Les 3 joueurs les plus talentueux de l’ère glorieuse du Club Sportif Sfaxien s’envolent vers d’autres cieux. Le gabonais Ndong, Ferjani Sassi et Fakhreddine Ben Youssef -2 tauliers de la sélection tunisienne dans les années à venir- avaient la tête ailleurs depuis plusieurs mois, et vont désormais mettre leur savoir-faire au service de Lorient et de Metz. Portrait d’une triplette que le CSS va regretter, en dépit d’une très belle opération financière.
Fakhreddine Ben Youssef (FC Metz)
Minorité persécutée depuis des décennies, la communauté des roux de Tunisie tient enfin un porte-drapeau. Lancé dans le grand bain en 2011, Ben Youssef n’est pas passé loin d’être grillé à peine sa carrière entamée. Surprise de la liste de Sami Trabelsi pour la CAN 2013, « El Rouge » (surnom arbitraire subi par tout rouquin au pays de la harissa) envoyé au casse-pipe face à la Côte-d’Ivoire, sera sorti au bout de 45 minutes en perdition à la pointe de l’attaque sans toucher un seul ballon.
Descendu par les médias, Fakhreddine se refait une santé à Sfax grâce à Ruud Krol. Le coach néerlandais comprend que ses caractéristiques ne conviennent pas au poste d’attaquant, malgré un physique imposant. Peu de temps après le repositionnement sur l’aile droite, la métamorphose est stupéfiante : Ben Youssef, grâce à ses qualités de percussion et une faculté d’accélération impressionnante, claque 4 passes décisives en 6 matchs de play-offs et contribue au titre de champion 2012-2013.
Puis tout s’enchaîne : Le retour en équipe nationale, une prestation réussie face au Cameroun en barrage aller pour la Coupe du Monde 2014, et le but qui crucifie le Tout Puissant Mazembe en finale retour de la Coupe de la Confédération 2013.
Ben Youssef est devenu incontournable et multiplie les coups d’éclat. Force est de constater que l’Egypte est devenue une victime préférentielle de ses déboulés, que ce soit en club ou en sélection (Ses buts en Supercoupe d’Afrique et lors des éliminatoires de la CAN sont de véritables bijoux). A lui de conclure cette période faste avec une CAN 2015 réussie.
But Face à El Ahly en Supercoupe :
But face à l’Egypte
Ferjani Sassi (FC Metz)
Le cadet de la Sassi family n’était pas, au départ, celui qui semblait promis à un grand avenir. Son frère Mossaab, dribbleur hors-pair mais tête à claques incurable, s’est perdu à Sousse puis à Bizerte et sa nonchalance a fini par lasser. Si on observe ses 5-6 premiers matchs et si on est fan des conclusions hâtives, Ferjani était destiné à rentrer dans le moule du milieu de terrain de base, ce genre de milieu produit en masse par la Tunisie ces dernières années : Gomina dans les cheveux, essoufflé dés la 60ème minute, faible impact physique, frappes de loin en tribunes, etc.
Mais non. Dans le CSS cru 2012, Ferjani gagne en volume de jeu, efface tous ses défauts un par un, et change de dimension. Souvent placé aux alentours du rond central, ses passes toujours dans le bon tempo fluidifient la liaison entre l’entrejeu et la ligne d’attaque. Le jeune relayeur de 22 ans pourrait être le remède aux balbutiements du milieu de terrain de l’équipe nationale, sa relation technique avec Chikhaoui lors du match face à l’Egypte en éliminatoires de la CAN l’a bien prouvé. Sassi sait aussi se montrer décisif dans la surface adverse, comme l’attestent ses buts déterminants face au Club Africain en championnat et contre le Sénégal lors de ces mêmes éliminatoires.
But Sénégal
But CA (Résumé du match)
Ibrahima Didier Ndong (FC Lorient)
Le gabonais, 20 ans seulement, est certainement le plus polyvalent du trio et celui avec la plus grande marge de progression. A Sfax, il a été précieux aussi bien devant la défense pour faire le sale boulot aux côtés de Sassi, qu’au poste d’arrière latéral ou sa qualité de centre et ses débordements ont fait merveille dans la machine ultra-offensive du CSS.
Puissant et à l’aise balle au pied, Ndong a tout ce qu’il faut pour devenir un milieu box-to-box de premier ordre. Ses 2 matchs aboutis (avec un but à la clé) face au TP Mazembe fin 2013 en finale continentale avaient donné un aperçu de sa classe, il a confirmé lors de la campagne de Ligue des Champions l’année suivante, notamment en dévorant tout cru le milieu de terrain de l’Espérance de Tunis.
But Ndong face au TP Mazembe (sur débordement de Ben Youssef) :
Quelques imperfections demeurent néanmoins, son indiscipline en particulier. Sa blessure stupide en février dernier (en frappant un panneau publicitaire) l’a écarté des terrains 2 mois alors que le CSS allait enchaîner plusieurs matchs décisifs. Ses velléités de départ l’ont par la suite isolé du groupe à force de bouder les entraînements, et il n’a disputé que 4 rencontres depuis septembre. Mais une chose est sûre : Au maximum de ses dispositions physiques et psychologiques, Ndong peut être un atout considérable pour Lorient.
Bonus Golazo Ben Youssef (avec Sassi au départ de l’action)
