Qui pour succéder aux Mariners ?

ELLE EST DE RETOUR ! Voilà, nous y sommes. A-League is back. Plus de 6 mois après la victoire des Central Coast Mariners, le championnat est à une toute petite semaine de la reprise. Et cette saison sera la plus belle.

L’heure du grand départ approche : neuvième saison de A-league australienne, celle de toutes les espérances. Si vous n’avez jamais suivi le moindre match australien, pas de panique. Avec l’ami Jeremy (suiveur régulier du championnat pour les amis de Tout le monde s'en Foot (TLMSF pour les intimes) ainsi que tout ce qui est un petit peu « exotique »), nous vous avons concocté un petit dossier qui devrait vous donner tout ce qu’il faut savoir pour bien suivre l’un des championnats qui monte en Asie.

A la conquête du monde

Depuis le passage de la National Soccer League à la A-League en 2005, le championnat australien est passé du championnat sans intérêt à quelque chose d’attractif, presque d’intéressant. La réputation de la A-League s’accroît d’année en année. Si on ne peut négliger l’impact des deux saisons réalisées par Brisbane sous Postecoglou, faisant découvrir un football d’une qualité rare à l’Australie et dont le duel puis la passation de pouvoir avec les Mariners auront joué un grand rôle médiatique, la saison 2012-2013 aura été celle au cours de laquelle la A-league a franchi ce dernier palier essentiel à la reconnaissance. 2012-2013 aura été la saison de l’arrivée des stars : Heskey aux Jets mais surtout l’icône intercontinentale Alessandro Del Piero à Sydney. De quoi attirer. Médiaset et la fédération australienne de football trouvent ensemble un accord pour que soient diffusés en Italie quelques matchs du Sydney FC. En coulisses, la fédération s’organise pour que le message se propage. L’objectif est de conquérir les médias. Et ça paye. La passion exacerbée entre dans les stades grâce aux supporters des Heart et de la nouvelle franchise Western Sydney, l’un des grands animateurs de la saison. Les médias suivent.

Le mois dernier la FFA renoue sa confiance étend le contrat passé avec la société américaine World Services Group qui s’occupe des contrats de droits TV jusqu’à la saison 2016/2017. Pour la saison 2013-2014, le deal avec le groupe Mediaset évolue : cette année ce sont l’intégralité des matchs du Sydney FC qui seront diffusés. De plus, en août dernier, le « PDG » (dans un système compliqué) de la fédération australienne de football annonçait un nouveau diffuseur et pas des moindres : le groupe BSkyB et ses nouvelles chaines libellées BT Sport diffusera à présent au minimum deux matchs de A-League toutes les semaines. Le nouveau diffuseur en Grande Bretagne depuis cet été diffuse 38 matchs de Premier League et compte sur ESPN – que le groupe a également racheté – pour concurrencer le géant Sky. David Gallop avait aussi déclaré que le groupe Irlandais WSG avait une part majeure dans l’expansion de la réputation de la A-League. Consécutivement la fédération vend les droits de l’équipe nationale d’Australie à divers chaines du monde.

Jusque-là, la A-League était en Australie réservée aux ménages abonnés au bouquet Fox Sports. A partir de cette année, SBS dispose de certains droits. A l’image de canal+, la chaine publique va diffuser le match phare du vendredi soir à chaque journée de championnat en plus d’un talk-show spécial d’avant-journée et d’un débriefing ensuite.

En définitive, la A-League touche beaucoup de marchés mondiaux : Mediaset Premium Calcio en Italie, BSkyB au Royaume-Uni, Fox Sports aux Etats Unis et d’autres diffuseurs du marché Asiatique (Chine, Hong-Kong, Singapour etc) entrent en force dans les foyers australiens.

