Après cinq mois d’intense compétition, l’heure de la grande finale de la Libertadores a enfin sonné. En proposant une finale totalement inédite, l’édition 2016 de la plus grande compétition de clubs sudaméricaine, nous offrira une nouvelle page de sa longue et riche histoire.
Pour la première fois depuis 1991, la finale de la grande compétition sud-américaine se déroulera sans Argentin ou Brésilien. Il y a 25 ans, le club chilien entrait dans l’histoire de l’épreuve en devenant le premier représentant de son pays à soulever le trophée. Cette année, la finale oppose les deux formations séparées de moins de 800 kilomètres et devrait également entrer dans l’histoire. Car si l’Atlético Nacional peut devenir le premier colombien à soulever le trophée pour la deuxième fois, Independiente del Valle peut être le premier à marcher sur les traces de la LDU, seul club équatorien titré en Libertadores.
L’Atlético Nacional, 21 ans plus tard
30 août 1995, tombé lourdement au Brésil, l’Atlético Nacional de Juan Pablo Ángel (buteur à l’aller), ne parvient pas à refaire son retard face au Grêmio de Scolari et de son buteur Mario Jardel. Alors unique vainqueur d’une Libertadores, à l’époque dorée des Verdolagas de Pacho Maturana, l’Atlético Nacional va alors traverser plus d’une décennie sans le moindre éclat en Libertadores (voyant au passage Once Caldas lui succéder au palmarès continental), trouvant en la naissante Copa Sudamericana quelque sourire le temps d’un moment au début du XXIème siècle. Il faudra attendre l’arrivée de Juan Carlos Osorio pour voir les Colombiens se hisser de nouveau régulièrement au tour final de la Libertadores et décrocher une finale de Sudamericana (lire Sudamericana : River écrase la finale). Les fondations alors solidifiées, l’Atlético Nacional va alors ne cesser de revenir sur le devant de la scène. Sous Reinaldo Rueda, les Verdolagas se muent alors en redoutable machine à efficacité.
Photo : RAUL ARBOLEDA/AFP/Getty Images
En s’appuyant sur son 4-2-3-1 qui s’adapte même aux modifications dans son effectif et laisse s’exprimer le large éventail des possibilités qu’offre la pépite Marlos Moreno, capable de jouer dans les espaces, de participer à la construction ou de se transformer en joueur de pointe, l’Atlético Nacional de Rueda est une machine, un rouleau compresseur qui finit inlassablement par prendre le contrôle de ses matchs. Solide défensivement, avec deux nettoyeurs/relanceurs de grande qualité que sont Sebastián Pérez – Alexander Mejia, les Verdolagas comptent sur leur homme-orchestre Macnelly Torres et leur pointe physique et machine à but Miguel Borja pour faire exploser les défenses adverses sous les multiples vagues de leur quatuor offensif. En février dernier, à l’heure de se lancer dans la phase de groupe, le coach colombien avait déjà affirmé ses ambitions : « le projet, c’est de gagner la Libertadores. » Aujourd’hui, son équipe est en finale dont elle est la grande favorite.
Independiente del Valle pour l’histoire
Il faut dire que sur le papier du néophyte ou de celui qui n’a pas suivi les épisodes précédents de la saison 2016, voir Independiente del Valle sur le terrain en finale relève de la grande surprise. Troisième club équatorien à se hisser à un tel niveau après les deux échecs de Barcelona (1990 et 1998) et la victoire de la LDU (2008), les Negriazules n’ont pourtant pas volé leur place en finale, grandissant à une vitesse folle au fil des tours. Ils auront évidemment eu ce brin de chance, à Santiago lors du match pour la qualification face à Colo-Colo, sauvés à plusieurs reprises par les montants, ou encore au Monumental, subissant les 34 frappes millonaria sans jamais exploser. Mais ils auront surtout su faire preuve d’une maturité et d’une sûreté collective qui leur aura permis de redresser toutes les situations les plus mal embarquées comme le doublé de Sosa au quart d’heure au CU ou la surchauffée Bombonera et un but de retard à combler en demi-finale.
Photo : RODRIGO BUENDIA/AFP/Getty Images
La clé du succès de la sensation équatorienne est double. Elle repose sur un travail de longue haleine débuté il y a près de 10 ans auprès des jeunes, et sur un homme Pablo Repetto. Lorsqu’en 2008 la Fédération Equatorienne de Football impose à l’ensemble des clubs de l’élite d’aligner au minimum un jeune sur le terrain pendant 45 minutes, Independiente del Valle s’adapte très rapidement et met en place une politique de formation à l’image de ce qu’il se fait en Europe dans les meilleurs centres. En 2013, près de 600 000 $ sont investis dans le développement des jeunes par le club, soit 30% du budget du club (source). « Notre objectif est de former des sportifs titulaires de titres académiques. Nous ne nous contentons pas de simplement former des jeunes qui tapent dans un ballon », explique Roberto Arroyo, le directeur du centre. Un jeune qui entre au centre est alors encadré sur le plan du foot mais va aussi suivre un cursus scolaire (dans lequel il étudie les mathématiques, l’espagnol, reçoit des cours d’éducation civique, de science, d’informatique et d’anglais), être éduqué sur le plan de l’alimentation, de la vie en société, encadré par des éducateurs, des psychologues qui lui inculquent discipline et valeurs. Ce projet social et sportif extrêmement bien organisé donne un cadre idéal pour l’explosion des jeunes talents mais évite surtout de les « perdre » ensuite. Après avoir écrasé les catégories de jeunes, Independiente del Valle s’appuie ainsi sur ses pibes pour marcher sur le continent. Pour ce projet, il fallait un homme capable de mener un travail sur le long terme, cet homme sera Pablo Repetto. Passé par les meilleures équipes de jeune d’Uruguay, il va alors modeler son groupe avec les talents issus de la cantera et aujourd’hui, le 4-2-3-1 équatorien ne fait plus rire. A l’image de l’Atlético Nacional, les Negriazules s’appuient sur une solidité défensive parfaitement résumée en l’icône Arturo Mina et une capacité d’explosion offensive, symbolisée par les fusées Bryan Cabezas et Julio Angulo, animée par Junior Sornoza, l’électron libre et menée par la merveille José Angulo, la plus belle révélation de cette Libertadores. Ce sont donc deux formations aux caractéristiques communes qui vont s’affronter ce soir à Quito (2h45 heure française) pour ouvrir une finale de Libertadores historique.
Leurs parcours
- cliquez sur les scores pour accéder aux feuilles de match -
Phase de groupe
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Independiente del Valle |
Atlético Nacional |
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Groupe 5 |
Groupe 4 |
J1 |
Independiente del Valle 1-1 Colo-Colo |
Huracan 0-2 Atlético Nacional |
J2 |
Atlético Mineiro 1-0 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 3-0 Sporting Cristal |
J3 |
Melgar 0-1 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 2-0 Peñarol |
J4 |
Independiente del Valle 2-0 Melgar |
Peñarol 0-4 Atlético Nacional |
J5 |
Independiente del Valle 3-2 Atlético Mineiroa |
Sporting Cristal 0-1Atlético Nacional |
J6 |
Colo-Colo 0-0 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 0-0 Huracan |
Huitièmes de finale
|
Independiente del Valle |
Atlético Nacional |
Aller |
Independiente del Valle 2-0 River Plate |
Huracan0-0AtléticoNacional |
Retour |
River Plate 1-0 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 4-2 Huracan |
Quarts de finale
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Independiente del Valle |
Atlético Nacional |
Aller |
Independiente del Valle 2-1 Pumas |
Rosario Central 1-0 Atlético Nacional |
Retour |
Pumas 2(3)-(5)1 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 3-1 Rosario Central |
Demi-finales
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Independiente del Valle |
Atlético Nacional |
Aller |
Independiente del Valle 2-1 Boca Juniors |
São Paulo 0-2 Atlético Nacional |
Retour |
Boca Juniors 2-3 Independiente del Valle |
Atlético Nacional 2-1 São Paulo |