Un duel de feu, des géants à réaction, un relégué capable de tout et le dernier de classe qui ne s’arrête plus. Retour sur ces quarts de finale.

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Si Vélez est la hype de cette fin de saison en Argentine c’est grâce à son jeu pratiqué par des pibes qui n’ont pas froid aux yeux. Intensité, verticalité, pressing, jeu altruiste, les ingrédients du succès ne manquent dans le groupe qu’a construit Gabriel Heinze. Face à cette jeune équipe (la moyenne d’âge tourne autour des vingt ans) se dresse un monstre argentin, puissant et sûr de sa force, Boca. Solides et confiants, les Bosteros peuvent compter sur de grandes individualités pour contrebalancer le jeu poussif mis en place par Gustavo Alfaro. Dans cette double confrontation un homme cristallise la tension, Mauro Zárate. En passant de son club formateur et de cœur (là où toute sa famille à ses racines et qui se déchire elle-même autour de cette situation) à Boca, Mauro Zárate ne s’est pas fait que des amis. Et dans le n’importe quoi, l’argentin est souvent roi. Les menaces de morts envers sa femme (déjà malade) et sa fille vont beaucoup trop loin. A l’aller, dans leur stade José Almafitani (loin d’être rempli), Vélez a pu compter sur son hinchada pour mettre la pression à l’adversaire et au « traidor » (traître). Des supporters qui n’ont rien trouvé de mieux que d’insulter leur ex joueur en plein hommage nationale recouvrant l’hymne argentin (attitude critiquée dans l’ensemble du pays). Il n’en reste que les joueurs de Gabi Heinze n’ont pu faire mieux qu’un match nul. Un 0-0 sévère pour un Fortín qui aura montré de belles choses. En privant son adversaire du ballon, Vélez s’est montré le plus dangereux. La barre transversale touché à deux reprises, dont la frappe splendide de Nico Domínguez en fin de rencontre. Et des arrêts de grandes classes d’Esteban Andrada. Le portier xeneize est le grand artisan de cette qualification, tandis que son équipe se contente de résister et se montrer dangereuse uniquement sur coup de pied arrêté. Vélez, n’a pas su concrétiser sa domination et va finir par le payer (comme souvent dans ce genre de situation).

Au retour, à la Bombonera, les hinchas affichent leur soutien à Zárate avec des « Mauro, Boca es tu casa », et n’oublient pas de critiquer l’attitude de leurs homologues de Vélez avec un maillot de l’Albiceleste suspendu au grillage portant la mention « el himno argentino se respeta ». Et dans une rencontre toujours aussi tendue sur le terrain, Boca continue de se faire bousculer même si la première période reste équilibrée. Zárate touchant du bois sur coup de pied arrêté quand Bouzat voit sa frappe en angle fermé détournée par Andrada, qui semble avoir pris l’ascendant sur tous ses adversaires. Un événement va venir ajoutant du piquant à une rencontre qui n’en manquait pas. Alors que le ballon plane dans les aires en direction de la surface de Boca, Emmanuel Más, au marquage sur Joaquin Laso, tire le maillot de son adversaire et l’empêche d’atteindre le cuir. Pourtant l’arbitre ne siffle pas de penalty et provoque l’ire du Fortín. Cette action litigieuse qui sera reprise par l’Athletico Paranense sur Twitter. Le futur adversaire de Boca en Libertadores, dont l’entraineur, Tiago Nunes, avait déjà déclaré en phase de poule de la compétition continentale « sans VAR, il est impossible de gagner à la Bombonera ».

La seconde période sera, elle, totalement à l’avantage de la jeunesse de Vélez qui ne parvient toujours pas à tromper l’excellent Andrada. Le jeune Thiago Almada s’offre un bel enchaînement dans la surface et donne le tournis à un Carlos Izquierdoz avant de voir son Andrada sortir son tir. Izquierdoz, à la peine et qui cherche encore l’attaquant de poche va ensuite découper Bouzat avant qu’il ne se présente seul face au gardien. Carton rouge logique pour le défenseur central de Boca qui offre un coup franc à l’entrée de la surface. Heureusement pour les Bosteros, Andrada, chaud bouillant, intervient parfaitement. Boca peut s’estimer chanceux d’être toujours en vie au moment d’aborder la séance de tirs au but. Tous vont parfaitement transformer leur tentative. Tous sauf un. Le malheureux du soir se trouve du côté de Vélez où le jeune et très bon latéral gauche, Braian Cufré, voit son tir s’envoler. Les Boquenses exultent tant ils étaient sous pression. Et alors qu’on attendait un signe d’apaisement de Mauro Zárate après la qualification, sa première réaction d’après match sera de dire « paso el grande ». Une attitude qui ne fera que raviver la polémique provoquant ce message de José Luis Chilavert, ancienne gloire de Vélez, également sur Twitter : « Chers joueurs et staff de Vélez, je suis fier de vous tous, car vous avez tout donné sur le terrain, rien à reprocher. Mauro Zárate, Velez est grand sans l'aide des arbitres, vous auriez dû vous frapper la poitrine en finale à Madrid, ingrat et qui a échoué ».

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Quand River Plate joue avec détermination, sérieux et application ça fait mal, très mal. Heureusement pour l’Atlético Tucumán, les Millonarios avaient sombré à l’aller. Alors que les joueurs de Marcelo Gallardo semblaient bien entrés dans la rencontre, les Tucumanos vont faire mal à trois reprises. D’abord par David Barbona, qui prend un appui sur un partenaire avant de tromper Franco Armani peu après l’heure de jeu. Trois minutes plus tard, Javier Toledo reprend d’une magnifique tête plongeante un corner dévié. Le portier international argentin va chercher une deuxième le ballon au fond des filets. Ces deux buts font très mal à River qui rentre aux vestiaires le moral dans les chaussettes. En deuxième mi-temps, Nacho Fernández tente de redonner espoir aux siens, mais son exagération dans la surface n’influence pas l’arbitre qui ne se laisse pas abuser. L’ex Lobo, s’essaie à la frappe lointaine, mais Cristian Lucchetti, en deux temps, éloigne le danger.  Les assauts sur le but du Decano se font plus insistants à mesure que le temps défile. Mais les Gallinas butent sur un portier en réussite quand ce n’est pas un défenseur qui offre son corps comme dernier rempart. Les joueurs de Ricardo Zielinsky plient mais ne rompent pas. À dix minutes de la fin du match, les locaux, profitant d’une faute de main d’Armani, vont même s’offrir un troisième but par l’intermédiaire de Toledo qui s’offre un doublé de prestige. Le score est aussi sévère que l’espoir d’une qualification de River est mince.

Pourtant, avec un 3-0 à remonter, Marcelo Gallardo et ses joueurs vont y croire. Ils seront même proche d’y parvenir. Surfant sur la prestation XXL de Nacho Fernández (qui lui permet d’être dans la liste des présélectionnés de Scaloni pour la Copa América) et auteur du premier but. River va réaliser un match plein. Difficile de réaliser une performance plus aboutie que celle-ci. La défense des tucumanos souffre, recule, laisse des espaces. Javier Toledo, attaquant de l’Atlético dira après match « Fue impresionante, nos entraban por todos lados » (« c’était impressionnant, on se faisait perforer de tous les côtés »). Les occasions sont nombreuses, River aurait dû bénéficier d’un penalty pour une main dans la surface, Exequiel Palacios (de retour à un excellent niveau) touche un poteau sur une tête lobée. Il faut attendre la quarantième minute de jeu pour voir Lucas Pratto offrir le deuxième but de la rencontre. El Oso profite d’un ballon mal négocié par la défense et le glisse sous le corps de Lucchetti. 2-0 à la mi-temps, River n’est plus qu’à un but de la prolongation alors qu’il suffit d’un petit but à l’Atlético pour se qualifier. Au retour des vestiaires, Javier Toledo va de nouveau faire en inscrivant un troisième but en deux confrontations face à River. Un but similaire au match aller. Toledo vient reprendre de la tête un corner dévié par Leandro Díaz. Ce but complique encore un peu plus les affaires du Millo qui doit désormais inscrire trois buts pour atteindre les demi-finales. Les occasions se multiplient, Santo Borré envoie une tête sur la transversale. River n’y arrivera pas, ils ne marqueront « que » deux, par Matías Suárez et Lucas Pratto en fin de match. River Plate peut s’en vouloir d’avoir manqué le match aller. Un titre en Copa Superliga aurait permis au club de se qualifier directement pour la Libertadores 2020 (leur quatrième place en championnat ne leur offre qu’un billet pour le tour préliminaire). Les hinchas de River doivent maintenant se transformer en supporter de Boca qui, en s’imposant en finale, offrirait le précieux sésame à son rival. Sur la route de la finale, l’Atlético Tucumán va devoir franchir un obstacle de taille. Un surprenant Tigre qui semble capable de s’offrir le scalp de n’importe quelle équipe.