La formule : MLS sauce kangourou

Si vous découvrez l’existence du football en Australie via cet article, et avant de se lancer dans la saison 2013-2014, faisons un petit rappel sur son mode d’organisation et ses spécificités. A l’image de la MLS, une saison de A-league se découpe en deux partie : une phase régulière de 27 journées (les 10 équipes affrontent 3 fois leurs neufs autres adversaires) avant une partie play-offs pour les six meilleurs. La grande différence est dans le découpage des play-offs. Le vainqueur de la saison régulière se qualifie directement pour la Ligue des Champions et est accompagné par le second en demi-finale du championnat. Leurs adversaires respectifs seront déterminés par un premier tour opposant respectivement le 3e au 6e et le 4e au 5e. Un vrai parfum de MLS. Et comme en MLS, un salary cap, des « marquee players » qui échappent à cette règle, une liste restreinte d’étrangers (5 par équipe). Tout pour que l’équité sportive soit respectée. Cela donne ainsi souvent des championnats assez resserrés où tout se joue sur le fil (Sydney a par exemple manqué une place en play-offs l’an passé à la différence de but, le dernier qualifié Perth comptant par ailleurs que 5 points de plus que la lanterne rouge Wellington)

Harry Kewell de retour à Melbourne

2013-2014 : la belle saison

Cette saison pas de « marquee signings » à proprement parler, mais certains clubs ont néanmoins réussi à faire de bonnes affaires.

Le 11 Octobre prochain le spectacle reprend avec un alléchant derby de North South Wales : Sydney reçoit Newcastle. Del Piero affronte Heskey. Les deux clubs ont eu beaucoup plus d’ennuis la saison passée qu’on n’en attendait, finissant respectivement 7e et 8e de la dernière édition soit aux portes des play-offs. Pour cette saison, beaucoup de remaniements côté Sky Blues avec plusieurs départs de tailles comme Lucas Neill, les deux Griffiths ou encore Kruno Lovrek alors que les Jets jouent la stabilité, s’offrant une recrue défensive d’expérience avec l’arrivée de Kew Jaliens, bref international hollandais sous Van Basten.

Ailleurs, Adelaïde a perdu Vidosic mais s’est renforcé avec l’international australien Zullo en provenance d’Utrecht et s’hispanise sous la houlette de son nouveau coach Josep Gombau avec l’arrivée de deux joueurs espagnols libres jouant dans les divisions inférieures… Une volonté de produire du « beau jeu » ? De là à en faire des outsiders, pourquoi pas.

Du côté des deux derniers champions : Brisbane, désormais coaché par Mike Mulvey, s’est attaché les services de McKay. Aussi critiqué qu’il soit en équipe nationale, l’arrière latéral apportera un plus à son équipe qui perd Ben Halloran parti briller en Allemagne mais s’annonce solide. Les vainqueurs sortant, les Central Coast Mariners ont vendu leurs pépites Matthew Ryan et Bernie Ibini-Isei. Gardien et grand espoir australien Ryan suscite déjà beaucoup d’attentes autour de lui dans la perspective d’un remplacement à Mark Schwarzer qui un jour va devoir s’arrêter. Ibini-Iseï quant à lui aura souvent brillé la saison passée et part se perdre dans un club de milieu de tableau chinois. Drôle de choix une année de Coupe du Monde. Bonne nouvelle, le retour de Matt Simon, l’arrivée de Marcos Flores en provenance du Victory et le départ temporaire du buteur Danny McBreen qui reviendra lors de la 4e journée. Central Coast reste l’un des grands favoris.

Le recrutement le plus spectaculaire est certainement à mettre à l’actif du Melbourne Heart. En Juin dernier on apprend le retour d’Harry Kewell après une pige raté dans les pays du Golfe. Autre gros coup, l’arrivée de Massimo Murdocca, l’un des éléments clés des Roar de Postecoglou au milieu. De plus, ils ont sécurisé l’arrivée d’Engelaar en tant que « marquee signing » venant du PSV Eindhoven avant que celui-ci se fracture la jambe en pré-saison mais se renforcent derrière avec Aziz Behich, de retour de Turquie et Kisnorbo de retour de Championship. A coup sûr, les Heart ont tout du poil à gratter. On suivra également avec attention la meilleure équipe de la dernière saison régulière, les Western Sydney Wanderers de Popovic. Pas de mouvement notable à l’intersaison pour la belle surprise de la saison dernière si ce n’est le départ de Kresinger devant.

Ailleurs, notons le retour de Carlos Hernandez en A-league, à Wellington, accompagné d’un autre costaricain, Kenny Cunningham, l’arrivée d’un brésilien à Perth : il s’agit de Sidneï (pas Govou), les départs de Marcos Flores et Marco Rojas de Melbourne Victory, que Kosta Barbarousses et Mitch Nichols ancien cadres du Brisbane de Postecoglou tenteront de faire oublier. Vous l’aurez compris, la saison 2013-2014 promet d’être passionnante.

