A peine la Copa América se termine que son équivalent nord-américain ouvre ses portes. Et comme d’habitude, la grande question reste de savoir si un autre membre de la confédération pourra se mêler au règlement de compte annoncé entre Etats-Unis, Mexique et Costa Rica.

Quelques heures après les dernières vibrations sud-américaines, direction le nord avec l’ouverture de la 13ème Gold Cup (ou Copa de Oro selon votre zone de la CONCACAF), à un an de voir les deux Confédérations se mélanger pour une Copa América Centenario qui aura également lieu aux Etats-Unis, pays hôte de l’édition 2015 avec le Canada qui pour la première fois accueillera deux matchs d’une Gold Cup. Rayon nouveauté, l’édition 2015 verra le retour de la finale pour la troisième place et s’organise désormais de manière identique à sa sœur sud-américaine, les 12 engagés étant répartis en trois groupes de quatre dont les deux meilleurs ainsi que les deux meilleurs troisièmes sortiront pour aller en quart de finale. A noter enfin que les quatre meilleures équipes (à l’exception des USA, du Mexique, du Costa Rica et de la Jamaïque) se qualifieront pour les play-offs qui permettront de décider les deux derniers représentants de la Confédération à la prochaine Copa América Centenario.

Après le parcours de trois des quatre représentants de la Confédération lors de la dernière Coupe du Monde, la Gold Cup 2015 s’annonce relevée. Car entre les ambitieux américains sortis de justesse face à la Belgique, l’ogre mexicain, éliminé sur une polémique arbitrale face aux Pays-Bas, et la sensation costaricaine, quart de finaliste éliminé sans perdre et sorti vainqueur d’un groupe composé uniquement d’anciens champions du monde, la lutte sera dantesque. Au point qu’on en vient à se demander si une autre nation parviendra à s’offrir une place au soleil.

Groupe A : Etats-Unis, Haïti, Panama, Honduras

Comme à l’accoutumée, le Groupe A est celui du pays hôte, les Etats-Unis. Convaincants en Coupe du Monde, emmenés par une nouvelle génération en constante progression, les tenants du titre (voir Gold Cup : en toute logique) sont grands favoris à leur propre succession. Du haut de leurs 5 finales sur les 5 dernières Gold Cup, les hommes de Klinsmann n’ont perdu que 2 matchs en 2015 et restent sur des victoires de prestige face aux Pays-Bas à Amsterdam et surtout face aux champions du monde allemands à Köln. Les Yedlin, Bradley, Dempsey et autres Altidore, Zusi et Zardes forment un groupe d’une homogénéité que jamais les USA n’ont connue au point que tout autre résultat qu’une nouvelle finale serait un échec.

Mais attention car le groupe A a tout du piège. Mondialiste au Brésil, le Honduras récupère José Luis Pinto, l’homme qui a mené le Costa Rica à un quart de finale mondial historique (nous y reviendrons), et s’il s’appuie toujours sur quelques anciens et expérimentés comme Maynor Figueroa, il semble désormais opérer la transition avec les jeunes et notamment les prometteurs Andy Najar, déjà en Europe, et Anthony Lozano, buteur vedette d’Olimpia. Epaulés par des Brayan Beckeles, Johnny Palacios ou encore Oscar Boniek Garcia, ils forment une sélection qui devrait être une fois encore un des outsiders d’une compétition dans laquelle les Catrachos sont devenus un habitué des demi-finales. La grande question est donc de savoir quelle place il restera aux deux autres membres du groupe, le Panama et Haïti. Poil à gratter de la zone sous Dely Valdes, demi-finaliste en 2011, finaliste en 2013, les Canaleros panaméens sont désormais conduits par un colombien, Hernán Darío Gómez, l’homme qui avait conduit l’Equateur à sa première Coupe du Monde en 2002 et compteront encore sur les vieillissants Blas Pérez et Luis Tejada pour conduire leur attaque. Panama sera le principal rival du Honduras dans la course à la seconde place et ne devra pas manquer son match d’ouverture face au petit poucet du groupe Haïti (qui ne lui réussit jamais réellement (7 défaites pour 2 victoires en 12 matchs amicaux entre les deux équipes) pour ne pas se mettre en danger dès le départ. Coachés par Marc Collat, emmené par quelques joueurs estampillés Ligue 1 dont Johnny Placide et l’ancien parisien Jean-Eudes Maurice, les Grenadiers, troisièmes des deux dernières Coupes de Caraïbes, n’auront d’autre ambition que celle de venir perturber les pronostics.

Groupe B : Costa Rica, Jamaïque, El Salvador, Canada

La révélation de la Coupe du Monde 2014 est le grand favori d’un groupe qui lui semble promis. Le Costa Rica des Saborio, Ruiz et autres Campell sort cependant d’un après Coupe du Monde passé à laver son linge sale en place publique, José Luis Pinto n’étant resté entraîneur héros que quelques semaines, le temps de claquer la porte et régler ses comptes avec les autres membres de l’équipe technique et les dirigeants. Place désormais à Paulo Wanchope, l’ancien de City, qui devra se passer de son gardien vedette Keylor Navas mais de devrait pas avoir trop de mal à conduire ses Ticos au minimum en quart de finale.

Attention cependant à la Jamaïque. Depuis le 0-8 face à l’Equipe de France en amical, les Reggae Boyz de Winfried Schäffer ont largement remonté la pente. Au point de réaliser une Copa América loin d’être mauvaise. Certes la Jamaïque a perdu ses trois matchs mais ne l’aura fait que par un but à chaque fois, réussissant même à faire douter le Paraguay et l’Uruguay, pouvant même regretter quelques occasions manquées en ouverture face à la Celeste (voir Troisième jour : un champion poussif). Ce sera forte de cette expérience et les quelques certitudes qu’elle a offertes, que la Jamaïque, vainqueur de la Coupe des Caraïbes 2014, se présente à la Gold Cup et peut logiquement envisager une présence en quart de finale si elle maintient le niveau affiché au Chili. D’autant qu’outre le Costa Rica, le groupe B reste à leur portée avec Canada et El Salvador. Coaché par l’ancien du Real, Benito Floro, le Canada, qui jouera le dernier match du groupe face au Costa Rica à domicile, rêve secrètement de renouer avec son passé, lui n’a pas passé la phase de groupe lors des deux dernières éditions, a quitté la campagne de qualification mondiale sur un honteux 1-8 face au Honduras, et s’appuiera pour cela sur sa star Tosaint Ricketts et sa nouvelle pépite, grande promesse, Cyle Larin a qui l’Europe semble déjà promise. Reste enfin El Salvador. Si la Selecta n’est jamais annoncée comme un grand outsider de l’épreuve, elle reste sur deux quarts de finale de Gold Cup et peut compter sur la jeune colonie du FAS pour venir déjouer les pronostics.

Groupe C : Mexique, Cuba, Guatemala, Trinité et Tobago

Le géant et les petits. Voilà comment résumer un groupe C dont l’identité du vainqueur semble connue d’avance. Oublié les réservistes envoyé à la Copa América, même privé de Chicharito et Hector Moreno blessés de dernière minute, le Mexique du Piojo Herrera devrait survoler le groupe et n’attend qu’une chose : retrouver les USA en finale. Il faut dire que le premier tour ressemble à une simple phase de préparation pour le Tri. Face à lui, Trinité et Tobago, Guatemala et Cuba semblent en effet loin du niveau requis pour venir perturber l’ogre de la CONCACAF et devraient se contenter de lutter pour la seconde place. Les Soca Warriors de Stephen Hart comptent dans leurs rangs quelques expatriés (dont deux « belges » Sheldon Bateau et Khaleem Hyland mais devront oublier leurs derniers mois, n’ayant plus gagné depuis novembre 2014 et, pire, restant sur cinq matchs sans avoir marqué le moindre but. Côté Guatemala, Ivan Franco Sopegno s’appuie sur de nombreux joueurs du grand club local Comunicaciones et comptera sur sa star Marco Pappa, l’un des trois joueurs évoluant en MLS, pour venir prendre la seconde place. Reste enfin l’inconnue Cuba. Le groupe de Raúl González Triana, quart de finaliste en 2013, vient poursuivre sa progression et montrer que le développement du football est sur la bonne voie (voir notre grand format Le football : l'autre révolution cubaine).

Trois groupes comptant chacun leur géant, quelques outsiders potentiels (surtout dans les groupes A et B), la Gold Cup 2015 ouvre donc ses portes et offrira un superbe aperçu de ce que la CONCACAF peut offrir à un an de la Copa América Centenario. Elle sera bien évidemment à suivre sur LO.

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.