Le championnat chilien ne baisse pas de rythme, jouant pendant les éliminatoires et forçant ses équipes en enchaîner les matchs. Si un groupe de leader se détache, Colo-Colo n’en finit plus de couler. Retour sur les dernières semaines et inside au cœur du clásico porteño.

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Suspense au Sausalito

Dans la semaine précédant le match, Rubén Darío Gigena a dit : « Le clásico porteño se vit avec beaucoup de passion. Je crois que le Wanderino a cette même passion qui se ressent dans le football argentin ». L’ancien attaquant des Santiago Wanderers est l’auteur d’un but au Sausalito, le stade d’Everton lors du derby de la saison 2010. Everton – Santiago Wanderers est donc le grand classique de la région du « Gran Valparaiso » dont le premier match a eu lieu le 14 mai 1916, avec une victoire des verts de Santiago Wanderers 3 à 0. À l’époque, ce match comptait pour la première division de la « Liga Valparaiso », une ligue amateure. Ce clasico du 10 octobre 2020 entre Everton de Viña del mar et le Santiago Wanderers de Valparaiso a livré toutes ses promesses passionnelles pour les amateurs de football.

Après quasiment trois années sans derby, Santiago Wanderers revenant de Primera B, les retrouvailles étaient attendues entre Porteños et Viñamarinos. Locaux et visiteurs restent sur une victoire lors de la dernière journée face respectivement face à Curicó Unido et Deportes Iquique. Les hommes de Javier Torrente, l’entraîneur argentin d’Everton, dominent le premier acte, avec une pression haute et beaucoup d’intensité. Les Auriazules sont organisés en 4-3-1-2 avec Fernando Saavedra en électron libre - meneur de jeu, souvent attiré par le côté gauche pour combiné avec Cerato qui est très mobile, l’attaquant argentin alterne de position avec son compère d’attaque le Mexicain Cuevas et recherche les diagonales pour se déjouer de la défense Wanderina. Everton est organisé avec Álvaro Madrid en relayeur gauche. Le milieu central chilien mène à la baguette ses coéquipiers et oriente le jeu, en participant à la création lors des phases offensives et à la récupération lorsque son équipe perd le ballon. Il se met en évidence dès la quatrième minute grâce à une récupération du ballon et organise la remontée. Après une belle combinaison, l’attaquant Cuevas effectue une magnifique reprise de volée qui termine hors cadre, première grosse occasion des locaux. Ces mouvements sur le front de l’attaque permettent à Cerato d’utiliser toute sa vitesse et son positionnement dans le tempo du jeu lui permet de recevoir un centre qu’il exécute quasi parfaitement : en une touche il reprend le ballon en reprise de volée, que dévie Mauricio Viana, bien placé et sur ses appuis.

En face, Santiago Wanderers résiste bien. L’équipe est organisée dans 4-3-3 habituel et l’entraineur a aligné ses meilleures armes sur la pelouse, mais Everton continue l’assaut. Le gardien Jhonny Herrera lance une action collective et passe au défenseur gauche Dylan Zúñiga, l’ancien joueur de León transmet à Álvaro Madrid qui lance Cerato sur l’aile droite. L’attaquant repique dans l’axe et centre en direction de Cuevas qui reprend de la tête et ne laisse aucune chance à Mauricio Viana. 1 à 0 pour les locaux. Dans les dernières minutes de la première mi-temps, Everton ne tient pas le rythme qu’il cherche à imposer depuis le début de la rencontre et laisse la possibilité aux joueurs de Miguel Ramírez de s’approcher de leur surface. Carlos Rotondi, l’attaquant argentin le plus en jambe côté Wanderers réalise une frappe bien placée à ras de terre. Johnny Herrera s’étire et la dévie en corner. À pause, Everton vire tout de même en tête.

Au retour des vestiaires, Santiago Wanderers prend peu à peu possession du ballon laissant aux joueurs adverses des possibilités de contre-attaque. Les Auriazules sont près de punir les visiteurs. Cuevas envoie un long ballon à Cerato qui sert Álvaro Madrid grâce à une mésentente entre le défenseur argentin Ezequiel Luna et le milieu de Santiago Wanderers Marco Medel. Mais Madrid n’a pas prévu la présence de Cerezo qui sauve sur la ligne. Santiago Wanderers voit l’entrée en jeu du vénézuélien Esli García à la place de Matías Fernández pour dynamiter l’aile gauche : il apporte plus de clarté et de précision dans les transitions offensives. Dans un clásico, les réclamations sont fréquentes de la part des joueurs. Elles arrivent autour de l’heure de jeu du côté du Sausalito après un accrochage dans la surface entre Cerezo et San Juan qui échappe d’abord à la surveillance de l’arbitre. Il reçoit un appel du VAR lui signalant la faute. Pénalty. Dans la foulée, le gardien Jhonny Herrera remonte le terrain à grande enjambée pour aller exécuter la sentence. Dans les tribunes, descendent des « VAMOOOOOS Jhonny » des dirigeants d’Everton qui voient là une belle opportunité de faire le break. Casquette vissée, Herrera s’élance d’un pas décidé mais bute sur Mauricio Viana qui choisit le bon côté et réalise un bel arrêt du pied gauche. Quelques minutes plus tard, San Juan le défenseur d’Everton qui a subi la faute sur le pénalty peut prendre sa revanche. Sur un corner, Fernando Saavedra reprend le ballon de la tête et le dévie d’une passe bombée qui permet au défenseur de réaliser un magnifique retourné acrobatique pour le 2 à 0. Golazo !

À partir du 2 à 0, le repli est total de la part des Auriazules qui verrouillent totalement le jeu en pariant sur des sorties de balle rapides, explosives et en contre-attaque. Sur l’une d’elles, Marcos Sebastián Pol, récemment entré en jeu à la place de Cerato, manque la possibilité de tuer le match en ratant son face à face avec Mauricio Viana, parfaitement sur ses appuis. Le match n’est pas fini et Santiago Wanderers a encore quelque chose à dire. À moins de dix minutes du terme, Marco Medel obtient un coup franc bien placé sur l’aile gauche. Il s’élance pour le tirer et envoie le ballon dans la surface de réparation adverse. Le ballon dévié parvient sur la tête de Nestor Canelón qui marque d’un coup de tête rageur. 2 à 1. La chance est côté Wanderers, Viana remporte un autre face à face, on entre alors dans les arrêts de jeu. 92e minute, sur une action menée côté gauche, Medel transmet le cuir en profondeur à Rotondi. L’Argentin avance de quelques mètres et tente ce qui ressemble de prime abord à un centre en bout de course. Le stade semble retenir son souffle tandis que le ballon lobe et trouve un angle impossible en pleine lucarne. 2-2. Euphorie de tout le banc de touche. Les dirigeants porteños exultent. Ce nul a un goût de victoire pour les hinchas de Valparaiso, qui ont vu leur club s’arracher et effectuer une remontée exaltante dans le dernier quart d’heure. Il est en revanche amer pour les Auriazules, qui peuvent regretter leurs occasions non converties. Mais l’un dans l’autre : un 166ème clásico porteño qui nous aura fait frissonner jusqu’au bout.

Ailleurs : Colo-Colo n’en finit plus de couler

Par Nicolas Cougot

Everton et Wanderers sont encore loin de penser à jouer les premiers rôles. Car devant, même si la Católica a été quelque peu ralentie ces dernières semaines (deux nuls sur les trois derniers matchs), le duo Unión Española – Unión La Calera fonce. Les Hispanos restent sur quatre victoires consécutives, la dernière au Monumental face à un Colo-Colo à la dérive – nous allons y revenir. De leur côté, les Calereños restent sur trois victoires de rang et vont justement se présenter à Valparaiso pour continuer d’enchaîner. Ces deux équipes pointent respectivement à un et trois points du leader mais on surtout creusé l’écart avec les poursuivants. Des poursuivants directs qui se nomment U de Chile et Deportes Antofagasta qui doivent s’affronter dans le Nord ce jeudi.

Loin derrière donc, Colo-Colo continue de sombrer. On n’a cessé d’en parler, mais le navire albo ressemble encore et toujours davantage au Titanic. Plombé par une crise interne sans précédent, avec une préparation totalement ratée et un vestiaire qui s’entre-déchire, Colo-Colo a trouvé un véritable entraîneur, Gustavo Quinteros, dont la mission ressemble à une mission impossible. L’ancien coach de la Católica a pu mesurer l’étendue du chantier ce mercredi lors de la spectaculaire défaite face à Unión Española (3-5), qui n’a fait qu’exposer les carences tactiques et individuelles d’une équipe qui n’en a que le nom. Reste que la situation est très précaire : à deux journées de la fin de la phase aller, le Cacique est avant-dernier du championnat, en position de barragiste, et reste sur sept matchs sans la moindre victoire au pays à l’heure de se rendre au Sausalito pour y défier Everton. Seule La Serena pointe derrière. Mais portés par un Humberto Suazo encore immortel et auteur d’un doublé face à Palestino qui le porte à une longueur des cent buts en première division, les Granates ont repris goût à la victoire et ne sont désormais plus qu’à un point.

Classement

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Guillaume Habonneau
Guillaume Habonneau