Après la victoire surprise de Pachuca lors du dernier Clausura et une Copa América qui a fini par traumatiser un pays, le championnat reprend ses droits et devrait une fois encore promettre bien des émotions.

La Liga MX aborde une nouvelle saison et pour le 96e tournoi de l’histoire, la grande révolution est l’introduction de la règle du 10/8. Pour faire simple, alors que jusqu’ici les clubs mexicains devaient faire avec un quota de 5 joueurs étrangers dans leur effectif mais pouvaient accumuler les binationaux (sachant qu’un sud-américain acquiert la nationalité au bout de 2 ans de présence sur le sol mexicain), ils peuvent désormais en compter autant qu’ils le veulent à la condition de n’aligner que 10 joueurs étrangers (binationaux compris) et 8 joueurs nés sur le sol mexicain à chaque feuille de match. Une révolution qui devrait à terme ouvrir davantage les vannes de l’AmSud, principal pourvoyeur de joueurs en Liga MX. C’est le principal changement d’une Liga MX qui s’annonce une fois encore bien indécise, la liste des prétendants ne cessant de croître à mesure que le casting se densifie. Tour d’effectif.

Guide des surnoms

Pour bien suivre le championnat, voici un petit guide des surnoms des clubs. Par souci de simplification, nous ne vous en donnons qu’un, plusieurs surnoms étant souvent attribués à certains clubs.

- América : Las Águilas

- Atlas : Los Zorros

- Chiapas : Los Jaguares

- Cruz Azul : La Máquina

- Chivas : Las Chivas

- León : La Fiera

- Monterrey : Los Rayados

- Morelia : Los Monarcas

- Necaxa : Los Rayos

- Pachuca : Los Tuzos

- Puebla : Los Camoteros

- Querétaro : Los Gallos Blancos

- Santos Laguna : Los Guerreros

- Tijuana : Los Xolos

- Toluca : Los Diablos Rojos

- Tigres : Los Felinos

- UNAM : Los Pumas

- Veracruz : Los Tiburones Rojos

A tout seigneur tout honneur, débutons par Pachuca. Champion quelque peu surprise (même si ses qualités ne sont plus à démontrer), Pachuca aborde la nouvelle temporada avec sa jeunesse dorée qui se retrouve désormais forte d’un titre national. La grande question reste désormais de savoir si les Tuzos peuvent renouveler l’expérience. Principal souci pour les coéquipiers de la légende Óscar Pérez, les Jeux Olympiques. Revers de la médaille (d’or ?) lorsqu’on est la cantera du football mexicain, un tournoi olympique vous prive de vos meilleurs jeunes, éléments clés des Tuzos. C’est ainsi sans Hirving Lozano, Erick Gutiérrez, Victor Guzmán ou les nouveaux arrivants Raúl López et Erick Aguirre que le champion va débuter son tournoi. Si un tel vide pourrait bien lui coûter des points au départ, nul doute qu’une place en Liguilla n’apparait pas véritablement menacée. A suivre particulièrement, les capacités de rebond de l’excellent Wilson Morelo qui a tenté de surnager dans le désastre Dorados et qui se voit offrir une vraie belle chance de montrer sa valeur après le départ d’Ariel Nahuelpan.

Reste que le combat s’annonce des plus difficiles face à trois autres équipes bien décidées à aller chercher le titre. Première d’entre elles, le champion continental et futur centenaire, América. Si les Águilas laissent partir leur buteur Dario Benedetto pour l’Argentine, le recrutement ne se mesure pas en quantité mais en qualité : Silvio Romero, machine en but en Liga MX, débarque accompagné de l’international équatorien Renato Ibarra et du solide Bruno Valdez. Le tout avec un groupe quasiment inchangé qui n’a désormais qu’un objectif, célébrer le centenaire par un nouveau titre, América a tout pour être le grand favori de l’Apertura. Mais à ses côtés, le duo de Monterrey possède de solides arguments. Du côté des Rayados, on procède également par retouche en cherchant à renforcer un effectif déjà imposant. L’excellent Alexander Domínguez vient apporter une rude concurrence dans les buts, José Basanta pose définitivement ses valises, Iván Piris est l’un des jolis coups de l’été et le trio Celso Ortiz, Alfonso González et Yimmi Chará (ce dernier, de retour de prêt aux Dorados) vient enrichir l’offre au milieu, sans doute comme pour s’éviter des coups du sort comme l’absence de Carlos Sánchez en finale du dernier tournoi qui n’a finalement jamais été compensée et a causé bien des dégâts. Du côté du voisin Tigres, on oscille entre deux sentiments. Car si Tuca Ferretti peut conserver son effectif tel quel d’ici la fin de mercato, Tigres a tout de l’épouvantail. Avec un Rafael Sóbis déjà parti, Tuca se retrouve contraint de reconstruire son animation offensive. Il pourra compter sur le retour de prêt de l’excellent Luis Quiñonez et l’arrivée du buteur Ismael Sosa, deux armes des Pumas. L’heure est aussi sans doute venue pour Lucas Zelarayán de saisir sa chance au milieu. Attention tout de même à la ruse de Ferretti, capable de surprendre son monde quand on l’attend le moins. Mais les rumeurs insistantes de départ de Damm, Gignac et surtout de Guido Pizarro pourraient avoir bien des conséquences.

Non loin de ces quatre favoris annoncés, la part faite aux outsiders reste importante, c’est même l’une des spécialités mexicaines. Aussi on suivra avec attention le duo Chivas - Pumas. Du côté du Rebaño, les deux titres décrochés par Almeyda en huit mois de présence sur le banc augurent de lendemains joyeux dans bien des esprits des hinchas. Il faut dire que Chivas réussit un joli coup en attirant dans ses filets el Gallito Vázquez et peut désormais s’appuyer sur des certitudes dans le jeu et un capital confiance parfaitement réinjecté par el Pelado Almeyda. Toute la question est désormais de savoir si cela sera suffisant pour venir se mêler à la course au titre (même si une place en Liguilla est largement envisageable) et de voir comment le Rebaño digèrera les absences des olympiques que sont notamment Carlos Salcedo et Carlos Cisneros.

Fidèles à leurs habitudes, les Felinos de Mexico sont allés piocher dans le réservoir maison pour trouver un successeur à Memo Vázquez et appellent ainsi leur ancien attaquant Francisco Palencia. Même si ce choix est plus dicté par une politique de restriction budgétaire qu’autre chose, le club parvient pour l’instant à limiter les dégâts grâce à la vente de Sosa. Alors les Pumas conservent Britos, Herrera, Martínez et autres Alcoba pour s’appuyer sur du solide et vont tenter le pari de relancer un Pablo Barrera qui n’a finalement guère brillé hors du CU. A voir si cela sera suffisant pour accrocher une Liguilla, d’autant que les prétendants sont nombreux.

D’autant que dans l’ombre, on va encore retrouver les mêmes empêcheurs de tourner en rond que sont Cruz Azul, León ou encore Santos Laguna. Toujours aussi ambitieuse que décevante au final, la Máquina a pourtant les armes pour faire un top 8. Au groupe quasi intact du dernier tournoi, Tomás Boy lui ajoute de quoi se renforcer derrière, talon d’Achille de son équipe, en attirant Julián Velázquez, de retour d’Europe, Adrián Aldrete, Enzo Roco et le champion des Amériques Francisco Silva, tout en s’offrant un joli coup offensif avec l’arrivée de Jonathan Cristaldo qui arrive de Palmeiras. Une fois encore donc, un groupe de grande qualité, mais une fois encore la perspective d’une malédiction qui pourrait tout faire éclater dans le sprint final. Du côté du demi-finaliste León, Luis Fernando Tena dispose du même groupe qui s’est hissé dans le dernier carré du précédent tournoi auquel il vient ajouter quelques renforts de qualité comme Alexander Mejia ou Andres el Rifle Andrade. De quoi muscler davantage un groupe déjà solide qui devrait une fois encore décrocher sans trop de problèmes une place dans le top 8 et pourrait bien être le principal outsider derrière les quatre favoris cités en début de présentation. Autre outsider annoncé, autre à se renforcer par petites touches, Santos Laguna. Les Guerreros ont commencé leur mue avec Luis Zubeldia et vont tenter de la poursuivre avec notamment l’arrivée de l’excellent Jonathan Rodríguez, l’ancienne machine à dynamiter les défenses adverses de Peñarol venu tenter de se relancer après un passage européen des plus décevants.

Fini l’ère de la médiatisation avec Ronaldinho, les Gallos Blancos sont depuis passé à une autre époque avec l’arrivée de Vucetich sur le banc. L’ancien coach des Rayados avait réussi à donner une nouvelle identité au club et poursuit désormais son travail en s’appuyant sur un mélange qui pourrait être détonnant : de jolis coups sur le marché des transferts comme les arrivées d’Andrés Renteria, de Neri Cardozo et de Patricio Rubio, et une cantera de qualité, championne du Mexique u20 sous la houlette de Jaime Lozano désormais adjoint du Rey Midas. Si vous aimez miser sur les surprises, Querétaro est un bon candidat.

Du côté du duo Toluca – Atlas, on est un peu dans le même état d’esprit général, les deux équipes soulèvent plus d’interrogations qu’ils ne livrent des certitudes. Fini l’ère Cardozo chez les Diablos Rojos qui font désormais confiance à Hernán Cristante, ancien grand gardien de la maison rouge, mais devront faire avec un effectif remodelé, marqué notamment par les départs d’Ortiz et Cueva et qui va notamment compter sur le duo brésilien Sinha – Maikon Leite pour densifier son milieu. Côté Zorros, on conserve les mêmes habitudes, une fois que les choses ne fonctionnent pas pendant six mois, on casse tout et on recommence. Gustavo Costas s’en va, dans sa foulée, le ménage est effectué (16 départs, 14 arrivées !) et ainsi un groupe totalement indéchiffrable pour débuter le tournoi qui pourrait ressembler à un énième tournoi de transition.

