De 1956 à 1983, Pelé a marqué 1285 buts en 1376 matchs. De nombreuses légendes entourent le joueur et ce fameux total, souvent décrié. Que valent réellement ces mille et quelques buts ? Tentative d’explications avec les buts de Pelé par année, compétition, continent et même par stade.
L’homme aux mille buts. Pelé a marqué plus de mille buts en carrière, matchs amicaux compris. La répartition de buts montre deux phases dans la carrière de Pelé, comme l’expliquait Tostão dans son autobiographie Tempos vividos, sonhados e perdidos : « Les personnes les plus jeunes pensent que lors de la Coupe du Monde 1970, Pelé était à l’apogée de sa carrière. Ce n’est pas vrai. Entre 1965 et 1970, Pelé n’avait déjà plus la même rapidité et ne brillait plus intensément à chaque match, comme c’était le cas auparavant. Sa splendeur technique a été entre 1957 et 1965 ». De 1956 à 1965, Pelé marque 781 buts en 645 matchs et ne connaîtra que deux saisons avec une moyenne inférieure au but par match ! Par trois fois, Pelé dépasse les 100 buts en une saison : 1959 (127 buts en 104 matchs), 1961 (112 buts en 75 matchs) et 1965 (106 buts en 74 matchs). De 1966 à 1983, Pelé affiche des statistiques moins impressionnantes : 505 buts en 731 matchs, sans jamais dépasser la moyenne d’un but par match en une saison.
Le graphique ci-dessus montre bien que la majorité des buts de Pelé ont été marqués lors de matchs amicaux ou dans le championnat paulista, avec cependant un contexte à ne pas oublier et qui sera rappelé au cours de l’article. Pelé n’a porté que trois maillots en carrière : Santos, le New York Cosmos et la sélection brésilienne. Ce n’est pas tout à fait vrai, Pelé a joué pour d’autres équipes, notamment au début de sa carrière.
Carrière brésilienne
Six buts en quatre matchs pour Santos/Vasco
En 1957, afin de trouver des fonds pour la construction du stade Morumbi, São Paulo organise le tournoi du Morumbi, un tournoi avec trois équipes brésiliennes (São Paulo, Corinthians, Flamengo) et quatre équipes européennes : Belenenses (Portugal), Dinamo Zagreb (Yougoslavie), Lazio Rome (Italie) et le FC Séville (Espagne). La huitième équipe est composée de joueurs de Santos et de Vasco, alors que la majorité des joueurs du Vasco effectue une tournée en Europe. Pelé dispute les trois premiers matchs du combinado Vasco/Santos avec le maillot du Vasco puisque les matchs ont lieu au Maracanã. Pelé n’a pas encore dix-sept ans lorsqu’il affronte Belenenses mais, avec un triplé, il porte son équipe vers une victoire 6-1. Les trois derniers matchs du tournoi, contre Dinamo Zagreb, Flamengo et São Paulo, s’achèveront tous sur un 1-1. Pelé marque à chaque fois le but de son équipe et sera convoqué pour la première fois en sélection nationale quelques jours plus tard.
Dix buts en six matchs avec le 6e GAC
« Pelé comptait ses buts avec l’armée ». Il est vrai que parmi le total des buts de Pelé figurent les buts inscrits lors de son service militaire, mais les statistiques restent modestes par rapport au total : 14 buts en 11 matchs. Avec le 6e Grupo de Artilharia de Costa Motorizado, Pelé dispute six matchs et inscrit dix buts, avec pour principal fait d’armes, un triplé contre son équipe de Santos, battue 8-4, avec qui il avait mis un doublé contre Guarani dans le championnat paulista la veille seulement !
Quatre buts en cinq matchs avec l’équipe nationale des forces armées
Dans la foulée, Pelé est sélectionné dans l’équipe nationale des forces armées à la fin d’une année 1959 marathon pour le joueur (104 matchs disputés !). Pelé dispute notamment le championnat sud-américain des forces armées, compétition remportée par le Brésil, Pelé marquant un but face au Paraguay. S’il est difficile d’obtenir plus d’informations sur cette compétition, le service militaire était obligatoire à cette époque et les sélections nationales des forces armées devaient donc regrouper les meilleurs joueurs d’une certaine classe d’âge.
Neuf buts en treize matchs avec la sélection paulista
Très populaire des années 1910 jusqu’au milieu des années 1940, les sélections d’État vont peu à peu disparaître ensuite en raison de l’importance accordée aux clubs. En 1959, Pelé va pourtant disputer le championnat des sélections, aux côtés de certains de ses coéquipiers de Santos comme Zito, Pepe et Coutinho. Pelé claque un triplé contre la sélection de Bahia pour qualifier São Paulo pour le tour final. Si Pelé ne marque pas lors du match décisif contre la sélection carioca, la sélection paulista s’impose tout de même 2-1 et Pelé remporte un nouveau trophée. Pelé retrouvera le maillot de la sélection paulista pour un match face à la sélection carioca en 1968 (un but au Maracanã) puis trois autres matchs amicaux en 1969.
Trois buts en deux matchs avec le syndicat des joueurs professionnels de São Paulo
Pas les matchs les plus connus de Pelé, et pourtant il y avait du beau monde sur le terrain, pas non plus n’importe quel terrain puisqu’il s’agissait du Pacaembu puis du Maracanã… Le syndicat des joueurs a été créé en 1947 afin de venir en aide aux joueurs blessés ou en fin de carrière. Pour récolter des fonds, un match est organisé en 1961 entre São Paulo et Rio de Janeiro avec les plus grands joueurs de l’époque : Djalma Santos, Jair Rosa Pinto, Chinesinho, Vavá, Pepe, Toninho et Pelé côté São Paulo ; Castilho, Bellini, Nilton Santos, Didi, Gerson, Zagallo et Garrincha côté Rio de Janeiro. São Paulo s’impose 4-1 avec un but de Pelé et les deux équipes se retrouvent un an plus tard. Santos et Botafogo viennent tous deux de conserver leur titre dans le championnat d’État, Garrincha et Pelé sont une nouvelle fois de la partie pour ce match entre syndicats, cette fois-ci au Maracanã. Le trophée Facit est mis en jeu, Garrincha reçoit de la part des joueurs paulistes une cage pour son oiseau Mainá, Pelé reçoit lui une plaque commémorative de la part des joueurs cariocas. Le Roi marque deux buts mais c’est bien le syndicat de Rio qui remporte ce match de prestige sur le score de 6-4.
1091 buts en 1118 matchs avec Santos
Meilleur buteur pour un seul club, Pelé a marqué près de 85 % de ses buts en carrière sous le maillot du Peixe, une nouvelle fois en comptant les matchs officiels et les amicaux.
646 buts en 669 matchs officiels avec Santos
Cette fois-ci, seuls les buts en matchs officiels sont comptabilisés dans des compétitions régionales (championnat paulista), nationales (tournoi Rio – São Paulo, Taça Brasil, tournoi Roberto Gomes Pedrosa, Brasileirão) ou internationales (Copa Libertadores, Recopa Mundial, Coupe intercontinentale). Les chiffres restent impressionnants et supérieurs (pour l’instant) à ceux de Messi avec le Barça ou Cristiano Ronaldo avec le Real Madrid et Gerd Müller avec le Bayern Munich.
469 buts en 411 matchs dans le championnat paulista
Un chiffre également contesté, puisqu’il s’agit d’un championnat régional. Il ne faut cependant pas oublier qu’à l’époque de Pelé, le football brésilien dominait le monde (trois Coupes du Monde en douze ans), la grande majorité des joueurs brésiliens évoluait au pays et le football était concentré en deux pôles : Rio de Janeiro et São Paulo. Les autres États étaient très peu considérés, il faudra attendre 1966 pour que le football mineiro soit reconnu et même les années 1970 pour le football du Rio Grande do Sul. Le championnat paulista était l’un des championnats les plus compétitifs du monde, rappelons également que l’État de São Paulo a environ la même superficie et population que l’Espagne. En raison de la distance entre les grandes villes du pays-continent qui rendait un championnat national impossible à réaliser, le championnat d’État était la compétition la plus longue et la plus importante de l’année, à une époque où les rivalités étaient encore plus féroces. Palmeiras était le plus sérieux concurrent de Santos, mais il y avait d’autres équipes de grande qualité, comme São Paulo, le Corinthians, la Portuguesa, Guarani ou Ferroviária. Comme dans tous les autres championnats du monde, il y avait des équipes plus faibles, mais Pelé a brillé face au trio de fer (Corinthians, São Paulo, Palmeiras) avec 82 buts en 106 matchs au cours de sa carrière dans le championnat paulista.
Malgré la présence de grands buteurs comme Vavá, Flávio ou Coutinho, Pelé va dominer sans partage le classement des meilleurs buteurs. Auteur d’un but en un seul match disputé lors du championnat paulista 1956, Pelé devient le meilleur buteur du championnat dès l’année 1957 avec 36 buts en 30 matchs alors qu’il souffle sa dix-septième bougie à la fin du championnat. Un an plus tard, il établit le record de buts en une édition du championnat, un record qui ne sera probablement jamais battu : 58 buts en 38 matchs ! L’année suivante, il fera légèrement moins bien, conservant une moyenne hallucinante : 44 buts en 28 matchs. De 1957 à 1965, Pelé termine chaque année meilleur buteur du championnat, avec une dernière année à 49 buts en 27 matchs. Il cède ensuite son trône à son coéquipier Toninho Guerreiro avant de le récupérer en 1969 lorsqu’il marque 27 buts en 25 matchs. Comme dans les autres compétitions, la moyenne de Pelé chute ensuite avec pour le championnat paulista seulement 34 buts en 84 matchs entre 1970 et 1974, terminant cependant une dernière fois meilleur buteur du championnat en 1973 lorsqu’il marque 11 buts en 19 matchs. C’est également dans le championnat paulista que Pelé signera quelques-uns de ses plus gros cartons en carrière : trente-sept triplés, vingt quadruplés, quatre quintuplés et son record en carrière : huit buts contre le Juventus de São Paulo en 1964, battu 11-0 !
Surtout, Pelé a permis à Santos de remporter de nombreuses fois le championnat, seul Palmeiras viendra perturber l’hégémonie de Santos dans les années 1960 alors que São Paulo remporte le titre en 1957, 1970 et 1971. Sans jamais faire mieux qu’un tricampeonato (trois titres consécutifs), Pelé remporte le championnat paulista à onze reprises en 1958, 1960, 1961, 1962, 1964, 1965, 1967, 1968, 1969 et une dernière fois en 1973, titre partagé avec la Portuguesa. Avec onze titres collectifs et dix titres de meilleur buteur du championnat, Pelé est le plus grand vainqueur dans ces deux catégories, devant son coéquipier Pepe (dix titres avec Santos) et la légende du football amateur, Arthur Friedenreich, neuf fois meilleur buteur du championnat paulista.
30 buts en 33 matchs en Taça Brasil
La Taça Brasil a été créé suite à la création de la Copa Libertadores, dont la première édition a lieu en 1960. Le Brésil ne dispose en effet à cette époque pas de championnat national, le football se limitant aux tournées, championnats d’État et tournoi Rio – São Paulo. Or, le Brésil doit avoir deux représentants pour la Copa Libertadores, la CBD fonde donc la Taça Brasil, qui voit s’opposer les champions d’État de l’année précédente. Pour la première édition, seize champions d’État s’affrontent dans des matchs aller-retour avec des demi-finales et finales par région (Nordeste, Nord, Sud, Est). Les quatre champions s’affrontent ensuite pour deux tickets en demi-finale, où ils sont seulement à ce moment rejoints par les champions de Rio de Janeiro et São Paulo. Santos élimine Grêmio en demi-finale et affronte Bahia en finale. Surpris à domicile malgré un but de Pelé, Santos s’impose au retour avec un nouveau but de Pelé, qui rate le match décisif au Maracanã, où Bahia remporte le titre à la surprise générale. De retour dans cette compétition en 1961, Santos s’offre une revanche en retrouvant Bahia en finale, où Pelé marque un triplé devant 18 662 spectateurs au Pacaembu, une affluence plutôt faible par rapport à celles du championnat paulista. Pelé termine en tout cas meilleur buteur du tournoi avec 7 buts en 5 matchs.
