Dans un format inédit, le tournoi d’Apertura bolivien 2018 est proche de livrer son verdict. Mercredi soir, l’équipe la plus séduisante du tournoi, Jorge Wilstermann et le vice-champion en titre The Strongest, s’affrontaient à La Paz à l’occasion de la finale aller du championnat bolivien.

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L’affiche était alléchante ce mercredi soir au stade Hernando Siles. Le public paceño (nom donné aux habitants de La Paz), friand de ce genre de rendez-vous, ne s’est pas fait prier et à répondu présent à l’appel de ses joueurs : plus de 20 000 spectateurs se sont déplacés pour assister à cette finale aller entre The Strongest et Jorge Wilstermann. Le climat de ce match s’annonçait tendu, notamment après les déclarations faites par l’entraineur de Bolivar, battu par The Strongest en demi-finale et qui jugeait que son club s’était fait voler deux penaltys par l’arbitre : « Le président du Club Strongest est également celui de la fédération bolivienne. L’entraineur du Strongest est également celui de la sélection bolivienne […] Aujourd'hui, malheureusement, c'était une autre preuve que la mafia établie dans le pays ne se soucie pas du développement et de la croissance du football bolivien ». Avant le match, Jorge Wilstermann a tenté d’anticiper d’éventuels « arrangements » en proposant à la ligue de laisser diriger la finale par un arbitre étranger. Mécontents, les arbitres ont décidé de faire grève et Alvaro Peña, entraineur de Wilstermann, a dû s’excuser de ses propos pour que cette rencontre est bien lieu.

Habitué à suivre les deux clubs de La Paz, j’ai cette fois-ci décidé de vivre la rencontre au cœur des hinchas de Wilstermann de Cochabamba qui ont fait plus de huit heures de route pour assister à ce match. Périple d’autant plus difficile que les clubs ne se sont accordés sur le jour et l’heure de la rencontre que lundi soir, soit deux petits jours avant le coup d’envoi du match. Depuis les incidents survenus l’an passé et la confrontation qui a eu lieu entre les hinchas de Bolivar et de San Jose sur cette même pelouse (cf inside), les autorités boliviennes sont de plus en plus répressives et cette fois-ci près de 8 000 policiers ont été sollicités pour assurer la sécurité autour de ce match. Habituellement, on entre dans le stade Hernando Siles sans fouilles, seulement en ouvrant rapidement son sac. Cette fois, la fouille est plus minutieuse et il a été décidé de condamné la partie basse de la tribune visiteur afin d’éviter toute intrusion sur le terrain. Je ne peux rentrer dans l’enceinte que quelques minutes après le coup d’envoi. À mon grand regret, je rate l’entrée des joueurs sur le terrain mais j’arrive à temps pour assister à l’hommage rendu au capitaine et numéro 10 du Strongest, Pablo Escobar, qui a la 10ème minute de jeu a eu le droit à une standing ovation pour célébrer son 350ème match de Liga sous les couleurs du club atigrados. L’ambiance est excellente et les vingt-deux acteurs sont à la hauteur de l’événement. Très déçu par le niveau de jeu affiché lors de ce tournoi Apertura 2018, je suis enchanté du niveau technique de cette rencontre. The Strongest prend en main la possession mais c’est Jorge Wilstermann qui s’offre l’occasion d’ouvrir la marque lorsque l’arbitre siffle un penalty logique en leur faveur. Le gardien local Vaca se couche bien et détourne le penalty de Serginho pour le plus grand bonheur de ses supporter.

Peu après, le défenseur Ramiro Ballivian ouvre la marque pour The Strongest devant la tribune des hinchas locaux en délire. À la mi-temps, le score est de 1-0 et j’en profite pour déguster un fricassé paceño aux côtés des supporters de Wilstermann. En début de seconde période, le Brésilien Alex Da Silva place un majestueux coup de tête dans les filets de Vaca qui ne peut rien faire (1-1). La tension monte, Jorge Wilstermann pense avoir fait le plus dur en revenant au score. Cet alors que l’entraineur du Strongest César Farias choisi le bon moment pour faire entrer Henry Vaca, le jeune dynamiteur de poche du Strongest. Vaca va transformer l’attaque de son équipe en multipliant les débordements côté gauche. Finalement, après de multiples situations de buts, la libération arrivera par le boliviano-brésilien Fernando Marteli qui suivra parfaitement la trajectoire du ballon pour placer un coup de tête dans le petit filet d’Arnaldo Giménez, le gardien de Wilstermann (2-1). Peu après, le gardien du Strongest Daniel Vaca sera expulsé pour un second avertissement mais les Aviadors n’arriveront pas à en profiter et buteront sur une défense locale bien regroupé. Wilstermann ne sera pas en mesure de proposer son niveau de jeu habituel et Aponte laissera ses coéquipiers à dix en fin de match. The Strongest remporte logiquement ce premier round et réalise une grosse opération avant le match retour. La différence de but n’étant pas prise en compte dans ce championnat, les hommes d’Alvaro Peña devront à tout prix l’emporter pour espérer s’offrir un match d'appui. Malheureusement pour le club Aviador, la ville de Cochabamba accueille les Jeux Sudamericanos en ce moment. Le club ne pourra donc pas recevoir The Strongest dans son enceinte habituelle, l’Estadio Felix Capriles. Il devra affronter pour cette finale retour The Strongest dans le petit stade municipal de Sacaba, qui pourra accueillir un maximum 8 000 spectateurs. Finale retour dimanche prochain à 15h00 heure locale et à 21h00 heure française. Le rendez-vous est pris.

Dans la rencontre pour la troisième place opposant San Jose et Bolivar, le club d’Oruro n’a fait qu’une bouchée de la Celeste. Bolivar a certainement joué son pire match depuis plusieurs années et s’est lourdement incliné 4-0. Les buteurs de San Jose sont Jair et Didi Torrico, Galindo et Reinoso). Le match est prévu dimanche à La Paz et il ne fait aucun doute que ce sera le dernier de l’entraineur du Bolivar, Vinicius Eutropio, qui est plus que jamais montré de doigt. Le vainqueur de cette double confrontation obtiendra son billet pour la Copa Sudamericana 2019. Enfin, dans la finale aller du tournoi des « perdants », Guabíra a facilement disposé du Real Potosi (4-1). Un résultat nul dimanche à Potosi assurerait à Guabíra de retrouver la Copa Sudamericana en 2019.

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée