Les rencontres entre le Pérou et le Brésil ont souvent tourné à la faveur des Brésiliens. En Copa América, si elle veut retourner la situation, la Blanquirroja devra s'appuyer sur trois antécédents qui ont vu les Incas s'imposer sur les Auriverdes.

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Lima (Pérou) – La première victoire

En 1953, le Paraguay organisait la vingt-deuxième édition de la compétition nommé Sudamericano, l’ancêtre de l'actuelle Copa América. Seulement sept sélections y participèrent sous le format « tous contre tous » : Brésil, Bolivie, Chili, Équateur, Paraguay, Pérou et Uruguay. Pour des problèmes d'infrastructures du pays organisateur, la compétition a du être déplacée au Pérou et les vingt-et-un matchs ainsi que la finale se disputèrent à l'Estadio Nacional de Lima. Le Pérou et ses idoles Roberto Drago et Alberto Terry rencontraient le Brésil de Didi (futur sélectionneur du Pérou  qui qualifiera la sélection pour la Coupe du Monde 1970) lors de la cinquième journée du tournoi. Un Brésil encore tourmenté par le fameux Maracanazo mais qui cherchait à se racheter et qui était très bien entré dans cette compétition avec trois victoires en trois matchs. Les Incas, qui n'avaient alors jamais battu le Brésil en match officiel, se présentaient une fois de plus comme victime idéale. Mais la lumière vint en début de seconde mi-temps lorsque Luis Navarrete se débarrassait de Nilson Santos après une magnifique passe de Tito Drago et ouvrait le score face au gardien Castilho. Le Brésil n'a jamais su revenir au score et le Pérou remportait son premier match officiel contre son rival du soir. Pour marquer la victoire, chaque joueur péruvien a reçu une prime équivalent à environ six-cent euros. Malheureusement le Pérou perdait le dernier match contre l'Uruguay et loupait de peu une place en finale. Le Brésil terminera second du tournoi et affrontera le Paraguay, premier du classement, pour un remake de la finale précédente (Sudamericano 1949) qui avait vu les Brésiliens s'imposer sur un score fleuve de sept buts à zéro. Cette fois-ci ce sont les Paraguayens qui prendront leur revanche et qui seront couronner pour la première fois de leur histoire.

Belo Horizonte (Brésil) – le premier Mineirazo

En 1975 fut organisée la première Copa América sous l’appellation qu'on lui connait aujourd'hui. C'est la première fois aussi que l'ensemble des membres de la CONMEBOL participaient à cette compétition. Les sélections furent divisés en trois groupes de trois équipes qui allaient s'affronter en matchs aller et retour. L'Uruguay, champion de l'édition précédente, entrait en lice à partir des demi-finales. Le Pérou terminait premier de son groupe devant le Chili et la Bolivie et rencontrait en demi-finale le Brésil également premier de son groupe devant l'Argentine et le Venezuela.

Pour cette demi-finale, le Brésil dirigé par Osvaldo Brandao se présentait avec des joueurs majoritairement issus des clubs de Cruzeiro et de l'Atletico Mineiro dont les mondialistes Nelinho et Piazza mais sans ses idoles Paulo César, Rivelinho, Jairzinho et Falcao entres autres. Pour beaucoup, ce n'était donc pas le meilleur Brésil de son époque tandis que le Pérou comptait dans ses rangs sans doutes les meilleurs joueurs de son histoire. Le sélectionneur Marcos Calderón pouvait compter sur le capitaine Hector Chumpitaz  accompagné de Julio Meléndez en défense, la légende Teófilo Cubillas et l'attaquant Juan Carlos Oblitas. Le match aller se joua à Belo Horizonte dans le stade Mineirão et le Pérou l'emportait facilement par trois buts à un pour signer sa première victoire en terres brésiliennes. Les Péruviens perdaient au match retour au stade de Matute mais accédaient tout de même a la finale face à la Colombie, finale remportée par la Blanquirroja sur un ultime but de Hugo Sotil.

Foxborough (USA) – La mano de Rui-Dios

Plus récemment, le Pérou l'a emporté contre le Brésil cette fois ci en territoire neutre lors de la Copa Centenario organisée aux États-Unis en 2016 pour commémorer les cent ans de la CONMEBOL. Cette fois, les deux sélections se retrouvaient dès les phases de poules lors du dernier match et à égalité de points. Le Brésil de Dunga n'avait pas su faire mieux qu'un triste match nul contre l'Équateur avant d’étriller Haiti tandis que le Pérou de Gareca battait également Haiti avant de faire nul contre l'Équateur. Cette dernière rencontre s’annonçait compliquée pour les deux sélection car le perdant risquait fortement d'être éliminé si l'Équateur battait Haiti. Ce fut donc un match très fermé en première mi-temps avec deux équipes qui s'observaient avant que finalement le Brésil ne prennent le match à son compte en deuxième période. C'est sur un contre rondement mené par Andy Polo à la 74e que Raúl Ruidíaz coupait un bon centre de ce dernier et envoyait la balle au fond des filets. Seul problème, le ballon avait rebondit sur la main de Ruidíaz avant de franchir la ligne de but invalidant l'ouverture du score péruvienne. L'arbitre uruguayen validait tout de même le but devant l’incompréhension et la stupéfaction des Brésiliens qui avaient clairement vu le ballon rebondir sur la main. Après cinq longues minutes, l'arbitre restait sur sa décision et indiquait le rond central pour que les Brésiliens engagent le jeu. Les coéquipiers de Dani Alves lancaient alors toutes leur forces dans les dernières minutes mais ne parvenaient jamais revenir au score. Les hommes de Gareca remportaient les trois points de la victoire et se qualifiaient pour le tour suivant. L'Équateur, qui avait débuté la compétition par deux matchs nuls, gagnait facilement un Haiti déjà éliminé et terminait devant le Brésil qui quittait la compétition prématurément. Le Pérou se fera éliminer aux tirs au but par la Colombie en quarts de finale.

2016 a marqué un tournant dans l'ère Gareca qui a su faire un tri et trouver les joueurs sur lesquels il pouvait compter et avec lesquels il a pu qualifié le Pérou à la Coupe du Monde 2018. Maintenant, Ricardo Gareca et le Pérou retrouvent le Brésil cette fois-ci en finale de la Copa América 2019 pour un nouveau rendez-vous avec l'histoire.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.