Le tournoi s’impose ensuite sur la scène brésilienne, à l’image des plus de 100 000 spectateurs au Maracanã pour la finale de l’édition 1962 entre Santos et Botafogo. Lors du match d’appui, Pelé marque un doublé pour humilier 5-0 le Botafogo d’un Garrincha en fin de carrière. Santos écrase la concurrence et remporte le titre cinq fois consécutivement entre 1961 et 1965. En 1963, Pelé ne termine pas meilleur buteur pour un petit but de moins que Ruiter, mais affiche une moyenne impressionnante avec huit buts en quatre matchs. Pelé ne brille pas qu’en attaque, puisque lors de la demi-finale retour contre Grêmio, Pelé marque trois buts avant de remplacer dans les buts Gilmar, expulsé, et de réaliser trois parades déterminantes pour assurer à Santos une place en finale ! Santos s’offre une belle face à Bahia, Pelé marque un doublé aussi bien à l’aller qu’au retour et Santos remporte un nouveau titre. Pelé termine meilleur buteur l’année suivante, en 1964, année où Santos débute en quart de finale en raison du nombre toujours croissant d’équipes participant au tournoi. Pelé inscrit notamment un triplé contre Flamengo en finale. Pelé dispute son dernier match de la Taça Brasil en 1966 et marque dans la défaite face à Cruzeiro, qui avait impressionné le Brésil au match aller en battant jusqu’ici les imbattables de Santos sur le score de 6-2. La dernière édition du tournoi aura lieu en 1968 et bien que qualifié, Santos ne participera plus à cette édition, la qualification en Copa Libertadores s’obtenant désormais via le tournoi Roberto Gomes Pedrosa. Pelé aura en tout cas brillé en Taça Brasil avec cinq titres, deux finales perdues, deux titres de meilleur buteur et des statistiques folles lors des finales : 16 buts en 15 matchs.
49 buts en 53 matchs dans le Tournoi Rio – São Paulo
Le tournoi Rio – São Paulo se dispute pour la première fois en 1933, année de la professionnalisation du football au Brésil. Il ne fera son retour qu’en 1950 et se dispute entre dix équipes (cinq de chaque État), montrant que la Portuguesa et l’America peuvent rivaliser avec les plus grands clubs de São Paulo et Rio de Janeiro. Sur une durée courte (environ un mois et demi) et avec un nombre limité de matchs, le tournoi est moins prestigieux qu’un championnat d’État et n’ira même pas à son terme en 1964 et 1966. Santos est d’ailleurs déclaré co-champion lors de ces deux éditions, mais Pelé ne dispute aucun match du tournoi en 1966 en raison de la préparation à la Coupe du Monde. Pelé remporte le titre en 1959, 1963 et 1964. En 1959 et 1963, il marque à chaque fois lors du match du titre, d’abord au Pacaembu avec une victoire 3-0 sur Vasco, puis au Maracanã en 1963 avec une nouvelle victoire 3-0, cette fois face à Flamengo. Pelé termine meilleur buteur du Rio – São Paulo une seule fois, en 1963, avec 14 buts en 8 matchs, étant muet seulement lors d’un match, face à Palmeiras. Dans ce tournoi, Pelé s’offre un quadruplé contre l’America en 1958 (victoire 5-3) et contre le Corinthians en 1965 (match nul 4-4), année de la dernière participation de Pelé au tournoi, qui s’éteindra l’année suivante. C’est aussi dans cette compétition que Pelé s’offre l’un de ses plus grands matchs en carrière, en 1961, face au pourtant futur champion, Flamengo. Au Maracanã, Santos bat Flamengo 7-1 avec trois buts de Pelé, un total qui aurait même pu s’élever à quatre si Pepe n’avait pas tiré le penalty accordé au Peixe en fin de match.
Pelé, la saga
37 buts en 57 matchs dans le Tournoi Roberto Gomes Pedrosa
Par sa structure, le tournoi Roberto Gomes Pedrosa, disputé de 1967 à 1970, ne diffère pas du Brasileirão, disputé pour la première fois en 1971. Le tournoi sera d’ailleurs reconnu en 2010 par la CBF comme championnat national au même titre que le Brasileirão et la Taça Brasil. Le tournoi Roberto Gomes Pedrosa succède au tournoi Rio – São Paulo puisqu’il conserve cinq clubs paulistes et cinq clubs cariocas, mais invite également cinq autres clubs (deux du Rio Grande do Sul, deux du Minas Gerais, un du Paraná) lors de la première édition. Le football brésilien dépasse peu à peu les frontières de São Paulo et Rio de Janeiro avec ce tournoi, mais l’importance reste limitée puisque le torneio RGP qualifiera seulement une seule fois les équipes brésiliennes pour la Copa Libertadores, en 1971. Pelé ne termine jamais meilleur buteur de cette compétition. En 1968, il marque 12 buts en 18 matchs et échoue à trois buts du meilleur buteur du championnat, son coéquipier Toninho. Lors de cette édition, Pelé marque deux buts lors du tour final, remporté par Santos avec trois victoires en trois matchs, son seul titre dans cette compétition. Lors de l’année suivante, Pelé fait encore mieux sur le plan individuel (Santos termine cette année-là huitième) : 12 buts en 12 matchs, insuffisant pour terminer meilleur buteur par rapport aux 14 buts d’Edu, le frère aîné de Zico. Pelé marque notamment un quadruplé contre la Portuguesa et c’est également lors de cette édition du Tournoi Roberto Gomes Pedrosa que Pelé marque l’histoire du football mondial en marquant son millième but en carrière, le 19 novembre 1969, contre Vasco sur penalty, au Maracanã (une histoire qui vous est racontée dans le LOmag 8 – format digital / format papier). La liste des buts est tenue par des journalistes, mais comporte quelques erreurs et oublis. En réalité, Pelé a marqué son millième but le 1er novembre, toujours au Maracanã et lors du tournoi Roberto Gomes Pedrosa, mais lors d’une victoire 4-1 contre Flamengo.
34 buts en 87 matchs du Brasileirão
Le premier Brasileirão de l’histoire, en 1971, est très semblable au tournoi Roberto Gomes Pedrosa 1970 avec aucun système d’ascension/relégation et un nombre similaire d’équipes : dix-sept clubs en provenance de sept États du Brésil en 1970 ; vingt clubs en provenance de huit États en 1971. Ce qui change en revanche, c’est la forme de Pelé, qui ne marquera qu’un seul but en 23 matchs du Brasileirão 1971 ! Toujours discret en 1972 (5 buts en 16 matchs), Pelé retrouve des moyennes plus conformes à ses standards lors de deux derniers championnats du Brésil qu’il dispute. En 1973, Pelé marque 19 buts en 31 matchs, à deux buts seulement du meilleur buteur du Brasileirão, Ramón. En 1974, ses statistiques sont légèrement moins bonnes (9 buts en 17 matchs), mais Santos se qualifie pour le tour final en compagnie de Vasco, Cruzeiro et l’Internacional. Pelé marque en ouverture du tour face à Vasco, mais alors que Santos a l’occasion d’être champion face à Cruzeiro au Morumbi, le Peixe s’incline 3-1. Pelé ne remportera jamais le Brasileirão (sous ce nom depuis 1971), il est cependant le plus grand vainqueur du championnat national avec quatre titres de la Taça Brasil et deux tournois Roberto Gomes Pedrosa, en compagnie de ses coéquipiers Pepe et Lima.