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L’équipe entrainée par Pipo Gorosito poursuit sa route dans cette Copa. Neuvième en Superliga, le club de Victoria n’a pu éviter une relégation (merci aux promedios). Après avoir éliminé les deux clubs de Santa Fe, Colón au premier tour et Unión en huitième, le Matador a coupé la tête au champion, Racing. Dans un Dellagiovanna plein à craquer, Tigre va frapper d’entrée. Emmené par un Walter Montillo qui n’en finit plus de briller, Federico González ouvre le score. Un but refusé pour une position hors-jeu d’un partenaire qui avait pourtant pris la précaution de lever les mains, signifiant à l’arbitre son intention à ne pas faire action de jeu. Les joueurs de Chacho Coudet ne sont plus sur la dynamique du championnat. Une fois l’objectif atteint, Racing rencontre des difficultés à retrouver cette haute intensité qui faisait leur force. Tigre continue de pousser, et Cachete Morales est proche d’obtenir un penalty sur le tacle non maîtrisé de Pol Fernández. L’arbitre ne bronche pas. Il faudra attendre la seconde période pour voir l’ouverture du score. Alors qu’il venait de trouver le poteau de Gabriel Arias sur un corner direct, Walter Montillo débloque le tableau d’affichage d’un joli petit ballon piqué. En toute fin de match, Lucas Menossi, pourtant encerclé, parvient à se faufiler dans la surface. Le ballon arrive dans les pieds de Federico González qui trompe une seconde le portier chilien d’une frappe sèche. Son but, cette fois, ne souffre d’aucune contestation. Racing a raté son rendez-vous et va devoir cravacher au Cilindro.

Avec cet avantage au score, Tigre décide d’attendre son adversaire pour le contrer. Un coup franc lointain de Montillo sorti de sa lucarne par Arias et voilà Racing qui fait la moitié de son retard. On ne joue que la vingtième minute et sur un corner de Pol Fernández, Lucas Orbán croise sa tête. Le ballon vient se loger dans la lucarne de Gonzalo Marinelli. La pression augmente sur la cage du Matador. Le portier de Tigre repousse l’échéance à coup d’exploit ou de chance comme sur la frappe de Fernández qui prend le gardien à contre-pied mais qui termine sur la base du montant. Mais à dix minutes de la mi-temps, Lisandro López revenu aux affaires, va remettre les deux équipes à égalité parfaite. Sur une récupération haute, Augusto Solari ne peut tromper la vigilance du gardien. Le ballon revient sur Licha qui inscrit le but du 2 à 0. Un second acte qui n’offre plus de spectacle, les deux équipes ne voulant plus prendre de risque. Mais, dans les arrêts de jeu, Cachete Morales adresse un centre au deuxième poteau. Matías Pérez Acuña contrôle de la poitrine avant d’envoyer un bombazo sous la barre. Le latéral droit de Tigre, pourtant en angle fermé, envoie l’équipe de Pipo Gorosito en demi-finale de Copa Superliga.

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Dernière affiche de ces quarts, celle opposant Argentinos à Gimnasia. Au match aller, les derniers du championnat n’ont pu faire mieux qu’un match nul face à un Lobo qui s’est procuré les occasions les plus dangereuses. Emmené par leur duo d’attaque Hurtado-Silva (séparé d’une dizaine d’année), Gimnasia a manqué l’occasion de faire mal à son adverse pourtant réduit à dix suite à l’expulsion de Carlos Quintana juste avant la mi-temps. Le Bicho, qui a bien résisté sans encaisser de but à domicile, à la Paternal va jouer libéré au retour à La Plata. Dans leur stade du Bosque, les Triperos vont céder. Une vingtaine de minutes se sont écoulés au chronomètre quand Alexis Mac Allister trompe Alexis Martín Arias d’une tête croisée magnifique. Le gardien est cloué sur place et ne peut que constater les dégâts. Incapable de réagir, Gimnasia est proche de craquer complètement. Un coup franc qui oblige le portier Platense à se détendre et deux frappes hors cadres font passer un frisson à tout un stade. Seule la pépite Jan Hurtado est en mesure de se créer une occasion sans pour autant relancer le match. La mi-temps arrive enfin pour des Lobos aux abonnés absents. Plus agressif et face à un adverse qui perd du terrain peu à peu, Gimnasia va enfin revenir au score sur un but de l’inévitable Tanque Silva. Dans la foulée et alors que le Lobo doit inscrire un second but pour se qualifier, Mansilla, trop court, ne peut reprendre le ballon alors que le but était vide. Et sur corner, Jonathan Sandoval va mettre fin aux espoirs Triperos. Une tête qui termine au fond des filets et qui envoie le Bicho, dernier au classement en demi-finale de Copa Superliga face à l’Atletico Tucumán.

Les buts

Programme des demies

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca