Le Brasileirão en pause après le titre de Fluminense, le Brésil du football n'en est pas moins encore actif avec les nombreux championnats d'États. Cadeau de Lucarne Opposée avant le France – Brésil de ce mercredi, petit focus sur la complexe organisation du football au Brésil et petit tour d'horizon de la plupart des Campeonatos Estaduais.
Vous l'avez suivi il y a quelques mois sur Lucarne Opposée, Fluminense a succédé à son rival Flamengo en décrochant le 41e Brasileirão de l'histoire. 41 championnats nationaux, pour une terre de football telle que le Brésil, si on compare avec les autre nations mondiales, cela paraît peu. Et pourtant, alors que dans les autres pays, l'intersaison permet de recharger les batteries, de préparer une nouvelle année de compétition, le Brésil lui joue toujours. Car la particularité du football brésilien est qu'il n'est pas organisé en une simple pyramide mais qu'il est plutôt un énorme puzzle où championnats d'États comblent les mois vides laissés par le championnat national.
Un championnat, des championnats.
Imaginez une Ligue 1, une Ligue 2, un National et un CFA dans lequel l'ensemble des clubs s'affrontent pour monter, se maintenir ou s'imposer et à côté de cela, des championnats d'Aquitaine, de Lorraine, du Nord, etc... mêlant clubs de Ligue 1 et clubs de CFA. Voila en quelques lignes ce qu'est le football brésilien.
Mais ne vous y trompez pas : derrière cet apparente cacophonie se cache une explication terre à terre. De part la difficulté économique mais aussi les longues distances séparant les grandes villes, les brésiliens avaient rapidement décidé d'organiser des championnats locaux et ce, dès le début du XXe siècle (le Championnat Pauliste a débuté en 1902). C'est ainsi que chacun des 27 états brésiliens possède son propre championnat qui reste profondément ancré dans les consciences collectives (longtemps il fut plus important de remporter un championnat d'État que le Brasileirão). Ainsi l'élément perturbateur dans ce système serait le Brasileirão.
Ce dernier a en effet été crée sous la dictature militaire en 1971 et a eu besoin de temps pour s'installer. Longtemps le Brasileirão restera très lié aux championnats d'États ressemblant à une sorte de Coupe du Brésil dans laquelle les meilleurs clubs de chaque État étaient répartis dans différents groupes d'où émergeaient les qualifiés pour les play-offs finaux. Puis vînt la révolte de 1987.
Les 13 plus gros clubs brésiliens s'organisent en "Clube dos 13" dans l'idée de gérer par eux même leurs publicités sans passer par la fédération brésilienne (toute ressemblance avec un G14 européen n'est pas fortuite). Le "Clube dos 13" décide alors de créer sa propre épreuve : la Copa União. La FIFA voit rouge et menace alors le Brésil d'exclusion des compétitions internationales. Impensable pour cette terre de foot : "Clube dos 13" et Fédération vont alors s'entendre, le Brasileirão adoptera le format de la Copa União. Il faut dire que jusqu'ici, le format du Brasileirão changeait chaque saison. Une seule division avec différents groupes, un nombre de participant évoluant chaque année (de 20 à 104 participants d'une année à l'autre !), tels sont les différents facteurs ayant fait que les championnats d'États restaient les plus populaires (pour vous donner une idée des hésitations et changements systématiques de format de l'épreuve, je vous invite à lire la page wikipedia consacré au format saison par saison). Il faudra finalement attendre 2003 pour voir enfin le championnat national se stabiliser et surtout adopter un format plus classique. D'abord à 24, le Brasileirão sera réduit à 22 puis à 20 en 2006 avant de ne plus bouger avec quatre relégations. La compétitivité des championnats nationaux s'en est ressenti et sa popularité n'a fait que croître. Il subsiste un dernier petit lien entre Brasileirão et championnats d'Etats : la Serie D ouverte aux meilleurs clubs des championnats d'État qui ne participent pas aux Serie supérieures.
Le Brésil, terre de football par excellence offre donc la particularité de découper son calendrier en deux période : de janvier à mai, il est question de suprématie locale, de mai à décembre, c'est le championnat national qui prédomine ouvrant sur les compétitions continentales. Du point de vue ancrage historique, les championnats d'Etats restent encore les plus populaires mais le championnat national gagne du terrain année après année.
Campeonatos Estaduais 2011 : le point.
27 championnats à résumer en un article, cela peut faire beaucoup alors nous ferons des choix en mettant de côté des championnats comme l'Acriano, l'Alagoano ou encore le Roraimense, ces championnats ne concernant aucune équipe de première division brésilienne. En ne se focalisant que sur les clubs de Serie A de 2010, on couvre huit championnats (Goiano (Atlético Goianiense, Goiás), Mineiro (Atlético Mineiro, Cruzeiro), Paranaense (Atlético Paranaense), Catarinense (Avaí), Gaúcho (Grêmio, Internacional), Baiano (Vitória), Cearense (Ceará), mais surtout les géants Carioca (Botafogo, Flamengo, Fluminense, Vasco), et Paulista (Corinthians, Palmeiras, Santos, São Paulo, Grêmio Barueri)). Vous allez le voir, la synchronisation n'est pas la règle et la logique pas forcément respectée.
Pour preuve, le Paranaense dans lequel l'Atlético Paranaense, cinquième du dernier Brasileirão présente un bilan très mitigé ; 4 victoires et 3 défaites. Alors, il faut se tourner du côté de Coritiba pour trouver le favori qui tient son rang. Champion de Serie B, le Cori reste la seule équipe invaincue après 7 journées.
Mais ce n'est rien comparé à Avaí, 15e du Brasileirão et actuel avant dernier du Catarinense à deux journées de la fin. Autant dire que l'accession aux demi-finales est d'ores et déjà quasi nulle (même si mathématiquement tout reste encore possible) et, comme pour le Paranaense, c'est un futur promu en Serie A, le vice-champion de Serie B, Figueirense, qui mène la course.
Figueirense 2 – 2 Avaí
Autre surprise, la performance de l'Internacional dans le Gaúcho. Si Grêmio domine le groupe 2 et reste invaincu, le tenant de la Libertadores n'est pas encore assuré d'accéder aux quarts de finale de la première phase. Actuel deuxième, l'Inter ne compte que 2 points d'avance sur le sixième et le suspense demeure entier tant ce groupe 1 est compacte (les six premiers se tiennent en trois points). Il ne reste plus que 90 minutes pour déterminer l'identité des quatre qualifiés.
La victoire de Grêmio dans le Gre-Nal comptant pour la 5e journée :
Sept journées (sur 18) ont été disputées dans le Goiano et l'Atlético Goianiense, sauvé dans l'élite, est seul leader (6 victoires, 1 défaite) après sa victoire devant Vila Nova, actuel 3e lors de l'affiche de la septième journée. Il est suivi par Anapolina, petit club de Serie D, seule équipe encore invaincue. Goiás, le finaliste de la Copa Sudamericana 2010 et relégué de Serie A, pointe à une modeste 5e place, au pied des demi-finales.
Atlético-GO 2 – 1 Vila Nova
Relégué de l'élite, Vitória mène le classement du groupe 2 du Baiano. Dans le groupe 1, Bahia, qui sera le nouveau représentant de l'État en Serie A en 2011 n'a lui remporté qu'une seule victoire en cinq journées.
Sans surprise, le seul club de l'élite, Ceará domine le Cearense. 7 victoires et 1 nul en huit rencontres (dans un championnat qui compte 11 journées avant d'accéder aux demi-finales), Ceará est assuré de finir leader et reste le seul qualifié à l'heure actuelle. Derrière, cinq équipes se tiennent en trois points dont une de Serie C, Fortaleza, et le champion 2010 de la Serie D : Guarany SC). Il ne reste que 3 places à distribuer.
Restent les deux géants.
Le Paulista est emmené par le duo Palmeiras – Santos. Seule équipe invaincue avec les Corinthians (huitièmes à sept points mais comptant 2 matchs de retard), Santos a perdu son fauteuil de leader au profit du Verdão suite à deux résultats nuls concédés lors des deux dernières journées. Mais tout reste à faire dans un championnat qui compte 19 journées et qualifie les huit premiers pour des quarts de finale.
Vous aviez vu le premier but de Rivaldo lors de sa première titularisation face à Linense (5e journée), voici résumé de la victoire des Corinthians (but d'Alessandro) dans le Derby Paulista face à Palmeiras.
Le championnat Carioca est le plus avancé puisqu'il ne reste qu'une journée avant les demi-finales. Flamengo dans le groupe A est assuré de terminer premier alors que la seconde place se jouera entre Resende, Nova Iguaçu et Boavista, le grand enseignement de la première phase étant l'élimination de Vasco de la course au titre. Aucune surprise dans le groupe B, Botafogo et le champion national Fluminense accèdent aux demi-finales. Suite à sa victoire sur le Flu lors de la sixième journée, c'est Botafogo qui mène le bal.
Fluminense 2 – 3 Botafogo
Le Mineiro vient tout juste de débuter et peu d'enseignements peuvent encore être tirés. Les deux clubs de l'élite (Cruzeiro et l'Atlético-MG) ont remporté leurs deux premières rencontres.