Dernier tournoi qualificatif pour la prochaine Gold Cup, la Copa Centroamericana a débuté ce vendredi et promet quelques jolis duels entre quelques nouvelles places fortes de la CONCACAF. Présentation.

Habitués de LO, vous attendez sans aucun doute la prochaine Gold Cup, équivalent nord-américain de l’Euro ou de la Copa America, qui se déroulera aux Etats-Unis en juillet prochain. Mais si vous êtes de nouveaux curieux, aussi probablement amenés par ici suite à l’annonce de l’expansion de la Coupe du Monde et du doublement des places offertes à la CONCACAF, avant de déguster ce qu’il se fait de mieux en Amérique du Nord l’été prochain, il y a quelques étapes de qualification préliminaires. Car si les USA et le Mexique sont qualifiés d’office, les autres nations de la CONCACAF disputent divers tournois pour pouvoir accéder à la Gold Cup. Parmi ces tournois, la Copa Centroamericana 2017 débutait cette nuit et oppose sept nations du cœur de la zone CONCACAF, l’une des zones qui actuellement montre le plus de densité et une progression constante.

Du côté de l’histoire, la Copa Centroamericana est née en même temps que la Gold Cup. Alors que les USA viennent de se voir attribuer l’organisation de la phase finale d’une Coupe du Monde et après la belle performance du Costa Rica lors de la Coupe du Monde 1990, la CONCACAF décide alors de créer la Gold Cup, invitant alors les Ticos. La UNCAF (Union Centro-Américaine de Football) organise alors un tournoi qualificatif pour cette première Gold Cup, la UNCAF Nations Cup et née, elle deviendra ensuite la Copa Centroamiercana. Disputée tous les deux ans, cette compétition est traditionnellement dominée par le Costa Rica, qui, avec huit succès et quatre finales, est encore loin devant la concurrence. Derrière, Honduras, Guatemala et Panamá sont les seuls autres vainqueurs du trophée.

Sept équipes, cinq places. Il y aura donc deux enjeux : le tournoi et la qualification à la Gold Cup. Habituellement réparties en deux groupes, les équipes se sont finalement retrouvées dans une poule unique, conséquence d’une suspension non levée pour le Guatemala. On aura donc droit à un tour unique, un grand championnat au cours duquel tout le monde s’affrontera. Les quatre premiers de ce championnat disputeront la prochaine Gold Cup, le cinquième s’offrira un match de barrage à haut risque face à Haïti.

L’année de Panamá ?

Hôte de l’édition 2017, 6 ans après sa dernière organisation, Panamá a changé de dimension depuis quelques saisons. Longtemps dans l’ombre, les Canaleros ont réussi quelques coups avant de gagner en régularité. Privés de barrage pour la Coupe du Monde dans les derniers instants du dernier match en 2013, volés d’une finale de Gold Cup par une décision arbitrale plus que limite en 2015, très intéressants lors de la dernière Copa América Centenario, les hommes d’Hernán Darío Gómez ont acquis des certitudes collectives et individuelles. Román Torres et Felipe Baloy en tribunes, on retrouvera tout de même avec plaisir quelques cadres de ce nouveau Panamá qui s’appuiera derrière sur l’homme de l’Atlético Nacional, Roderick Miller et qui, au milieu et devant, laissera parler les talents individuels des Anibal Godoy, Armando Cooper, Alberto Quintero et autres Abdiel Arroyo. De quoi en faire, effet domicile, les favoris de l’épreuve, eux qui se classent dans le top 4 depuis l’édition 2005.

Mais il ne faudra pas enterrer le Costa Rica. Ayant désormais largement digéré l’horrible épisode Wanchope, les Ticos ont été relancés depuis août 2015 par Óscar Ramírez qui a depuis accumulé 65% de victoires au cours des 20 matchs qu’il a dirigés. Malheureusement pour le technicien costaricain, la Copa Centroamericana n’étant pas inscrite dans les dates FIFA, il se retrouve avec un groupe amputé de ses stars. Oublié Keylor Navas dans la buts, Celso Borges au milieu, ou les Bryan Ruiz et autres Joël Campbell devant, les légionnaires Ticos seront des joueurs majoritairement venus de la MLS auxquels s’ajoutent Deyver Vega, de Brann ou Jhon Jairo Ruiz de l’Etoile Rouge qui devrait être l’un des hommes à suivre sur le front de l’attaque pendant cette Copa qui offre finalement à Ramírez l’occasion de procéder à une vaste revue d’effectif en vue de la prochaine Gold Cup. On y suivra tout de même avec attention le jeune Gerson Torres, 19 ans, qui a déjà tapé dans l’œil du géant América.

Derrière les deux grands prétendants, les interrogations planent autour du Honduras. Les Catrachos de Jorge Luis Pinto auraient largement de quoi faire office de troisième prétendant au titre mais les bouleversements entrepris par le coach colombien pourraient avoir changé la donne. C’est donc un Honduras privé de 7 joueurs convoqués lors de la dernière phase de qualification à la Coupe du Monde qui se présente pour cette Copa, le sélectionneur national ayant clairement fait passé le message« j’ai senti que certains joueurs ne donnaient pas tout pour le maillot et cela portait préjudice au rendement de l’équipe mais la Copa Centroamericana servira à faire mûrir certains joueurs qui pourraient prendre part aux éliminatoires pour la Coupe du Monde. » Le message est limpide, reste donc à savoir si ce Honduras hybride peut se relancer et venir titiller les deux autres favoris.

Reste les trois autres concurrents qui, si tant est que le football est une affaire de logique, devraient lutter pour l’une des deux dernières places de barragiste (celle directement qualificative et celle de barragiste). Le grand favori de ce groupe pourrait être le Salvador. Après les scandales de corruption qui vont valu le bannissement à vie de 14 internationaux en 2013, après que ses joueurs ont mis sous le feu des projecteurs les tentatives de corruption dont ils ont été les victimes en septembre dernier (lire La sélection Salvadorienne entre en lutte contre la corruption), la Selecta d’Eduardo Lara, ancien sélectionneur des jeunes colombiens avec qui il a atteint un quart de finale mondial et remporté un tournoi de Toulon, peut s’appuyer sur un bilan positif face aux deux autres membres de ce groupe (Nicaragua et Belize n’ont jamais triomphé face à la Selecta) et sur les deux flèches offensives Rodolfo Zelaya et Nelson Bonilla, l’autre « européen » de la sélection avec l’Islandais Pablo Punyed. Souvent placé aux portes du top 5, le Nicaragua espère bien franchir ce cap cette année, profitant ainsi de l’absence du Guatemala, pour retrouver les joies d’une Gold Cup que les Nicas n’ont connu qu’à une seule reprise dans leur histoire. Les joueurs d’Henry Duarte, en poste depuis près de 3 ans, vont devoir gérer un calendrier des plus compliqué qui les verra débuter par les trois géants de la zone avant d’espérer aller lutter avec le groupe des trois autres pour terminer leur compétition. Restera donc à savoir si le moral des troupes sera encore intact, la sélection Azul y Blanco, pouvant alors venir se mêler à la lutte pour la quatrième et la cinquième place. Enfin, du côté du Belize, le rêve fou de 2013 (quatrième et donc première qualification de l’histoire pour une Gold Cup) est encore bien présent et la sélection du polonais Richard Orlowski aborde la compétition avec confiance, s’appuyant sur le héros Ian Gaynair, seul buteur de la sélection en Gold Cup, et la star de l’attaque, Michael Salazar, le joueur MLS du groupe. On suivra également avec attention le jeune Jordy Polanco, l’une des promesses du football local.

Première journée : le Honduras s’en sort

Si la UNCAF peut déplorer l’absence d’engouement populaire, le Rommel Fernández sonnant creux, la première journée aura débouché sur des rencontres annoncées jouées d’avance mais qui finalement se sont montrées bien plus difficiles que prévu pour les géants. Premier à entrer en piste, le Honduras a souffert comme un diable pour se débarrasser d’un Nicaragua accrocheur et très intéressant qui ouvrait le score à l’abord du milieu du premier acte. Jorge Luis Pinto ne décolérait pas, même après l’égalisation rapide d’Eddie Hernández. Il faut dire que dans le jeu, la H souffrait et en seconde période, le sélectionneur colombien tentait d’apporter plus de présence dans l’entrejeu pour voir sa sélection prendre véritablement le contrôle de la partie. Cela fonctionnait un instant, le temps pour Erick Andino de profiter d’un ballon repoussé par Justo Lorente sur une frappe d’un autre entrant Michaell Chirinos et ainsi donner l’avantage aux siens. Mais finalement, les Catrachos pouvaient remercier Luis Buba López qui les sauvait à deux reprises et leur permettait de préserver trois précieux points.

Précieux car dans les deux autres rencontres, ni le Costa Rica, ni Panamá ne sont parvenus à s’imposer. D’un côté, Costa Rica et Salvador se sont neutralisés après notamment un premier acte riche en opportunités pour la Selecta, faisant de Pemberton le héros de cette mi-temps. Le portier Tico savait devant Óscar Cerén puis Nelson Bonilla dont l’association avec Fito Zelaya posait d’énormes soucis à la défense costaricaine. En seconde période, le Salvador conservait le rythme, générait du danger, Zelaya continuant d’affoler l’arrière garde adverse. La domination était salvadorienne mais le Costa Rica se procurait à son tour quelques situations sans parvenir à concrétiser. Les joueurs d’Óscar Ramírez sortent ainsi heureux de décrocher un point, le Salvador sort plein d’espoir. De l’autre, les Canaleros panaméens ont tout tenté face au Belize mais malgré une possession de tous les instants (67-23), une multitude d’occasions (14 tirs à 3, cinq sauvetages de Woodrow West, le portier adverse), jamais ils n’ont réussi à prendre le dessus sur un Belize recroquevillé qui a géré un bon point.

 
Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.