Les quarts de finale de la Copa América Centenario débutent la nuit prochaine avec le choc de Seattle opposant le pays hôte à l’ambitieux Equateur. Retour sur la dernière conférence de presse des deux coaches.

Pour la première fois depuis 1997, l’Equateur est au rendez-vous des quarts de finale. Après une Copa América chilienne ratée, la Tri s’était présentée aux Etats-Unis avec un statut d’outsider conféré par son excellent début de campagne qualificative pour Russie 2018. De son côté, le pays organisateur de la Copa Centenario cherche goûter de nouveau au dernier carré de l’épreuve, chose qui lui était arrivé en 1995, espérant ainsi offrir une place au soccer dans un pays qui peine encore à en mesurer l’importance. A la veille du match, les deux entraîneurs se sont exprimés en conférence de pression. Compte-rendu.

 

Jürgen Klinsmann : « il n’y a aucune peur »

Voyez-vous un effet du temps de transport sur l’état des joueurs ?

Toutes les équipes sont confrontées aux soucis des transports et jouent leurs matchs. On pourrait regarder qui a les meilleures contraintes de transport, regarder équipe par équipe mais le fait est que les choses sont ce qu’elles sont. Nous avons eu de sacrées contraintes il y a deux ans au Brésil et on s’en est parfaitement sortis. Je pense que les joueurs y sont habitués, ils ont envie de plus. C’est un grand match qui nous attend demain ici à Seattle, nous sommes impatients de jouer devant ce public mais il va falloir énormément travailler. Ce sera un match couperet comme le dernier face au Paraguay mais il y a une chance, ce sera du 50 -50 et nous avons l’ambition d’aller en demi-finale.

Vous parliez d’expérience, de nombreux joueurs sont habitués à jouer des matchs à élimination directe maintenant et qui étaient du match face à la Belgique il y a deux ans. En quoi avoir vécu ce genre de matchs et avoir depuis grandi ensembles va vous aider ?

C’est une vraie bonne chose. Si vous regardez notre équipe, entre deux Coupes du Monde, vous essayez d’incorporer de jeunes joueurs à l’effectif pour les aider à grandir mais cela aide énormément d’avoir des joueurs qui connaissent et savent comment jouer ce type de matchs. Si vous regardez position par position et que vous comparez les deux formations, même si nous avons beaucoup de respect pour la sélection équatorienne, avec les Valencia, Noboa…ils ont une superbe équipe, mais si vous regardez notre équipe, nous avons des leaders qui, comme vous l’avez dit, étaient là il y a deux ans au Brésil. Michael Bradley, Jermaine Jones, Clint Dempsey…nous seront là, nous pouvons lutter avec eux. Tout est une question d’être au sommet au bon moment. Espérons que nous le seront demain.

Photo : JASON REDMOND/AFP/Getty Images

Michael Orozco va certainement jouer à la place de DeAndre Yedlin demain. Sa présence dans le groupe a été l’objet de polémiques. Qu’apporte-t-il au groupe ?

Sa présence est logique étant donné qu’il a toujours été là quand nous avons eu besoin de lui. C’est un joueur exceptionnel, toujours concentré sur son travail, joue à haut niveau. Vous savez, j’ai vu Tijuana jouer Monterrey, Monterrey a des joueurs qui seront demain côté équatorien, et j’ai vu qu’il est en forme. Michael a toujours été là pour l’équipe. Il ne se plaint jamais même quand il est écarté. A chaque fois qu’il est appelé, il fait son boulot.

Après le premier match, il y a eu des critiques, pensez-vous que l’équipe s’est appuyée sur ces critiques pour se relever ?

Comme je l’ai déjà dit, je pense que nous avons fait notre meilleur match face à la Colombie, les gens ne l’ont pas vu, on ne le voit peut être pas lorsqu’on perd 2-0. Mais depuis le début, dès les matchs de préparation, il y a toujours eu une atmosphère positive autour de l’équipe, nous savions que ce serait une tâche ardue que de sortir du groupe. Après la première défaite, nous nous sommes remis au travail pour gagner le suivant, ce que nous avons fait en étant convaincants, puis le suivant. C’est un processus normal que vous devez traverser, l’important étant que l’équipe parvienne à gérer les mauvais résultats, comprendre pourquoi ils arrivent et réagir de la meilleure des manières ensuite. La phase à élimination est un nouveau tournoi.

Quelle importance aura le travail défensif de Bedoya et Zardes face à l’Equateur ?

Je pense que tous deux sont de plus en plus forts. Si vous revenez deux ans en arrière, au Brésil, les ailiers étaient alors Alejandro, Graham, ils devaient déjà faire avec cela, des arrières des autres équipes poussant vers l’avant et poussant nos ailiers à reculer. Ils ont appris, Gyasi a appris à repousser son latéral, de l’impressionner, de prendre le jeu à son compte. On a appris à prendre le dessus sur l’adversaire, même si on a énormément de respect pour lui. Alejandro sort de plusieurs mois costauds en France à Nantes, Gyasi ne fait que grandir, c’est un gosse incroyable qui donne tout, il apprend et ne peut que progresser. Les deux se comportent très bien dans l’équipe.

Et cela donne quoi face à des équipes comme l’Equateur ?

Vous regardez leurs latéraux, qui ils sont, comment ils jouent. Il n’y a aucune peur, ce sera deux duels intéressants, deux un contre un partout sur le terrain, qui vont décider du match.

Sur le dernier match, vous avez demandé à vos joueurs d’avoir le courage de défendre haut. Face à l’Equateur et leur vitesse, vous voulez maintenir cette stratégie ?

Absolument. C’est important de rester fidèle à sa philosophie et à ce que vous voulez construire. On peut s’adapter dans certaines circonstances d’un match quand il le faut. On peut reculer un peu aussi. Mais je pense que nous avons tant travaillé pour rester haut sur le terrain, nous devons poursuivre dans cette voie que nous avons commencé à ouvrir il y a quelques temps. Demain nous devrons être courageux et aller les chercher. C’est une bataille de 90 minutes.

Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus par rapport à l’Equateur au regard de ce que vous avez vu d’eux et notamment le dernier match joué contre eux ?

Nous avons énormément de respect pour l’Equateur. Ce n’est plus la même équipe que celle que nous avions affrontée il y a quelques semaines. Antonio Valencia est là, Ayovi est là, ils ont certains de leurs joueurs clés qui seront là et qui n’étaient pas présents à Dallas. Mais cela reste un bon test pour nous, nous pouvons les jouer, être compétitifs face à eux. Ce sera un match ouvert, qui se jouera jusqu’au dernier souffle. Ça peut même aller jusqu’aux tirs au but, nous sommes prêts à cela.

 

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Miller Bolaños sur le flanc, Gabriel Achilier qui pourrait faire son retour, quelle équipe allez-vous aligner ?

Miller ne sera pas du match. S’il peut intensifier ses mouvements, il n’est pas apte à soutenir un match aussi intense et on tient à le préserver dans l’optique d’une qualification. Achilier est disponible, mais je ne peux dire qui débutera. Il y a une place à prendre à côté de Mina entre Achilier et Erazo, nous nous sommes entraînés avec les deux aujourd’hui, on prendra une décision demain.

Que pensez-vous de cette sélection US et du fait de jouer sur ce terrain si particulier qu’est celui de Seattle où la sélection n’a jamais perdue ?

Les Etats-Unis ont une sélection très organisée défensivement, bien structurée, avec un système de jeu parfaitement huilé qui fonctionne très bien. Ce sera difficile mais l’Equateur, s’il est bien, est une sélection qui peut battre n’importe qui. Je suis confiant en le fait que l’Equateur pourra jouer demain à son meilleur niveau, à grande intensité et gagner la partie. Après tout, l’Equateur aussi n’a jamais perdu dans ce stade (rires).

Photo : NELSON ALMEIDA/AFP/Getty Images

Avez-vous encore des doutes concernant le onze qui débutera demain ? Avez-vous travaillé les tirs au but ?

Oui on a encore des doutes. Je ne peux dire lequel des deux centraux va débuter. Tout est fonction des caractéristiques qu’ont les attaquants des USA, ils vont essayer de jouer, de contrôler le match. Mes deux centraux ont des caractéristiques bien différentes. Erazo est plus technique, Achilier plus dans le duel, plus fort physiquement. Je choisirai demain. Nous nous sommes entraîné aux coups francs en notre faveur, contre nous, aux corners, aux tirs au but également. C’est un exercice pour lequel il n’est pas nécessaire de trop s’entraîner. Tout dépend de comment tu es le jour J, de ta confiance jour-là, plus que l’entraînement même s’il peut aider.

Concernant l’absence de Miller Bolaños, qui prendra sa place, Cazares ou Ayovi ?

Jaime ressent une légère douleur qui l’a poussé à sortir prématurément lors du dernier match. Il s’est entraîné normalement aujourd’hui mais nous n’étions qu’à 80% en intensité, j’analyserai demain s’il peut débuter la partie ou non. Je déciderai alors qui d’Arroyo, de Fidel, de Cazares, de Mena lequel pourra alors pallier son absence en tenant compte le fait que nous allons affronter une sélection très physique et nous devrons prendre des joueurs qui ont suffisamment de force physique pour répondre présent dans les duels. C’est pour cela qu’on se prépare avec plusieurs joueurs, Ayovi compris, et on décidera demain lequel d’entre eux débutera.

Quelle est votre principale préoccupation avec cette sélection US ?

Ils vont très vite en contre, ils ont un jeu très efficace organisé autour de Dempsey pour les deux ailiers. Il faudra bien anticiper, faire en sorte que les ailiers ne soient pas trouvés, être présents au marquage, être attentifs aux sorties de leurs milieux. Ce sont les duels individuels qui vont décider du sort du match en faveur d’une équipe ou de l’autre. Si on est bien dans les duels, bien organisés, coupant les espaces, c’est là que tout se décidera plus que sur les coups de pieds arrêtés. Ce pourrait être un match serré qui peut aussi se jouer sur les coups de pieds arrêtés.

Jürgen Klinsmann a déclaré qu’il n’avait pas peur. Qu’en est-il côté Equateur ?

L’Equateur n’a pas peur. Il y a une poussée d’adrénaline qui n’est pas de la peur. C’est quelque chose qui se ressent dans le vestiaire et sur le terrain. Si tu ne l’as pas, tu le regrettes. Et si tu le ressens, cela provoque une sensation rare. Aller jouer un match aussi important, c’est la plus grande chose que tu peux ressentir en tant que joueur. On ne ressent aucune peur mais plutôt une grande motivation, on a tout un pays derrière nous. Cela fait tant de temps que l’Equateur n’a pas atteint ce niveau. Nous avons une grande motivation, beaucoup d’envie, énormément d’espoir. 

Propos recueillis par Gabriel Aumont, à Seattle pour Lucarne Opposée

Photo une : JASON REDMOND/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.