C’est l’heure du grand retour du football en Argentine. Avec une reprise repoussée d’une semaine, la nouvelle Superliga va enfin débuter avec son lot de nouveautés mais surtout sa nouvelle ambition, celle de faire du championnat argentin l’un des leaders du continent. Le guide complet.

Superliga, la nouvelle ère

Après le marathon des 30 journées en 2016/2017, après la crise post-fin de Fútbol para Todos (lire Fin de Fútbol para Todos : quand économie et politique plongent l’Argentine dans le chaos), la crise de la sélection et de celles de jeunes (pas encore totalement réglée), le football argentin avait décidé d’ouvrir une nouvelle ère suite à l’élection de Chiqui Tapia à la tête de l’AFA. Dans la foulée, le projet, presque serpent de mer, de la Superliga a vu le jour avec des objectifs clairement annoncés par Mariano Elizondo son président « de faire en sorte que le football argentin soit vu de par le monde. Qu’il soit dans l’agenda international. » Avec les contrats signés avec Fox Sports et Turner Sports (les matchs seront diffusés gratuitement (sans abonnement supplémentaire au câble) jusqu’en octobre en SD avant de passer en mode payant (300 pesos par mois) sur FS Premium et TNT Sports en HD), ce sont de nouveaux revenus disponibles pour les clubs et la Superliga cherchera donc à lutter contre la dette, la plaie ouverte du football argentin depuis des décennies. Restons optimistes sur la volonté d’y parvenir (même si on en doute véritablement), sur le terrain, la Superliga se disputera désormais à 28, l’opération réduction de l’élite étant en marche.

Pour la saison 2017/2018, on conserve donc le format de la poule unique et surtout, on supprime la double fecha de los clásicos pour donc ne compter que 27 journées. À l’issue de ces 27 matchs, le champion sera couronné, les trois suivants iront en phase de groupe de la Libertadores 2019, le cinquième au second tour, les équipes placées entre la sixième et la onzième place en Sudamericana 2019. Concernant la relégation, on ne change pas une méthode qui gagne, le promedio sera juge de paix et l’opération nettoyage de la Primera División se poursuivra avec quatre relégations pour deux montées. Le format en tête, place désormais à la présentation des 28 engagés pour 2017/2018.

Ils vont jouer le titre

bocaChampion sans jamais trembler (ou presque), Boca est le grand candidat à sa succession. Premièrement car le 4-3-3 de Guillermo Barros Schelotto a montré son efficacité, le club est armé de certitudes collectives. Deuxièmement et surtout, car le recrutement opéré l’a été en mode XXL. Certes le mercato a été animé par les derniers scandales extra-sportifs de Ricky Centurión, sur le point de rester mais finalement écarté pour terminer en Italie. Mais pour le reste, Boca conserve deux de ses grands atouts offensifs, Cristian Pavón et Darío Benedetto et leur adjoint un 10, un vrai, Edwin Cardona. Capable d’être aussi génial qu’irritant, CrackDona vient garnir la colonie colombienne des Xeneizes, et surtout possède le profil parfait de l’homme qui va retourner la Bombonera. En plus d’un vrai maître à jouer, Boca renforce chaque ligne : le magnifique Nahitan Nández arrive au milieu, le monstre Paolo Goltz retrouve son coach de l’époque Lanús et va solidifier davantage la défense. Boca va donc pouvoir tranquillement poursuivre sur sa lancée de 2016/17, préparer de la meilleure des manières la prochaine Libertadores qui revient début 2018 et pourquoi pas attendre le retour de Tevez début janvier.

riverplateD’autant que la Libertadores va animer la première partie de championnat du grand rival River Plate qui en plus de cet objectif numéro doit aussi reconstruire. La première partie de la reconstruction a eu lieu pour les huitièmes de finale de l’épreuve et un obstacle paraguayen, Guaraní, parfaitement géré. La suite s’est faite en coulisses avec un recrutement très uruguayen. Car après l’arrivée de cadres destinés à venir sécuriser chaque ligne (Lux dans les buts, Javier Pinola derrière, Enzo Pérez au milieu, Nacho Scocco devant), River fait dans la promesse : Nico De La Cruz vient marcher sur les pas de son grand frère Carlos Sánchez, l’excellent Marcelo Saracchi se pose en provenance du Danubio. Et pour combler le départ de la machine à but Driussi, Marcelo Gallardo tente de relancer une promesse colombienne, Rafael Santos Borré dont l’association avec Lucas Alario, si ce dernier reste – ce qui est de moins en moins probable, promet bien des étincelles. Reste que comme indiqué, la période septembre – décembre devrait être animée par la Libertadores, le quart de finale face à Jorge Wilstermann s’annonçant largement à la portée des Millonarios qui alors ne seront plus qu’à 180 minutes d’une nouvelle finale en cas de qualification, et pourrait ainsi coûter quelques points sur la route par la rotation d’effectif qu’elle imposera. La chance de River tient dans le format à 27 journées qui va lui laisser le temps de revenir dans la course au titre en cas de points perdus, à la condition de mieux gérer les moments clés, ce qui ne fut pas le cas la saison passée.

racingC’est justement cette formule marathon qui devrait une fois encore permettre aux géants du football argentin d’occuper les premiers rôles en fin de saison (même si, nous allons y revenir, il y a quelques places pour jouer le rôle du Banfield 2017). C’est ainsi tout naturellement qu’on devrait retrouver deux autres grands rivaux pour jouer la course au titre : Independiente et le Racing. Il suffit de regarder le classement du promedio pour se rendre compte que le Racing est l’équipe qui a pris le plus de points en Argentine derrière Boca (1 point de moins). Cela pourrait paraître surprenant pour une équipe qui a fait le yoyo la saison passée, aimant comme à son habitude faire souffrir son peuple albiceleste en lui offrant une saison de montagnes russes, passées entre rêves de titre, de Libertadores, de chute en Sudamericana pour finir par accrocher sur le fil le bon wagon. Mais il est un fait, la machine dirigée par Diego Cocca reste une formidable machine à prendre des points. Il y a certes des départs qui vont peser, à commencer par celui d’el Huevo Acuña, le taureau qui aura brisé bien des défenses, ou celle de Gustavo Bou qui même en déclin apparent, reste un redoutable attaquant. Il y a ceux d’hommes importants comme Luciano Aued ou Ezequiel Videla. Il y a enfin celui d’Agustín Orion à l’expérience certaine. Mais il y a aussi de belles arrivées du côté de La Academia. Egidio Arévalo Rios a beau être en fin de course, compter sur un pitbull à la récupération est utile, surtout en championnat d’Argentine, l’excellent Alexis Soto, l’élégant Lucas Orbán et l’utile Juan Patiño sont trois belles arrivées en défense et surtout, le trio André Ibargüen – Ricardo Noir – Enrique Triverio peut rapidement s’avérer létal pour bien défenses adverses. Avec Cocca à la baguette, ce Racing peut voir venir, il devra cependant jongler avec un autre objectif affiché, la Sudamericana et un huitième de feu prévu face au Corinthians.

independienteÀ quelques mètres du Cilindro, les ambitions sont identiques du côté de l’ennemi rouge, Independiente. Celles-ci reposent également sur des acquis, les 2 petites défaites en 22 matchs disputés sous la houlette d’Ariel Holan. À la différence de bien des clubs, le Rojo peut miser sur la stabilité, n’étant finalement que très peu touché par les départs, sa plus grande perte restant celle d’Emiliano Rigoni parti jouer avec la sélection argentine du championnat russe, le Zenit. Au rayon des arrivées, Independiente mise sur l’expérience : la surprise Jonás Gutiérrez que l’on voyait terminer à Defensa y Justicia se pose à Avellaneda, Fernando Amorebietta vient muscler l’axe central et Nico Domingo densifier l’offre au milieu. Reste au Rojo à résoudre le problème du buteur, son point faible tant les Gigliotti, Albertengo et Fernández n’apportant pas véritablement les garanties requises. Alors, Independiente a frappé fort dans les derniers instants du mercato, inscrivant auprès de l’AFA trois Colombiens, trois buteurs : Leonardo Castro, la machine à scorer de l’Independiente Medellín, Felipe Pardo, passé par Nantes la saison passée, et Marlos Moreno, ancienne promesse du Nacional un temps dans le viseur du PSG (lire son portrait d’alors). Seul souci, le nombre d’étrangers qui n’autorise le club qu’à en inscrire un. Reste donc à savoir lequel. Reste aussi que ce Rojo, séduisant dans le jeu depuis l’arrivée d’Holan, sera évidemment l’un des candidats au titre tant son collectif semble supérieur à bien d’autres équipes. Si en plus il venait à trouver son buteur, il n’en sera que plus dangereux.

