San Lorenzo remporte l'Inicial 2013

C’était donc le grand moment que tout le monde attendait : deux matchs, une dernière journée reportée : le final argentin allait enfin permettre de connaître le champion. Et l’accouchement aura été plus dur que prévu.

Le grand final que tous les fans de foot argentins attendaient allait donc pouvoir débuter. A ma gauche, Vélez accueillait le leader San Lorenzo qui pouvait s’assurer le titre en cas de succès, mais surtout, ne pas perdre. A droite, Newell’s et Lanús, le champion sortant et le vainqueur de la Sudamericana, bien placés en embuscade (le vainqueur de la rencontre pouvait arracher un match de barrage pour le titre). Tout était prêt, le spectacle allait commencer.

Et on aura d’abord eu un long et interminable round d’observation. A Amalfitani, San Lorenzo faisait le choix de laisser le Fortin s’épuiser quand Vélez se montrait craintif du mauvais coup. A Rosario, fidèle à son habitude, le Granate démarrait doucement et laissait la Lepra prendre les commandes du match sans pour autant vraiment trembler. Au point que finalement, le premier acte se soldait sur deux 0-0 totalement fermés. La deuxième période allait voir plus de mouvement. Car d’entrée de second acte Pablo Pérez ouvrait le score pour Newell’s qui rejoignait alors le Ciclón en tête du tournoi. Embellie de courte durée. Le Granate répliquait immédiatement par Goltz, ne changeant alors pas les plans de Pizzi qui attendait toujours que Vélez s’épuise. Si rien ne bougeait vraiment à Amalfitani, le match s’emballait à Rosario. Le Granate semblait prendre le contrôle de la partie mais se faisait piéger par Newell’s qui reprenait l’avantage à 25 minutes de la fin du match. Là encore, le vainqueur de la Sudamericana ne s’avouait pas vaincu et repartait de l’avant. Sa domination allait être progressive jusqu’au terme de la rencontre. Perreyra Diaz, tout juste entré ramenait Lanús au score. La Lepra vacillait, oubliant son collectif pour lui préférer des efforts individuels. Côté Granate allait venir l’heure des regrets. Une pluie d’occasions, toutes plus franches les unes que les autres. Maladroits, les hommes de Schelotto allaient devoir se contenter du nul qui privait les deux équipes de titre. Ne restait alors que Vélez pour espérer déloger San Lorenzo.

Mais le Fortin, qui allait se réveiller, allait surtout se heurter à un Torico en état de grâce. Si le Ciclón ne proposait finalement pas grand-chose, il allait surtout se contenter de bien défendre son résultat nul et allait souvent friser la correctionnelle. Tactique payante, San Lorenzo décroche son 12e titre national.

Les buts de la dernière journée :

Petit ou grand champion ?

Vient le temps du bilan. Avec 33 points, San Lorenzo devient le vainqueur d’un tournoi comptant le plus faible nombre de points de l’histoire du championnat. Une fois la statistique posée, deux analyses sont alors possible : le verre à moitié plein et celui à moitié vide. Nombreux seront en effet ceux qui résumeront ce titre à un énorme coup de chance permis par la chute incroyable d’un Newell’s qui écrasait le championnat (cinq points pris sur les 24 derniers possibles, aucune victoire depuis près de 2 mois !), ou la malchance d’un Vélez ou d’un Lanús lors de l’ultime journée. Sauf que le triomphe du Ciclón, c’est aussi la juste récompense d’une reprise en main du club.

Retour en arrière : juin 2012, alors qu’Arsenal décroche le Clausura, le San Lorenzo de la grande gueule Caruso Lombardi se sauve de la relégation lors de la dernière journée après une victoire à domicile devant San Martin. Arrachant une place en barrage, le Ciclón écartera Instituto dans la douleur pour s’assurer le maintien en Primera Division. Carlos Abdo renonce, les hinchas élisent le duo Lammens – Tinelli à la tête du club. C’est la révolution. Quand des hinchas prennent le pouvoir, Matias Lammens, troisième plus jeune président de l’histoire du club, va d’abord nettoyer les dettes du club et rapidement mettre en place un politique ambitieuses (en bons anciens hinchas, leur seule obsession reste le titre). Dernier coup de maître, virer Caruso Lombardi et attirer un entraîneur de talent : Juan Antonio Pizzi.

Juan Pizzi

L’homme qui enchanta l’Amérique Latine avec la Catolica de Cañete – Eluchans et Pratto arrive avec son 4-2-3-1 et sa philosophie de jeu basée sur l’exploitation rapide et en nombre des espaces. La sauce prend rapidement. Avec le duo Ortigoza – Mercier dans l’entrejeu, des latéraux de talents que son Buffarini et Kanneman, San Lorenzo peut alors s’exprimer : la révélation/confirmation Ángel Correa, le maitre à jouer Ignacio Piatti, l’idole Leandro « el Pipi » Romagnoli s’éclatent au milieu. Et le Ciclón gagne en régularité, la même régularité qui lui offre son 12e titre.

Ailleurs : l’année des changements

Changer de direction après un mauvais tournoi pour enfin repartir de l’avant. Le modèle San Lorenzo fait des envieux et surtout alimentent les espoirs du côté de River. Miné en coulisse, emmené par le duo Diaz qui aura passé son intersaison et son tournoi à enchainer le n’importe quoi, se trompant dans ses choix de recrutement (entre copinages et affaires extra-sportives qui ont pris le dessus sur la vérité du terrain – nous ne reviendrons pas sur l’affaire Trezeguet / Emiliano Diaz par exemple), River a donc détruit tout ce qu’il avait si bien construit lors du tournoi précédent (rappelons que la Banda avait terminé juste derrière le champion Newell’s). 17e tu tournoi avec 21 points en 19 matchs et une attaque quasi-muette (12 buts !), River conclut ainsi l’ère Passarella et reprend espoir avec la nouvelle présidence de D’Onofrio et le retour de ses idoles. De là à faire comme San Lorenzo

Changements également en bas de classement : après un tournoi plus que moyen, Argentinos et Godoy ont fini par glisser en bas de la zone rouge. Le Bicho se sépare de Caruso Lombardi alors que l’histoire Palermo entraîneur du Tomba prend fin. Les deux clubs n’ont désormais plus qu’un tournoi pour sauver une situation bien mal embarquée. Reste le cas Colón dont l’avenir s’assombrit de jours en jours. Après la grève des joueurs impayés qui coûte six points au Sabalero, en pleine campagne d’élection, le club se retrouve embarqué dans une nouvelle affaire d’impayés avec le club mexicain d’Atlante et se retrouve de nouveau sous la menace de nouvelles sanctions.

Quatre équipes, quatre rêves de retour glorieux. Ajoutez à cela un Boca qui cherchera à convaincre de nouveau après un tournoi mitigé, les nouveaux géants qui devraient confirmer et finalement, le Torneo Final 2014 s’annonce encore plus passionnant. On en trépigne d’impatience.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.