Première journée du groupe D, alors que Panamá et Bolivie ouvraient la soirée à Orlando, l’Argentine retrouvait son bourreau de la dernière finale privée de sa star. Ça tombe bien, nous y étions.

Panamá réussit son entrée

Belle surprise de la dernière Gold Cup, le Panamá affrontait une autre surprise, celle de la dernière Copa América, la Bolivie. Mais bien des choses se sont passées en Bolivie depuis ce quart de finale sensation au Chili, depuis, la Verde n’est qu’un radeau à la dérive. Plantée à 5 derrière, pour un match annoncé à sa portée, la Verde de Baldivieso n’a d’abord pas existé, ne touchant aucun ballon dans le camp adverse, réussissant sa première passe dans les 50 mètres panaméens qu’à la 10e minute. Entre temps, on aura eu un monologue des hommes d’Hernán Bolillo Gómez dont le collectif toujours aussi huilé et intéressant permettait de marquer par l’inévitable Blas Pérez et de se créer quatre autres occasions.

Piqués à vif, les Boliviens se réveillaient enfin, Juan Carlos Arce menaçait de la tête avant que Yasmani Duk ne force Penedo à un arrêt décisif. Si la Verde restait dangereuse, essentiellement de la tête, le collectif panaméen et le duo Quintero – Pérez faisait passer bien des frissons dans l’arrière garde adverse. Au retour des vestiaires, le scénario restait inchangé. La Bolivie ne semblait pas en mesure de prendre le contrôle de la partie face à un Panamá parfaitement organisé et décidé à sortir rapidement en contre. Pourtant, une erreur de défense des Canaleros allait relancer la Verde. Arce profitait d’une boulette de Cummings et ramenait la Bolivie dans le match, relançant alors la partie.

La partie s’équilibrait alors, la domination montrée par les hommes de Bolillo Gómez n’était plus si évidente et Duk passait à deux doigts de donner l’avantage à la Verde. Alors que les Canaleros s’étaient procuré une belle occasion par Quintero, sur laquelle Lampe pouvait briller, alors que le score semblait scellé, une dernière offensive panaméenne allait finalement faire basculer le match. Un magnifique déboulé d’Arroyo qui servait Pérez pour le doublé, celui de la première victoire en Copa América d’une bande de Canaleros dont le collectif pourrait encore poser quelques problèmes à ses futurs adversaires.

 

Inside Argentine – Chili

Par Gabriel Aumont, à Santa Clara pour Lucarne Opposée

Avant-match

Nous voilà donc à San Francisco pour LE match du 1er tour, la revanche de la dernière finale de la  Copa America (lire Un final, des finales). Autant dire qu’on avait vraiment hâte d’y être. Il ne fallait d’ailleurs pas être trop impatient, car à peine le temps de se dire qu’on est parti pour le stade, on s’aperçoit rapidement qu’il n’est pas vraiment la porte a côté. Pour preuve le chauffeur de taxi nous explique que lui ne va plus voir les 49ers (l’équipe de foot US de San Francisco), car il y a trop de trajet pour y aller. Ajouté à cela les bouchons que même le périph’ parisien n’égale pas, le trajet pour le Levi’s Stadium peut sembler des plus longs. Fort heureusement pour nous, nous profitons tout de même de l’escorte de l’équipe chilienne pour nous faufiler derrière, chance ou escroquerie, choisissez.

L’arrivée au stade se fait donc après tout de même 2 bonnes heures de voiture ! Nous arrivons donc devant le beau grand stade de Stade Clara pour nous apercevoir qu’effectivement, il y aura bien plus de monde que lors de notre première à Seattle, les alentours du stade ressemblant enfin à ceux que l’on attend d’une grande compétition continentale. Après avoir pris place en tribune, l’heure des hymnes arrive, premier grand moment de la soirée. Un bug (ou une malveillance) fait que l’hymne chilien est coupé en plein milieu pour laisser place à la chanson officielle de la Copa Centenario. Alors que les joueurs continuent de chanter, on sent un vrai malaise chez nos confrères chiliens qui envahit aussi la tribune de presse.

Le match

Beaucoup de choses sont écrites sur l’Argentine avec et l’Argentine sans Messi. Grande préoccupation de la presse mondiale, l’absence de la star Albiceleste n’a finalement pas été la préoccupation du groupe qui s’est alors évertué à compenser son absence par le collectif. Dans une partie intense, au cours de laquelle les deux formations ont cherché à jouer de l’avant, à presser l’adversaire et le forcer à commettre la première erreur, les hommes de Martino ont remporté un succès qu’ils n’ont finalement dû qu’à leur mérite, bien aidés par un autre duo rosarino, Banega - Di María. Le premier servait le second dont le centre était repris par Gaitán, propulsé successeur de Leo, dont la tête s’écrasait sur la barre. Pizzi avait planté son trio Marcelo Díaz en position reculée, Aránguiz et Vidal devant pour perforer, si la bataille de la fluidité semblait être gagnée par la Roja, le 4-2-3-1 argentin exploitait à merveille les erreurs adverses et l’Argentine générait les principales occasions du premier acte. A Gaitán, succédait ainsi Higuaín, à la conclusion d’un contre éclair emmené par les rosarinos, puis Rojo dont la tête frôlait les montants. Chaque erreur se payait cash (ou presque), à l’image de cette mauvaise relance de Funes Mori qui offrait à Alexis Sánchez la meilleure opportunité chilienne du premier acte que Romero sortait. Au retour des vestiaires, les contres argentins allaient tuer le match en deux temps, deux échanges rosarinos qui permettaient à Di María de rendre le plus beau des hommages à sa grand-mère avant que Banega ne scelle le sort du match.

Car dès lors, le Chili semblait KO, l’Argentine prenait le contrôle du milieu. Alors qu’en salle de presse on tentait une dose d’humour en répondant à la question « pour qui êtes-vous », « pour l’Argentine puisque Higuaín est français », sans succès, dans les tribunes, les hinchas argentins avaient pris le dessus en même temps que la domination Albiceleste était totale. Le Chili reviendra au score en fin de match mais, sans Messi, l’Argentine a décroché un précieux succès dans le match annoncé le plus compliqué de son groupe.

 

Après match

Si Gonzalo Higuain retient qu’« au-delà de la victoire, nous avons réussi un match complet en tout point face à une équipe du Chili, » il évoquait aussi sa position de titulaire en pointe : « Toujours avec énormément d’envie, je dois remercier le sélectionneur en donnant le meilleur pour l’équipe », Gabriel Mercado a retenu à quel point « Ça a été un match très difficile, très compliqué, très intense aussi au cours duquel les deux équipes ont attaqué et ont pressé, nous avons fait un grand match et c’est pour cela que nous l’avons gagné. »

Mais le plus loquace aura évidemment été l’homme du match, le parisien Ángel Di María.

« Quel sentiment sur ce match, un match particulier pour toi ?

Oui. Je suis content et heureux parce que j’ai pu marquer ce but et le dédier à ma grand-mère et à ma famille qui traverse des moments difficiles.

Quand le ballon est entré, on a vu ton émotion

Je savais qu’à un moment je pourrais marquer un but, que j'aurais cette possibilité. Grâce à Dieu j’ai pu le faire et j'ai pu le dédier à ma grand-mère.

Tata Martino a déclaré en conférence de presse qu’il n’était pas au courant de ce qui s’était passé

Non parce que j'avais peur de ne pas jouer et si je n’avais pas joué, ç’aurait énervé ma grand-mère. Le mieux était d’entrer sur le terrain. J'avais posté un message sur mon instagram uniquement pour ceux qui me suivent. Je n’en ai pas parlé, peu de gens savaient.

Sur le plan du jeu, comment as-tu senti l’équipe ? Ça a été un match très difficile, le plus difficile du groupe.

