Nuit spéciale groupe C en Copa Centenario. Alors que Jamaïque et Venezuela ouvraient la soirée pour déterminer lequel des deux annoncés condamnés d’avance allait pouvoir jouer son rôle d’empêcheur de tourner en rond, le Mexique accueillait l’Uruguay pour le premier choc opposant deux prétendants au titre.

En ouverture de la première soirée du groupe C, Jamaïque et Venezuela s’affrontaient dans un Soldier Field une fois encore disproportionné pour les moins de 15 000 spectateurs présents (les organisateurs avaient annoncé plus de 25 000 tickets vendus…) et avaient tous deux l’objectif de s’imposer dans le seul match annoncé à leur portée. Si Donaldson et Watson allumaient la première mèche pour les Reggae Boyz, la tête du second s’écrasant sur la barre après que la frappe du premier avait offert le premier corner du match, ce sont finalement les Vénézuéliens qui sont le mieux entré dans le match, posant un jeu fluide et plus qu’intéressant à l’image de l’ouverture du score au quart d’heure signée Josef Martínez, conclusion d’un magnifique mouvement collectif.

Le score en sa faveur, la Vinotinto se retrouvait rapidement en supériorité, Austin étant logiquement exclu pour une agression sur Rincón, mais n’en profitait pas véritablement, les occasions restant assez rares. Alors que Wes Morgan, la star championne d’Angleterre entrait rapidement en jeu par ses faits de match, la Jamaïque allait attendre le second acte pour se procurer quelques situations, la plus belle restant cette merveille de frappe enroulée de Michael Hector s’écrasant sur le poteau d’un Daniel Hernández battu. Mais le Venezuela contrôlait finalement, se sentant supérieur, passait à deux doigts d’inscrire un second but, la tête plongeante de Wilker Ángel forçant Blake à réussir l’une des plus belles parades de ce début d’épreuve (si ce n’est la plus belle) et, comme l’an passé, débute sa Copa América par une victoire 1-0.

Une Copa América sans polémiques ni scandales n’est pas une vraie Copa América. A l’heure d’accueillir le centenaire de l’épreuve, les USA ont semble-t-il tenu à s’aligner sur l’héritage historique. Après la polémique arbitrale de BrésilEquateur, on aura ainsi franchi un palier lors de l’affiche de la 3e journée de compétition, MexiqueUruguay. Au moment de jouer les hymnes, l’organisation a ainsi décidé de remplacer l’hymne uruguayen par le chilien. Lorsqu’on connait l’importance que revêt un hymne pour les nations du Sud et qu’on se souvient du dernier UruguayChili en Copa América, on mesure rapidement l’immensité du scandale côté uruguayen. Les joueurs sont ainsi apparus passablement irrités pendant que sur les réseaux sociaux, outre les hinchas qui ne décoléraient pas, le compte officiel de la fédération uruguayenne demandait des comptes avant que l’organisation plaide l’erreur humaine.

Erreur humaine difficile à comprendre quand on replace le match dans le contexte (une campagne immonde anti-Uruguay dans les présentations d’avant match sur certaines télévisions américaines par exemple) et surtout par le fait que le Chili n’étant pas amené à jouer au University of Phoenix Stadium, on ne comprend pas comment cet hymne a pu se retrouver dans le coin.

Reste que si on attendait enfin un véritable match à la chaleur sud-américaine comme seule une Copa América sait l’offrir pour lancer l’édition 2016, on peut désormais affirmer qu’elle est lancée. Sous les 40°C de l’étouffant University of Phoenix Stadium, Mexique et Uruguay ont offert un savant mélange d’engagement, de suspense, d’ambiance bouillante à souhait et mieux, surtout pour le Mexique, de football. A domicile, le Tri a livré un premier acte exceptionnel, la Celeste n’a quasiment jamais existé si ce n’est sur le caviar de Lodeiro pour Cavani qui perdait son face à face avec Talavera. Pour le reste, on n’a vu que du blanc. Organisé avec son ambitieux 3-3-3-1, le nouveau Mexique sauce Osorio est aussi fluide qu’une équipe de club, récupère haut, joue sur les côtés, les latéraux jouant près des ailiers, étouffe ses adversaires. Pour les spécialistes, qui ont déjà connu l’Atlético Nacional version Osorio, aucune surprise, pour les autres, sans doute une révélation. C’est d’ailleurs d’un côté que venait le premier but, un centre venu de la gauche que Palito Pereira, sous la pression de Chicharito propulsait dans ses buts, le tout dès la 3e minute.

Appuyant donc sur les ailes, le Mexique générait du danger, l’Uruguay pliait mais parvenait à résister à la furia mexicaine et rentrait aux vestiaires avec un seul but de retard, un miracle tant il n’y avait qu’une équipe sur le terrain, mais en infériorité, Vecino ayant vu rouge. On se doutait alors qu’Oscar Tabárez n’allait pas laisser les choses ainsi. Lodeiro laissait sa place à Álvaro González, el Maestro avait une idée en tête, rééquilibrer son milieu. Cela fonctionnait. Fidèle à ses caractéristique, la Celeste revenait dans le match, posait enfin le pied sur le ballon et menaçait un Mexique qui avait perdu son rythme. Il manquait quelques centimètres à Cavani pour tromper Talavera puis, Godín lançait la charge, servait le parisien qui offrait un caviar au bordelais Diego Rolan mais ce dernier tergiversait et manquait totalement une véritable occasion de but. Alors que Lozano avait lancé un bon contre mexicain, l’Uruguay allait revenir dans la partie quelques instants après l’exclusion d’Andrés Guardado.  Carlos Sánchez servait le capitaine Godín, la parité était rétablie, le suspense entier.

Ce but allait réveiller le Tri. Lozano se montrait, Chicharito et sa profondeur posaient des problèmes, la tension montait d’un cran alors que le temps défilait. Comme tout match à la saveur sudam (rappelons tout de même que le Mexique n’est pas en Amérique du Sud, même si son football en est proche), la rencontre allait basculer grâce à une légende, un certain Rafa Márquez. Un corner joué à deux, une passe de Lozano mal contrôlée par l’icône mexicaine mais un ballon qui lui revient dessus et voilà comment le match basculait. Márquez fusillait Muslera, 85e minute, le Mexique repassait devant au score. L’Uruguay ne s’en remettra pas, encaissera un dernier but dans les arrêts de jeu et voit le Mexique réussir son entrée dans une compétition dont il est l’un des outsiders. La Celeste ne doit pas encore s’alarmer, il lui suffira de s’imposer face aux deux « petits » du groupe pour passer, mais une certitude, elle se retrouve déjà sous pression quand le Mexique convainc d’entrée. Une certitude, la Copa América est belle est bien lancée !

 

Feuilles de match

 
Jamaïque 0 – 1 Venezuela

Copa América Centenario – Groupe C – 1ère journée

Soldier Field

But :  Josef Martínez (15)

Arbitre : Victor Carrillo

Avertissements : Adrian Mariappa, Michael Hector, Oswaldo Vizcarrondo, Arquímedes Figuera

Expulsion : Rudolph Austin (23)

Formations

Jamaîque :André Blake; Jermaine Taylor, Adrian Mariappa, Kemar Lawrence (Wes Morgan, 40), Michael Hector (Lee Williamson, 77); Garath McCleary, Je-Vaughn Watson (Michael Binns, 88), Joel McAnuff, Rudolph Austin, Gils Barnes, Clayton Donaldson. Entraîneur : Winfried Schäffer.

Mexique 3 – 1 Uruguay

Copa América Centenario – Groupe C – 1ère journée

University of Phoenix Stadium

Buts: Alvaro Pereira (3, csc), Rafael Márquez (85) et Héctor Herrera (90) pour le Mexique, Diego Godín (73) pour l’Uruguay

Arbitre : Enrique Cáceres

Avertissements : Andrés Guardado, Raúl Jiménez pour le Mexique, Matías Vecino, José María Giménez, Maximiliano Pereira, Diego Godín pour l’Uruguay.

Expulsion : Andrés Guardado (72) pour le Mexique, Matías Vecino (44) pour l’Uruguay

Formations

Mexique : Alfredo Talavera, Miguel Layún, Néstor Araujo, Rafael Márquez, Diego Reyes, Héctor Moreno, Héctor Herrera, Andrés Guardado, Javier Aquino (54′ Hirving Lozano), Javier Hernández (82’ Raúl Jiménez), Jesús Manuel Corona (59′ Jesús Duenas). Entraîneur : Juan Carlos Osorio

Uruguay :Fernando Muslera, Maximiliano Pereira, José María Giménez, Diego Godín, Alvaro Pereira, Carlos Sánchez (83’ Gastón Ramírez), Egidio Arévalo Ríos, Matías Entraîneur : Oscar Tabárez.

Photo : Jennifer Stewart/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.