lanusAu milieu des quatre géants, il est un cinquième larron qui a le profil idéal du candidat au titre pour les mêmes raisons que les quatre autres, ses certitudes collectives : Lanús. Exceptionnel en 2016, le Granate a payé un début de championnat 2016/2017 raté et a réussi à sauver une saison en dent de scie par une qualification en Sudamericana. Pour 2018, la bande à Jorge Almirón va s’appuyer sur ses principes, sa philosophie de jeu basé sur un inébranlable 4-3-3 fait de fluidité et avide de possession et d’intensité. Une recette qui fait du Granate un quart de finaliste de la Libertadores 2017 (en attendant mieux) et un candidat sérieux au titre désormais qu’il a retrouvé son football. Comme à son habitude, Lanús ne fait pas dans le recrutement clinquant sur le papier, procède à quelques retouches mais s’appuie surtout sur un groupe quasi inchangé qui se connait par cœur. Il sera le danger numéro 1 pour les quatre géants.

Les principales menaces

Mais il ne sera pas le seul. Car derrière, pas si loin pour certains, voire déjà même au niveau, ils sont plusieurs à pouvoir prétendre jouer les trouble-fêtes. À commencer par le duo EstudiantesSan Lorenzo. sanlorenzoS’ils ne figurent pas dans la liste des cinq favoris pour le titre, c’est principalement en raison des interrogations qui se posent à leurs sujets à l’abord de la saison. Les interrogations dominent actuellement l’environnement de San Lorenzo. Le Ciclón s’est qualifié sur le fil pour les quarts de la Libertadores face à Emelec mais a surtout subi une défaite qui fait mal en Copa Argentina face au modeste Morón et qui a placé Diego Aguirre dans une position des plus inconfortable, au point d’être déjà menacé alors que le championnat n’a pas débuté. Puis il y a eu le mercato. Le départ de la légende Nestor Ortigoza passe mal auprès des hinchas, le joueur n’ayant cessé de clamer qu’il aurait aimé finir sa carrière à San Lorenzo. Mais ce sont surtout les arrivées qui passent mal. Si le recrutement de Facundo Quignon n’est pas une mauvaise idée en soi, si le retour de Gonzalo Rodríguez après 13 années passées en Europe va apporter (même si San Lorenzo était déjà fourni dans l’axe central), c’est à peu près tout de notable pour San Lorenzo. Bien léger pour un grand d’Argentine d’autant que le climat entourant le club est à la déprime, des supporters demandant le départ d’Aguirre aux déclarations sur la « pauvreté du jeu » du Ciclón par le président. Autant dire que le début de saison s’annonce chaud à Bajo Flores, les Belluschi, Merlini et autres Blandi vont devoir rapidement convaincre si San Lorenzo veut s’éviter la première crise de la saison.

estudianteslpLe climat est plus serein du côté d’Estudiantes mais les interrogations existent autour des Pinchas. Après une belle saison 2016/2017 passée essentiellement dans le top 3 du championnat (18 journées sur les 30, seulement à quatre reprises en dehors du top 5), Estudiantes a tout jeté à la poubelle. Nelson Vivas est parti à trois journées de la fin, les pépites Ascacibar et Foyth ont été utilisées pour générer de belles entrées d’argent en s’envolant pour l’Europe, d’autres départs marquants ont aussi été à noter (comme celui de Lucas Viatri qui n’est certes pas le meilleur avant-centre du monde mais dont les 8 buts en Primera l’an passé ont compté). C’est donc un nouveau cycle qui est engagé par les Pinchas avec l’arrivée sur le banc de l’excellent Gustavo Matosas qui cherche cependant à rebondir après des passages ratés à Atlas ou au Cerro Porteño et surtout quelques nouvelles têtes (pas toutes complètement nouvelles). Pablo Lugüercio, Fernando Zuqui arrivent aux côtés de l’ancien Gastón Fernández, de retour après un bon passage mal terminé à la U et une étape anonyme à Grêmio, de l’immortel Mariano Pavone, toujours aussi peu élégant mais toujours capable d’être décisif, de l’excellent Lucas Melano et de la belle promesse équatorienne, Christian Alemán qui a tout pour devenir l’une des attractions de la saison. Sur le papier Estudiantes reste donc une menace, la grande question est de savoir si la mise en place de tout cela ne prendra pas du temps et ainsi ne coûtera pas de précieux points dans une course au titre, la sortie en Sudamericana face au Nacional paraguayen confirmant ces interrogations.

banfieldAux côtés de ces deux géants, ils sont quelques-uns à pouvoir revendiquer un statut d’outsider. À commencer par la belle surprise de 2016/2017, Banfield. Il y a certes des départs qui comptent, Hilario Navarro dans les buts, Alexis Soto derrière, la pépite Emanuel Cecchini, l’essentiel, génial et fantasque Brian Sarmiento, parti rejoindre le club de ses amours Newell’s, mais il y a aussi quelques belles arrivées qui viennent compléter un groupe qui se connait parfaitement. Gaspar Servio revient prendre place dans les buts, Nico Bertolo rempile et surtout Banfield s’offre deux beaux joueurs, Pablo Mouche et Jesús Dátolo qui viendront épauler Darío Cvitanich devant. Reste donc à savoir si la magie Julio César Falcioni opèrera toujours mais Banfield a tout de l’équipe qui va en embêter plus d’un cette saison.

tucumanCe devrait aussi être le cas de l’Atlético Tucumán. Ricardo Zielinski est arrivé à la toute fin du dernier championnat, il a pu prendre le temps de connaître son effectif, mettre en place le nouveau Decano. Là aussi, le club a connu quelques départs, celui du duo Menéndez – Zampedri étant de taille, mais le recrutement effectué durant l’intersaison est d’une intelligence rare. Franco Sbuttoni, Rafael Garcia, Yonathan Cabral pour renforcer l’axe central, Dardo Miloc pour muscler la récupération, Gervasio Núñez, les expérimentés et buteurs Ismael Blanco et Hernán Hechalar. Quand on connait en plus la faculté du Ruso Zielinski à proposer des équipes cohérentes et parfaitement organisées, ce Decano  possède un effectif plus qu’intéressant et va en gêner plus d’un, notamment dans la chaleur de son Monumental, l’un des stades les plus exceptionnels de Primera División. Il devrait être l’une des attractions de la saison.

gelpTout comme le sera probablement le Gimnasia. On a de cesse de vanter les nouvelles générations d’entraîneur naissant spontanément en Argentine, le Lobo suit le mouvement en nommant à sa tête un homme qui sort d’un parcours magnifique au Pérou, Mariano Soso. Ce nom n’est probablement pas connu de ceux qui ne sont pas habitués au Descentralizado péruvien (donc ceux qui ne lisent pas LO), mais Soso, malgré son jeune âge (36 ans) devrait être l’une des sensations à son poste cette année. Pur produit de l’école Newell’s, il a notamment travaillé chez les jeunes, ancien adjoint de Claudio Vivas et de Javier Torrente, il est l’un des héritiers de l’école Bielsa. Son travail à Garcilaso puis au Sporting Cristal, qu’il a conduit au titre en 2016, l’a fait entrer dans la lumière, au point qu’on attend beaucoup de son Gimnasia. Sur le terrain, le Lobo possède quelques raisons d’espérer après un recrutement plus qu’intéressant. Les pépites Omar Alderete, Rodrigo Amaral ou encore Nicolás Dibble viennent garnir un effectif comptant quelques valeur sûres comme Brahian Alemán (arrivé en début d’année) ou encore un autre nouvel arrivant Nicolás Colazo. Longtemps dans la course à une place continentale, le Gimnasia a cédé en fin de saison dernière. En s’appuyant sur cette malheureuse expérience et en y ajoutant la belle philosophie de jeu de son jeune coach, il a tout pour venir ramener le sourire au Bosque et faire honneur à l’un des plus beau maillots de la saison.

