Ce mercredi, le Brésil reçoit la Colombie pour un match hommage à Chapecoense au stade Engenhão. Le « jogo da amizade » succédera à de nombreux Brésil – Colombie où l'ambiance était très tendue. Retour sur une histoire récente des plus animées.

4 juillet 2014 : Brésil 2-1 Colombie (Quart de finale de la Coupe du monde 2014)

À domicile, un Brésil qui n'a pas le droit à l'erreur, peine à convaincre, passant même tout près de l'élimination face au Chili, au tour précédent. En face, la Colombie surprend, emmenée par le meilleur buteur de la compétition, James Rodriguez, auteur de cinq réalisations déjà, avec un doublé sensationnel contre l'Uruguay en huitième de finale. Dans un Castelão chaud bouillant, le Brésil démarre mieux le match et Neymar au duel avec Zúñiga – déjà – obtient un corner, qu'il tire lui-même. Oublié au second poteau, le capitaine Thiago Silva ouvre le score pour la Seleção dès la sixième minute. Le Brésil domine sans parvenir à marquer et en seconde période, la tendance s'inverse. Thiago Silva récolte un carton jaune stupide, qui le prive d'une éventuelle demi-finale. La Colombie se montre plus entreprenante et Yepes pense même égaliser avant d'être signalé en position de hors-jeu. Contre le cours du jeu, l'autre défenseur central de la Seleção, David Luiz, double la mise d'un superbe coup franc. Mais ce Brésil est nerveux, la défense est en retard et Bacca, servi par James Rodriguez et oublié par David Luiz, peut aller au duel avec Julio César, obligé de faire faute. Penalty. James Rodriguez, qui avait provoqué le coup franc victorieux de David Luiz après un tacle en retard, prend à contre-pied Julio César et marque son sixième but dans cette Coupe du monde. À 2-1, la Colombie pousse pour revenir, fait douter le Brésil mais plus rien ne se passe. Pas de but en tout cas. À la 86e minute, Zúñiga envoie violemment son genou dans le dos de Neymar, l'obligeant à sortir du terrain en larmes. Fracture d'une vertèbre pour Neymar, synonyme de fin de compétition pour le joueur de 22 ans, auteur de quatre buts au cours de la compétition. Sans Neymar, sans Thiago Silva, le Brésil passe en difficulté avant de connaître la plus grosse humiliation de son histoire.

5 septembre 2014 : Brésil 1-0 Colombie (Amical)

Deux mois après le 7x1, le Brésil a encore la gueule de bois et a perdu confiance en son football. Exit Scolari, bienvenue Dunga. Exit Thiago Silva, bienvenue Miranda. Exit Fred, bienvenue Diego Tardelli... Pour la première de Dunga depuis le quart de finale de la Coupe du monde 2014, le Brésil retrouve la Colombie au Sun Life Stadium de Miami. Retrouvailles également pour Neymar et Zúñiga après la blessure du Brésilien en juillet. Les deux joueurs sont capitaines et échangent les fanions et même une embrassade avant le début du match. L'incident est clos assurent-ils. Pourtant sur le terrain, on est loin d'un supposé match amical et David Luiz annonce la couleur dès la première minute avec une grosse faute sur Cuadrado. Le Brésil est peu inspiré et s'en remet à Neymar, bien marqué par les Colombiens. Les fautes – sifflées ou non – se multiplient et l'arbitre peine à garder le contrôle du match. Neymar évite un tacle par-derrière avant de lancer en contre-attaque Oscar qui rate le cadre. L'arbitre Dave Gantar distribue ensuite les cartons jaunes sans parvenir à calmer le jeu. Ramires et Luiz Gustavo d'abord, puis Carlos Sanchez et Zúñiga pour une faute sur… Neymar. Zúñiga est d'ailleurs tout proche d'ouvrir le score et trois minutes plus tard, c'est au tour de Neymar de flirter avec le cadre. Après la pause, le plan du Brésil ne change pas, la Seleção se repose toujours autant sur Neymar, sévèrement pris au marquage par les Colombiens. Cuadrado est expulsé pour une nouvelle faute sur Neymar puis c'est au tour de Gutiérrez de laisser un souvenir sur les jambes du numéro 10 brésilien. À la 82e minute, Neymar sauve les siens en déposant un coup franc en pleine lucarne. Pour la première de Dunga, le Brésil s'impose grâce au talent d'un seul joueur mais est loin de convaincre dans un match marqué par 32 fautes, 7 cartons jaunes (cinq pour la Colombie, deux pour le Brésil) et l'expulsion de Cuadrado.

17 juin 2015 : Colombie 1-0 Brésil (Premier tour de la Copa América 2015)

Après un match amical aussi disputé, on pouvait s'attendre à des retrouvailles particulièrement musclées neuf mois plus tard dans le cadre de la Copa América. D'autant plus que les deux équipes débutent mal le tournoi, le Brésil devant attendre la 91e minute pour venir à bout du Pérou alors que la Colombie s'incline à la surprise générale face au Venezuela. Pas le droit à l'erreur donc pour cette deuxième journée dans un stade Monumental de Santiago acquis à la cause des Colombiens. La nervosité se fait sentir sur le terrain, le jeu est bloqué au milieu, les passes n'arrivent pas à destination, les fautes se multiplient. Seul Zúñiga, avec un joli dribble sur Neymar, et quelques frappes lointaines font se lever de leur siège les 44 000 spectateurs. À l'image du reste de l'équipe, Neymar n'est pas dans son match et est gêné par le pressing colombien. À force de concéder des coups francs, le Brésil se fait punir, Murillo étant le plus prompt dans la surface pour marquer après un coup de pied arrêté de Cuadrado.

C'est un miracle que les Brésiliens rentrent au vestiaire avec un seul but de retard tant la Colombie se procure des occasions en cette fin de période, les supporters accompagnant de « Olé » les passes des hommes de José Pekerman. Pire encore, juste avant la mi-temps, un Neymar définitivement pas dedans tente de marquer de la main et reçoit un carton jaune, synonyme de suspension pour le troisième match. En seconde période, Firmino, aussi inefficace que Tardelli lors du premier match, rate l'immanquable alors que les fautes continuent de se multiplier, au plaisir de la Colombie qui peut gérer ce match en hachant le jeu. Au total, l'arbitre siffle 39 fautes jusqu'au coup de sifflet final ! Mais Neymar, qui a perdu de nombreux ballons tout au long du match en privilégiant la solution individuelle, n'accepte pas cette contre-performance. Frustré, il tire dans le dos d'Armero une fois le coup de sifflet retenti avant de mettre un coup de tête à Murillo, qui venait chercher des explications. Neymar est expulsé après le match, un carton rouge à l'image de son match. D'abord bousculé, parfois au-delà la régularité lorsque Sanchez lui marche sur la main ou lors des nombreux duels musclés avec Zúñiga, toujours lui, Neymar s'est agacé et est sorti de son match, perdant de nombreux ballons. Le lendemain, des images montrent Neymar s'adresser à Zúñiga au cours du match : « et après tu m'appelles pour t'excuser, fils de pute ? » faisant référence à la blessure de la Coupe du monde 2014. Neymar est suspendu quatre matchs, soit jusqu'à la fin de la compétition. Sans lui, le Brésil s'impose 2-1 contre le Venezuela et se qualifie au détriment de la Colombie, avant de quitter la compétition dès les quarts de finale, éliminé aux tirs au but face au Paraguay. À oublier.

 

13 août 2016 : Brésil 2-0 Colombie (Quart de finale des Jeux olympiques 2016)

Ce BrésilColombie version U23 ne déroge pas à la règle des matchs précédents, où il vaut mieux pour l'arbitre de ne pas oublier son sifflet au vestiaire. Pour ce dernier quart de finale de l'épreuve, le Brésil reçoit à la maison, plus précisément à l'Arena Corinthians, la Colombie de Teo Gutiérrez. La Seleçãozinha s'est rassurée lors du troisième match de poule avec une large victoire 4-0 contre le Danemark après deux 0-0 décevants. La Colombie a également débuté la compétition par deux matchs nuls avant d'assurer sa qualification en quart de finale avec une victoire contre le Nigéria. Comme souvent, le match commence par de nombreuses fautes, notamment de la Colombie qui cherche à intimider le Brésil. Dès la douzième minute, alors que Gabriel Jesus est au sol, Neymar obtient un coup franc après une poussette dans le dos de Barrios. Le coup franc est réussi par Neymar, qui marque ainsi son premier but dans ces JO. Malgré ce but encaissé, la Colombie est toujours aussi violente, les coups pleuvent, les fautes en retard se multiplient et Neymar perd une nouvelle fois son sang-froid, initiant un début de bagarre générale. Sur les bancs, l'atmosphère est aussi chaude que sur le terrain et le préparateur physique Marcos Seixas est prêt à en venir aux mains. L'arbitre appelle les capitaines Neymar et Teo Gutiérrez, puis les entraîneurs pour calmer le jeu. À la pause, Neymar a déjà subi cinq fautes alors que dans les cinq dernières minutes de la période, l'arbitre a distribué quatre cartons jaunes (trois pour les Colombiens, un pour Neymar). La deuxième mi-temps sera moins violente, le Brésil évitant de rentrer dans le jeu de la Colombie. En fin de match, Luan double la mise et met fin aux espoirs des Colombiens, qui ont tout simplement oublié de jouer au football. Venus pour mettre des coups et marquer sur un long ballon, les Colombiens sont éliminés alors que le Brésil se dirige vers son premier sacre olympique.

6 septembre 2016 : Brésil 2-1 Colombie (Éliminatoires Coupe du monde 2018)

Ce Brésil – Colombie est l'occasion pour Tite de diriger son premier match de la Seleção à domicile, dans la ville de Manaus. Cinq jours plus tôt, Tite a convaincu pour sa première sur le banc, avec une victoire 3-0 en Équateur, où il est toujours difficile de jouer. Le Brésil a besoin de points, il faut dire que Dunga avait quitté son poste en laissant le Brésil à la sixième position, et donc, hors de la zone de qualification. L'historique des trois derniers matchs entre la Colombie et le Brésil dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde n'est pas fait pour rassurer : trois 0-0. Le Brésil commence parfaitement le match, Miranda reprend un corner de Neymar pour ouvrir le score dès la deuxième minute. Le Brésil prend possession du ballon et les joueurs colombiens font – une fois n'est pas coutume – des fautes en retard. Après seulement un quart d'heure de jeu, Neymar a déjà provoqué trois coup francs et un carton jaune, récolté par Medina. Dans un match beaucoup moins violent que les précédents, le Brésil domine mais peine à se créer des occasions et concède même l'égalisation après un but contre son camp de Marquinhos. Juste avant la mi-temps, Neymar rentre joyeusement avec un pied en l'air dans Munilla, qui se met immédiatement les deux mains au visage – souvenir de la Copa América 2015. Neymar récolte une nouvelle fois un carton jaune dans un match contre la Colombie. Après seulement vingt secondes en deuxième période, Neymar subit encore une faute mais garde cette fois-ci son calme. À la 74e minute, Neymar marque le but de la victoire et après un match engagé, avec un pressing agressif, mais beaucoup moins violent que les précédents, le Brésil remonte à la deuxième place du classement.

25 janvier 2017 : Brésil-Colombie (Match de l'amitié)

Près de deux mois après l'accident d'avion qui a fait 71 victimes à 60 km de Medellín, ce match sera beaucoup moins disputé que les récents Brésil – Colombie. Le drame a considérablement renforcé les liens entre les deux peuples. Immédiatement après la terrible nouvelle, l'Atlético Nacional a demandé à ce que le trophée soit attribué à la Chapecoense alors que la CONMEBOL balbutiait, préférant dans un premier temps suspendre la rencontre plutôt que de l'annuler simplement. Deux jours après le crash, les Colombiens se réunissaient au stade Atanasio Girardot, où aurait dû se jouer la finale aller de la Copa Sudamericana entre la Chapecoense et l'Atlético Nacional. Ils étaient 50 000 dans le stade – le double à proximité de l'enceinte – pour chanter et rendre un vibrant hommage à la Chapecoense. Un hommage qui a marqué les Brésiliens, comme le montrait la réaction du ministre des Affaires étrangères, José Serra. « Merci la Colombie. Du fond du cœur, merci beaucoup. Dans ce moment si difficile pour nous tous, les marques de solidarité de chacun de vous, Colombiens et supporters, nous apporte un immense réconfort. Les Brésiliens n'oublieront jamais la façon dont les Colombiens ont réagi à ce terrible désastre qui a mis fin au rêve de cette équipe héroïque de la Chapecoense. Nous n'oublierons pas non plus l'attitude de l'Atlético Nacional et de tous ses supporters qui ont demandé à ce que le trophée soit attribué à la Chapecoense. Un geste qui honore tout le sport colombien, qui honore la ville bien-aimée de Medellín et qui rend encore plus grand l'Atlético Nacional. Le Brésil a vu la dure réalité d'une fête qui n'existera pas, d'un match historique qui n'aura pas lieu. Que les couleurs de l'Atlético et de la Chape, le vert et le blanc, soient symbole d'espoir et de paix. »

Pour ce match de mercredi en dehors des dates FIFA – et donc avec seulement des joueurs jouant au pays pouvant être convoqués – José Pekerman a appelé sept joueurs de l'Atlético Nacional. Le match aura lieu à l'Engenhão, le Maracanã étant toujours indisponible. Seulement 8 000 billets sur les 45 000 disponibles avaient été vendus sur Internet avant la mise en vente en boutique ce lundi. Pour les Brésiliens qui ne peuvent se rendre au stade, qui risque de sonner creux, il est possible d'acheter un « billet solidaire », qui viendra s'ajouter à la recette du match, dont l'intégralité sera reversée aux familles des victimes. Le coup d'envoi est prévu dans la nuit de mercredi à jeudi, à 0h45.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.