Tous deux sont nés en 1996, tous deux sont courtisés par le Paris Saint-Germain. S’ils ont deux profils aussi différents qu’ils se complètent, Giovani Lo Celso et Marlos Moreno suscitent autant d’interrogations qu’ils ont ébloui un continent. Portrait de deux pépites que la France gagnerait à connaître.

Lo Celso, le diamant rosarino

Né le 09 avril 1996 à Rosario, une ville où sont nés beaucoup de ses illustres prédécesseurs, Giovani Lo Celso commence à jouer au football alors qu'il n'est qu'un enfant. Son premier club fût San José del Rincón,  club de la province de Santa Fe, avant d’intégrer la prestigieuse Asociación Atlética Jorge Griffa, pourvoyeuse de talents qui souvent semblent promis à porter le maillot noir et rouge de Newell’s. Mais Lo Celso n’en veut pas. Hincha de Central, rêvant de suivre les pas de son idole Ángel Di María, il refuse tout essai côté Lepra et s’en va alors tenter sa chance avec Central qu’il intègre alors. Il franchit chaque étape de sa formation, remporte le titre de Novena sa première année, celui de la Sexta en 2013 puis le championnat des réserves l’année suivante, signant alors son premier contrat professionnel. C’est à l’âge de 19 ans, qu’il fait ses débuts en Primera Division sous le maillot Canallas. Nous sommes le 19 juillet 2015, Central affronte Velez et el Mono entre à un quart d’heure de la fin mais ne peut éviter le 0-0. A l'issue du match, le joueur ne cache pas son émotion et sa joie : « Depuis que j'ai l'âge de raison, mon rêve était de jouer au football, qu’importe l'argent. Coudet m'a fait confiance et me laisse de la liberté, je suis heureux et reconnaissant de la chance qu'il m'a donnée. »

Lo Celso ne tarde pas à remercier son coach sur le terrain. Il signe sa première passe décisive lors de la journée suivante contre Sarmiento et enchaîne. Au point qu’après avoir disputé une trentaine de matchs, il présente aujourd’hui un bilan de 2 buts et une quinzaine de passes décisives, représentant avec l’autre joyau, Franco Cervi, l’espoir du peuple Canallas et permettant à Marco Ruben de briller. Car Giovani Lo Celso est l'archétype du joueur qu'on adore voir jouer, le jeune joueur brille par son élégance naturelle lorsqu'il est en possession du ballon, dispose d’une très bonne qualité de passe qu’il associe à une vision du jeu incroyable. Si Di María est son idole, son jeu est pourtant bien différent. Placé comme un Javier Pastore époque Huracán, électron libre à côté d’un meneur de jeu, Lo Celso a beau être moins buteur que l'astre du Globo mais peut alors s’exprimer et se caractérise par sa capacité à briser les lignes, par sa faculté à trouver les espaces par ses passes qui lui permettent souvent de créer des déséquilibres au cœur des défenses adverses et de servir idéalement ses compères qui occupent le front de l'attaque. Des caractéristiques rares chez un joueur de cet âge et qui font le charme de l'Argentin. Lo Celso n'est pas un buteur, il est l'homme qui sait les faire briller.

S’il peut rendre service sur le côté, sa position naturelle reste axiale. C’est dans cette position axiale, derrière les deux attaquants qu’il s’exprime le mieux.  « J'aime bien être libre derrière l’avant-centre, même si jouer sur les côtés ne me pose pas de problèmes. » Malgré un manque d'expérience Lo Celso dispose d'une marge de progression exceptionnelle, une progression qu'il pourrait trouver dans un club où un entraîneur lui fera confiance et saura l'écouter, saura lui laisser sa liberté d’expression. Giovani Lo Celso est un diamant brut mais il reste un diamant qu'il faut polir. Sa capacité d’adaptation rapide en fait l’une des plus grandes promesses argentines à son poste.

 

Moreno, la fusée colombienne

L’histoire de Marlos Moreno débute dans le barrio pauvre de Manrique Oriental à Medellín. Membre d’une fratrie de huit frères dont il est le cadet, le petit Marlos fait parler de lui sur les terrains, au point de changer son futur. Marlos n’a que 10 ans quand Eladio Tamayo, alerté par un de ses amis, vient le voir jouer. Tamayo n’est pas n’importe qui. Découvreur de talents, Edwin Cardona était l’un de ses chefs d’œuvre, il observe les pépites du PonyFúbol et vient voir le petit Marlos. Il ne lui faut que deux bouts de matchs pour être séduit. Tamayo va alors voir la mère du prodige, lui demande de prendre le petit son aile, l’installe chez lui. Tamayo forme le petit au sein du Club Deportivo de Fútbol Leonel Álvarez dont il est le coordinateur, l’Atlético Nacional commence alors à lorgner sur Moreno qui n’a que 14 ans. Mais Tamayo préfère attendre, protéger son enfant d’adoption qu’il élève chez lui avec son épouse, continuer de polir son talent. C’est alors à 16 ans que le feu vert et donné, Marlos Moreno devient Verdolaga. La fusée Moreno vient de décoller. Deux ans plus tard, il fait ses débuts avec les pros alors coachés par Juan Carlos Osorio, l’homme qui donne une nouvelle dynamique à sa carrière : « A l’origine, j’étais un vrai neuf mais el Profe Osorio m’a positionné sur le côté pour mieux exploiter ma vitesse et cela me convient » déclare Moreno au soir de ses débuts tonitruants.

Photo : RAUL ARBOLEDA/AFP/Getty Images

Dans un Atlético Nacional alors engagé sur les terrains continentaux, les jeunes du club prennent du temps de jeu. L’année suivante, Moreno débloque son compteur but, il s’installe progressivement dans un effectif riche jusqu’à devenir pour Reinaldo Rueda « une bénédiction. » El Profe Rueda continue de le façonner. Au sein d’une machine de guerre, Moreno apprend la discipline collective, l’intensité constante et le travail défensif. Mais il n’en oublie pas ses qualités, restées depuis toujours les mêmes.

Marlos Moreno est un dribbleur, un provocateur. Planté sur son mètre 73, sa vitesse fait des ravages, fait voler en éclat des défenses qui ont le malheur de le laisser se lancer. Loin de n’être qu’un énième « tout droit », Moreno se distingue pas sa capacité à sentir le jeu, à sentir le but. Comme Lo Celso, Moreno est un diamant qu’il faut finir de polir. Comme Lo Celso, Moreno est un joueur qui se distingue par son humilité, sa discipline et sa capacité de travail. « Je ne dois pas baisser la garde et continuer à travailler. C’est ce travail qui m’a conduit où je suis aujourd’hui. El Profe me conseille toujours, me dit que je dois continuer sur mon côté, toujours aller au duel, » déclare-t-il.

Cette humilité, ce travail et ce sens du collectif éclatent sur le terrain. Pour ses débuts en Libertadores, Moreno fait plier le finaliste de la dernière Sudamericana. Un but et une passe décisive face à Huracán, un but et une passe décisive encore la semaine suivante face à Cristal, un autre face à Peñarol lors de la troisième titularisation, Moreno explose aux yeux du continent. Ses prestations de haut niveau répétées tapent dans l’œil de José Pékerman. Le 11 février 2016, alors qu’il n’a que 19 ans, Marlos participe à la préparation avec la sélection colombienne. Un mois plus tard, lancé dans le grand bain face à la Bolivie, il s’en va côté gauche pour servir Edwin Cardona et offrir la victoire aux Cafeteros. Les deux joyaux d’Eladio Tamayo relancent la sélection. Neuf ans après avoir été sorti du barrio de Manrique Oriental, celui qui devait s’appeler Marlon mais, faute d’une erreur dans le registre des naissances, est devenu Marlos, est surtout devenu une fusée que plus rien n’arrête. Courtisé par l’Europe, et même si Tamayo déclarait il y a peu qu’il resterait encore un an ou deux de plus au club, il semble désormais impossible pour l’Atlético Nacional de le retenir au-delà de l’été 2016.

Par JC Abeddou et Nicolas Cougot pour Lucarne Opposée

 

Photo une : Marlos Moreno JUAN MABROMATA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.