Peñarol a remporté deux matchs difficiles et s’est préparé idéalement pour sa demi-finale de Libertadores. Nacional a mal négocié la semaine et offre de l’avance à son adversaire de toujours, comme pour lui donner un ultime coup de souffle dans le dos. Rêver ne coûte rien.

Il n’y aura pas de championnat ce week-end du 26-27 en Uruguay. On pourrait croire que cela a été fait exprès pour favoriser Peñarol dans l’optique de son affrontement aller-retour contre Botafogo mais non, les pouvoirs publics n’avaient pas prévu cette qualification inattendue et inespérée quand ils ont planifié le premier tour de l’élection présidentielle. Or, on ne joue pas les jours d’élections en Uruguay, même si, selon El País, les deux candidats qui vont sans doute accéder au second tour (Yamandú Orsi et Álvaro Delgado) sont supporters de Peñarol (oui, El País en a fait un article). Un signe de plus...

Peñarol a en tout cas très bien profité d’une semaine chargée avec deux gros matchs pour faire le plein de confiance : une belle revue d’effectif et deux victoires marquantes. La première a eu lieu en milieu de semaine sur le terrain de Jardines contre Danubio. Peñarol domine tout le match mais ne marque pas. À la 90e, logique coup-franc à l’entrée de la surface. Fernández met le ballon impeccablement sous la barre. En fin de semaine, en faisant tourner encore plus, Peñarol recevait Boston River. Moins de suspense puisque le Sastre n’a pas été à la hauteur, encaissant dès le début du match un but du belge Felipe Avenatti. À la fin du match, alors qu’il vient d’entrer, Fernández ne tire pas un coup-franc de trente-cinq mètres, mais reçoit le ballon à côté du tireur. Il fait quelques pas, arme sa frappe et trompe le gardien avec un effet qui nous a rappelé l’Afrique du Sud et un beau blond. Semaine idéale donc. Semaine de rêve. L’effectif est en forme, il arrive bien, sans stress. Peñarol ne perdra pas le championnat dans les deux prochaines semaines, il peut donc être à 200 % sur son objectif de toujours, contrairement à son adversaire qui lui a des chances de tout perdre, comme l’année dernière.

Ajouter à cela que le rival de toujours Nacional perd bêtement contre Rampla Juniors dans un match où l’équipe a paru très fatiguée. Après avoir battu facilement Miramar Misiones, on pensait que Nacional pouvait reprendre les devants en battant l’équipe picapiedra, mais c’est l’inverse qui s’est passé avec une équipe lente, avec une charnière Mateo Antoni / Sebastián Coates qui fait peur. Ce match permet à Peñarol de reprendre les cinq points d’avance qu’il avait avant le clásico au classement annuel et donc de voir venir.

Et donc de se focaliser sur le choc de Libertadores. C’est bien la Libertadores même si c’est le troisième brésilien que va jouer Peñarol cette année. Sur le papier, Peñarol n’a que peu de chance. L’écart en termes de budget est énorme. Une radio a voulu organiser un débat « serait-ce la plus grande Libertadores jamais gagnée par Peñarol s’ils l’emportaient ? » et, étrangement dans un pays où le club est une institution, tout le monde a répondu oui. Il n’y a pas eu de débat. Cela donne une idée du déséquilibre. Mais rêvons. Encore.

Résultats et classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba