Il aura fallu attendre les derniers jours de l’année 2017 pour connaître enfin le dénouement du tournoi de Clausura bolivien. Finalement, Bolívar décroche son 28ème titre tandis que le Club Petrolero jouera dans la division inférieure l’an prochain. Bilans.

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Équipe par équipe

1. Bolívar : l’équipe du technicien espagnol Beñat San Jose est logiquement parvenue à conserver sa couronne. Malgré un début de saison compliqué (deux défaites en deux matchs) la Academia a su relever la tête et termine le championnat avec 4 points sur son rival du Strongest.  Les nouvelles recrues, Pedro Azogue et Marcos Riquelme en tête, ont réussies à prendre place dans le système préféré de leur entraîneur : le 4-3-3. Le petit nouveau Riquelme a longtemps été en concurrence avec l’uruguayen Ferreira avant que l’argentin ne prenne le dessus pour finir titulaire indiscutable. Hormis les deux accrocs du début de tournoi, la Celeste n’a cédé qu’à deux reprises : lors de la 12ème journée face à l’Oriente Petrolero où l’équipe a totalement craqué (défaite 5-1) et lors de l’ultime journée avec son équipe bis face à l’Universitario de Sucre, ce qui lui empêche de terminer l’année invaincue à domicile. Bolívar a également bénéficié de 2 points supplémentaires obtenus sur tapis vert suite à l’erreur de l’entraineur de Wilstermann lors du choc au sommet de la 19ème journée (voir Jorge Wilstermann). La Celeste jouera donc la Copa Libertadores l’an prochain et l’effectif ne devrait pas beaucoup bouger même si Beñat San Jose a annoncé son départ pour le club chilien Universidad Católica. Dans ses bagages, l’espagnol envisage de ramener le gardien Matias Dituro, irréprochable tout au long de l’année. Côté arrivée, Martin Smedberg-Dalence du IFK Göteborg vient de signer en attendant l’arrivée du nouvel entraîneur. Marcelo Claure devrait annoncer son identité dans les jours à venir.

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2. The Strongest : déjà vice-champion lors de l’Apertura les Tigres ont raté le virage cet été. Aucune recrue parmi le 11 titulaire n’a été enregistrée et le faux départ d’Alejandro Chumacero a fait couler beaucoup d’encre. Heureusement, des jeunes pousses comme Henry Vaca ou la sentinelle Wayar-Veizaga ont permis aux atigrados de croire au titre jusqu’au mois de décembre. Le ménage qui aurait dû être fait au mois de juillet se fera finalement en décembre pour The Strongest. Alonso, Chumacero ou Martelli sont annoncés sur le départ. L’entraîneur Farias a lui d’orge et déjà fait ses valises. Les Tigres ont enregistré les arrivées de Rodriguez, jeune latéral gauche de l’Oriente Petrolero, l’attaquant du Sporting Luqueño Gerardo Arévalos a déjà signé tandis que la belle affaire est la signature de l’international Jhasmani Campos, de retour au pays après être notamment passé par la Thaïlande. Les renforts de Vargas (Petroleros), Cardozo (Wilstermann) et l’arrivée de Carlos Ischia font des atigrados le candidat le plus sérieux pour cesser l’hégémonie du Bolívar en 2018.

3. Jorge Wilstermann : Wilster a longtemps surfé sur la dynamique positive générée par son parcours en Copa Libertadores (défaite en quart de finale face à River Plate). Malheureusement, son élimination dans la compétition continentale a eu un impact sur les performances du club en championnat. Alors 1er, les Aviadores ont subi 3 défaites consécutives laissant les 2 clubs de La Paz filer devant. Le choc face à Bolívar a même couté la tête à Roberto Mosquera, pourtant héros de toute une ville quelques semaines plus tôt. Le Péruvien a commis l’erreur de faire entrer sur la pelouse un 4ème joueur étranger alors que le score était de 2 à 2 (le règlement autorise a seulement 3 joueurs étranger d’être présents en même temps sur la pelouse). L’ancien international Peña aura parfaitement terminé le travail en décrochant la troisième place synonyme de qualification au 2ème tour de la Copa Libertadores.