L’instant pronostic

Alors vous l’attendez tous, ce moment terrible où nous allons nous lancer dans les classiques prédictions d’avant saison, celles que vous n’hésiterez pas à nous ressortir au printemps prochain lorsque nous aurons été ridicules. Mais nous sommes courageux. Alors voici en trois questions nos prédictions :

1-      Les favoris pour le titre

Nico : C’est toujours compliqué de se lancer quand le sprint final est une formule coupe. Je pense néanmoins que le Central Coast version Graham Arnold reste grand favori, étant de loin l’équipe avec le plus de certitudes depuis quelques saisons. Je mettrais cependant une piécette sur Melbourne Heart et sur Brisbane, plus discret cet été, mais qui me semble avoir enfin tourné la page Postecoglou et avoir été plutôt malin cet été (enfin cet hiver….on s’comprend).

Jeremy : Qu’on fasse dans l’original ou pas, on n’est pas payé plus cher. Alors je vais dire les Mariners s’ils restent sur la forme de la saison passée – et ça marche aussi pour les Wanderers. Si le recrutement des Heart prend rapidement la tournure souhaitée il pourrait s’avérer de très sérieux candidats au titre.

2-      La surprise de la saison

Nico : Difficile de parler de surprise avec les Heart et leur recrutement assez impressionnant. Personnellement, je pense que Brisbane pourrait être la belle surprise de la saison. Les Roar ont tellement enchanté l’Australie sous Postecoglou, qu’ils ont déçu l’an passé. Mais l’arrivée de Mulvey, l’ossature toujours présente et l’arrivée de jeunes issus des réserves (comme le gamin Kwame Yeboah) me laissent penser qu’ils vont en embêter plus d’un. Suffit de voir leur présaison pour s’en convaincre (10 victoires en 11 matchs, ils tapent tout le monde). Puis s’ils prennent le petit français actuellement à l’essai, ils en seront encore plus intéressants.

Jeremy : Les Wanderers étaient déjà l’immense surprise de la saison passée, est-ce qu’on peut une nouvelle fois parler de surprise à proprement parler s’ils rééditent leur parcours ? Pour moi oui. Rappelons que le club n’existe que depuis 2 saisons. Ils ont su maintenir l’ossature de la saison passée. Espérons que tout ne leur explose pas à la figure… Autrement, attention au Victory.

3-      La déception de la saison

Nico : Jeremy va faire la gueule mais je pense que ce sera le Sydney de Del Piero. On a l’habitude d’attendre monts et merveille des Sky Blues, je pense qu’ils vont encore se planter. Plusieurs raisons : de nombreux départs et arrivées qui font que le club doit de nouveau construire (et je ne suis pas convaincu que les arrivées soient de la qualité des départs), la fameuse crise durant la saison grande spécialité locale semble-t-il mais surtout, une raison principale : Frank Farina, le coach qui me semble incapable de fédérer (et qui l’a prouvé d’ailleurs). Et avec des Central Coast, les deux clubs de Melbourne, Brisbane, l’autre Sydney qui me semblent supérieurs aux Sky Blues, je ne les vois pas aller très loin. D’ailleurs leur pré-saison est à la hauteur des espérances que j’ai en eux : très mauvaise.

Jeremy : ça me chagrine de l’écrire, mais j’ai peur pour les Jets. Très régulièrement en galère sur les dernières saisons, je ne les vois pas nous enchanter une nouvelle fois dans les mois à venir. Sinon, comment ne pas mentionner le Sydney FC. Comme Nico le dit, leur pré-saison a été, à mon sens, assez … spéciale : une tournée en Italie pour affronter des équipes de très très très faible niveau (parfois des équipes amateurs) et basta. En plus d’être des équipes irrégulières au niveau des résultats ces deux équipes ont pour le coup une certaine régularité dans la médiocrité. Une nouvelle fois, j’ai mal.

En espérant que ce petit dossier vous ait plu au plus haut point. On vous donne rendez-vous dans les différentes rubriques dans les semaines à venir pour les premiers bilans de la saison 2013-2014 du championnat australien ! 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.