Il aura fallu attendre le bout du suspense pour que le Sénégal ne décroche enfin son premier titre continental. Un titre qui ne souffre d’aucune contestation après une finale dominée.
Le Queirozismo allait-il encore de nouveau frapper ? On y a longtemps cru. Surtout quand, d’entrée de partie, l’immense Saliou Ciss obtenait un penalty pour le Sénégal qui aurait pu/dû tout déclencher. Mais pour mieux écrire sa légende, Sadio Mané décidait d’ouvrir son dernier chapitre dans cette CAN par un échec. Face à lui, le tout aussi immense Gabalski s’interpose et laisse ses Pharaons dans le match. Une Égypte sauce Queiroz qui fait du classique : défense à outrance, capacité à plier sans jamais rompre, à savoir subir la domination adverse tout en réduisant les réelles opportunités à son adversaire à peau de chagrin, même si cette fois, les Lions se créent des situations par Ismaïla Sarr, Famara Diedhiou ou encore Cheikhou Kouyaté. Mais encore une fois, les Pharaons ont réussi à endormir le match, d’abord par des fautes hachant le jeu, ensuite par de sérieuses alertes placées en contre contraignant Édouard Mendy à briller, notamment devant la frappe de Salah en fin de premier acte. La suite, peu d’occasions, un match anesthésié par le Queirozismo égyptien et une inévitable prolongation.
Si le Sénégal se réveillait lors de la première période, Bamba Dieng forçant Gabaski à briller encore et toujours, le second acte était celui des Pharaons, mais Mendy veillait. Comme à chaque tour dans cette CAN avec l’Égypte, tout se jouait aux tirs au but. Gabaski et sa bouteille faisaient craindre le pire au peuple sénégalais, mais en face Édouard Mendy rappelait qu’il était le meilleur gardien du monde en 2021/22 pour permettre à son capitaine de conclure l’affaire. Sadio Mané s’avancé, un bref regard vers les cieux, une prise d’élan immédiate et une frappe sèche plus tard, il permettait au Sénégal de devenir le quinzième pays africain à décrocher une Coupe d’Afrique.
Le bilan
Certains retiendront les polémiques, d’autres chercheront une fois encore à comparer les compétitions continentales entre elles afin de hiérarchiser leur football. Alors que la CAN camerounaise tire sa révérence, qu’en restera-t-il ? D’abord le fait qu’une fois encore, les vérités des groupes ne sont jamais celles de la formule coupe. Brillants en première phase, Nigeria puis Maroc sont ainsi tombés, à chaque fois de la même manière, en perdant le fil. Les Super Eagles ont buté sur la discipline tactique tunisienne, qui s’est malheureusement effilochée au tour suivant alors que les Aigles semblaient s’affirmer au fil des matchs, alors que les Lions de l’Atlas, comme Côte d’Ivoire et Cameroun, sont tombés dans le piège tendu par la froide Égypte de Carlos Queiroz. Une Égypte qui n’a jamais brillé, n’a jamais su véritablement faire briller son étoile Mohamed Salah. Mais le tour final a donc sa vérité, le Sénégal l’a aussi démontré en choisissant le chemin inverse. Totalement insipide en phase de groupe, la bande à Aliou Cissé n’a cessé de monter en régime, sorte de France 2006 appliquée à la CAN, pour finalement aller chercher un titre largement mérité. Il n’a finalement manqué à cette finale que le Cameroun, qui a mentalement explosé en demi-finale, lui aussi pris dans les mailles du filet tendu par les hommes de Queiroz et qui était pourtant lui aussi monté en puissance, emmené par quelques hommes clés, notamment son duo s’attaque Aboubakar / Toko-Ekambi. Mais avant de parler des hommes, il convient de délivrer d’autres mentions honorables. Au Burkina Faso d’abord, emmené par son capitaine Bertrand Traoré et qui aura été spectaculaire dans son jeu de transition, à la formidable Gambie du duo Musa Barrow – Ablie Jallow (et leurs frappes assez folles) et forcément aux Comores, autre belle surprise de l’édition. Mention spéciale aussi à la Sierra Leone et son gardien Mohamed Kamara et au Gabon qui, malgré une atmosphère des moins propice à jouer, est pourtant parvenu à le faire et montrer surtout de belles choses. Reste enfin quelques déceptions : celle d’une Algérie ultra-favorite mais qui a semblé totalement fatiguée, non pas physiquement, mais surtout mentalement, quittant ainsi logiquement la compétition dès le premier tour ; celle du Mali, force tranquille de la phase de groupes mais tombé sans sembler capable de trouver la solution face à une Guinée équatoriale parfaitement organisée ; celle enfin du Ghana rapidement dépassé dans son groupe.
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Quant aux joueurs, si l’histoire retiendra évidemment l’immensité d’Édouard Mendy dans les buts, impossible de ne pas de Mohamed Abou Gabal, dit Gabalski, LE portier de cette CAN tant l’ancien numéro 2 de la sélection égyptienne a été le principal artisan du l’incroyable parcours des Pharaons. Mention spéciale à ce poste pour le Sierra Léonais Mohamed Kamara et le Burkinabé Hervé Koffi. En défense, on retiendra la solidité marocaine, le duo central Aguerd – Saïss d’une part, la CAN XXL d’Achraf Hakimi de l’autre, tout en notant aussi l’incroyable trio sénégalais Abdou Diallo – Kalidou Koulibaly – Saliou Ciss, les Lions n’encaissant que deux buts durant la compétition, et en délivrant quelques mentions spéciales à l’essentiel Bruno Ecuele-Manga, leader des Panthères gabonaises, à son équivalent burkinabé Edmond Tapsoba, probablement le meilleur défenseur de la CAN qui a clairement sa place dans un onze-type si l’on décide de ne pas lui préférer des paires déjà établies, à la locomotive Nouhou Tolo ou encore à l’une des révélations du tournoi, le Pharaon Mohamed Abdelmonem. Au milieu, on soulignera le rôle clé de Mohamed Elneny avec l’Égypte, celui de Moumi Ngamaleu côté Cameroun, l’importance de Gustavo Sangaré dans le système des Étalons burkinabés ou encore celui de Youssouf M'Changama côté Comores. Mais on choisira deux hommes clés, deux créateurs de football : Ibrahim Blati Touré, sorte d’Andrea Pirlo burkinabé, et Nampalys Mendy, absent des deux premiers matchs du Sénégal, mais qui s’est rapidement installé et pourrait bien être la clé à la montée en puissance des Lions. Mention spéciale là aussi aux Gambiens Jallow et Musa Barrow déjà cités ou encore à l’Équato-guinéen Ibán. Devant eux, impossible de ne pas choisir Karl Toko-Ekambi dans un couloir tant le Lyonnais a été l’une des fers de lance de l’attaque camerounaise. Même remarque pour Sofiane Boufal, que l’on placerait bien dans un onze type aussi pour mieux se rappeler que sa sortie prématurée en quart de finale a sans doute contribué à l’échec du Maroc qu’il portait à bout de bras. Impossible enfin de ne pas choisir deux hommes clés de leur sélection, deux leaders qui ont véritablement brillé et porté les leurs, résistants à toute pression. Vincent Aboubakar d’une part, avec ses huit buts, sa présence à la pointe du Cameroun, et évidemment la légende Sadio Mané dont le regard vers le ciel et le dernier tir au but de l’épreuve resteront à jamais dans l’histoire. C’en est donc terminé de la CAN 2021, l’Afrique va désormais se préparer à d’immense duels pour la Coupe du Monde avant, en juin 2023, de se tourner vers la Côte d’Ivoire pour la 34e édition de la CAN.
Photo une : CHARLY TRIBALLEAU/AFP via Getty Images