Battu sur la pelouse du Deportivo Independiente Medellín Millonarios voit la qualification s’éloigner à grand pas. Devant aucune des grosses cylindrées n’a pu s’imposer.

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Le fait marquant de cette journée est malheureusement extra-sportif. Eduardo Pimentel, ancien joueur et actuel président de Boyacá Chicó a pété un plomb. À la fin du match opposant son équipe à l’Alianza Petrolera, il est rentré sur le terrain et s’il n’avait pas été retenu par ses joueurs et son staff il aurait tout simplement frappé Luis Sánchez l’arbitre de la rencontre. En cause, un pénalty oublié par l’arbitre alors que son équipe menait 2-1 et une faute grossière qui aurait dû laisser son adversaire à dix. Adversaire qui est revenu à 2-2 au bout du temps additionnel. En roue libre totale après le match, il a dénoncé via son compte Twitter que le football en Colombie « était à celui qui mettait le plus d’argent » ou encore que « aujourd’hui dans le football les résultats sont envoyés et décidés par les paris, non pas par les équipes ». Histoire de pousser la folie encore plus loin, il offre une récompense de 50 millions de pesos (soit un peu plus de 11 000 euros) et la confidentialité à celui qui lui donnera des « preuves (photos, appels, enregistrements, vidéos …) pour pouvoir savoir exactement ce qui se passe ». À noter que le championnat colombien est sponsorisé par un site de paris en ligne et qu'il a voté en faveur de cette décision. De plus, cette décision intervient alors que huit arbitres viennent d'être suspendus par la DIMAYOR. Loin d'être idéal comme climat. Ancien joueur, international colombien, passé notamment par Millonarios et l’América de Cali, Eduardo Pimentel s’est fait connaitre par le passé pour ses positions radicales. Lors de la grève des joueurs l’année passée, il avait chargé les dirigeants de ACOLFUTPRO, le principal syndicat, et avait menacé de renvoyer ses joueurs s’ils prenaient part au conflit et s’ils avaient des revendications. En 2017 au moment où il était question d’incorporer une équipe des FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie), il s’était vivement opposé au projet en assurant que « le football était une entité privée qui ne permettait pas d’ingérence du gouvernement et encore moins de pressions de groupes terroristes et d’assassins ».

 

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Passons donc au terrain, le vrai. Millonarios est en grand danger. Battu sur la plus petite des marges par le DIM, il y a clairement urgence. Sans idée offensivement, le club embajador a pris un but juste avant la pause. Dominé mais sans concéder beaucoup d’occasions, Millos a perdu le match qu’il ne fallait pas perdre. Dix-septième au classement, les critiques commencent à s'abattre sur Gamero et sur les joueurs. L'ancien entraineur de Tolima n'arrive pas à trouver la bonne formule. Comme un symbole, agacé par son équipe il a fait ses trois changements en même temps contre le DIM. Mais il n'est pas le seul responsable. Certaines individualités ne sont tout simplement pas au niveau. Ortiz ne marque pas, pas plus que les joueurs de couloir. Après le match, c'est d'ailleurs ce qu'a souligné l'entraineur en avouant que : « la prise de décision n'a pas été la meilleure » et « l'équipe n'a pas pris les meilleures décisions au moment de définir ». L'arrêt forcé pourra peut-être permettre au club de la capitale de relever la tête et surtout travailler offensivement pour remporter un deuxième match de championnat et retrouver une place au classement un peu plus haute que celle occupée actuellement.

 

Le leader, l'Atlético Nacional n'avance pas vite non plus. En voyage dans la capitale pour défier Santa Fe, il nous a laissé sur notre faim. Sauvé par son poteau en début de match, c'est grâce à un exploit individuel d'Andrés Andrade que le club verdolaga a ouvert le score, et c'est miraculeusement qu'il a pu ramener un point. Santa Fe s'est rappelé à son bon souvenir et a frappé sur l’un de ses points fort, les coups de pied arrêtés : un coup-franc de Sambueza à l'heure de jeu et surtout un but de Rentería à dix minutes de la fin sur corner, but que l’on pensait décisif jusqu’à une mauvaise communication entre le même Rentería et le portier Castellanos qui a offert un pénalty aux visiteurs, transformé par Andrade. Au final ce score de parité fait surtout les affaires des joueurs d'Osorio au vu de leur prestation. Leader avec deux points d'avance sur son adversaire du soir, l'Atlético Nacional profite aussi des contre-performances de ses adversaires directs. Santa Fe de son côté reste dans les places qualificatives et sera difficile à déloger. Cette équipe dégage une force collective nettement supérieure aux grosses cylindrées de ce championnat que sont l'América ou Junior.

 

Junior frise la crise. Largement battu en Équateur en Libertadores, le club de Barranquilla est presque hors-course pour une qualification. Pas beaucoup mieux en championnat où il peine à gagner. Sur la pelouse de Bucaramanga, il a souffert et, sans la barre transversale, serait même rentré les mains vides. Dans un match riche en occasions le club tiburón a pu compter sur son buteur Miguel Borja pour arracher un point. Si Junior a donc su réagir quelque chose ne va pas et les signes d'énervement se font sentir. Julio Comesaña a eu un échange virulent avec des journalistes à son retour d'Équateur où, après avoir fait comprendre qu'il ne voulait pas parler, il s'en est pris à l'assistance notamment sur le thème des réseaux sociaux. Si la situation comptable est loin d'être catastrophique, à égalité avec Santa Fe le troisième, difficile de voir où va le club. Pas vraiment de onze type, pas vraiment d'automatismes, ce qui s'explique notamment par l'arrivée tardives des recrues, tout vient d'exploits individuels ou presque. Sans projet rien de bien surprenant. La situation n'est pas bien meilleure à Cali. Avec une équipe largement remaniée, Pedro Franco a sauvé les meubles à dix minutes de la fin pour l'América. Contre un Once Caldas porté vers l'offensive et dangereux, et devant à la demi-heure suite à un pénalty accordé après une longue intervention du VAR, ce point pourrait presque faire office de victoire. Logiquement sans repères, les joueurs d'Alexandre Guimarães ont donc su ne pas perdre un match qu'ils ne pouvaient pas gagner. D'autant plus dans des conditions difficiles avec un orage monstre qui a retardé le coup d'envoi et laissé la pelouse trempée. Ce point permet surtout de rester à égalité avec l’adversaire du jour et à un point de la bonne zone. Le club de Manizales semble maudit avec un cinquième match nul à la maison sur les cinq qu'il a disputés. Hubert Bodhert commence à poser sa patte sur cette équipe : si elle défend très bien (deuxième meilleure défense), elle arrive aussi à se procurer beaucoup d'occasions. C'est là que le bât blesse puisque derrière Ovelar, peu de joueurs font preuve de sang-froid devant le but.

 

Si le Deportivo Cali n'a pas ce problème, il pourra pester contre l'arbitrage lors du match l’opposant au Deportivo Pereira. Réduit à dix dès la reprise après un deuxième jaune inexistant pour Kevin Velasco, il a en plus concédé un pénalty tout autant scandaleux à une minute de la fin. Dur quand il pensait avoir fait à deux reprises le plus difficile, Andrés Balanta et Darwin Andrade ayant réussi à donner l'avantage à leur équipe (Andrade auteur notamment de l'un des plus beaux buts de la journée avec une frappe monstre du gauche dans la lucarne). Mais si l'arbitre a accordé un pénalty, David González auteur d'une grossière faute de main avait permis au promu de revenir au score une première fois. Le club azucarero ne perd pas mais n'avance pas. Englué en milieu de tableau, il faudrait concrétiser les belles copies rendues par un peu plus de points et surtout éviter de laisser des points bêtement en route. De son côté Pereira est bien lancé dans sa quête de maintien puisqu'il est déjà sorti de la zone rouge, zone où on retrouve Jaguares et Boyacá Chicó.

 

Dans le reste de la journée la bonne affaire est pour le Deportes Tolima. Dans un match d'un ennui exceptionnel, le but exceptionnel de Daniel Cataño a été le seul éclair de la soirée. Contre la lanterne rouge Patriotas, les joueurs d'Hernán Torres se sont donc contentés du service minimum mais qui leur permet d'entrer dans la zone des qualifiés. Zone où l’on trouve aussi le Deportivo Pasto. Le club volcánico n'avance pas à vitesse grand V, mais c'est suffisant vu le rythme de ses poursuivants. Le but d'Edis Ibargüen à cinq minutes de la fin contre La Equidad lui a permis de ramener un point puisque Matías Mier avait ouvert le score à l'heure de jeu.

Résultats

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Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée