On connait désormais les quatre derniers prétendants au titre final. Quatre qualifiés après des matchs aux scénarios parfois totalement fous.

C’était le match que l’on attendait, celui des promesses de jeu. D’un côté le Tadjikistan et son jeu si centrasiatique fait de combinaisons courtes, de mouvement et de vitesse de transmission, de l’autre la Jordanie et son trio rapide comme l’éclair et son jeu de transition si dangereux. Le match débutait selon ce schéma avec une Jordanie qui bondissait sur la moindre opportunité, Yazan Al-Naimat allumant la première mèche, et un Tadjikistan qui cherchait à faire mal entre les lignes, passant proche d’y parvenir lorsqu’Esohni Panjshanbe trouvait la barre. Mais ce schéma ne durait pas, la « faute » à une Jordanie qui s’installait dans le match, contrôlait la partie. Al-Naimat de nouveau, Raja’ei Ayed au rebond d’une frappe d’Ali Olwan, Ali Olwan enfin, les occasions étaient jordaniennes quand le Tadjikistan ne parvenait pas à menacer les buts adverses au retour des vestiaires, les premières mèches étaient allumées par les Tadjiks, Shukurov de loin et Mabatshoev en renard, s’offrant les deux premières occasions. Mais la Jordanie allait frapper peu après l’heure de jeu sur corner. Le piège s’était refermé, les espaces s’ouvraient mais les hommes d’Houcine Ammouta ménageaient le suspense en se montrant maladroit dans le dernier geste. Seule une frappe lointaine de Shukurov laissait passer quelques frissons mais la Jordanie n’était pas menacée par un Tadjikistan battu sur le plan tactique. Les Nashama se hissent dans le dernier carré, une première dans leur histoire.

Ils y croiseront un miraculé nommé Corée du Sud. Face à l’Australie, les hommes de Jürgen Klinsmann devaient redoubler d’imagination pour espérer déstabiliser le bloc mis en place par Graham Arnold. Force est de constater que cela n’a quasiment jamais fonctionné. Au cours du premier acte, les Guerriers Taeguk n’avaient même pas tiré une seule fois au but à la pause, abusant de centres imprécis et faciles à contrôler, ne parvenant à jamais changer de rythme. L’Australie était tranquillement installée dans la rencontre, jamais brillante mais toujours d’une redoutable efficacité. Et se procurait donc les meilleures occasions, exploitant la moindre erreur. Craig Goodwin avait déjà allumé la première mèche, sa reprise au deuxième poteau juste avant la pause permettait aux ‘Roos de virer en tête. La situation était idéale, d’autant que la Corée du Sud ne semblait pas avoir la moindre idée de comment bouger le bloc adverse. Le scénario ne variait pas en seconde période et il allait falloir un miracle et des aides adverses pour que ce match bascule. D’abord Mitch Duke, qui manquait une reprise plein axe en début de second acte après une double intervention de Jo Hyeon-woo devant Martin Boyle et surtout une tête plongeante devant le but vide sur un centre tendu de Jordan Bos (la Corée du Sud ayant toujours les mêmes soucis défensifs sur les ailes) à huit minutes de la fin. L’autre tournant, l’entrée de Lewiss Miller pour renforcer la défense. L’Australie défendait à onze dans sa surface et le joueur d’Hibernian commettait l’irréparable à la 94e minute, fauchant Son Heung-min pourtant pas en situation d’être dangereux. Hwang Hee-chan transformait le penalty ainsi offert, la stratégie ultra-défensive de Graham Arnold sur la fin de match le privait de solution pour la prolongation. Le miracule coréen dominait alors, Hwang Hee-chan et Lee Kang-in se procurant les premières situations. Mathew Ryan avait beau être impeccable sur sa ligne, il ne pouvait rien faire sur le coup franc surpuissant de Son Heung-min. La demi-finale s’envolait pour l’Australie, Aiden O’Neill étant exclu juste avant la mi-temps de la prolongation. La Corée du Sud s’offre donc un deuxième miracle et retrouve une demi-finale, la quatrième en cinq éditions.

L’immense affiche des huitièmes opposait l’Iran au Japon, les deux favoris annoncés de l’épreuve. Privé de Mehdi Taremi, la Team Melli optait pour une stratégie prudente, cherchant avant tout à proposer un bloc compact face auquel le Japon peinait à trouver des solutions. La possession était japonaise, la pression iranienne, les hommes d’Amir Ghalenoei cherchaient à tester Zion Suzuki, notamment sur des frappes lointaines et saisissaient la moindre opportunité en transition pour faire mal, appuyant souvent sur le côté droit de la défense, où Ko Itakura semblait en difficulté. C’est ainsi que Saman Ghoddos s’offrait une belle opportunité. Seul souci pour l’Iran, à trop vouloir miser sur un bloc compact et laisser le ballon aux Samurai Blue, le danger allait venir. Un long une-deux entre Hidemasa Morita et Ayase Ueda permettait au premier nommé de se retrouver face à un immense espace dont il profitait pour tromper un Beiravand peu inspiré. Le Japon virait en tête à la pause, l’Iran devait changer de stratégie. C’est ce qu’il faisait. Plus haut sur le terrain, la Team Melli revenait rapidement au score. Après s’être exposé à une superbe tête d’Ayase Ueda, les Iraniens pressaient plus haut et provoquaient une perte de balle japonaise dans son camp, qu’Azmoun exploitait en lançant parfaitement Mohammad Mohebi qui se jouait une fois encore d’Itakura pour tromper Suzuki. Le match était relancé et devenait alors fou. Sardar Azmoun doublait la mise d’une merveille de but, lancé en profondeur, il éliminait deux défenseurs, mais son but était refusé pour un hors-jeu millimétrique. La réplique japonaise ne tardait pas, Morita butant sur Beiravand, puis Azmoun faisait enfin briller Zion Suzuki. Et l’Iran posait sa main sur la rencontre. Les situations se succédaient avec une Team Melli bien plus entreprenante et un Japon incapable de sortir. Suzuki et les siens résistaient autant qu’ils pouvaient, ils allaient craquer au pire des moments, lors que Ko Itakura commettait l’irréparable. On jouait la 94e minute, le penalty concédé était indiscutable et transformé par le capitaine Alireza Jahanbakhsh, l’Iran boucle un deuxième acte parfait qui lui ouvre donc les portes de la demi-finale.

La Team Melli y croisera un miraculé, le pays hôte. Face à un Ouzbékistan que l’on attend de voir enfin franchir le palier qui lui permettrait de confirmer son excellent travail chez les jeunes, le Qatar n’a une fois encore pas brillé, ouvrant la marque sur l’une de ses rares situations – un but plutôt heureux – et subissant ensuite une grande partie du match. Car si le Qatar est en demi-finale, c’est avant tout grâce à l’Ouzbékistan qui a totalement dominé pour égaliser, mais a ensuite manqué soit d’énergie, soit de justesse, pour prendre définitivement le dessus dans la rencontre. Pire pour les hommes de Katanec, la séance de tirs au but, sorte de résumé exagéré d’un match que les Loups Blancs ont laissé filer. Reste que sur le papier, ce Qatar-là ne ressemble en rien à celui qui avait dominé la compétition en 2019 et devra véritablement monter son niveau face à un Iran qui lui semble supérieur dans bien des domaines.

 

Photo une : HECTOR RETAMAL/AFP via Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.