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4. San José : auteur d’un bon recrutement avec notamment les renforts offensifs de Carlos Saucedo (meilleur buteur de l’Apertura) et l’ex-international vénézuéliens Maldonado, le club d’Oruro s’est vite débarrassé de Julio César Uribe après une série de 4 défaites consécutives. L’arrivée de l’argentin Nestor Clausen a fait du bien à l’équipe. Le nouvel entraineur a, entre-autre, fait de Carlos Saucedo l’homme fort de son 11 de départ. Contesté par Uribe, le buteur bolivien a montré qu’il n’avait rien oublié de ses qualités de finisseur et termine à 38 ans le championnat avec 13 réalisations ce qui porte son total à 30 buts sur toute l’année 2017, soit le meilleur total sur les dix championnats sud-américains combinés. San José atteint l’objectif fixé en début d’année et retrouve une compétition continentale, le club affrontera le Nacional de Quito lors du 1er tour de la Copa Sudamericana. En attendant Eduardo Villegas a remplacé Nestor Clausen sur le banc de touche, ce dernier ayant signé du côté de l’Oriente Petrolero.

5. Blooming : emmené par le jeune Leonardo Vaca (22 ans), le club de Santa Cruz aura réalisé une deuxième partie de saison très solide. Défaite seulement à 4 reprises, l’équipe dirigée par le costaricien Jeaustin Campos n’aura encaissé que 15 buts en 22 matchs avec au total 12 clean sheat, de quoi en faire la meilleure défense du championnat, et de loin. Malheureusement Blooming détient aussi le record du nombre de match nul (11 en 22 journées), insuffisant pour espérer la 3ème place qui aurait été synonyme de qualification en Copa Libertadores. Si elle arrive à garder l’essentiel de son effectif, cette équipe pourrait jouer des mauvais tours à ces adversaires sur la scène continentale en 2018. Les brésiliens de Bahia sont prévenus.

6. Oriente Petrolero : on attendait beaucoup mieux du club de Santa Cruz. Possédant un effectif de qualité, l’Oriente était amené à titiller les deux clubs de La Paz. Avec une seule défaite au compteur lors des 12 premières journées, l’équipe alors dirigée par Eduardo Villegas était idéalement placée et pouvait rêver du titre. Et puis, tout s’est enchainé… 4 défaites en 5 matchs ont eu raison de l’entraineur Villegas, le Vénézuéliens Ali Meza s’est ensuite blessé et, déjà assuré d’être qualifié en Copa Libertadores sans pour autant pouvoir jouer le titre, l’Oriente s’est laissé glisser au classement se permettant même de terminer l’année sans directeur technique.  Huit défaites au total qui font tâche du côté des supporters, surtout que l’ennemi Blooming est entre temps passé devant au classement. Au 1er tour de la Copa Libertadores, les verts et blancs affronteront les Péruviens d’Universitario, avant de peut-être retrouver Jorge Wilstermann au second tour. L’entraîneur de San José Nestor Clausen vient d’être nommé à la tête de l’équipe. Le temps joue en sa défaveur : le 1er match est prévu pour le 26 janvier à Lima.

7. Guabirá : Epoustouflant lors de la 1ère journée face à Bolívar (3-0), les hommes de Victor Hugo Antelo ont par la suite connu une série de revers ne leur permettant pas de confirmer leur 4ème place acquise lors du tournoi Apertura. La doublette Jose Castillo (9 buts) et Marcelo Aguirre (7 buts) a compensé la départ de Carlos Saucedo, parti à San José. Au classement cumulé, Guabirá termine 7ème et se qualifie en Copa Sudamericana, une première depuis 30 ans pour le petit club situé au nord-ouest de Santa Cruz. Reste à savoir où se jouera la compétition continentale : les alentours du stade Gilberto Parada se sont transformés en déchetterie et l’enceinte n’a pas connu la moindre évolution depuis le début des années 90.

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8. Universitario de Sucre : après un tournoi Apertura 2017 catastrophique, le club de Sucre a relevé la tête notamment grâce au recrutement du brésilien Dionatan Restinga, auteur de 11 buts dans ce tournoi de clôture. En cours de route, l’Universitario s’est séparé de son coach argentin Edgardo Malvestiti, remplacé par Oscar Sanz. Grâce à une victoire face à l’équipe bis de Bolívar lors de la dernière journée, le club s’est offert une finale face aux Petroleros de Yacuiba, tous deux fermant la marche du classement cumulé avec 69 points. Vainqueur de ce duel, le club de Sucre s’est fait une belle frayeur et a assuré sa place dans l’élite bolivienne au bout du suspens. Et dire qu’il y a un an l’Universitario jouait le 1er tour de la Copa Libertadores…

9. Club Petrolero : le Club Petrolero (ex Petrolero de Yacuiba) s’est beaucoup fait remarquer tout au long de l’année. Malheureusement ce ne sont pas les performances sportives que l’on retiendra mais plutôt tout ce qui s’est passé en dehors du terrain : retard dans les salaires ou coach qui démissionne puis qui revient sur sa décision... Le club, en situation financière délicate, a même laissé ses joueurs dormir au stade Hernando Siles avant d’affronter Bolívar pour économiser une nuit d’hôtel. Les innombrables et épuisants voyages en bus à travers la Bolivie ont fait prendre conscience à la presse la gravité de la situation. Dernier ex-aequo avec l’Universitario de Sucre sur l’ensemble des 3 championnats, le Club Petrolero a perdu son barrage avant de s’incliner au tour suivant en toute fin d’année 2017 face au Destroyers de Santa Cruz (3-0, 1-1). Pas sûr qu’on les revoit de ci-tôt en première division bolivienne.

10. Real Potosí : mal en point en début de championnat (3 défaites en 4 matchs), le club de la ville impériale s’est vite débarrassé d’Adonis Troche. Remplacé par l’ancien international argentin Julio Zamora, le club lila s’est vite redressé et aurait même pu décrocher une qualification en Copa Sudamericana a un point près. Malheureusement, les Potosínos font face à de gros problèmes financiers au point qu’une recherche de fonds a été lancée. En vain. Il manque désormais 122 000 dollars au club qui est quasiment assuré de démarrer la saison prochaine avec 3 ou 6 points en moins. Ça commence bien…

11. Sport Boys : année très décevante des Sport Boys qui ont vu 3 entraineurs se succéder sans réussite sur le banc. Pire défense du championnat (41 buts encaissés), le club a connu une deuxième partie de saison difficile et termine logiquement avant dernier de ce tournoi de Clausura. Certains joueurs se sont plaints de ne pas avoir été payé et la situation financière du club de semble pas être au beau fixe. L’année 2018 sera celle de tous les dangers pour ceux qui avait été couronnée champion à la surprise générale lors de l’Apertura 2015-2016.

12. Nacional Potosí : le club n’avait empoché qu’1 point lors des 4 derniers matchs de l’Apertura. Il sera resté dans une spirale négative jusqu’au bout. Tournoi catastrophique pour les Potosínos, qui ont vu 4 entraineurs se succéder en 4 journées avant que l’ancien joueur du Real Madrid Angel Perez Garcia ne prenne les choses en main. Sa victoire face à San José lors de la dernière journée (3-1) permet au Nacional de coiffer sur le poteau son rival historique du Real Potosí et de se qualifier en Copa Sudamericana grâce au classement cumulé. Dernier de ce championnat et sans inspiration, le club vient d’apprendre le départ de son buteur Cristian Alessandrini (8 buts). Seule l’altitude pourra effrayer Fluminense, prochain adversaire du club Potosínos en Copa Sudamericana.

Le joueur

Ronald Raldes : lorsqu’aucun joueur offensif ne crève vraiment l’écran, c’est toujours l’occasion de récompenser un défenseur. Toujours impeccable dans son positionnement, Raldes s’est montré excellent dans la relance. Imprenable dans les duels en un contre un, le capitaine de la sélection a prolongé d’un an et ce pour le  plus grand bonheur des hinchas de la academia. Quoiqu’il en soit, un beau parcours en Copa Libertadores le ferait entrer au panthéon des meilleurs défenseurs de l’histoire du club.

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L’équipe type

L’équipe type de ce tournoi Apertura est composée de Matias DIturo dans les buts. Rassurant toute l’année, il n’aura connu qu’une sale soirée en 2017, lors de la défaite de son équipe face à l’Oriente Petrolero (5-1). Derrière, Marvin Bejarano a franchi un cap et sait désormais se montrer décisif offensivement.  Dans l’axe, le capitaine de la sélection Ronald Raldes, impressionnant dans les duels il est le patron de cette défense. A sa gauche on retrouve Luis Gutiérrez qu’on n’attendait pas à ce niveau tout au long de l’année. Au milieu, Leonel Justiniano reste la meilleure sentinelle de Bolivie, avec à ses côté le joueur du Strongest Raul Castro et l’argentin de Guabirá Marcelo Aguirre, qui est lui plus porté vers l’attaque. Le jeune Leonardo Vaca a fait figure de révélation et a joué un rôle essentiel dans la 4ème place finale de son club. De l’autre côté Juan-Carlos Arce a sauvé plus d’une fois son équipe lors de matchs compliqués à gérer grâce à son talent sur coup de pied arrêté. Enfin, le duo d’attaque est composé du meilleur buteur Gilbert Álvarez et de Marcos Riquelme, auteur d’une deuxième partie de saison pleine de promesse. Les statistiques de l’argentin ne sont pas folles mais il a su se mettre au service du collectif tout en livrant de bonnes prestations en pointe et sur le côté.

Pour encadrer cette équipe, Victor Hugo Antelo a été choisi. L'ancien attaquant a une nouvelle fois prouvé qu'il est l'un des meilleurs techniciens boliviens en qualifiant Guabirá en coupe continentale. Régulier tout au long de la saison avec un effectif pourtant moyen, il fait partie des rares entraîneurs à être resté en poste lors des deux tournois de 2017.

Le but de l’année

Le but de l’année est l’œuvre de Mauricio Prieto, défenseur central du Bolívar.  L’uruguayen s’emmène la balle de l’extérieur du pied puis de la tête avant d’enchainer une volée à plus de 30 mètres du but qui finit dans la lucarne de Vaca... Chef d’œuvre.

Le passage à 14 équipes.

Les difficultés financières des clubs de LIGA n’ont pas freiné la fédération dans sa volonté de changer le format du championnat. Ainsi, près de 40 ans après sa création, la LIGA s’éteint et laisse place à la Division Professionnelle. Le changement majeur reste le passage de 12 à 14 équipes avec la descente du Club Petrolero et les arrivées de Aurora (Cochabamba), du Royal Pari Fc et des Destroyers (tous deux de Santa Cruz). La ligue doit se réunir avant la fin de la semaine pour décider du format du championnat. Face aux difficultés financières de certains clubs et avec l’arrivée de trois nouveaux possédant un petit budget, la question de former deux championnats de sept équipes par « conférence » est mise sur le tapis. La région de Santa Cruz possède à elle seule 6 équipes alors que La Paz, Potosí et Cochabamba en possède deux. Sucre et Oruro complétant le tout avec un représentant chacun. Pour le moment le projet reste flou et on devrait y voir plus clair dans les prochains jours. La date de reprise du championnat est fixée pour la fin du mois de janvier.

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée