Elle était venue chercher l'or, elle est repartie avec. La Corée du Sud a réussi sa mission, assez logiquement au regard des forces en présence avec la compétition, avec ce troisième succès d'affilée. Les jeunes Guerriers Taeguk peuvent désormais aborder la suite de leur carrière avec sérénité en obtenant une exemption de service militaire.
Le groupe
Propulsé entraîneur des U23 sud-coréens pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, Hwang Sun-hong héritait également des Jeux asiatiques 2022, repoussés à 2023 pour cause de COVID-19. Une aubaine pour l'ancien entraîneur des Pohang Steelers et du FC Seoul qui se voyait accorder deux années de préparation. Hasard du calendrier également, ces Asian Games arrivaient seulement quatre mois avant la Coupe d'Asie U23, qualificative pour Paris. Il fallait donc pour Hwang Sun-hong, composer deux groupes distincts : un qui irait aux Asian Games et un qui irait à la Coupe d'Asie U23. Pour l'aider dans sa tâche et ses choix, l'organisation de Hangzhou 2022 repoussait la limite d'âge des joueurs éligibles d'un an, afin de permettre à ceux éligibles en 2022 de l'être également en 2023.
Ainsi, au poste de gardiens de but, Hwang Sun-hong faisait appel à un habitué des équipes de jeune, le gardien Lee Gwang-yeon (Gangwon) déjà présent avec les U20 finaliste de la Coupe du Monde en 2019. Pour l'accompagner, Min Seong-jun (Incheon) et le titulaire du poste à Jeonbuk, Kim Jeong-hoon. En défense, la promesse du football sud-coréen en défense centrale Lee Han-beom, tout juste transféré à Midtjylland, était convoqué en compagnie de Lee Sang-min (Seongnam). Mais ce dernier, suspendu pour la KFA pour une affaire de conduite en état d'ivresse, était finalement exclu du groupe et Kim Tae-hyeon (Vegalta Sendai) prenait sa place. Choix surprenant et laissant Kim Ji-soo (Brentford) sur le carreau. Park Jin-seop (Jeonbuk), profitant d'une wild-card, venait renforcer ce secteur central. Sur les ailes, Hwang Jae-won (Daegu), Seol Young-woo (Ulsan/wild-card) et Park Kyu-hyun (Dresden) étaient appelés pour se partager les deux postes disponibles. Choi Jun (Busan) et Lee Jae-ik (Seoul E-Land) complétaient l'effectif.
Puis vint le casse-tête du milieu et de l'attaque avec de nombreux prétendants. Des choix qui allaient forcément faire des déçus. Sans surprise, Paik Seung-ho se voyait offrir une nouvelle chance de disputer une compétition pouvant l'exempter de son service militaire après deux forfaits en 2018 et 2020. Le milieu de Jeonbuk héritait de la troisième wild-card et du brassard de capitaine. À ses côtés, Jung Ho-yeon, auteur d'une belle saison avec Gwangju, se voyait récompensé alors que Hong Hyun-seok, qui commence à faire son trou à Gent, était libéré. Tout comme un certain Lee Kang-in (PSG), la star de cette équipe qui était donc autorisée à rejoindre ses coéquipiers en cours de compétition. Dans le secteur offensif, encore l'embarras du choix et les noms les plus ronflants de cette classe d'âge étaient convoqués : Goh Young-jun (Pohang), Jeong Woo-yeong (Stuttgart), Um Won-sang (Ulsan) et Song Min-kyu (Jeonbuk). Pour le poste de n°9, Cho Young-wook (Gimcheon Sangmu), Bak Jae-yong (Jeonbuk) et An Jae-jun (Bucheon) étaient sélectionnés. Ainsi, Yang Hyun-jun (Celtic), Jeong Sang-bin (Minnesota) ou encore Lee Hyun-ju (Bayern Munich) n'étaient pas conviés et auront sans doute leur chance pour Paris 2024.
La compétition : une formalité
Avec tous ces noms prestigieux, la Corée du Sud n'avait clairement pas le droit à l'erreur et encore moins lors de la phase de groupe. Celle-ci se devait d'être survolée et elle le fut. Que ce soit le Koweït, la Thaïlande ou Bahreïn, aucun n'a réussi à inquiéter ne serait-ce qu'une seconde les Guerriers Taeguk. Neuf buts pour débuter face au Koweït, puis quatre face à la Thaïlande et enfin trois face à Bahreïn et voilà la Corée du Sud qualifiée pour les huitièmes de finale. Le début de la phase à élimination directe pouvait donc laisser présager que les choses sérieuses allaient débuter. Mais il n'en fut rien, puisque le Kirghizistan était largement écarté. Mais petit événement, la Corée du Sud venait d'encaisser son premier but (5-1). Puis vint la Chine, pays hôte, qui allait à coup sûr proposer une adversité d'un autre calibre. Manqué. Les Chinois ont pris l'eau et n'ont su répondre qu'en mettant des coups (2-0). Pour la demi-finale, l'Ouzbékistan, pays toujours délicat à négocier dans les catégories de jeunes. Mais encore une fois, les Ouzbeks ont été dépassés et n'ont su répondre à la maîtrise des Sud-Coréens. Certes, ils ont légèrement inquiété les Guerriers Taeguk en égalisant sur coup franc, mais à aucun moment ils n'ont été en mesure d'éliminer la Corée du Sud (2-1).
Enfin arrivé en finale, la Corée du Sud retrouvait son ennemi de toujours, le Japon. Avec une équipe bis, les Japonais restaient néanmoins redoutables sur le papier. Pour la première fois de la compétition, les Sud-Coréens ont tremblé, encaissant un but très tôt dans le match. Mais après quinze minutes de panique, tout est revenu dans l'ordre sur l'impulsion des cadres Paik Seung-ho, Lee Kang-in et Jeong Woo-yeong. Les jeunes joueurs universitaires nippons, bien que mieux organisés et plus au point collectivement, n'auront pas fait le poids face aux professionnels sud-coréens (2-1). La Corée du Sud remportait ainsi sa sixième médaille d'or aux Asian Games, la troisième de suite, un record.
L'avenir
Avec l''exemption de service militaire acquise grâce à ce succès, la carrière des vingt-deux convoqués est bouleversée. En premier lieux celle de Lee Kang-in qui peut désormais pleinement se concentrer sur sa progression au PSG. Même son de cloque pour les trois autres « Européens » que sont Park Kyu-hyun (Dresden), Hong Hyun-seok (Gent), Lee Han-beom (Midtjylland) et Jeong Woo-yeong (Stuttgart). Cho Young-wook, qui effectuait son service avec Gimcheon depuis le début de l'année sera prochainement libéré et retournera au FC Seoul pour essayer de s'y imposer définitivement et potentiellement viser l'Europe. Paik Seung-ho, qui devait rejoindre Gimcheon en fin d'année, n'a jamais caché sa volonté de retourner sur le Vieux Continent et il s'enlève ainsi ce frein de ses bagages. À vingt-six ans, il était temps pour un joueur bourré de talent. Song Min-kyu, Seol Young-woo et Um Won-sang devaient eux aussi rejoindre Gimcheon dès l'année prochaine. Il n'en sera rien. Song Min-kyu, Um Won-sang et Goh Young-jun ont déjà été liés avec des clubs européens et il ne serait pas étonnant de les voir céder à leur sollicitation dans les prochains mois. Néanmoins, l'armée n'est pas si loin que ça. S'ils n'effectueront effectivement pas vingt-et-un mois de service, ils seront tous convoqués par l'armée sud-coréenne pour un entraînement de quatre semaines.
Photos : JUNG YEON-JE/AFP via Getty Images