Bien. En vérité, j’ai trouvé l’équipe bien. On a effectué un travail impressionnant, on s’est énormément sacrifié en première période et je pense qu’on a mérité la victoire.

Le fait de gagner des matchs sans Leo, cela montre aussi qu’il n’y a pas une telle Messi-dépendance ? 

Je crois que c'était pour tout le monde. L'important était de remporter ce match. On savait que si on ne prenait pas les trois points sur ce match, on allait mettre la pression sur Leo.

Dorénavant, l'Argentine doit avoir un jeu plus direct ?

Je ne sais pas. On a eu un jeu direct aujourd'hui, les choses ont tourné comme on l'avait espéré. Leo n'était pas là, on savait que cela allait leur donner un regain de confiance mais on croit que la sélection dispose de joueurs capable de combler l'absence de Leo.

Cela fait plusieurs matchs que vous gagnez sans Messi, tu drais que vous progressez en tant qu'équipe ?

Je pense qu'on s'adapte petit à petit. Leo est plus que nécessaire. On aurait pu faire d’autres choses avec lui notamment sur les contre-attaques que nous avons eues mais bon, nous devons continuer à travailler, faire en sorte que lorsqu’il n’est pas là il faut faire le possible pour s’imposer et que lorsqu’il est là, essayer de faire le nécessaire pour lui. »

 

Feuilles de match

 
Panamá 2 – 1 Bolivie

Copa América Centenario – Groupe D – 1ère journée

Citrus Bowl

Buts : Blas Pérez (10 et 87) pour Panamá, Juan Carlos Arce (53) pour la Bolivie

Arbitre : Ricardo Montero

Avertissements : Adolfo Machado, Felipe Baloy, Harold Cummings, Armando Cooper, Blas Pérez, Pedro Azogue et Yasmani Duk.

Formations :

Panamá :Jaime Penedo, Adolfo Machado, Felipe Baloy, Harold Cummings (Luis Henríquez, m63), Roderick Miller, Gabriel Gómez, Armando Cooper (Abdiel Arroyo, m74), Aníbal Godoy, Alberto Quintero, Blas Pérez, Gabriel Torres (Luis Tejada, m56). Entraîneur : Hernán Darío Gómez

Bolivie :Carlos Lampe, Ronald Eguino (Alejandro Melean, m46), Nelson Cabrera, Edward Zenteno, Diego Bejarano, Marvin Bejarano, Pedro Azogue, Fernando Saucedo (Jhasmani Campos, m46), Smedberg-Dalence, Juan Carlos Arce, Yasmani Duk (Rodrigo Ramallo, m87). Entraîneur : Julio César Baldivieso.

Argentine 2 – 1 Chili

Copa América Centenario – Groupe D – 1ère journée

Levi's Stadim – 69 451 spectateurs

Buts : Ángel di María (51) et Éver Banega (59) pour l’Argentine, José Fuenzalida (93) pour le Chili.

Arbitre: Daniel Fedorczuk

Avertissements : Arturo Vidal, Mauricio Isla, Gary Medel, Jean Beausejour, Ángel di María et Marcos Rojo

Formations :

Argentine : Sergio Romero; Gabriel Mercado, Nicolás Otamendi, Ramiro Funes Mori, Marcos Rojo; Augusto Fernández, Javier Mascherano, Éver Banega; Ángel Di María (Erick Lamela, min.80), Gonzalo Higuaín (Sergio Agüero, min.74), Nico Gaitán (Matías Kranevitter, min.87). Entraîneur : Gerardo Martino

Chili :Claudio Bravo; Mauricio Isla, Gary Medel, Gonzalo Jara y Eugenio Mena (Fabián Orellana, min.54); Marcelo Díaz, Charles Aránguiz (José Fuenzalida, min.82), Arturo Vidal, Jean Beausejour; Alexis Sánchez, Eduardo Vargas (Mauricio Pinilla, min.68). Entraîneur : Juan Antonio Pizzi.

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.