Seize buts en quinze matchs de Copa Libertadores
Nous l’avons vu, la Taça Brasil permettait de se qualifier pour la Copa Libertadores, dont la première édition est disputée en 1960. Santos fait ses débuts dans l’épreuve-reine d’Amérique du Sud en 1962. La domination régionale et nationale devient internationale. Si Pelé est muet lors de ses deux premiers matchs de Copa Libertadores, il claque ensuite un doublé face au Cerro Porteño, écrasé 9-1. Pelé est forfait pour le reste de la compétition suite à sa blessure en Coupe du Monde, mais revient pour le match de départage de la finale face à Peñarol. Au Monumental de Buenos Aires, Pelé marque deux buts, portant Santos vers un succès 3-0. En tant que tenant du titre, le Peixe débute la Copa Libertadores 1963 dès les demi-finales. Au Maracanã, Pelé prend une nouvelle fois le meilleur sur Garrincha avec une victoire 4-0 de Santos sur Botafogo et un triplé pour le Roi. Muet lors de la finale aller face à Boca Juniors, toujours au Maracanã afin de s’assurer une recette intéressante à la billetterie, Pelé marque en fin de match au retour, inscrivant son 600e but en professionnel (à seulement 22 ans, en 511 matchs !!!) et offre à Santos la première victoire brésilienne à la Bombonera en match officiel.
Pelé fait son retour à la compétition en 1965, il marque sept buts en sept matchs, termine meilleur buteur de la compétition, mais Santos est éliminé en demi-finale par Peñarol. Le Roi ne reviendra plus en Copa Libertadores, Santos décidant ensuite de boycotter la compétition, qui n’était plus intéressante financièrement pour une équipe dont le nom était connu dans le monde entier et qui était la base de la Seleção double championne du monde, comme l’expliquait l’historien Odir Cunha pour Fox Sports. « Pour maintenir cet effectif, Santos avait besoin d’argent, à une époque où il n’y avait pas de sponsoring, les recettes dans les stades n’étaient pas très importantes et la télévision ne payait rien […] Santos était habitué à jouer des grands clássicos contre les paulistes et cariocas. Un club inconnu de Bolivie n’emballait pas les supporters et donc le club ne gagnait pas d’argent avec la recette de la billetterie en Libertadores ». De plus, les dirigeants du club sont marqués par la violence des matchs et les polémiques d’arbitrage, notamment lors de l’élimination en demi-finale de la Libertadores 1964 face à Independiente, alors présidé par un certain Julio Grondona. Bien que qualifié, Santos refusera de participer à la Copa Libertadores en 1966, 1967 et 1969, les tournées à l’étranger étant plus intéressantes en termes de finances et d’image, montrant une nouvelle fois l’importance des matchs amicaux à cette époque. Malgré seulement quinze matchs disputés, Pelé marquera bien la Copa Libertadores de son empreinte avec deux titres (1962 et 1963) et un titre de meilleur buteur (1965) en trois éditions disputées.
Sept buts en trois matchs en Coupe intercontinentale
Peut-être les matchs les plus importants de Pelé en club. La Coupe intercontinentale est créée en 1960 avec l’apparition de la Copa Libertadores et permet de désigner le meilleur club du monde. Enjeu, équipes déjà habituées à gagner, plus beaux stades du monde, tout est réuni. Le Real Madrid remporte la première édition face à Peñarol, qui prend ensuite sa revanche un an plus tard en prenant le meilleur sur Benfica. Le club portugais a l’occasion de prendre également sa revanche en remportant une nouvelle Coupe des clubs champions, la nouvelle star du football européen, Eusébio, vingt ans, prenant le meilleur sur le vétéran Di Stéfano. Eusébio défie ensuite Pelé, sur ses terres, au Maracanã. À l’aller, devant 90 000 spectateurs, Pelé marque un doublé, permettant à Santos de s’imposer 3-2. Le match retour, à Lisbonne, voit l’une des meilleures prestations en carrière du Roi, auteur d’un triplé dans une victoire sensationnelle 5-2, Benfica marquant deux buts en fin de match réduire l'écart. Un an plus tard, Pelé marque deux buts à San Siro, mais le Milan AC l’emporte. Pelé est blessé pour le match retour et Santos remporte les deux rencontres au Maracanã, rappelant que même sans le meilleur joueur du monde, Santos reste une équipe redoutable, l’une des plus grandes de l’histoire.
Trois buts en dix matchs de Recopa Mundial
En 1968, la FIFA organise un nouveau tournoi, la Recopa Mundial, entre les clubs ayant déjà gagné la Coupe intercontinentale. La compétition est divisée en deux phases, avec d’abord des rencontres entre les clubs sud-américains d’un côté, et entre les clubs européens de l’autre. Pelé marque lors du premier match face au Racing et Santos se qualifie pour la finale face à l’Inter Milan, une finale qui n’aura lieu qu’en juin 1969 en raison d’un calendrier surchargé. Pelé retrouve le San Siro et Santos s’impose 1-0 grâce à un but de Toninho Guerreiro. Un an plus tard, Santos termine dernier de la phase sud-américaine (une victoire et quatre défaites), les trois clubs européens qualifiés (Milan AC, Inter Milan, Real Madrid) annulent leur participation au tournoi en raison de la violence entourant ces matchs et Peñarol est déclaré champion d’une compétition rapidement oubliée.
445 buts en 450 matchs amicaux
La partie la plus polémique des buts de Pelé. Les saisons de Santos se ressemblaient chaque année avec une tournée en début d’année, au Brésil ou dans un pays d’Amérique du Sud, ensuite le tournoi Rio – São Paulo (puis tournoi Roberto Gomes Pedrosa), une autre tournée à la mi-saison (d’abord en Europe en fin de saison pour les clubs européens, puis également en Afrique et aux États-Unis), et enfin le championnat paulista et la Taça Brasil. À l’époque de Pelé, les clubs ont peu de solutions pour remplir les coffres. La télévision ne paye pas, le merchandising est inexistant, les clubs doivent alors vendre des joueurs, remplir les stades ou participer à des tournées où des intermédiaires sont prêts à payer des fortunes pour accueillir les clubs brésiliens. Le monde entier veut voir le football brésilien et ses esthètes, qui ont brillé en Europe en 1958. Santos est évidemment l’équipe la plus demandée en raison de la présence de Pelé, le cachet reçu par le club dépend en effet de la participation de Pelé ou non au match. Santos va alors surexploiter sa poule aux œufs d’or, Pelé participe en moyenne à quatre-vingts matchs par an entre 1957 et 1961. Lorsque Pelé souffle sa vingtième bougie, il a déjà disputé 319 matchs en carrière pour 343 buts ! Un rythme effréné qui explique peut-être en partie sa blessure en 1962 puis sa baisse de régime à partir de 1965. La sélection brésilienne profitait également de la présence de Santos en Europe pour se rendre sur le continent européen et disputer de nombreux matchs, toujours avec Pelé. À trente-deux reprises au cours de sa carrière, Pelé a disputé un match alors qu’il avait déjà joué la veille (pour 24 buts). Si l’intensité des matchs bien moins élevée que les matchs actuels explique cet enchaînement de matchs, cela montre également le calendrier surchargé de l’époque, parfois au détriment de la santé des joueurs.
Les matchs amicaux pouvaient être « simples » ou au cours de tournois, des plus prestigieux comme celui de Paris ou le tournoi Tereza Herrera à des plus anonymes, au Costa Rica, Côte d’Ivoire, Amazonie ou Surinam. Pelé va ainsi prendre part à quarante-six tournois dits aujourd’hui « mineurs », parfois en un seul match, Santos remporte la plupart de ses tournois et Pelé marque 77 buts en 88 matchs. Pour les matchs amicaux simples, le total s’élève à 368 buts en 362 matchs. Ces matchs, plus lucratifs que la Copa Libertadores (Pelé a déjà raté des matchs officiels pour participer aux matchs amicaux), n’ont pas tous la même valeur en termes de prestige, intéressons-nous alors à la répartition des matchs par continent.
Vingt-deux buts en dix-huit matchs en Afrique
Pelé découvre l’Afrique Noire en 1966 avec Santos et débute par une victoire 7-1 et un doublé face au Stade Abidjan. Pelé retourne en Afrique en 1967, 1969 et 1973, où il affronte notamment des sélections nationales (Sénégal, Gabon, Congo, Côte d’Ivoire, Nigeria, Algérie), s’illustrant par un triplé face au Sénégal et au Congo. Pelé remporte également la Taça Banco Standard Totta au Mozambique en battant 2-0 l’Austria Vienne.
Neuf buts en quatorze matchs en Amérique centrale
Le bilan de Pelé en Amérique centrale illustre bien les deux phases de la carrière de Pelé. Entre 1959 et 1961, il marque sept buts en six matchs, notamment trois buts face à Saprissa, plus grand club du Costa Rica. Entre 1966 et 1972, Pelé marque seulement deux buts en huit matchs à travers le Guatemala, Salvador, le Honduras et le Costa Rica, mais termine sa carrière sur ce continent par un but, à nouveau contre Saprissa, battu 5-3.
65 buts en 59 matchs en Amérique du Nord
Pelé débute sa carrière en Amérique du Nord par un triplé contre le Chivas Guadalajara en 1959. Si le Mexique lui réussit (neuf buts en treize matchs, sans compter évidemment la Coupe du Monde 1970) et il passe peu par le Canada (trois buts en quatre matchs, notamment contre Bologne et Hanovre), c’est aux États-Unis que Pelé va s’éclater le plus, bien avant les années Cosmos : 53 buts en 42 matchs. Pelé profite du faible niveau des clubs américains (27 buts en 20 matchs), mais il affronte également des clubs européens et mexicains. Ainsi, pour son premier match aux États-Unis, en 1966, Pelé remporte le tournoi de New York en marquant face à Benfica, battu 4-0. Il remporte également le Trofeu II Progresso (un but dans la victoire 4-1 face à l’Inter Milan) et revient aux États-Unis en 1967 où, malgré un doublé, il ne peut éviter la défaite 4-2 de Santos face à River Plate. En une semaine de juin 1968, Santos bat trois fois le Napoli : 4-2, 6-2, 5-2 avec cinq buts de Pelé sur les trois matchs. Le Roi marquera également un doublé face à West Ham en 1970 (match nul 2-2) et un autre doublé contre le club mexicain de l’América en 1972 (victoire 4-2). En 1973, pour la dernière tournée de Pelé avec Santos aux États-Unis, Pelé marque 16 buts en 9 matchs, marquant à chaque match, notamment lors de deux affrontements contre la Lazio Rome. Un succès qui le poussera peut-être à accepter la proposition du Cosmos de New York deux ans plus tard.
Deux buts en deux matchs aux Antilles
Pelé est passé par les Antilles en 1971 pour deux matchs, avec à chaque fois un but, face à la sélection de Martinique puis de Guadeloupe.
Trente buts en dix-neuf matchs en Asie
Pelé marque un but en 1961 face à la sélection d’Israël, battu 3-1, mais devra attendre 1970 pour fouler à nouveau le continent asiatique. Pelé s’offre un doublé contre la sélection du Japon, mais le niveau des autres équipes est plutôt faible, ce qui peut expliquer les statistiques élevées d’un Pelé pourtant sur la phase descendante, Santos marquant en moyenne plus de quatre buts par match. À l’image de ce qu’il fait aux États-Unis, Pelé marque lors de chacun de ses neuf derniers matchs disputés en Asie (seize buts également au total) à travers Hong Kong, la Thaïlande, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar et le Bahreïn.
Un but en cinq matchs aux Caraïbes
Après un match en 1959 face à Willemstad au Curação, Pelé dispute trois matchs en Jamaïque en 1971 sans marquer, malgré une victoire 1-0 de Santos face au club anglais de Chelsea. Il faudra donc attendre 1972 pour voir un but de Pelé aux Caraïbes, lors du match nul 1-1 contre la sélection nationale de la Trinité-et-Tobago.
Aucun but en deux matchs en Océanie
Seul continent qui n’aura jamais vu un but de Pelé, il faut dire que Pelé n’y dispute que deux matchs, contre la sélection nationale d’Australie en 1972 puis contre le club australien de Victoria en 1973.
115 buts en 104 matchs en Europe
Ces statistiques comprennent uniquement les matchs amicaux avec Santos. En ajoutant les matchs de Coupe du Monde en 1958 et 1966, les tournées avec le Brésil (1960, 1963, 1965) et quelques matchs avec le Cosmos de New York, le total s’élève à 153 buts en 138 matchs sur le sol européen. Impossible de savoir quelle aurait été la carrière de Pelé dans un grand club européen, mais le Roi dépasse allègrement la moyenne du but par match en Europe, un chiffre qui s’explique par le fait que Pelé joue la plupart de ces rencontres au début de sa carrière, là où il marque le plus, peu importe l’adversaire, la compétition ou le continent. Lors des matchs amicaux avec Santos, c’est en Allemagne que Pelé brille le plus (28 buts en 17 matchs), étant muet seulement lors de deux matchs. En France, Pelé marque 14 buts en 11 matchs, notamment lors du prestigieux Tournoi de Paris, considéré parfois comme un Mondial des clubs, où Pelé marque contre le Stade de Reims, le Racing Paris et Benfica. Pelé ne marque pas lors d’un seul match en France, à Colombes en 1971, où Santos affronte une équipe composée de joueurs de Saint-Étienne et de Marseille. Pelé brille également en Italie avec 23 buts en 22 matchs, où il remporte le tournoi Giallorosso, le tournoi d’Italie ou encore le triangulaire Rome/Florence et joue peu en Angleterre (5 buts en 6 matchs) où l’opposition la plus forte est Sheffield Wednesday, affronté en 1962 alors que le club avait terminé sixième du championnat anglais quelques mois plus tôt.
En 1959, Pelé marque 28 buts en 22 matchs en Europe, enchaînant notamment six matchs en onze jours où il marque à chaque fois : un but contre le Real Madrid, un but contre le Sporting Portugal, un but contre Botafogo, un but contre Valence, un quadruplé contre l’Inter Milan et un doublé contre le FC Barcelone. Pelé revient avec succès en 1960 (22 buts en 18 matchs) et en 1961 (21 buts en 14 matchs). En Europe, Pelé marque face aux plus grands, Real Madrid, Barcelone, Valence, Racing Paris, Reims, Bordeaux, Benfica, Juventus, AS Roma, Milan AC, Inter Milan, Eintracht Francfort, Schalke 04, Munich 1860, Botafogo, River Plate… La Fiorentina est probablement le plus grand club contre qui Pelé n’a jamais marqué, malgré deux matchs en 1960 puis 1967. Pelé dispute son dernier match amical en Europe avec Santos en 1974, où il inscrit un doublé lors de la victoire 3-2 contre le Real Saragosse.
201 buts en 227 matchs en Amérique du Sud
Terminons ce tour du monde des matchs amicaux de Santos par l’Amérique du Sud, où Santos avait l’habitude de disputer sa présaison. Près de la moitié de ces matchs ont eu lieu au Brésil, où Pelé a marqué 101 buts en 112 matchs. Pelé a profité de matchs face à des équipes faibles pour marquer, avec notamment des quadruplés contre Fabril (en 1957) et Sergipe (1970) et même des quintuplés contre Olimpico (1961) et Remo (1965). Le Roi a cependant affronté les plus grands clubs du Brésil ainsi que Boca Juniors et Benfica, battu 3-2 en 1957 avec un but de Pelé. De 1968 à 1971, Pelé va marquer lors de 13 matchs consécutifs pour un total de 18 buts avant de connaître plus de difficultés avec un seul but en 13 matchs jusqu’au 24 avril 1974, date de son dernier match amical au Brésil.
Mis à part le Brésil, Pelé dispute de nombreux matchs au Chili : 38 buts en 31 matchs. Pelé affronte les plus grands clubs du pays, Colo-Colo (10 buts en 13 matchs) et Universidad de Chile (16 buts en 8 matchs !) mais aussi des équipes étrangères (River Plate, Peñarol, America, Dinamo Zagreb, sélection nationale de Tchécoslovaquie), le Chili organisant de nombreux tournois avant le coup d’État du 11 septembre 1973. En Argentine, Pelé marque 18 buts en 29 matchs, avec parmi ses victimes River Plate (3 buts en 6 matchs) et Boca Juniors (5 buts en 5 matchs). Pelé joue des matchs amicaux dans tous les pays d’Amérique du Sud (affrontant les plus grands clubs des pays) et marque dans chaque pays à l’exception du Paraguay, où Pelé dispute un seul match, un 0-0 contre Olimpia en 1967. Enfin, Pelé dispute également un match au Surinam, un match organisé par la Banque du Surinam où Santos bat Transvaal 4-1 avec un but de Pelé.
Pelé a gagné environ 70 % des matchs amicaux disputés avec Santos, un chiffre qui varie peu lorsqu’on prend seulement les matchs disputés en Europe (66 % de victoires) ou en Amérique du Sud (68 % de victoires). Pelé a gagné partout, a marqué partout à une époque où encore une fois, les matchs amicaux avaient bien plus d’importance et de prestige que ceux disputés aujourd’hui, puisqu’ils permettaient de voir s’affronter des footballs complètement différents, Santos représentait alors le football brésilien dans des villes qui s’arrêtaient parfois complètement pour assister au match.
En sélection
96 buts en 114 matchs avec le Brésil
Mis à part Santos, Pelé a fait briller le maillot de la sélection nationale dont il est toujours le meilleur buteur. En comptant les matchs non-officiels, Pelé a marqué 96 buts en 114 matchs, même si le chiffre de 95 buts est retenu. Le 96e but de Pelé a lieu le 19 décembre 1973 au Maracanã, lors du jubilé de Garrincha. Le Brésil joue avec son maillot traditionnel, l’entraîneur est Zagallo, le sélectionneur de l’époque, mais la CBD ne compte pas ce match parmi les matchs disputés de la sélection brésilienne et le but de Pelé n’est donc habituellement pas compté dans les statistiques.
