Pendant que les leaders n’avancent plus, les géants s’écharpent. Et à ce petit jeu, Boca y gagne et se relance totalement dans la course à un titre qui paraissait bien loin il y en encore peu.

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Il est toujours difficile de faire le bilan d’un superclásico. Délicat jeu d’équilibriste à jouer au milieu des passions, du clubisme de chacun, des habituelles polémiques qui fleurissent de part et d’autre, chaque camp renvoyant les scandales de l’un comme un reflet, la presse et ses affreux commentateurs pardirarios s’amusant ensuite à souffler sur les braises – on n’évoquera pas ici l’après-match de l’émission Pasión por el fútbol dont le nom est un mensonge et qui ne finit plus de souligner le ridicule de la manière dont le sport roi est couvert en terres albicelestes. On s’attendait à une véritable opposition de style entre le Boca d’Hugo Ibarra, qui gagne en luttant plutôt qu’en jouant, et un River sauce Gallardo au formidable pouvoir offensif que n’entrevoit que trop rarement. Qu’avons-nous eu ? Un combat, parfois au-delà de tout, souvent dans la veine d’un superclásico où l’histoire bascule surtout sur des valeurs de courage, de garra plutôt que des envolées footballistiques. Boca a offert ce qu’il sait donc faire, se battre et profiter de la moindre opportunité. Il s’est imposé sur un coup de pied arrêté et un coup de casque d’un avant-centre un temps banni, un temps fâché avec un Consejo del fútbol toujours aussi discuté et discutable, qui ne sait toujours pas gérer ses meilleurs joueurs, à l’image d’un Agustín Rossi encore décisif mais dont la gestion continue de tourner au ridicule (le conseil lui mettant un Sergio Romero dans les pattes après l’impossibilité de trouver un accord de prolongation mais se retrouvant face à un gardien toujours décisif – une fois encore ce week-end – et soutenu par le peuple xeneize), mais qui peut aujourd’hui pavoiser d’avoir une fois encore pris le dessus sur River. Un River où – et c’est suffisamment rare qu’il convient de le souligner – Marcelo Gallardo s’est trompé. El Muñeco a fait le choix d’une formation surprenante, à cinq avec des joueurs de couloir mais sans numéro 9. Conséquence, son River a été inoffensif, à l’image d’un JuanFer qui n’est certes plus celui de 2018, mais s’est retrouvé sans solutions devant. Les changements à la pause, avec notamment l’entrée de Borja, n’a pas changé grand-chose, le Colombien n’étant qu’une ombre quand Barco, entré à ses côtés pour JuanFer a fait du Barco sauce River (si vous avez le choix entre 1 et 2, Barco choisira toujours 3, qui n’est pas une meilleure solution, bien loin de là). On retient ainsi un match dur, avec dix cartons jaunes et une expulsion du bien nommé Rojo, des blessés laissés sur le flanc côté millonario – pensées pour Aliendro qui a terminé avec des fractures au visage au terme d’une action que le VAR ne semble pas avoir retrouvée durant la rencontre, et surtout une quatrième victoire de rang pour Boca qui double le rival du jour et se relance dans la course au titre. Et l’on en restera donc là.

Incertitude totale

Sur le papier, le week-end n’a donc pas permis d’y voir plus clair tant le haut du tableau est totalement fou. L’Atlético Tucumán ne sachant plus gagner – accroché au Nuevo Gasómetro par un San Lorenzo qui va terminer l’année de manière assez tranquille pouvant même envisager se mettre à lutter pour une place continentale – le Decano n’étant finalement qu’à quatre points – tout le monde continue de grappiller des points, les grands gagnants de la semaine s’appelant Boca et Argentinos. Le Bicho a beau être en reconstruction permanente, il s’est remis dans le bon sens en triomphant de Central – non sans se faire peur – et revient donc à quatre points du leader. Bien malin sera cependant celui qui parviendra à prédire l’identité du futur champion, six points séparant l’Atlético Tucumán du huitième, Racing, alors qu’un peu plus loin derrière, à huit points, Newell’s et Estudiantes semblent enfin avoir remis la marche avant. Une marche avant que Vélez ne parvient toujours pas a enclencher. L’épopée continentale terminée, le Cacique Medina doit trouver un moyen de relancer une machine qui n’a jamais avancé en dix journées sur ce tournoi – une seule victoire – et qui se retrouve désormais à quatorze points d’une place en Sudamericana. À moins de tenter une fois encore de faire tapis sur une coupe, la Copa Argentina, et le huitième de finale prévu cette semaine face à Independiente qui offre la perspective de retrouver Talleres en quarts puis le vainqueur de Banfield – Godoy Cruz en demies si tout va bien. Avant ensuite de tout jouer sur un duel face à Boca ou River si les pronostics sont respectés. Car oui, il pourrait y avoir un autre superclásico avant la fin de l’année. Probablement en octobre prochain si tout va bien.

Les buts

Classement

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Photo : ALEJANDRO PAGNI/AFP via Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.