Les courageux qui ont bravé samedi la fournaise du stade de Radés ont eu le privilège d’assister à la finale la plus ouverte et la plus spectaculaire de ces dix dernières années. Menée 2-0 puis 3-2, l’ESS a eu les ressources mentales et physiques pour revenir et s’imposer (4-3) ponctuant ainsi un mois d’août harassant mais couronné de succès. Valeureuse et très inspirée offensivement, la « staïda » a été moins solide derrière que son adversaire et n’a pu freiner Baghdad Bounedjah, auteur d’un triplé.

A deux semaines de la reprise et une semaine avant le match de la sélection nationale, il fallait bien caser la finale de Coupe, dans un week-end ou la cité sportive de Radés abritait aussi la phase finale de la Coupe d’Afrique de Basketball. Un samedi à 15 heures en pleine canicule, même si on n’a pas le choix, c’est un horaire délicat pour une compétition déjà expédiée à la va-vite (huitièmes, quarts et demies entre le 4 et le 26 août).

L’Etoile du Sahel, confrontée à son 7ème match en 25 jours, se devait de finir le boulot après s’être frayé un chemin avec autorité - deux chocs gagnés haut la main contre le Club Africain et Sfax, une demi-finale exemplaire (1-4) à Zarzis - et gagner l’un des deux trophées encore en jeu dans cette année 2015. Mais pour sa première finale, le SG ne venait certainement pas en victime expiatoire.

Bguir dans un fauteuil, fin de mi-temps ébouriffante de l’Etoile

Avec le feu follet de la sélection espoirs Saad Bguir à la baguette, Gabès ne s’est pas gêné pour exploiter les failles dans l’axe (défense centrale et entrejeu) de l’ESS, visiblement pas dans un grand jour. Dès la 3ème minute, Bguir glisse la balle à l’éphémère international Essifi qui se décale parfaitement sur son pied droit et trompe Mathlouthi.

Rebelote 20 minutes plus tard, avec encore Bguir au départ de l’action, dans une zone (entre les 35 et 25 mètres dans le camp de l’Etoile, dans l’axe ou à droite) ou il s’est baladé comme il voulait durant toute la rencontre. Sa frappe contrée arrive sur Ahmed Hosni, qui devance la sortie de Mathlouthi. 2-0 après 24 minutes, les sahéliens sont sonnés par un improbable scénario catastrophe.

Le SG a pris le large. Trop tôt. Et se retrouve acculé dans ses derniers retranchements trop vite. Les hommes de Benzarti remettent le pied sur le ballon. Sans affolement dans la construction, mais la lucidité pour finir les actions n’y est pas. Bangoura et Mouhbi, qui marchaient sur l’eau ces dernières semaines, semblent les plus marqués physiquement. Après un été impérial et des victoires de prestige à la pelle, les supporters étoilés craignent que le match de trop arrive au pire moment. Brigui, trouvé en retrait à 2 reprises par Nagguez, gâche des positions de tir idéales. Le siège était néanmoins compliqué à tenir, et Gabès craque deux fois avant la mi-temps. Encore Nagguez, encore une passe en retrait, et Bangoura réduit le score en force. Coup-franc de Lahmar sur la transversale, Bounedjah qui a bien suivi égalise. 2-2, tout est à recommencer.

Bounedjah fidèle à lui-même

Le Stade Gabésien s’est peut-être cru à l’abri un peu trop vite, mais les joueurs de Mourad Okbi ne vont pas rester la tête dans le sac bien longtemps. L’Etoile ne tire pas les leçons de la première période, et laisse trop de liberté à Saad Bguir. Le futur joueur de l’Espérance enclenche une action collective de classe qu’Essifi ruine par une conduite de balle trop longue. Puis redonne l’avantage au SG sur un coup-franc à l’entrée de la surface. Frappe pied gauche au ras du poteau, les outsiders repassent devant.

C’est grâce à son attaquant algérien que l’Etoile ne va pas sombrer. Bounedjah est une tête brûlée, peut péter les plombs à tout moment, collectionne les cartons stupides, mais s’il montre son talent avant de laisser son caractère volcanique s’exprimer, on ne retient que les bons côtés. Hier, les buts décisifs sont intervenus avant le côté obscur de la force. Dr Jekyll a ficelé son triplé en frappant 2 fois en seconde mi-temps (tête smashée puis plat du pied « bouteille en plastique rentrante » sur un service de l’indispensable Nagguez) ensuite Mr Hyde est arrivé. Insultes, carton rouge, deux coéquipiers pour l’empêcher d’écharper l’arbitre.

La Staïda ne s’en remettra pas, et s’incline finalement 4-3. L’Etoile remporte sa troisième coupe consécutive - la première de la carrière de Faouzi Benzarti - et conclut son été de folie par un trophée.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee