Pour sa première en Copa América, LO était au CenturyLink Field de Seattle pour assister à une autre grande première, celle d’Haïti dans la plus grande des compétitions continentales américaines. Inside.

La Copa America Centenario la voilà enfin ! La grande rencontre entre les USA et le continent où le football fait partie de la culture et se vit au quotidien. Pour le centenaire LO va donc parcourir les States a la rencontre d’un pays qui se cherche probablement une véritable culture foot. Première étape de notre voyage, Seattle pour vous faire vivre Haïti – Pérou depuis le CenturyLink Field. Une affiche en partie francophone pour nous faire entrer de la meilleure des manières dans le grand bain.

Avant-match

Nous voilà donc à Seattle pour ouvrir les traditionnels inside sur LO. Seattle est justement l’une des rares vraies terres de foot aux USA et on le sent bien à la vue de toutes les boutiques aux couleurs des Sounders qui bordent les alentours du Century Stadium. Mais il sera bien question de Copa América avant tout pour le coup dans l’antre de l’équipe de l’état de Washington. Nous voilà donc partis pour aller voir Haïti – Pérou et rapidement nous croissons des hinchas Péruviens, qui, on le sent, ont bien envie de commencer la compétition par une belle prestation contre Haïti.

On ne va pas vous mentir, ce n’était vraiment pas la folie dans les alentours du stade, même peut-être trop calme pour un avant-match de Copa América, mais on n’oublie pas quand même qu’on est assez loin du Pérou. L’arrivée au stade est vraiment calme, nous croisons juste quelques Péruviens en train de prendre place dans la courte file d’attente pour avoir le précieux sésame. Nous profitons donc de l’imposante tribune de presse pour aussi montrer que même pendant un EURO sur nos terres, un media français est venu suivre la Copa du Centenaire. Ce n’est que lorsqu’on s’aperçoit que le chargé des relations presse d’Haïti est martiniquais, qu’on se sentira moins seul. Même si elle ressemble au village d’Astérix, pour le premier match de Copa America à Seattle, la tribune de presse aura tout de même une enclave française.

Le match

Apres une entrée assez simple pour un match de Copa América, le stade ne se rempli guère plus que les rues aux alentours avant le match. On se dit donc que le coup d’envoi est le bienvenue et on a bien raison car le début de match est clairement à l’avantage du Pérou qui rentre dans cette Copa América avec 10 très grosses minutes de pression sur la cage haïtienne. Une pression qui nous laisse penser qu’Haïti va vivre une après-midi voire un tournoi difficile, mais il n’en est rien car rapidement Haïti montre tout le potentiel que cette équipe peut avoir avec une frappe contré de Nazon qui finit dans les bras du portier péruvien, Pedro Gallese. Les 20 000 spectateurs du CenturyLink Field sont bien trop éparpillés dans un stade en configuration NFL (70 000 places), l’impression dégagée est une sensation de stade vide, une configuration MLS (39 000 places) aurait été bien plus utile pour un match comme celui-là. Sur le terrain, Haïti est dans le match et le reste de première mi-temps est tout aussi difficile pour le Pérou alors qu’en tribune aussi, les quelques Haïtiens présents commençant à se faire entendre.

Le début de seconde mi-temps reste difficile pour le Pérou jusqu’à la 61ème minute, moment choisi par Paolo Guerrero pour ouvrir le score. Le soulagement peut se voir sur les visages des péruviens dans les tribunes et la fin de match sera clairement à l’avantage du Pérou malgré une dernière grosse frayeur sur un coup-franc à la dernière minute pour Haïti. La Blanquirroja entre dans la compétition par une victoire et prend la première place du groupe, sortant ainsi sans dommages du piège haïtien.

Après-match

Nous décidons donc de faire un petit tour en zone mixte pour avoir quelques réactions de joueurs haïtiens, surtout après le match de bonne qualité qu’ils ont livré. Johny Placide nous fait donc le plaisir de s’arrêter quelque instant pour nous et nous sentons clairement une pointe de déception chez le gardien du Stade de Reims.

« Quelle réaction après ce match au cours duquel Haïti a bien bousculé le Pérou ?

On n’est pas surpris, on savait qu’on pouvait rivaliser avec ce genre d’équipes. C’est dommage parce qu’on avait de quoi faire mieux, je pense qu’à un moment donné ça a été plus la discipline, la rigueur qui l’a emporté, même si on a fait de bonnes séquences, je pense que tactiquement et techniquement on aurait pu faire mieux et même malgré cela on a eu des occasions qu’on n’a pas su mettre au fond. C’est un peu dommage.

Le fait d’avoir des regrets c’est aussi signe que vous auriez pu espérer mieux et être signe qu’Haïti peut se montrer compétitif et envoyer un message qui n’est pas dans le cliché qui voulait qu’Haïti allait prendre trois défaites comme ça.

Oui mais ça on le savait avant de venir. Entre nous, on savait qu’on avait des qualités, que si on était là, ce n’était pas pour rien. Maintenant, on savait qu’on pouvait faire jeu égal avec le Pérou, par moment on a su dominer mais voilà, c’est dommage parce que c’était le match le plus important, où il fallait ne pas perdre. En début de compétition, c’est frustrant parce que tu sais que tu rencontres le Brésil en deuxième match…on a déjà le couteau sous la gorge, faudra créer un petit exploit face au Brésil et accrocher le nul ou une victoire. Même si tout le monde nous voit perdant, j’aime ce genre de challenge, j’aime ce genre de match et je pense que nos joueurs aussi. Il peut arriver pas mal de chose.

Justement, pour un gardien, jouer le Brésil, quand on connait le joga bonito que peuvent avoir parfois les attaquants brésiliens, ça va être un moment particulier ? C’est différent de jouer le Brésil non ?

Oui différent….mais franchement, je suis quelqu’un qui ne fait pas attention à ce genre de truc. Je n’ai jamais été fasciné par…fasciné par un joueur oui mais le fait de voir un joueur, à partir du moment où je suis sur le terrain, ça reste un match, 11 hommes contre 11 hommes, donc à partir de ce moment-là, il peut tout se passer. »

Une réaction de Placide qui coïncide avec celle de Patrice Neveu le coach d’Haïti.

« Malgré la déception, je dois féliciter l’adversaire pour sa victoire même si je pense que mon équipe aurait mérité un meilleur résultat. On avait largement la place pour faire un match nul voire mieux si offensivement on avait su mieux utiliser le ballon et être plus adroits à la conclusion. Maintenant sur le match, je tiens à dire qu’on n’est pas une équipe nationale moribonde comme la presse a bien voulu le dire, on est une équipe nationale qui a un bon niveau. On est tombé contre un adversaire qui a un niveau de jeu solide, nous a posé des problèmes en début de match, problèmes qu’on a su résoudre sans prendre de but. On est ensuite monté en puissance, finissant bien la mi-temps. Sur la deuxième mi-temps, on prend le but, malgré tout on continue à pousser à y croire parce qu’on a le potentiel et on rate cette occasion qui aurait dû nous rapporter le match nul au minimum. 

- Ne pensez-vous pas qu’associer Belfort et Nazon aurait peut-être apporté quelque chose ?

Les changements ont montré qu’avec Belfort, on a été présents sur le but et on a les occasions pour égaliser. On peut toujours supputer sur un autre positionnement mais pour ma part je reste persuadé de la vérité de mon changement parce qu’il fallait garder un équilibre d’équipe car l’adversaire restait quand même pressant avec son potentiel offensif.

- En première période, mise à part les 10 premières minutes, votre équipe a contrôlé le tempo du match. En seconde période, de devoir se créer des occasions a fait qu’il a été plus compliqué de défendre…

Le Pérou a eu des temps forts et des temps faibles, nous aussi. Sur la deuxième mi-temps, ona eu plus de difficultés à garder notre bloc équipe compact, on savait qu’il fallait sortir, attaquer pour égaliser, sans prendre de but. Je pense qu’on est sortis au maximum, mais c’est aussi la vérité du football.

- Haïti vient de perdre contre le Pérou, pour certains la plus faible équipe du groupe. Comment allez-vous jouer les deux autres adversaires du groupe ?

Je pense qu’il faut remettre les choses à leur vraie place aussi. Sélectionneur, c’est jouer avec les joueurs qu’il a sa disposition. Ensemble, on a fait cette rencontre intéressante face au Pérou, maintenant il reste ces deux rencontres. On va déjà s’efforcer de garder le moral, de donner du mental au joueur, de réinjecter de la confiance. On sait très bien que le Brésil, ce sont des maestros, qu’il va falloir qu’on se prépare à un rude match. Mais c’est une grande compétition, on le savait à l’avance. Les joueurs ont montré qu’on n’était pas là pour jouer les faire-valoir, qu’on pouvait gagner des matchs. Le Brésil, ça va être un grand match. »

Côté péruvien, en zone mixte, Paolo Guerrero revenait sur son but, seul du match, expliquant ainsi « qu’il était prévu que je reste dans cette position » avant de décrire son but « je suis les instructions de rester au second poteau même je ne suis pas sûr, et finalement, merci à dieu, ça passe, » et de revenir si l’importance bien commencer la compétition. Peu après, en dehors du stade, nous croisons Camilla, une jeune Péruvienne qui, en français, nous donne son sentiment sur le match. On comprend très rapidement que les bars aux alentours du CenturyLink Field vont vite être pris d’assaut par les fans de ballon péruviens qui vont aller bien arroser cette courte victoire.

Par Gabriel Aumont, à Seattle pour Lucarne Opposée

Gabriel Aumont
Gabriel Aumont