L’incertitude plane aussi du côté des Jaguares. Entre Cardozo arrivé sur le banc mais qui pourrait quitter la maison Chiapas pour prendre la sélection paraguayenne, le spectre des salaires impayés venu agiter le tournoi précédent et un concours du plus grand nombre d’arrivées et de départ mené avec Atlas, on se demande bien à quoi pourrait ressemble le tournoi des Jaguares dont la chance est pour l’instant de disposer d’un bon matelas qui devrait leur éviter de se retrouver à jouer leur survie lors du Clausura, à la condition tout de même d’éviter de reproduire le terrible 12 points du dernier tournoi. La lutte pour se sortir de la zone de relégation avant le Clausura devrait concerner quatre autres clubs.

Avec 74 points en 68 matches, Morelia débutera la saison en avant-dernière position au classement du pourcentage. Mais son dernier tournoi a été intéressant. S’il n’a un aucun joueur de classe, même si on suivra avec attention La Pulga Raúl Ruidíaz,Morelia pourra cependant compter sur les vieux briscards Luis Gabriel Rey, Rodrigo Millar, Juan Pablo Rodriguez et un coach de renom, Enrique Meza. Reste que sauf surprise, et une éventuelle qualification en Liguilla, c’est en bas, que l’on retrouvera les Monarcas. Avec 79 points en 68 matches, Tijuana est juste devant Morelia au pourcentage, après de mauvais résultats obtenus avec Miguel Herrera, le coach fantasque du Mexique au Mondial 2014 qui reste finalement à la tête du club. Les Xolos pourront compter sur leur attaquant colombien Dayro Moreno, auteur de 20 buts en Liga la saison dernière et de quelques jeunes comme Henry Martín et Kevin Gutiérrez. A ce groupe, el Piojo y ajoute une sélection venue d’Argentine : Javier Hernán García dans les buts, Emanuel Aguilera et Damián Pérez, Ignacio Malcorra et l’ancien millonario Guido Rodríguez au milieu ou encore Milton Caraglio devant, ils sont sept à venir gonfler les rangs de la plus albiceleste des équipes de Liga MX. L’objectif est simple pour Miguel Herrera : maintenir le club et redorer son blason terni l’an dernier en le qualifiant également pour une Liguilla.

Cela fait plusieurs années que Puebla est au bord de la relégation. Mais cette année fut correcte, avec de belles performances de son attaquant Matias Alustiza et de son milieu el Hobbit Bermúdez. Avec un nouvel entraîneur (Ricardo Valiño) qui n’a entraîné qu’en Liga de Ascenco, la saison de la Franja reste très incertaine. Tout comme pour les Tiburones. Lors du dernier tournoi, ces derniers ont ennuyé, ne terminant que devant Chiapas. Mais le duo Juan Ángel Albín- Julio César Furch avait bien fonctionné à l’automne, et Pablo Marini, le nouveau coach s’appuiera sur cette complicité. L’effectif est l’un des plus renouvelés de l’intersaison (12 arrivées, dont l’excellent portier international péruvien Pedro Gallese), et il est difficile de dire à quelle place le club terminera. Une participation à la Liguilla est toujours possible, comme lors du Clausura 2015 mais le spectre d’une lutte pour éviter la relégation peut tout venir déstabiliser.

Reste le cas de Necaxa, le promu de Liga de Ascenco. Lors du dernier tournoi, les Rayos se sont facilement qualifiés pour la Liguilla et remporté le tournoi, leur donnant le droit de disputer la finale face au FC Juarez. Une victoire nette 3-0, et revoilà les Rojiblancos de retour en Liga MX. Aux avant-postes, le vétéran Rodrigo Prieto est resté, le solide Chilien Luis Felipe Gallegos aussi. Mais le gros coup du Rayo reste de réussir à muscler chaque ligne : en défense avec l’excellent Fernando Meza qui arrive de Palestino, devant avec le trio Edson Puch, champion des Amériques avec le Chili, Claudio Riaño et Diego Riolfo et surtout dans les cages avec l’Argentin de River Plate Marcelo Barovero, portier lors de la victoire en Libertadores l’an dernier. Rassurant, pour un club qui ne souhaite qu’une seule chose, se maintenir, et qui pourrait bien venir en surprendre plus d’un.

Programme de la première journée

Par Nicolas Cougot et Diego-Tonatiuh Calmard

Photo une : YURI CORTEZ/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.