Les commentateurs télé n’ont eu de cesse de nous le rappeler tout au long du week-end. Cette 24e journée du championnat argentin était historique. C’était la journée des clásicos. Et à la fin, c’est Boca qui gagne.

Des clásicos à n’en plus finir. 24e journée argentine, la folie promise aux quatre coins du pays. Le dernier héritage de Grondona, une journée à la Colombienne, une journée faite de clásicos. Si la folie a bel est bien eu lieu en tribunes (parfois avec de violents débordements, nous allons y revenir), sur le terrain, elle aura souvent été décevante. Mais n’en reste pas moins décisive.

Les clásicos pour le titre

Deux le samedi, deux le dimanche, quatre matchs qui pourraient bien avoir décidé du titre. Premier rendez-vous du fou week-end argentin, le bouillant clásico de Avellaneda entre Independiente et Racing, match au sommet opposant un Rojo revigoré par l’arrivée de l’excellent Pelegrino et qui pouvait ainsi se rapprocher du top 4 synonyme de Liguilla pour la Libertadores, et un Racing de Cocca qui pouvait mettre la pression sur les leaders San Lorenzo et Boca. Et comme toujours, le Libertadores de América était sublime.

Rouge d’envie, le Libertadores de América allait rapidement devenir rouge de plaisir. Intensité, possession, pression, le Rojo a totalement dominé  le premier acte même s’il se montrait souvent trop maladroit pour véritablement menacer Saja. Mais Independiente allait pourtant rentrer aux vestiaires avec l’avantage au score grâce à l’un des hommes du match, Martin Benítez. Ricardo Noir aura beau provoquer la foule lors de son remplacement en seconde période en faisant croire qu’il avait froid, sa défense aura pourtant eu chaud tout le second acte finissant par craquer en fin de rencontre notamment sur un but de l’essentiel Jesús Méndez récompense d’un match énorme du milieu rojo pas épargné par les coups durs cette année. Independiente poussera jusqu’à inscrire un troisième et dernier but qui reflète finalement assez bien la domination des hommes de Pelegrino qui n’auront laissé que quelques contres à une Academia qui pourrait avoir perdu bien plus qu’un simple clásico qui resterait, mais on ne le savait pas encore, le plus beau du week-end.

D’autant que dans la foulée, les regards se tournaient vers le Duco pour le clásico de Barrio entre un Huracán sur une pente ascendante et un San Lorenzo leader du championnat. Le match n’avait pas commencé que le feu était déjà mis aux poudres par Cristian Espinoza qui ne trouvait rien de mieux que de jeter le fanion du Ciclón d’un coup de pied provocant un début de bagarre avant le coup d’envoi. Cette tension allait cependant servir un Globo bien plus entreprenant et convaincant que San Lorenzo dans un match d’un niveau global tout de même assez moyen. Encaissant un but à 20 minutes de la fin, œuvre de Patricio Toranzo, réduit à neuf après les exclusions de Buffarini et Caruzzo, San Lorenzo aura eu quelques situations pour arracher le nul mais n’aura finalement rien mérité de plus qu’une défaite qui ouvrait la voie à Central et surtout à Boca.

Il fallait donc attendre le dimanche soir pour voir les deux autres candidats au titre entrer en piste. Dans sublimissime Gigante de Aroyito, le Central de Ruben et Chelito Delgado accueillait un Newell’s en souffrance pour un clásico attendu par plus qu’une ville. Malheureusement, les belles promesses de début de match ont rapidement laissé place à un match ennuyeux. La faute à un Newell’s venu garer le bus et laissant le seul Boyé se débrouiller devant et à un Central qui, privé de l’imagination d’un Franco Cervi absent, n’a jamais trouvé la clé pour faire sauter le verrou du coffre mis en place par Lucas Bernardi. Un match terne, sans réelles envolées et occasions de frissonner (si ce n’est à l’écoute des chants du peuple Canallas), une occasion ratée de plus pour la bande à Coudet qui reste ainsi à quatre points de San Lorenzo.

L’heure était donc venue pour que la folie du Superclásico s’abatte sur l’Argentine. Là encore, un recibimiento de folie pure, une ambiance dantesque. Mais si River avait pris la récente habitude de sortir vainqueur des matchs couperet face à son meilleur ennemi, cette fois si la douche fut plutôt glacée. Car finalement, le tournant du match a eu lieu dès la 30ème seconde lorsque Fernando Gago s’est effondré sur la pelouse du Monumental, le tendon d’Achille qui lâche. Ce coup dur pour les Xeneizes fut en fait un tournant décisif car Nicolas Lodeiro, entré à la place de Pintita, allait donner le tournis à un River souvent dépassé, à l’image d’un Leo Ponzio sorti rapidement par Gallardo pour éviter le rouge dès le premier acte. Une fois le score ouvert, Boca s’est alors contenté de gérer les rares percées de Millonarios bien loin de leur niveau des semaines passées, comme si la victoire en Libertadores avait sucé tout leur jus. Orion s’offrira tout de même deux arrêts de grande classe face à Alario, rare satisfaction offensive du Millo, Boca s’impose et reprend les commandes du championnat au meilleur des moments, River n’aura sans doute plus rien à jouer dans ce championnat.

Les autres clásicos

Derrière les clásicos pour le titre, le week-end était animé par d’autres, parfois véritables, parfois créés pour l’occasion. C’est le cas du Tigre – Vélez, élevé au rang de clásico quand il eût été plus logique d’offrir la Nueva au Fortin (faute de Ferro son véritable ennemi) que le Matador a totalement écrasé, prenant ainsi place en tête du wagon pour la Liguilla Pré-Sudamericana et talonnant les places pour la Liguilla Pré-Libertadores, ou encore le Temperley – Quilmes, quand là aussi, un duel Defensa y Justicia – Quilmes aurait eu plus de saveur (les deux équipes saluant cette création par un triste 0-0). Ce n’est pas le cas en revanche du clásico del Sur opposant Lanús et Banfield. Nous avions eu raison de rappeler qu’un 13 septembre, le Taladro était venu chercher sa dernière victoire à La Fortaleza (voir le podcast LO). Car ce dimanche 13 septembre, les verts et blancs ont remis ça sur une merveille de Mauricio Cuero en première période qui outre le fait d’être le seul but du match, a totalement assommé un Granate jusqu’ici dominateur sans être dangereux. Banfield passera la seconde période en dominant au fil des minutes et aurait pu/dû creuser l’écart mais se satisfait d’un succès qui lui permet de taper à la porte du top 6, à un point du duo RiverIndependiente. C’était aussi le cas du bouillant Estudiantes – Gimnasia qui n’est pas parvenu à accoucher d’un vainqueur et maintient les deux clubs de La Plata, le Lobo ne parvenant pas à se venger de la défaite concédée au Bosque en mars dernier (voir Inside Gimnasia - Estudiantes).

C’était le cas enfin de l’explosif Clásico santafesino entre Colón et Unión. Si le Sabalero pouvait en cas de victoire revenir au contact de la Liguilla Pré-Sudamericana, le Tatengue avait beaucoup à gagner (ou à perdre, c’est selon) lors de ce clásico, un succès pouvant lui permettre de prendre ses distances avec les poursuivants et ainsi prendre place au cœur du wagon des qualifiés pour celle-ci. Malheureusement, et malgré l’un des plus beaux recibimientos du week-end, ni l’un, ni l’autre ne sera parvenu à prendre le meilleur. Les deux équipes se quittent sur un score nul et vierge qui, comme le veut l’usage, n’arrange finalement personne.

Ailleurs,  Godoy s’est donné une bouffée d’oxygène lors du Clásico de Cuyo l’opposant à San Martin (doublé de Leandro Fernández), Belgrano confirme ses difficultés du moment en arrachant le nul à Rafaela alors que Crucero del Norte n’en finit pas de couler après avoir été tranquillement écarté par Aldosivi. A noter enfin la troisième défaite de rang pour la Nueva Chicago face à Argentinos et la belle forme du moment d’Olimpo qui s’impose face à Sarmiento et n’a perdu qu’un seul de ses huit derniers matchs. Au point de se retrouver aux portes de la Liguilla Pré-Sudamericana.

Les buts

 

 

Résultats

Classement

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.