Douze buts en quatorze matchs de Coupe du Monde
Les chiffres les moins discutables de Pelé lors de l’événement footballistique le plus important. En 1958, Pelé efface à dix-sept ans seulement les larmes de tout un pays, marqué par le traumatisme de 1950 et la perte de la Coupe du Monde 1950. Celui qui « a un avantage sur tous les autres joueurs : celui de se sentir Roi, de la tête aux pieds » selon Nelson Rodrigues dans une chronique de mars 1958, débute timidement en phase de poules contre l’URSS avant de dominer la compétition. Il marque le seul but du match en quart de finale, puis un triplé contre la France et ajoute un doublé en finale, face au pays hôte, la Suède. En 1962, Pelé marque contre le Mexique avant de se blesser lors du deuxième match, un regret puisque Pelé ne semble jamais avoir été aussi fort que lors de cette période : 112 buts en 75 matchs en 1961 et 72 buts en 58 matchs en 1962. Ses coéquipiers Pepe et Coutinho, qui marqueront respectivement 405 buts et 370 buts avec Santos (ils sont toujours les deuxième et troisième meilleurs buteurs de l’histoire du club) et décocheront le Mondial des clubs en fin d’année, sont également forfaits pour la Coupe du Monde, laissant entrevoir le formidable potentiel du Brésil en 1962 avec un Garrincha au sommet de sa carrière. En 1966, Pelé marque là aussi un but en deux matchs avant d’être stoppé par la violence des défenseurs adverses. Pelé effectue un retour triomphal en 1970 avec des actions de grande classe, des poteaux et des passes décisives. Le total de buts aurait pu être beaucoup plus élevé mais Pelé marque tout de même quatre buts en six matchs, de quoi lui permettre de prendre la deuxième place des meilleurs buteurs de l’histoire de la Coupe du Monde (il est aujourd’hui cinquième).
Six buts en six matchs en éliminatoires de Coupe du Monde
Pas encore sélectionné en 1957, qualifié en tant que champion du monde pour les éditions de 1962 et 1966, Pelé ne participe qu’une fois aux éliminatoires de la Coupe du Monde, en 1969, avec une promenade de santé, six matchs (contre la Colombie, Venezuela et Paraguay), six victoires et six buts pour le Roi.
Huit buts en six matchs en Copa América
Pelé disputera également une seule fois la Copa América, en 1959 en Argentine. Le Roi marque huit buts en six matchs, il égalise lors du dernier match face à l’Argentine mais le match nul profite au pays hôte qui termine champion. Le Brésil envoie une équipe réserve pour le championnat sud-américain 1963 et ne participe pas à l’édition de 1967 d’un tournoi qui a perdu de son prestige et qui ne fera son retour qu’en 1975 sous un nouveau nom : la Copa América. Pelé termine donc meilleur buteur de l’édition 1959, mais il n’aura jamais l’occasion de soulever ce trophée.
51 buts en 65 matchs amicaux
À ces 26 buts en compétitions officielles, il faut ajouter 51 buts en matchs amicaux pour obtenir les 77 buts officiels de Pelé en Seleção, un chiffre nullement contesté alors que les deux tiers des buts proviennent de matchs amicaux, peut-être en raison de l’habitude de rencontres amicales entre sélections jusqu’à aujourd’hui. Lors de ces matchs amicaux, si cela a un sens en Amérique du Sud, Pelé remporte la Copa Roca face à l’Argentine en 1957 (il marque lors des deux matchs) et 1963 (triplé au match retour), la Taça Bernardo O’Higgins contre le Chili en 1959 (triplé au match aller) et la Taça Oswaldo Cruz contre le Paraguay en 1958, 1962 et 1968 où Pelé marque six buts en cinq matchs. Pelé ne perdra aucun tournoi sud-américain en carrière, remportant également la Taça do Atlântico 1960, tournoi disputé contre l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Lors de ces matchs amicaux avec le Brésil, Pelé se rend également en Afrique (quatre buts en quatre matchs) et en Europe (sept buts en douze matchs).
19 buts en 23 matchs non-officiels
Pelé a également disputé des matchs considérés comme non-officiels par la FIFA, c’est-à-dire des clubs (quatorze buts en treize matchs), des sélections d’État au Brésil (quatre buts en sept matchs) ou des sélections FIFA (un but en trois matchs). Face aux clubs, Pelé marque notamment trois buts en trois matchs au Mexique et quatre buts en trois matchs en Suède. Il brille également en 1960 face à l’Inter Milan avec un doublé lors du match nul 2-2 puis en 1966 face à l’Atlético de Madrid, battu 5-3 par le Brésil avec un triplé de Pelé.
Carrière américaine
66 buts en 110 matchs avec le New York Cosmos
Après une première retraite à Santos, Pelé accepte le défi de rejoindre New York où il va aider le soccer à se développer aux États-Unis.
29 buts en 43 matchs amicaux
Le New York Cosmos va reprendre la recette victorieuse de Santos avec une présaison au pays, le championnat puis des tournées à travers le monde, profitant de l’idole Pelé pour développer la marque du club. En Amérique du Nord (Canada et États-Unis), Pelé marque 16 buts en 21 matchs, avec notamment un but face à son ancien club de Santos lors de son jubilé. Pelé visite également les Caraïbes (trois buts en sept matchs à travers Haïti, la Jamaïque, Porto Rico, la République dominicaine et Trinité-et-Tobago) ainsi qu’en Asie (deux buts en sept matchs au Japon, Chine et Inde). La pente descendante des statistiques de Pelé se confirme donc avec le Cosmos malgré un bilan plus satisfaisant en Europe (huit buts en sept matchs). Cependant c’est lors des deux matchs où l’opposition est la plus forte (AS Roma et Paris SG) que Pelé ne marque pas.
31 buts en 59 matchs de saison régulière de NASL
Pelé n’est pas venu aux États-Unis pour les matchs amicaux mais bien pour remporter le championnat, où il marque 31 buts lors des trois saisons régulières qu’il dispute. En 1976, il termine à quatre buts du meilleur buteur du championnat, son coéquipier Giorgio Chinaglia, mais c’est surtout le bilan collectif qui s’améliore, Pelé gagne cinq matchs sur onze en 1975 et quinze sur vongt-deux en 1976, permettant au Roi d’être élu MVP de la ligue.
Six buts en huit matchs de play-offs de NASL
Aux débuts de Pelé aux États-Unis, l’équipe du Cosmos dépend entièrement de sa star et rate la qualification aux play-offs en 1975. Après le recrutement de plusieurs joueurs en 1976, Pelé marque lors des deux matchs de play-offs disputés par le Cosmos, mais ne peut éviter l’élimination face à Tampa Bay Rowdies. Pelé a l’occasion de se venger des Rowdies dès le premier tour des play-offs 1977 et ne s’en prive pas avec un doublé et une victoire 3-0. Pelé marque à nouveau en quart de finale et demi-finale, laissant à Chinaglia le but du titre en finale. Pelé a réussi son pari, il est champion des États-Unis et peut prendre une retraite bien méritée.
Mais aussi…
Un but en un match avec la sélection sudeste
Après son retrait du monde professionnel, Pelé va disputer quelques matchs, notamment deux avec Fluminense en 1978 au Nigeria. Pelé ne devait pas prendre part à ces matchs, mais lorsqu’on annonce qu’il est présent pour le match, tous les billets se vendent en un temps record. Afin d’éviter une émeute, Pelé va donc porter à nouveau le maillot d’un club carioca après celui du Vasco en 1957. Pelé complète sa collection en 1979 lorsqu’il joue au Maracanã avec le maillot de Flamengo, Zico lui cédant le numéro 10. Flamengo bat l’Atlético-MG 5-1, mais Pelé ne marque pas. Le Roi marque son dernier but en 1983 à nouveau aux côtés de Zico au sein d’une sélection du Sudeste face à une sélection du Sud menée par Falcão pour venir en aide aux sans-abris. D’un coup franc qui passe sous le mur, Pelé marque son 1 285e et dernier but en carrière, même s’il rechaussera les crampons en 1990 à l’occasion de son cinquantième anniversaire avec un match à San Siro entre le Brésil et une sélection FIFA.
51 buts en 49 matchs contre le Corinthians
La plus grande victime de Pelé se nomme le Corinthians, avec 51 buts en 48 matchs avec Santos (mais aucun but lors de l’unique match disputé avec le Brésil). En 1958, la Seleção affronte en effet le Corinthians au Pacaembu. Les supporters du club sont furieux de la non-sélection de Luizinho à la Coupe du Monde et sifflent copieusement les joueurs brésiliens alors qu’Ari Clemente blesse Pelé, ce qui lui fera rater le début de la Coupe du Monde. Selon la légende, Pelé se promet que le Corinthians ne gagnera rien tant qu’il sera en activité. Pelé marque notamment lors de dix-neuf matchs consécutifs contre le Corinthians entre le 14 septembre 1958 et le 14 novembre 1965 et le Corinthians remporte le championnat paulista après vingt-trois ans d’attente en 1977, douze jours après la retraite de Pelé.
67 buts en 94 matchs au Maracanã
Concernant les matchs disputés au Marcanã, la moyenne de Pelé baisse par rapport à celle au cours de sa carrière. Encore une fois, cela s’explique par la répartition des matchs par année. Entre 1957 et 1965, le Roi marque 49 buts en 46 matchs au Maracanã. De 1966 à 1979, le bilan tombe à 18 buts en 48 matchs. Pelé s’offre cinq triplés au temple du football : deux avec Santos (contre Flamengo et Botafogo) et trois avec le Brésil (contre le Chili, l’Argentine et la Belgique). En 1958, Pelé marque quatre buts avec Santos lors de la victoire 5-3 sur l’America. Surtout, Pelé marque au Maracanã son 1000e but en carrière, sur penalty, le 19 novembre 1969.
Conclusion
Mille buts, le compte y est, qu’importent les matchs amicaux ou de compétition, nous avons vu que certains matchs amicaux avaient plus de prestige avec en jeu le niveau du football brésilien voire la réputation du football sud-américain pour les matchs contre les Européens. Le total en carrière est de 1 285 buts, une estimation, il n’est pas non plus exclu que certains buts aient été attribués à tort à Pelé, les moyens de l’époque n’étant pas ceux d’aujourd’hui. Coutinho, le meilleur partenaire de Pelé et qui lui ressemblait physiquement, avait d’ailleurs l’habitude de dire que lorsqu’il faisait une bonne action, les gens disaient que c’était Pelé et lorsqu’il ratait un geste, c’était Coutinho. Selon mes comptes, Pelé a marqué 645 buts en matchs officiels avec Santos et 445 buts lors des matchs amicaux, or selon les statistiques du club, Pelé a marqué 1 091 buts avec Santos. Une erreur d’un but qui semble provenir d’un match de 1972 contre la Portuguesa, où certains attribuent un but à Pelé alors que Santos avait été battu 2-0 ce jour-là.
Comme tous les grands joueurs, Pelé a affronté de grandes équipes et d’autres plus faibles au cours de sa carrière. Il est inutile de comparer les époques, les moyens n’étaient pas les mêmes, le football était différent, mais les joueurs – même les défenseurs des petits clubs du championnat paulista – étaient bien professionnels (bien que mal payés) et s’entraînaient comme tels. Pelé a dominé son époque aussi bien individuellement que collectivement, avec des titres de meilleur buteur et des trophées collectifs. Pelé a disputé 543 matchs amicaux pour 519 buts, soit 0,96 but par match et 69 % de victoires. En matchs officiels, il marque 766 buts en 834 matchs, soit 0,92 but par match et 63 % de victoires. Avec Pelé, Santos gagne par exemple 67 % de ses matchs du championnat paulista contre 66 % des matchs amicaux disputés en Europe. Il n’y a donc pas vraiment de différences entre les matchs amicaux et officiels, et puis comme le disait le poète Carlos Drummond de Andrade : « Ce qui est difficile, ce qui est extraordinaire, ce n’est pas de marquer mille buts comme Pelé. C’est de marquer un but comme Pelé ». Pelé n’était pas qu’un buteur hors-norme, il était un footballeur extraordinaire, comme l’expliquait Tostão dans son autobiographie Tempos vividos, sonhados e perdidos : « Pelé avait une exceptionnelle condition physique et technique, il était le plus grand des phénomènes. Grâce à l’anatomie de son globe oculaire, avec des yeux expressifs et en dehors, Pelé voyait littéralement plus que les autres. Il possédait ce qu’on appelle désormais l’intelligence kinesthésique, qui est la capacité de planifier, sans rationaliser, en une fraction de seconde, tout ce qui arrive et de calculer la vitesse du ballon, des coéquipiers et des adversaires. Depuis que je suis devenu commentateur et consultant, j’ai essayé, dans mes souvenirs, de trouver un défaut à Pelé. Je n’en ai pas trouvé, même s’il est plus phénoménal dans certaines choses que dans d’autres ». Un footballeur sans défaut, qui a une nouvelle fois marqué l’histoire du football un soir de novembre 1969, au Maracanã.