centralMais à l’heure d’évoquer les menaces pour les prétendants au titre, comment ne pas citer Rosario Central ? son arrivée en janvier 2017, Paolo Montero avait récupéré des Canallas au plus mal, englués dans une 26e place (sur 30) bien loin des ambitions du club. En six mois, l’Uruguayen a totalement transformé Central au point de lui fait espérer retrouver une compétition continentale en fin de tournoi, échouant finalement sur le fil pour prendre une place en Sudamericana. Qu’importe finalement, car le travail effectué va désormais pouvoir être bonifié par une pretemporada complète à la tête du club et un mercato actif. Il y a certes eu le départ du guerrier et pilier de la défense Javier Pinola, sans doute la perte la plus significative pour les Canallas mais côté liste des arrivées, la qualité est là. D’Alfonso Parot à Santiago Romero en passant par la révélation 2016/2017 Fernando Zampedri dont l’association avec l’icône Marco Rubén promet de faire des étincelles, le 11 type de Central s’annonce compliqué à bouger et pourrait ainsi être l’une des valeur sûres de la Primera División, l’absence de compétition continentale coûteuse en points pouvant s’avérer finalement un avantage dans l’emballage final. Attention donc à Central qui peut rapidement passer du trouble-fête au candidat à la Libertadores.

Ils devraient passer une année tranquille

Juste derrière ce groupe de prétendants, ils sont plusieurs à pouvoir espérer passer du statut de gestionnaire pépère d’une saison annoncée plutôt tranquille à celui de candidat aux accessits continentaux. Ce devrait être le cas du quatuor Defensa y Justicia – Colón – Newell’s – Godoy Cruz.

dyjDu côté d’el Halcón, toute la question est de savoir comment exploiter l’héritage Beccacece. L’ancien coach parti rejoindre son mentor Sampaoli à la tête de la sélection, c’est à Nelson Vivas de se charger de ce travail, lui qui a réalisé une année plutôt intéressante du côté d’Estudiantes (60% de victoires). Il y a eu certes le lot de départs, dont celui de Jonás Gutiérrez ou celui de Nicolás Stefanelli auteur d’une belle saison et désormais parti en Europe, mais DyJ a aussi recruté malin en opérant un savant mélange de jeunes promesses à relancer, comme Juan Cruz Kaprof ou Adrián Cubas ou en recherche de temps de jeu comme Franco Cristaldo et Lucas Suárez. Reste donc à savoir si Vivas optera pour la continuité d’avec le travail de Becaccece, qui avait fait de DyJ une équipe agréable à jouer, ou s’il imposera sa méthode basée sur la solidité et l’efficacité optimale. De ce choc des cultures pourrait dépendre l’avenir des ambitions de DyJ dans ce championnat.

colonCes questions ne se poseront pas du côté du Colón où le travail réalisé par Eduardo Domínguez a déjà porté ses fruits, le Sabalero flirtant un temps avec la Libertadores avant de clore sa saison 2016/2017 sur une 11e place synonyme de Sudamericana bien méritée. À ce groupe rempli de certitudes et malgré quelques départs comme ceux de Jorge Broun ou de l’essentiel Gerónimo Poblete, le Sabalero se paye un recrutement très excitant sur le papier : Alexander Domínguez vient se relancer dans les buts après un passage raté aux Rayados, Matías Fritzler vient muscler le milieu tout en apportant son expérience, et surtout Colón renforce son potentiel offensif en attirant Diego Cachete Morales, Marcelo Estigarribia, ou encore Cristian Guanca. Si on cherche une équipe qui peut rapidement passer du tourisme aux ambitions, c’est bien Colón.

newellsDu côté de Newell’s, on aurait pu s’appuyer sur la belle saison passée qui a vu le club passer 26 des 30 journées dans le top 5 avant de craquer en fin de saison, sauvant celle-ci par une place en Sudamericana. De quoi donc tranquillement travailler ? C’était sans compter sur une intersaison terrible en coulisse et une crise économique intense qui a provoqué une avalanche de départs. Voboril, Formica, Quignon, Prediger, Maxi Rodríguez et le coach Diego Osella sont tous partis, la Lepra repart quasiment de zéro en nommant Juan Manuel Llop, ancien milieu de la maison qui revient sur le banc après un premier passage au début du XXIème siècle et en procédant à un recrutement minime, même si l’arrivée de Brian Sarmiento devrait faire du bien à la construction, les clés de l’attaque semblant promises au duo Luis Leal – Mauro Guevgeozián. Mais comme toujours, Newell’s va s’appuyer sur sa pouponnière de talents et devrait donner beaucoup de temps de jeu à ses pibes issus de la cantera pour aborder une Superliga que le club pourra enfin disputer après des semaines de menaces et un accord trouvé avec le syndicat des joueurs ces derniers jours.

godoycruzDernier larron du quatuor, Godoy Cruz n’a pas agiter outre mesure la colonne du marché des transferts, ne faisant pas signer des noms clinquants, mais a sans doute réussi l’un des jolis coups du mercato en attirant sur son banc Mauricio Larriera. L’homme qui a fait du Racing uruguayen un dauphin du Nacional lors de Apertura 2014 puis décroché une quatrième place lors du tournoi suivant avec le Defensor en conservant sa moyenne de 62% de victoires, est un adepte du jeu et on a déjà vu une partie de son projet lors du déplacement sur le terrain du Grêmio en Libertadores. Et avec le formidable duo Juan Fernando Garro – Javier Correa en attaque, Larriera a tout pour imposer son style et faire du Tomba un vrai danger pour bien des prétendants. Tranquille au niveau du promedio, Godoy Cruz peut ainsi jouer libérer et devrait être avec Colón le plus dangereux du quatuor cité ici.

talleresParfaitement calé en milieu de tableau, Talleres peut continuer à construire dans l’élite argentine et devrait passer une saison plutôt tranquille. À la condition pour les hommes de Kudelka d’être plus sages que sur le marché. 12 départs, 10 arrivées, la T s’est montrée active et n’a pas transigé. A l’image du duo Rescaldani – Muñoz dont le niveau a été jugé (à raison) insuffisant et qui a été prié d’aller voir ailleurs. Talleres change tout à chaque ligne, recrutant par exemple quatre attaquants et demie dont Joao Rojas auteur d’une dernière saison moyenne plus avec Cruz Azul, Junior Arias, au bilan comparable avec Peñarol, le demi étant Sebastián Palacios qui était déjà à la maison et qui y reste via un prêt de Pachuca, son nouveau club.

belgranoDu côté du voisin cordobés, l’après Zielinski a été une catastrophe. Les Piratas sortent d’un tournoi 2016/2017 cauchemardesque passé pendant plus de 20 journées au-delà de la 27e place. Comment rebondir dans ces conditions ? Difficile à dire, la mission de Sebastián Méndez s’annonce des plus compliquées d’autant que sur le papier, le recrutement apparaît léger, les arrivées de Jorge Ortiz ou encore Epifanio García apparaissant cependant comme de jolies prises. La logique voudrait que Belgrano ait le temps de se reconstruire, l’avance au promedio devant lui permettre de gérer. Mais un départ raté et les dix points d’avance des Piratas sur Temperley, actuellement dans la zone rouge, pourraient rapidement semer bien des doutes. Le constat est le même du côté de Tigre, Unión ou encore San Martín, trois équipes entourant Belgrano dans ce classement.

tigreLe Matador laisse les clés du camion à l’autoproclamé Mourinho argentin, Ricardo Caruso Lombardi qui ne s’est pas trop cassé la tête pour son recrutement en allant allègrement piller Sarmiento, club qu’il dirigeait l’an passé (6 joueurs arrivent du Verde) et devrait avoir une attaque Carlos Luna (36 ans), Denis Stracqualursi (29 ans mais qui en parait 39) qui n’offre aucune véritable garantie, Stacqua, qui avait fait la meilleure saison de son histoire à Tigre (jusqu’à finalement faire carrière dessus) reste sur un terrible bilan de 9 buts en 66 matchs disputés depuis 2015… unionsanmartinLe climat parait plus calme du côté de Santa FeUnión rappelle un ancien de la maison sur le banc, Leonardo Madelón qui avait fait une courte pige à Belgrano la saison dernière et apporte de l’expérience dans ses lignes en attirant quelques joueurs d’expérience comme Jonathan Bottinelli ou Luciano Balbi. Le Tatengue cherchera à réussir le même départ de championnat que l’an passé pour rapidement se mettre à l’abri et gérer finalement tranquillement sa saison. Même constat du côté de San Martín où Néstor Gorosito va chercher à rapidement accentuer ses dix points d’avance sur Temperley pour vivre une saison plus sereine. Les Sanjuaninos réussissent tout de même un coup intéressant en s’offrant Gonzalo Prósperi et son expérience derrière. Leur chance, c’est que derrière, il y a encore du monde qui va stresser et lutter pour ne pas terminer dans la charrette.

Opération survie

velezIl y a ceux qui voient le gouffre s’approcher. À commencer par Vélez qui pour l’occasion décide d’opérer un savant mélange d’expérience et de jeunesse dans son recrutement. Federico Andrada et Luis Amarilla font partie des jeunes promesses qui viendront pour animer l’attaque, Gonzalo Bergessio viendra apporter son expérience devant et le duo Jonatan Cristaldo – Gastón Díaz, de retour à la maison après une période européo-mexicaine contrastée pour le premier, quelques piges au Gimnasia ou surtout au Racing pour le second, viendront rappeler à quel point la mission de préservation du club est importante. Mais avec 20 joueurs issus de la cantera du club, convaincre le groupe de cela s’annonce plutôt facile. Pour Omar de Felippe et sa bande, la mission survie passe par un excellent départ et une saison bien meilleure que la précédente, passée la plupart du temps dans le dernier tiers du classement. patronatoLe Fortín devrait lutter avec le Patronato de Juan Pablo Pumpido qui a été auteur d’un parcours plutôt intéressant la saison passée mais repart de zéro cette année avec ses 16 arrivées pour 11 départs. Difficile d’y voir clair dans ce contexte même si el Patrón a réussi quelques coups intéressants comme les arrivées des Paraguayens Alberto Contrera et Blas Cáceres.

olimpohuracanarsenalReste donc les premiers menacés par la course au maintien. Du côté d’Olimpo, afin de lancer l’opération survie, on muscle le mercato. Cristian Nasuti, Matías Cahais, Mauricio Rosales ou encore Tomás Costa viennent apporter de l’expérience au groupe de Mario Sciacqua qui s’en retrouve ainsi renforcé. Même combat du côté d’Huracán où Gustavo Alfaro se retrouve avec un point d’avance sur la zone rouge au moment de débuter la saison. Alors, le Globo espère compter sur son ancienne idôle Wanchope Ábila, prêté par Boca, et réussit quelques jolis coups comme la signature de l’excellent Saúl Salcedo derrière. Reste à voir comment le club va gérer la pression d’une zone rouge plus que proche, un départ manqué pouvant provoquer des dégâts considérables. La chance d’Huracán se cache peut-être dans le fait que les deux pensionnaires de la zone rouge, Temperley et Arsenal, ne se distinguent pas par leur stabilité. El Arse tente de remodeler sa défense en signant Emiliano Papa et Facundo Monteseirin, el Gasolero pour sa part réussit à attraper le prometteur Rodi Ferreira, 19 ans, et pour qui on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère.

argentinoschacaritatemperleyReste enfin le cas des deux promus Argentinos Juniors et Chacarita. D’abord chahuté par ses dirigeants et ses supporters, Gaby Heinze n’a pas pardonné. S’il a fait du Bicho Colorado un champion de Primera B avec la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat, au lendemain du titre, el Gringo s’en allait, usé par une saison bien compliquée à gérer. C’est donc Alfredo Berti qui sera en charge de maintenir Argentinos dans l’élite. Pour cela, il dispose d’un groupe en grande partie conservée, même si la pépite Esteban Rolón s’est envolée, et qui pourra compter sur le nouveau retour d’un enfant de la maison, l’élégant Leonardo Pisculichi qui rentre du Brésil. Son apport ne sera pas négligeable, Piscu étant l’un des rares trentenaires (six) d’une équipe très jeune. Du côté de la Chaca enfin, l’accession s’est faite au prix d’un long duel avec Guillermo Brown et pour le retour après 8 ans d’absence, Walter Coyette voit son groupe renforcé par de nombreuses arrivées, certaines qui pourraient s’avérer importantes dans la mission maintien comme celles de Campestrini dans les buts ou Crisitian Erbes au milieu, deux hommes chargés d’apporter de l’expérience à un groupe là aussi bien jeune, seuls 4 joueurs dépassant les 30 ans (dont deux gardiens). Les deux promus, qui devaient ouvrir la saison en s’affrontant, se sont vus offrir quelques jours de plus, leur duel était remis à plus tard en raison d’une dernière saison terminée tardivement.

Programme de la première journée

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.