Ce mardi se déroulait la finale de football des Jeux d’Asie du Sud-Est au Cambodge (compétition biannuelle pour les pays de la zone ASEAN comprenant plus d’une cinquantaine de sports) entre la Thaïlande et l’Indonésie. Et c’est peu dire que le spectacle a été au rendez-vous, tant sur le terrain que sur les bancs de touche !

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Le tournoi de football réunit habituellement les onze équipes de la zone, qui ne peuvent aligner que des joueurs de moins de vingt-deux ans. Brunei s’étant retiré du tournoi, les dix équipes furent donc réparties en deux groupes de cinq pour le moins déséquilibrés. Le premier groupe voyait l’Indonésie, largement favorite, ferrailler avec le Myanmar, le Cambodge, les Philippines et le Timor oriental. Autant dire, du pain béni pour les Garuda. L’autre groupe mettait aux prises la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, Singapour et le Laos, soit trois des plus gros prétendants à la médaille d’or dans la même poule.

La logique fut respectée des deux côtés. L’Indonésie finit avec quatre victoires en autant de matchs, scorant treize buts et ne pliant qu’une fois sur un auto-but. Les Philippins confirment quant à eux leur aversion pour le ballon rond en finissant derniers du groupe, malgré la présence de Santiago Rublico de l’Atletico de Madrid. Le Myanmar s’empare de la deuxième place et confirme sa passion pour le football malgré une situation interne catastrophique.

Dans l’autre groupe, Thaïlandais et Vietnamiens ont confirmé leur coude-à-coude actuel en se neutralisant et en finissant avec le même nombre de points. Seule la différence de but des Thaïs leur permit de passer devant et d’éviter l’écueil indonésien. La Malaisie confirme bien qu’elle accuse un retard face à ses deux adversaires et voit même, affront suprême, l’Indonésie la devancer dans tous les secteurs. Quant à Singapour, il a réussi l’exploit de finir derrière le Laos grâce à une superbe défaite 0-7 contre le voisin malaisien. L’argent est là, mais les idées n’y sont pas, tout est à reprendre de zéro dans la Cité du Lion.

La première demi-finale fut un condensé dramatique lors du match Indonésie – Vietnam. Menés deux fois, les hommes de Philippe Troussier ont fait le siège de la surface indonésienne après l’expulsion de Arhan, mais le gardien Ernando veillait au grain. Alors qu’on se dirigeait vers une prolongation dans laquelle les Vietnamiens auraient probablement pris l’ascendant physique, Muhammad Taufany offrait la victoire à la dernière minute des arrêts de jeu et plongeait l’Indonésie dans la joie. Dans l’autre demi-finale, la Thaïlande disposa facilement du Myanmar 3-1 et cherchait à conquérir sa 17e médaille d’or dans la compétition.

Pencak silat contre muay thaï

Les Garuda prenaient d’emblée le contrôle du match et ouvraient la marque via une tête astucieuse de Sananta (1-0, 20e), avant que celui-ci ne double la mise d’une reprise audacieuse (2-0, 45e+5). Les Thaïs se rebiffaient et réduisaient l’écart par Anan sur corner (2-1, 65e) avant d’exulter à la septième minute du temps additionnel lorsque Yotsakorn échappait à son défenseur pour crucifier Ernando (2-2). Dans un esprit de fraternité régionale, le banc et les joueurs thaïlandais décidaient d’aller fêter le but et provoquer leurs homologues indonésiens. Le but concédé n’entamait pas le moral des Indonésiens qui se ruaient à l’attaque lors de la prolongation et reprenaient l’avantage via Irfan Jauhari (3-2, 91e). Ce but fut le début du chaos, les Thaïlandais rentrant dans le lard des Indonésiens, provoquant l’intervention de la police cambodgienne. Chaque équipe perdait un joueur, et trois membres des deux staffs étaient exclus. Jonathan Khemdee laissa ses coéquipiers à neuf sur un deuxième carton jaune à la 105e, ce dont Fajar profitait pour aggraver la marque (4-2, 107e). Les Thaïlandais buvaient le calice jusqu’à la lie lorsque Teerasak était le troisième exclu de son équipe à la 118e et que Beckham Putra clôturait la marque d’un impressionnant 5-2.

L’Indonésie glane sa troisième médaille d’or dans la discipline et confirme le cycle vertueux dans lequel elle a embarqué depuis l’intronisation de Shin Tae-young et de Indra Sjafri. Elle dispose d’une base de jeunes joueurs très intéressants, dont certains évoluent désormais à l’étranger (Ferdinan, Answani, Arhan…), et pourrait ajouter à sa collection quelques membres de la diaspora au talent certain. Gageons une petite pièce que la surprise en Coupe d’Asie pourrait bien venir des Garuda

 

Photo une : NHAC NGUYEN/AFP via Getty Images

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.