C’est désormais officiel, le 12 août prochain sonnera le grand retour de la Revo Thai League. En attendant le lancement de ce prochain chapitre, retour sur les cinq faits marquants de la saison dernière. Première étape, direction un club qui se voulait être le nouveau roi de Bangkok et qui va finalement traîner sa misère en division inférieure la saison prochaine, Samut Prakan City FC.  

bandeauprimeira

La scène peut paraître déroutante, elle est pourtant monnaie courante dans le microcosme du football thaï. Des joueurs de football, dont l'équipe vient d’officialiser une piteuse relégation, se font applaudir par leur public. Ici pas de sifflet, encore moins d’envahissement de terrain, mais un hommage relatif à une équipe qui a pourtant tout gâché. Ce type de chose pourrait sembler insensé dans tous les championnats du monde, mais pas ici. Parmi le contingent de joueurs se faisant acclamer, un homme au physique massif, ne peut contenir son émotion. Aris Zarifović, le défenseur central emblématique du club, enchaîne les excuses à chaque supporter qu’il croise, tout cela donnant une scène où émotion et incompréhension ne font plus qu’un. La question est donc de savoir comment en est-on arrivé là. 

La problématique nippone

Affirmer que Samut Prakan City est le plus japonais des clubs de Thaïlande est, loin s’en faut, un euphémisme confirmé par un organigramme qui sent bon le pays du soleil levant. Du directeur sportif, Tetsuya Murayama à l’entraineur actuel Yasushi Yoshida, le secteur sportif du club banlieusard est sous l’emprise d’hommes, dont les promesses semblent de plus en plus précaires. Arrivé en grande pompes courant 2019, le premier cité a pourtant bien fait les choses quand il a fallu faire de ce nouveau club, un acteur important du championnat. Nouveau logo, politique marketing réfléchie et deux saisons en première partie de tableau, autant d'éléments qui attestent de ce cette belle mise en route. Cette rapide ascension s’est toutefois cassé la figure à l'orée de la saison dernière du fait de l'incapacité de l'équipe dirigeante à faire perdurer leurs promesses de croissance pour le club. Cet échec tend à faire croire que la présence nippone dans les rouages de Samut Prakan City relève plus du problème que de la solution, comme le prouve la politique sportive.

Un projet sportif fragile

Penser qu’il ne faut rien changer quand tout va bien s’avère souvent périlleux et peut entraîner une série d’erreurs menant à des conséquences irréversibles. En optant pour la solution de la continuité alors que l'équipe n’a cessé de diminuer en quantité et en qualité au crépuscule de la saison 2020/21, les dirigeants ont tiré une balle dans le pied des ambitions sportives de Samut Prakan City. Le meilleur buteur du club Barros Tardeli s’en va ? Pas de problème, on le remplacera avec ce qu’on a. L’international thaï, Ernesto, signe à BG Pathum ? Ça ira, il n’est que latéral gauche. Jaroensak Wonggorn est trop seul à porter l’attaque de l'équipe ? On ne va pas en faire une montagne, il est jeune, donc plein d'énergie. C’est cette politique du « jusqu’ici tout va bien » qui a entraîné le départ, en milieu de saison, de l'entraîneur Masatada Ishii.

Entre flou sportif et proposition alléchante de Buriram United, l’entraineur nippon décide alors d’aller verdir une herbe déjà bien belle chez le géant du pays. Avec le départ d’Ishii, tout le château de cartes s’effondre et Samut Prakan City dégringole au classement en seconde partie de saison. Pour remédier à ce naufrage, le directeur sportif fait appel à un nouveau coach, Yasushi Yoshida. La nomination de ce dernier symbolise à elle seule les questions que beaucoup se posent au sujet de la politique sportive du club. Comment, un entraineur qui a passé les neuf dernières années entre chômage et gestion d'équipes féminines, peut atterrir dans un club thaï au bord du précipice ? En voulant absolument placer des japonais partout, on peut clairement se demander si Samut Prakan City ne sert pas de paillasson à un contingent nippon qui a pour idée de se servir du club, afin d'accéder à des opportunités sportives et d’affaires plus importantes. Une sorte de colonisation tranquille, qui commence par la petite porte.

yoshida

Un avenir incertain

Ce tableau pessimiste ne s'atténue pas quand on analyse les perspectives du club la saison prochaine. Même entraîneur, plus de départs et une situation financière qui a presque poussé les instances du football thaï à ne pas renouveler la licence professionnelle de Samut Prakan. Seul espoir, la présence dans l'effectif de la pépite Chaiyawat Buran. Reste à savoir si les dirigeants vont construire autour de lui ou le vendre pour renflouer les caisses. Cette problématique, parmi tant d’autres, doit impérativement être résolue, pour éviter un atterrissage beaucoup plus brutal que la seconde division.

Jonathan Branger
Jonathan Branger
Rédacteur et correspondant foot Thaï pour LO