Au pays de la salteña, le championnat de Clausura devient chaque semaine un peu plus passionnant. A six journées de la fin, les cinq premiers se tiennent toujours en quatre points. Cette trêve du mois de novembre est l’occasion de faire le point avant le sprint final.

banlomag

Les leaders solidaires dans l’irrégularité

Si ce classement est si serré, c’est aussi dû au fait qu’aucune des équipes de tête n'arrivent à enchaîner les victoires. Le championnat bolivien et ses caractéristiques particulières contraignent les clubs à faire des choix. Jouer jusqu’à trois matchs par semaine dans des régions présentant des différences de températures et d’altitudes conséquentes use forcément les organismes. Hormis les trois « grands » Jorge Wilstermann, Bolívar et The Strongest, les autres clubs ne possèdent qu’un effectif réduit, ce qui ne leur laisse qu’une faible marge de turn-over. Dans ce top 5 qui dominent le championnat et qui n’est séparé que par quatre petits points, on retrouve San José d’Oruro qui confirme son tournoi Apertura réussi. Séduisant dans le jeu, San José s’est taillé au fil des matchs une réputation d´équipe à l’efficacité offensive redoutable. Son succès face à l’Universitario Sucre ce week-end en est la parfaite illustration. Une victoire 4-0 grâce à des buts du colombien Jair Reynoso, actuellement meilleur buteur du clausura, de l’un des meilleurs de ce tournoi Javier Sanguinetti et enfin un doublé du papy super-sub Carlos Saucedo entré à dix minutes de la fin. Saucedo, meilleur buteur du championnat sur l’année civile à 39 ans, témoigne de la pénurie de joueurs offensifs au niveau national. Les hommes d’Eduardo Villegas comptent deux points d’avance (et un match en plus) sur l’autre énorme surprise de ce tournoi : le promu Royal Pari.

Plus le championnat avance et plus on se dit que le petit promu de Santa Cruz va craquer. Il n’en n’est rien. Après sa victoire face à Blooming ce week-end (3-2), Royal Pari est toujours invaincu à domicile (11 victoires et 1 nul). Le tout jeune club est assurément la sensation de ce tournoi. Emmenée par son attaquant colombien Mosquera, le dauphin du championnat a permis à certains jeunes joueurs boliviens d'émerger comme le jeune latéral gauche de 20 ans Harry Céspedes, l’une des révélations de ce tournoi. Royal Pari doit encore affronter Jorge Wilstermann et The Strongest, il ne faudra surtout par perdre ces deux rencontres pour espérer rester dans le bon wagon et décrocher une qualification continentale historique. Et pourquoi ne pas rêver plus grand. De son côté, leader avant cette 19ème journée, The Strongest a perdu son fauteuil après sa défaite face à l’Oriente Petrolero (2-1) qui lui se rapproche d’une place qualificative en Copa Sudamericana. Auteur de l’égalisation en seconde période, l’international panaméen du Strongest Rolando Blackburn a vu sa reprise échouer sur le poteau en fin de match. Quelques minutes plus tard, Gerry Vargas sanctionnait sévèrement Pablo Escobar d’un second carton jaune. Le numéro 10 et capitaine du Strongest manquera le Clásico paceño face à Bolívar le 25 novembre tout comme le défenseur central Gabriel Valverde, qui a reçu un cinquième carton jaune, synonyme de suspension. Les atigrados n’avaient pas besoin de ça : déjà, cinq joueurs du club et leur entraîneur Cesar Farias, sélectionneur de La Verde, n’arriveront que deux jours avant ce Clásico décisif (Rudy Cardozo, Henry Vaca, Diego Wayar, Gabriel Valverde et Jhasmani Campos sont convoqués pour affronter les Émirats arabes unis et l’Irak à Dubaï). De quoi faire grincer les dents d’une bonne partie des hinchas du club, bien conscients que la double casquette entraîneur-sélectionneur de Cesar Farias coûte beaucoup de points à leur club qui était largement en tête en début de championnat et qui a vu revenir quatre concurrents les uns après les autres. The Strongest devra affronter coup sur coup Bolívar et Royal Pari après cette fecha FIFA.

Positionné en quatrième position, Bolívar a relevé la tête après un début de championnat difficile. Son attaque de feu composé de Callejon, Arce, Riquelme et Ferreira pèse déjà à eux quatre 41 buts. Malgré tout, le contenu proposé lors de sa victoire difficile ce week-end face au Nacional Potosí n’a pas rassuré les hinchas de la Celeste une semaine après la déroute du club face à Sport Boys le week-end dernier (4-1). Enfin, le champion en titre Jorge Wilstermann reste toujours en embuscade. Sa victoire face au Real Potosí fut plus difficile que prévu et sans une énorme prestation de son portier Gimenez le score aurait été différent. Du côté de Wilstermann, c’est surtout en coulisse que ça s’anime. Les dirigeants du club ont clairement fait comprendre au technicien Alvaro Peña qu’il ne compterait plus sur lui pour l’année prochaine. Pourtant, Peña a remporté le titre de champion en juin dernier et a réussi à rester dans le coup en championnat malgré les départs de Gilbert Alvarez (Arabie Saoudite) et Cristian Machado (MLS), la suspension pour dopage d’Edward Zenteno et la blessure de Serginho. De manière générale, au sein du pays, les dirigeants des clubs accordent peu de crédit aux entraîneurs boliviens. La seule chose qui pourrait être reprochée à Peña pourrait être la piètre prestation proposée lors de l'élimination du club face au Deportivo Cuenca en Copa Sudamericana.

En bas, on y voit plus clair

Quatre équipes sont concernées par la relégation. Rappelons que le club qui terminera dernier sur l’année civile descendra directement, l’avant-dernier jouera lui un barrage face au finaliste de la Copa Simon Bolívar, équivalent de la D2 bolivienne (voir plus bas). Pour le moment, on voit mal comment l'Universitario de Sucre pourrait échapper à cette relégation. Le club, en plus d’accuser quatre points de retard sur l’avant dernier est en pleine crise interne. les joueurs semblent incapables de produire une simple action de jeu et les attaquants n’ont pas un niveau suffisant pour inquiéter les équipes adverses. Sur les 19 journées, l’Universitario n’a inscrit que 9 buts alors que huit joueurs de ce championnat en ont marqué plus de dix à eux seuls… La situation est également difficile du côté du Real Potosí qui s'était fait retirer trois points en début de championnat. Aujourd’hui le club est toujours en grande difficulté comme a pu le témoigner son attaquant Fernando Adrian au micro de Deporte Total Bolivia après la défaite du club face à Wilstermann (2-0) : « Je crois que les gens ne réalisent pas. Nous nous entraînons à 06h00 du matin, quand nous terminons l'entraînement nous n’avons même pas d’eau, nous n’avons pas de médicaments à disposition après un match pour bien récupérer en vue du suivant. Le club nous doit cinq mois de salaire sans parler des accords en dehors. Par exemple, le club doit encore me rembourser l’opération que j'ai subie, j’ai avancé tous les frais… ». L’Universitario et le Real Potosí sont aussi sous la menace d’une descente administrative. Pour le moment les deux clubs n’ont toujours pas présenté leurs bilans financiers de l’année 2017 à la CONMEBOL, passage indispensable pour pouvoir participer au championnat 2019. Enfin, Aurora de Cochabamba s’éloigne au fil des semaines de la zone dangereuse grâce à deux victoires consécutives face à Sucre et Sport Boys. Aurora rejoint même les Destroyers qui viennent d'enchaîner une série négative de huit défaites consécutives après leur nouveau revers face à Guabirá (2-1). Malgré tout, le Club Destroyers offre des prestations intéressantes et parmi ces huit défaites, six n’ont été que par un seul but d'écart, les deux autres étaient au mois d’octobre face au leader San José (3-1) et face au Nacional Potosí (2-0).

Les buts

Seconde division

Ce week-end se jouaient les matchs aller des quarts de finale de la Copa Simon Bolívar (lre Segunda división : la course au professionnalisme). Always Ready de La Paz, Avilés Industrial de Tarija et Mariscal Sucre de Cobija ont déjà pris l’ascendant. Always Ready est la seule équipe à avoir pris l’avantage à l’extérieur après sa victoire 2-1 face à l’Universitario de Vinto à l’estadio Félix Capriles de Cochabamba. À l’estadio IV Centenario de Tarija, Avilés Industrial a battu 2-0 Gatty Ribeiro et le Mariscal Sucre a remporté son match face à l’Independiente de Sucre sur un score minimum. Matchs retour prévus ce week-end, le « meilleur perdant » sera repêché en demi-finale.

Résultats

bolj19r

Classement

bolj19c

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée