Le WAC s'impose et prend la 2e place

Les rivaux de Casa n’ont pas connu le même sort à l’occasion de la 4ème levée du championnat. En pleine tourmente après l’éviction de l’entraîneur algérien Benchikha mercredi dernier, les verts ont été balayés (3-0) par le Difâa d’El Jadida supérieur dans tous les compartiments du jeu. Le Wydad de Toshack prend la deuxième place du classement grâce à sa victoire (4-2) face au FUS de Rabat, joueur mais beaucoup trop faible en défense.

DHJ-Raja 3-0

A 48 heures près, Abdelhak Benchikha aurait pu célébrer des retrouvailles chaleureuses avec El-Jadida, qui a remporté la Coupe du Trône et tenu tête au géant égyptien Al Ahly il y a quelques mois sous la houlette du technicien algérien.

Mais l’impatience des dirigeants du Raja et la double défaite en Coupe face à l’ennemi héréditaire des FAR (0-1,3-2) ont eu raison de l’ex sélectionneur de l’Algérie, viré malgré son bilan de 7 points sur les 3 premiers matchs de championnat. Viré qui plus est avec un scénario préparé longtemps à l’avance par les décideurs rajaouis : Réunion du comité directeur le soir même de l’élimination en coupe, limogeage, et revoilà l’ancien de la maison José Romao, champion du Maroc avec le Raja et le Wydad dans les années 2000.

Le portugais à peine débarqué chamboule toute la défense mais laisse les 6 mêmes titulaires au milieu et en attaque de la courte ère Benchikha : Kouko, Fettah, Aqqal, Abourazouk et le duo Mabidé-Mouithys devant.

Les débuts de cet ensemble n’auraient pas pu être pires. Le Raja monopolise le ballon mais peine à s’approcher des buts du DHJ, et l’arrière-garde prend le bouillon sur les rares offensives des locaux. Rares mais incisives et jouées à fond. Sur un centre de Hadraf, l’arrière droit Hammami repique et ouvre le score d’une belle frappe dans l’axe à l’entrée de la surface (9’, 1-0) et sur un ballon récupéré dans les 25 mètres rajaouis Kadoum sert Nannah qui devance le défenseur Karrouchy et expédie le ballon dans les filets (32’, 2-0).

El-Jadida est à présent mené par Hassan Shehata, vainqueur de la CAN 2006. Et l’égyptien a bâti un 11 solide, positionné bas mais qui se projette très vite en contre et dispose d’un savant mélange de puissance (avec les jeunes Nannah et Togui Mel)  et de technique (le rusé Zakaria Hadraf) aux avant-postes. Au milieu Kadoum a complètement étouffé Said Fettah.

Mais Fettah et la défense ne sont pas les seuls à avoir failli côté rajaoui. Déjà peu en vue face aux FAR l’attaquant de pointe Abourazouk n’a quasiment rien montré de bon et Aqqal a eu la malchance de tomber sur des latéraux nettement moins conciliants qu’Azim dimanche dernier. Mis à part son manque de réaction sur le deuxième but d’El Jadida Karrouchy s’est battu sur son flanc gauche et a été à l’origine des seules vraies opportunités mais ce fut trop peu.

La seconde période et les changements n’apporteront rien et c’est au contraire le DHJ qui finira par donner plus d’ampleur à la débâcle, Hadraf provoque un pénalty sur une main d’Oulhaj et se charge de le transformer lui-même (3-0, 68’).

Une belle bouffée d’oxygène au classement pour les hommes de Shehata et une claque d’entrée pour Romao qui devra vite trouver la recette pour réveiller ses troupes.

Buts du match 

Wydad- FUS 4-2

Walid Regragui, finaliste de la CAN 2004 et aujourd’hui entraîneur du FUS, a avoué après la rencontre : « On a trop joué et cru à l’Aïd avant l’heure, le fait qu’on se fasse punir en contre est assez logique ».

De fait, l’équipe du Fath Union Sportif développe un jeu plaisant et n’est pas venu au Complexe Mohamed V en victime expiatoire. Au cœur d’une première période soporifique, les seules étincelles notables sont venues du trio Batna-Araoui-Fouzair. Ca joue, ca combine, ca cherche des bonnes positions de frappe, des intentions très louables.

Pour sa deuxième sortie à domicile, le Wydad a confirmé qu’il n’est pas fait pour faire le jeu. Mais comme lors de la victoire inaugurale face à Kénitra (3-1) le Wydad a confirmé qu’il peut faire payer la moindre erreur adverse très cher. Parce qu’en contre, cette équipe va très vite.

Le défenseur El Amrani, arrivé 20 secondes en retard au retour des vestiaires, débloque la situation de la tête à la 48ème. Les Rbatis, qui jouaient déjà assez haut à ce moment-là, montrent d’un cran supplémentaire et s’exposent.

Hadjouj-Evouna, le dynamiteur et le finisseur

A force de s’énerver contre Malick Evouna pour sa lenteur, son incapacité à dribbler, son inutilité dans la construction du jeu, les supporters du Wydad finiront par comprendre, en voyant les secondes mi-temps qu’il réalise, qu’il ne faut espérer qu’une seule chose de lui : attendre dans la surface qu’un ballon exploitable arrive et le mettre au fond des filets.

Ca, Evouna le fait parfaitement, et l’a fait à deux reprises dimanche, d’abord sur un 3 contre 3 magnifiquement négocié par Assoufi, puis sur une passe en retrait de Hadjouj consécutive à une erreur du gardien du Fath. Deux opportunités face au but, deux pions, le gabonais a rempli son contrat.

Hadjouj, parlons-en. Entré en jeu à la mi-temps le feu follet du WAC a harcelé la défense rbatie par sa pointe de vitesse et sa percussion, et s’est encore illustré avec un but d’une grande classe, avec un enchaînement crochet du droit-frappe du gauche qui efface des tablettes le but déjà très fin marqué contre le KAC il y’a un mois.

Le FUS a vu sa générosité et son goût pour l’abordage récompensé deux fois ( pénalty de Batna, et une tête de Baha servi d’un exter du droit subtil de Naffati). L’équipe de Regragui, trop perméable derrière, ne pouvait espérer mieux mais ne tombera pas chaque semaine sur des tueurs en contre tels que le WAC en dispose. Avec un Bakari Koné à 100% de sa forme, ce Wydad-là peut faire très mal, mais devra aussi apprendre à faire face à des équipes recroquevillées dans leur camp.

Buts du match :

Coin des ultras : La grogne des Rajaouis, les wydadis incendiaires

DHJ : Cet été, le Raja avait été mis en garde par la FIFA pour avoir laissé ses supporters afficher des messages de soutien  (t-shirts et banderoles) au peuple palestinien. Les groupes de supporters des doukkalis d’El Jadida (dont le très touristique groupe Cap Soleil 07) ont eux fait les choses en grand et carrément sorti le tifo pour rendre hommage aux héros de Gaza.

Raja : La belle ferveur de la première période n’a pas survécu au deuxième but. Les bâches et les bannières ont été rangées à la mi-temps, et les supporters n’ont pas eu le loisir de quitter le virage pour s’épargner le calvaire de la fin du match, les autorités les ayant empêché de bouger.

Wydad : Un modèle de « dakhla » (entrée spectaculaire). Le virage vide jusqu’à quelques minutes avant le coup d’envoi, ma crédulité moquée par un supporter en tribune : «  attends, tu vas voir ce que tu vas voir. Déjà là ils installent les tambours, tu sens pas venir le coup fourré ? ». Et la c’est la ruée et les Winners remplissent le virage Nord en un clin d’œil. Puis l’embrasement classique dans le monde ultra, avec une recette qui marche dans le monde entier : La même chanson reprise en boucle et de plus en plus fort, au fur et à mesure que les fumigènes craquent et que les bombes agricoles vrillent les tympans.

FUS : Ils étaient 5 et un tambour, puis 8 quand le mec avec les drapeaux est arrivé à la 20ème minute. Mais il faut souligner que Regragui et ses joueurs n’ont pas ignoré leurs fans et rendu hommage à leur dévouement. Car c’est bien là l’essentiel, que vous soyez une dizaine ou des milliers, il faut faire l’effort d’être là.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee