Quatrième journée de Liga Águila II 2018 et pas de vainqueur dans l'affiche entre l'Atlético Nacional et Millonarios pour ce qui est un classique du football colombien. Match nul 1-1 qui n'arrange personne puisque les deux sont hors des places qualificatives. Même chose pour l'América et Santa Fe.

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Une semaine qui pourrait tout changer. Avec deux rendez-vous importants au programme entre le huitième de finale aller de la Libertadores et ce classique du football colombien, on savait qu'on allait avoir une idée plus précise du niveau de l’Atlético Nacional. Le moins qu'on puisse dire est que les supporters du club verdolaga ne doivent pas être rassurés. On va passer sur le match en Argentine. Almirón s'est trompé en alignant une équipe sans cadre et sans âme, il faudra donc un match de très haut niveau pour espérer continuer l'aventure continentale. Le double vainqueur de la Libertadores pouvait se remettre à l'endroit avec la réception de Millonarios pour un des classiques du football colombien. Raté, malgré la présence de cadres comme Felipe Águilar, Aldo Leao Ramírez, Vlad Hernández ou Dayro Moreno. Ce match, l'Atlético Nacional l'a eu en main : Une frappe sur le poteau de Deiver Machado peu avant la pause, un arrêt déterminant de Faríñez et puis l’ouverture du score de Dayro (avec un air-marquage de la défense sur le coup) juste après l'heure de jeu. Mais déconcentration, malchance (avec une petite partie de billard) et à cinq minutes de la fin, Cristian Marrugo la nouvelle recrue embajador a ouvert son compteur avec le club de la capitale dans son ancien jardin, lui l'ancien joueur du DIM. Sur le plan comptable ce nul n'arrange personne. Avec cinq point en deux matches les deux équipes se retrouvent en milieu de tableau. Arrive donc la question de savoir qui a le plus de raisons de s'inquiéter. On serait tenté de dire que la situation est plus préoccupante pour le club de Medellín, pour deux raisons. La première est que l'héritage laissé par Rueda a été dilapidé. Cette équipe a toutes les peines du monde à retrouver son niveau de jeu. Peut-être parce qu'il n'y a pas d'équipe type et que le turnover autour des joueurs offensifs n'incite pas aux automatismes. Vladimir Hernández, Steven Lucumi, Reinaldo Lenis, Yerson Candelo : les joueurs pouvant occuper un couloir sont légion, mais personne n'apparait comme un titulaire indiscutable aux yeux de l'entraineur argentin. La deuxième raison surgira peut-être dans les prochaines semaines. En mettant ses cadres sur le banc et en donnant le brassard à Braghieri contre Tucumán, Almirón a été très largement critiqué. Difficile d'imaginer que cette décision soit aussi bien passée en interne. Cadre et capitaine historique du club, Alexis Henríquez était absent pour affronter Millonarios après avoir pris place sur le banc en Libertadores. Officiellement, il était diminué par un virus. Si on n'a aucune raison de ne pas croire cette info, on pourrait se demander s'il n'y aurait pas de la friture sur la ligne entre l'entraineur et le défenseur central. Une chose est sûre, si l'Atlético Nacional ne renverse pas la situation contre le club argentin, les choses deviendront très compliquées pour Almirón. Si on était un brin machiavélique, on pourrait presque se demander si l'entraineur ne chercherait à se faire licencier afin de récupérer un plus gros poisson albiceleste pour Noël. Poisson pour lequel il a déjà montré de l'appétit.

Côté Millos même si le club n'a pas battu son rival depuis deux ans, il y a moins de raisons de s'inquiéter. Sans Ayron del Valle et Gabriel Hauche laissés sur le banc au coup d'envoi, l'équipe a trouvé les ressources pour arracher une égalisation dans les dernières minutes. Une égalisation qui pourrait limite laisser des regrets tant le club azul a posé des problèmes à son adversaire dans la dernière demi-heure. Avec un point en deux matches, le bilan comptable n'est pas bon à l'heure actuelle et c'est la principale préoccupation. Il faudra gagner alors qu'une double échéance importante arrive avec la réception de General Díaz en Sudamericana et celle du Deportivo Cali en Liga Águila.

Devant, Junior cavale. Ce n'est pas forcément toujours exceptionnel mais les individualités sont là. Notamment Luis Díaz qui prend de plus en plus d'importance. L'ailier de 21 ans enchaine les grosses performances. Après avoir donné la victoire la semaine dernière sur la pelouse d'Envigado, il a remis ça face à Huila. Et de quelle manière. Son ouverture du score aurait déjà fait le tour du monde si c'était Kylian Mbappé : un sprint de 75 mètres pour aller ouvrir le score. Un deuxième but de ce même Luis Díaz et un dernier de Gabriel Fuentes avant la pause pour tuer tout suspense. Junior a roulé sur l'équipe surprise du début d'année. Une nouvelle fois au Romelio Martinez (qui était plein) l'équipe de Barranquilla est dans des temps de passage élevés. Notamment parce que défensivement c'est très solide. Si Luis Díaz fait la différence devant, dans les buts Sebastián Vieira a un niveau proche de celui qui était le sien lorsqu'il évoluait à Villarreal. Personne pour le moment n'a été capable de tromper le gardien uruguayen. Seul le leader La Equidad a fait aussi bien. Avec Jarlan Barrera et Luis Díaz, ce Junior a tout pour être séduisant. Il l'est dans sa nouvelle maison mais maintenant on aimerait bien voir la même chose hors de ses bases. Il faudra au moins ça pour espérer aller au bout dans au moins un des tableaux. Son prochain déplacement dans les hauteurs de Tunja contre le Boyacá Chicó, une des deux équipes les plus faibles de la Liga Águila, sera un bon indicateur pour voir si cette équipe est capable de rouler sur son adversaire comme à la maison.

Juste derrière l'équipe de Barranquilla, le Deportivo Cali est lui aussi bien lancé. Avec la même caractéristique que Junior, fort à la maison mais moins brillant à hors de ses bases. Ce week-end, c'est le DIM qui était en visite dans la capitale de la salsa. Et on a eu le droit à un des plus beaux matches de l'année. Cinq buts, un arrêt incroyable en fin de match, un carton rouge. Ce match le Deportivo Cali est allé le chercher au mental. Deux fois devant au score et deux fois rejoint, à dix pendant le dernier quart d'heure mais un but à deux minutes de la fin. On a surtout eu la confirmation que deux des meilleurs avant-centre du championnat étaient sur la pelouse samedi soir. Avec un but (son troisième de la saison déjà) et une passe décisive, Pepe Sand a évidemment pesé sur la défense du DIM. Évidemment, ce n'est pas le plus rapide mais il a ce truc en plus qu'il fait qu'il marque encore et encore. Ce truc c'est sa science du déplacement. Toujours au bon endroit au bon moment. Laissé étrangement tout seul au deuxième poteau, il ne s'est pas fait prié pour venir ouvrir le score. Et quand il ne peut pas accrocher le cadre il peut offrir des caviars comme sur le deuxième but de son équipe où il a parfaitement servi Didier Delgado. Germán Cano n'est pas en reste non plus dans un autre style. Plus puissant, plus vif, il participe beaucoup plus au jeu collectif de son équipe. Ce qui ne l'empêche pas de marquer. Et dans un registre plus varié que son aîné. Il peut être à la conclusion d'action collective comme lors de la troisième journée sur la pelouse du Campin ou de se retrouver à l'affut après un coup-franc mal dégagé. À deux minutes de la fin, la tête lobée de Danny Rosero est venue donner une tournure dramaturgique à ce match. Tournure renforcée par la parade incroyable de Camilo Vargas qui a renvoyé à bout portant la tentative de Jorge Segura le défenseur central du club de Medellín. Au classement Cali est donc bien placé et toujours invaincu. Pour son adversaire du soir cette défaite n'a pas de conséquence dramatique puisque le DIM est toujours dans les huit à trois points seulement de Junior, actuellement deuxième.

Les places qualificatives pour le moment Santa Fe et l'América en sont en dehors. Après trois matches sans trouver la faille, Santa Fe a enfin marqué. Et pas qu'un peu. Contre une équipe de l'Alianza Petrolera qui a offert beaucoup de cadeaux, le club cardinale en a passé quatre. Wilson Morelo en a profité pour inscrire ses deux premiers buts de cette saison. À noter également le premier but en Colombie de Guastavino et celui du revenant vénézuélien Seijas. Ce sursaut est une bonne nouvelle alors que les supporters commençaient à s'impatienter. S'il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions, cette victoire est un bol d'air non négligeable. Avec un déplacement sur la pelouse de Jaguares et la réception de Bucaramanga, on sera vite fixé sur le véritable niveau de cette équipe. En parlant de difficulté devant le but, l'América est également un client dans ce domaine. Un seul but marqué en quatre matches c'est faible. Le point positif est que le problème vient de la finition non de la création. Recruté en provenance du Venezuéla, l'ancien du FC Nantes Fernando Aristeguieta a pris quelques kilos au vu de toutes les occasions qu'il a mangées depuis son arrivée en Colombie. Comme face à Santa Fe la semaine dernière, il s'est retrouvé face au but de Patriotas. Comme la semaine dernière il a envoyé un missile au-dessus tel un Valère Germain en finale de la Ligue Europa. Inquiétant quand on sait qu'en fin de semaine c'est l'Atlético Nacional qui rendra visite à l'América pour un autre classique du football colombien.

Dans le reste de la journée, La Equidad continue son parcours parfait. Quatrième victoire en quatre matches. Cette fois c'est Pasto qui n'a rien pu faire contre l'équipe bogotana. Un but de Carlos Peralta a suffi à faire la différence. Cette équipe est en train de battre un record d'invincibilité à la maison. Ça fait douze matches que l'équipe de Luis Fernando Suárez n'a pas pris de but au Techo. C'est la plus longue série depuis la création des tournois « courts ». L'Once Caldas lui non plus n'a pas connu la défaite dans ce championnat. Mené au score, le club de Manizales a renversé la vapeur et en a passé trois à Envigado. La cinquième et dernière équipe invaincue c'est Rionegro. Sans Daniel Hernández parti à San Lorenzo, le club de la banlieue de Medellín arrive à tirer son épingle du jeu. Le champion en titre lui a ralenti. Battu la semaine dernière sur la pelouse de l'Alianza Petrolera, le Deportes Tolima n'a pu battre Jaguares à la maison. Mené 2-0 il a néanmoins trouvé les ressources pour marquer deux fois dans le dernier quart d'heure. Enfin, Leones l'équipe la plus faible de ce championnat s'est encore inclinée. Cette fois c'est Bucaramanga qui est venu chercher les trois points sur la pelouse de la lanterne rouge. Avec aucun point, cette Liga risque d'être bien longue pour le promu.

Résultats

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Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée