Ratchaburi FC a débuté sa campagne continentale en Champions League asiatique. L’occasion rêvée pour Lucarne opposée de mettre en lumière le capitaine de l'équipe, Steeven Langil. Pour ce septième épisode de nos bilans, focus sur le meilleur joueur francophone du championnat thaï, entre périple, musique et capitanat. 

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Vingt-deux mars dernier, stade national Rajamangala de Bangkok, brassard de capitaine au bras et regard pour le moins déterminé, Steeven Langil semble prêt pour le premier match de la phase de groupes de l’AFC Champions League contre les Coréens de Pohang Steelers. Le natif de Fort-de-France sait qu’il est l'élément principal sur lequel repose la qualité du parcours de Ratchaburi sur la scène continentale. En dépit de cela, les Dragons (surnom du club) ont toutes les peines du monde à s'imposer contre leur adversaire du jour. Les Coréens finissent ainsi par s'imposer deux buts à zéro contre une équipe bourrée de lacunes. Au milieu de ces dernières, Langil tire son épingle du jeu en étant hyperactif dans le jeu et impeccable dans l'état d’esprit. Un match à l'image de ses années à Ratchaburi, irréprochable, mais bien seul.

Steeven, le baroudeur

Le moins que l’on puisse dire est que Steeven Langil est un adepte des voyages. Avec douze clubs en treize ans de carrière, le Martiniquais s’illustre par une mobilité qui rendrait jaloux tout bon voyageur qui se respecte. La France, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Pologne sont les pays dans lesquels ce milieu offensif, connu pour sa vélocité et un excellent pied droit, a posé ses valises. Formé à Nîmes, le natif de Fort-de-France est surtout célèbre dans l’hexagone pour son passage à l'AJ Auxerre. Certes, il n’a pas joué tant que ça avec les Bourguignons, mais l’histoire se souvient qu’il fut un homme fort dans l’aventure auxerroise en ligue de champions, grâce à but victorieux contre l’Ajax. À la suite de cette aventure européenne, Steeven Langil enchaîne les prêts dans différents clubs français avant d’entamer une tournée européenne en 2014. Le mot « tournée » correspond parfaitement à ce mélomane, passionné de piano et qui fera surement une carrière dans l’industrie musicale après celle dans le football : Mouscron, Beveren, Legia Varsovie ou encore NEC. Tout autant de clubs qui ont vu sous leurs couleurs, le milieu droit formé dans le Gard. L’Europe est belle, mais l'Asie fait rêver. En 2018, Steeven Langil décide donc de réserver un aller simple pour la Thaïlande, direction Ratchaburi.

Le leader

Située à une centaine de kilomètres de Bangkok, Ratchaburi s’illustre sur le plan national grâce à son équipe de football du même nom. La ville n'étant pas une zone touristique très prisée, elle s’appuie donc sur son club qui possède beaucoup d’atouts intéressants. Un stade moderne, un centre de formation récent et surtout un mécène, Mitr Phol Group, qui n’est autre que la plus grande entreprise de production de sucre en Asie. Des moyens importants donc, qui peuvent expliquer l’attrait de joueurs évoluant en Europe pour ce club. Parmi ceux-là, on peut citer Yannick Boli, l'ex-nancéien Lossémy Karaboué ou plus récemment l’international espoir suisse Sébastien Wüthrich. C’est dans ce contexte que débarque Steeven Langil en 2018.

Trois ans plus tard, le bilan est plus que positif. D’un point de vue statistique, l’ancien Auxerrois remplit hautement sa fonction avec quinze buts et surtout dix-huit passes décisives en deux ans. Ces performances le propulsent capitaine de l'équipe. Au-delà de ces bons chiffres, le Martiniquais se met tout le monde dans la poche grâce à un caractère bien trempé pendant les matchs. Il rameute, motive, conteste, affronte l’adversaire et prend sa mission de chef de troupe très au sérieux. Ses coéquipiers suivent le bonhomme, les supporters sont ravis et les journalistes sportifs locaux l'encensent. Cette parfaite adaptation pose toutefois la question d’une sur-dépendance de Ratchaburi à Steeven Langil. La saison dernière, le Martiniquais était entouré de joueurs de talents tels que Boli, Karaboué ou encore Roller, ce qui a permis aux Dragons de pouvoir accrocher une place en AFC Champions League et de présager un avenir radieux pour le club.

Les premiers matchs de la compétition continentale contre Pohang Steelers et Johor Darul Ta’zim, cette semaine, ont cependant ramené tout le monde à la réalité. Boli et Karaboué absents, Roller désormais à Port FC, Langil est seul, beaucoup trop seul face à des équipes asiatiques d’un tout autre calibre que la moitié des clubs thaïs du championnat. Si Ratchaburi est amoureux de son frenchie, il va donc sérieusement falloir construire autour de lui et en faire le leader d’un nouveau projet sportif sur le long terme. Quoi qu’il en soit, l’adaptation de Langil au pays du sourire est déjà une réussite, ne manque plus que des titres avec les dragons pour rendre ce nouveau voyage encore plus beau. 

Bonus :  Rares sont les footballeurs pouvant jouer du piano. En bonus, un morceau du chef d’orchestre, Steeven Langil

Jonathan Branger
Jonathan Branger
Rédacteur et correspondant foot Thaï pour LO