanitaires présentée par la Fédération Péruvienne de Football qui travaille désormais sur un calendrier de reprise du football national. Le Ministère de la Santé cordonnera avec l’équipe de médecins spécialistes du sport afin d’y apporter des corrections. Cela prendra quelques semaines supplémentaires. La fédération évalue une reprise des entrainements des clubs pour la mi-juin. Il y aura ensuite une moyenne de 45 jours pour accomplir un protocole élaboré en trois phases : premiers exercices individuels en gymnase, entrainements en petits groupes et enfin retour des entrainements avec toute l’équipe. Une date réaliste de reprise du championnat ne pourrait donc être envisagée avant début août.

Zones d’ombres

Car tout n’est pas si facile et encore moins sur le sol péruvien, il reste encore des sujets de débats et de polémiques aux pays des Incas. Notamment au niveau de la localité pour jouer le championnat. Lima est l’épicentre de l’épidémie de coronavirus qui a touché le Pérou et concentre plus de la moitié des cas enregistrés, suivie de près par des villes côtières comme Trujillo et Chiclayo. En revanche, l’épidémie a été plus clémente dans les Andes où des villes comme Cusco, Puno, Ayacucho ou encore Huánuco enregistrent peu de cas. Alors pour des clubs comme Cienciano la solution est vite trouvée : jouer tous les matchs à Cusco. Solution qui ne plait pas aux clubs de Lima et de la côte, qui sont majoritaires, notamment pour le simple fait de jouer en altitude (Cusco est à plus de 3000 mètres au-dessus du niveau de la mer) mais également pour les infrastructures rudimentaires. Lima reste donc prioritaire pour le moment et pourrait accueillir tous les matchs restants du championnat mais le sujet est loin d’être clos.

L’autre point délicat de cette possible reprise du championnat est la situation financière des clubs professionnels. Des crises économiques sont en train d’apparaitre au sein d’institutions comme Universitario qui s’est défait de sa section féminine, Binacional, qui vient de suspendre les salaires de tous ses joueurs (qui ont décidé de saisir la justice), ou encore Mannucci englué dans des problèmes administratifs. D’autres clubs pourraient suivre et perdre des joueurs importants. L’attractivité et la compétitivité resteront au cœur du débat.

Et la sélection ?

Ricardo Gareca souhaite un retour des compétitions dans les plus brefs délais. Son staff a pour objectif d’avoir une équipe compétitive pour affronter les matchs de qualifications à la Coupe du Monde 2022 mais aussi pour la Copa América 2021. Le technicien argentin aimerait initier un micro-cycle avec des joueurs convocables en juillet ou août. Difficile d’y voir clair avec la fermeture des frontières dans la plupart des pays et le rapatriement des internationaux s’avère pour le moment impossible. Gareca a déclaré sur RPP (radio locale) qu’il serait prêt a convoqué uniquement des joueurs du tournoi local s’il le fallait. Cependant on voit mal le Pérou sans ses cadres Paolo Guerrero (Internacional, Brésil), Jefferson Farfán (Lokomotiv Moscou, Russie), Edison Flores (DC United, USA), Miguel Trauco (Saint-Étienne, France) ou encore Yoshimar Yotún (Cruz Azul, Mexique). Là encore, le pays est en attente de solutions.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.