Ce n’est plus qu’une question d’heures. Après six mois au Nacional, Erick Cabaco a aujourd’hui quitté ses coéquipiers pour s’envoler vers la France où il va s’engager l’AS Nancy-Lorraine. Portrait.

L’international uruguayen arrive chez le promu lorrain dans le cadre d’un prêt payant (300 000€ selon nos informations) avec option d’achat. Au vu de son potentiel et du peu de risque pris par le club lorrain, c’est une excellente affaire. Mais vous qui ne lisez pas les compte rendus hebdomadaires du championnat uruguayen sur Lucarne Opposée, vous ne le connaissez pas. Voici sa présentation.

Sa carrière

Formé depuis ses 4 ans au club de Rentistas, il y fait ses débuts professionnels le 6 Avril 2013 à seulement 18 ans. Il s’y impose rapidement et devient titulaire au poste de défenseur central durant une saison et demie. Dans une équipe au profil défensif, mal classée, Cabaco se montre sous son meilleur jour. Celui d’un défenseur élégant, sachant lever la tête pour lire le jeu, que ce soit sur les phases défensives où il est très bon dans le jeu aérien, ou sur phase offensive où il est capable de gestes techniques étonnants pour un défenseur. En forme de récompense, il est appelé par l’entraîneur des espoirs, Coito, pour la coupe du monde des moins de 20 ans en Nouvelle-Zélande ainsi que pour les jeux panaméricains au Canada desquels il revient avec la médaille d’or, tout en étant remplaçant. A l’été 2015, il est déjà suivi par des clubs européens comme Levante, mais rien ne se concrétise. Il reste donc six mois supplémentaire à Rentistas, où il fait souffrir de nouveau les grands, s’illustrant lors des deux matchs contre Peñarol puis contre Nacional (match dans lequel il marque). Fin 2015, il part logiquement de son club de cœur, pour rejoindre les rangs du Nacional.

Et tout commence formidablement bien puisque son premier match est un Clásico d’été durant lequel il se permet une roulette au milieu de terrain pour éliminer un adversaire. Geste impressionnant mais sans lendemain, Cabaco reste remplaçant, barré par Victorino, grand défenseur uruguayen ayant joué la coupe du monde 2010, et par Polenta, espoir de l’Uruguay au même poste. Il souffre d’avoir commis quelques erreurs (il peut avoir des errements défensifs) et de ne pas avoir eu sa chance sur plusieurs matchs. Il souffre aussi (surtout) de n’être qu’à 20% propriété du Nacional et donc de ne pas avoir le même potentiel de revente comme Polenta. Après six mois sur le banc, il est donc placé sur le marché des transferts et est en route vers Nancy.

Ses atouts

Amis Nancéiens, si vous vous souvenez de Macaluso, oubliez vos a priori sur le football uruguayen. Cabaco est un défenseur très technique, capable de geste technique que vos attaquants seront incapables de faire. Il a aussi la tête bien dure, que ce soit dans son jeu aérien impressionnant ou dans son attitude sur le terrain, ayant toujours beaucoup d’aplomb et se montrant dans les grands matchs. Le fait d’aller en France ne devrait pas lui faire peur, tout comme le fait de jouer dans une équipe ayant plutôt vocation à la fin de classement (il a passé trois saisons au Rentistas, il a l’habitude).

Ses défauts

Comme tout défenseur très mobile, il n’est pas irréprochable dans son positionnement. Sa volonté de monter sur chaque tirs au but, de porter le ballon en attaque, peut parfois lui couter cher en retour. Il préfère avoir l’attaquant devant lui que de devoir lui courir après, ce sera parfait si Nancy joue plutôt bas sur le terrain. Son arrivé en fin de mercato n’est pas non plus idéale, même s’il sera préparé ayant fait toute l’intersaison avec Nacional et ayant fait tous les matchs de l’équipe des remplaçants. A voir si la première roulette au milieu de terrain plein axe ne débouche pas sur une catastrophe. Mais Cabaco sonne comme un bon pari à tenter.

Photo : PABLO PORCIUNCULA/AFP/Getty Images

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba