A la veille d’entrer en piste, Haïti et Pérou se sont présentés devant les médias pour évoquer le match et la compétition. Compte-rendu.

C’est dans l’imposant CenturyLink Field qu’Haïti fera ses grands débuts en Copa América face au troisième des deux dernières éditions, le Pérou. Premier à s’exprimer devant les médias, Patrice Neveu, en français dans le texte, évoque ses espoirs et le match. « Nous souhaitons réaliser une bonne Copa América, et pour nous réaliser une bonne Copa América c’est déjà envoyer une bonne image à la face du monde, une image du pays, d’Haïti à travers ses performances sportives et notre qualité de jeu. Bien sûr que nous espérons, nous sommes des compétiteurs, nous sommes des outsiders de la poule et nous avons l’espoir de tirer quelque résultat. »

Les questions ont alors suivi.

« Que serait une Copa América réussie ?

Une Copa América réussie c’est déjà développer une qualité de jeu intéressante mais aussi aller vers le résultat, ne pas subir le jeu de l’adversaire. Il est vrai qu’on est tombé sur le Pérou qui est une équipe solide, le Brésil qu’on ne présente plus et l’Equateur qui est une grande équipe, mais je pense que si on est outsiders, on ne doit pas subir. En football, si tu as le ballon, on peut penser que tu es en phase d’action et tu vas chez l’adversaire. Quand tu l’as perdu, il ne faut pas trop reculer et être passif. Pour nous, l'objectif est de donner le meilleur de nous-mêmes, pour récompenser aussi le peuple et tous ceux qui nous soutiennent.

Pouvez-vous nous donner une brève description de l’équipe péruvienne. A quel genre de match, d’opposition vous attendez-vous ?

Le Pérou est un collectif renouvelé à 80% donc il ne fallait pas tomber dans le panneau et se baser sur les matchs jusqu’au mois de décembre où ils ont joué avec une équipe d’un certain type et après le coach Gareca a pris la décision de modifier à 80% son potentiel. L’expression collective du Pérou, c’est une équipe qui joue beaucoup en attaques rapides, va venir nous chercher chez nous, nous presser en permanence, mettre une pression permanente sur le porteur du ballon. A nous de donner les bonnes réponses pour ne pas subir encore une fois, fabriquer du jeu et se procurer des occasions. On sait que cela va être 90 minutes très intenses physiquement, ils ne lâchent rien. C’est différent de l’équipe précédente. »

L’entraîneur français était accompagné de Jean-Marc Alexandre, joueur de Fort Lauderdale Strikers, qui a alors répondu (en anglais) à quelques questions.

« Quelles sont vos impressions à la veille des débuts dans cette Copa América ?

Premièrement, l’ambiance dans le groupe est magnifique, prendre part à cette compétition est une bénédiction pour nous, la Copa América est l’une des plus anciennes compétitions au monde et on veut vraiment le meilleur sur le terrain. On est excités, aucun doute. Notre objectif est de donner le meilleur face au Pérou, surtout à ce stade de la compétition.

A quel niveau de compétitivité pensez-vous être, c’est la première fois que vous participez à un tel tournoi ?

Nous ne sommes pas là uniquement pour participer. Comme toutes les autres équipes, nous venons pour gagner nos matchs et passer le premier tour. Nous serons compétitifs, vous devez comprendre que c’est la chance d’une vie. On sait que personne ne nous donne la moindre chance, mais nous avons un groupe qui est fort ensemble, on a été bien préparé et on donnera notre meilleur.

Le fait d’être outsiders, vous en parlez entre vous, cela vous motive ?

On n’en parle pas. On joue pour notre pays. On n’a pas besoin d’une autre motivation. Etre outsider n’est pas une source de motivation pour nous. Nous avons une nation qui s’unit à nous dans la joie pour 90 minutes. Quand nous jouons pour la sélection nationale, on fait la paix, les fans laissent leur colère de côté. Etre outsider ne nous motive pas, nous avons déjà suffisamment de motivation. »

A l’issue de l’entraînement, nous avons pu échanger avec l’ancien parisien Jean-Eudes Maurice et ainsi évoquer avec lui la Copa Centenario.

« Quel est ton sentiment avant de commencer cette Copa América ? Ça doit être extraordinaire…

Un sentiment d’excitation. On est pressés de commencer parce que pour nous c’est une très grosse compétition. On veut bien figurer malgré le fait qu’on soit un petit pays, qu’on soit l’outsider du groupe.

Le fait d’être l’outsider ça permet d’être sans pression ?

Exactement. On sait que sur les trois matchs, il va falloir batailler pour arracher des points. Tout le monde est prêt, les joueurs, le staff, les dirigeants. On va aborder chaque match sans pression mais on sait qu’on aura à cœur de bien faire pour notre peuple qui suit beaucoup.

Justement, tu évoques le peuple, vous allez jouer contre le Brésil. Représenter le pays face à une sélection aussi mythique, ça doit être incroyable ?

Ouais, c’est super ! C’est presqu’une récompense pour le peuple haîtien. A Haïti, il y a 50% de la population qui supporte le Brésil et Haïti, c’est une récompense pour tout le monde. On sait que ce sera un match très difficile, mais c’est pareil, on sera prêt à combattre, on part à 0-0, on voudra tout faire pour prendre des points. »

C’était alors l’heure de l’arrivée du groupe péruvien, Ricardo Gareca et Paolo Guerrero se sont présentés en conférence de presse. Interrogé sur l’état d’esprit général à la veille d’entrer dans la compétition, le technicien argentin a ainsi déclaré : « A la veille de débuter, il y a un peu de nervosité, nous nous sommes très bien préparés pour cette Copa, j’espère que nous parviendrons à faire du bon travail. Le groupe est, comme avant tout début, plein d’espoir. » Troisième des deux dernières éditions, le Pérou se retrouve devant un énorme défi, celui d’assurer un parcours similaire. Mais Gareca reste prudent : « On a effectivement fait une bonne dernière Copa América. On a de nouveaux joueurs ici, on a des attentes en ce sens mais il faudra être patient. Plus que jamais, il faudra y aller par étape. »

De son côté, Paolo Guerrero s’est également montré confiant et a abordé la possibilité qui lui est offerte de se rapprocher davantage du record absolu du nombre de buts inscrits par un joueur en Copa América : « Mon objectif est le même que celui de tous, arriver au bout. Si Dieu me donne la possibilité de marquer des buts, tant mieux. Mais dans ma tête, je ne pense qu’à bien travailler pour l’équipe. C’est ma priorité. »

Haïti – Pérou, c’est dans la nuit de samedi à dimanche, 1h30 du matin. LO y sera pour vous.

Par Gabriel Aumont, à Seattle pour Lucarne Opposée.

Gabriel Aumont
Gabriel Aumont